Archives de catégorie : Solidarité et Action sociale

Il y a urgence, pour la France, d’une autre politique, d’une autre société !

Intervention préalable -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, je vous avais dit en introduction de notre conseil du 26 juin : « La France va mal, dans une démocratie écartelée entre marketing publicitaire des réseaux et actions violentes. La société craque, des milliers d’individus craquent. »

C’était prémonitoire… le 26 juin… veille du drame de Nanterre, du crime d’un policier dans une fuite en avant contre un encore adolescent, suivi de cinq jours d’émeutes où oui, la France a craqué.

J’évoquais la crise du service public de santé, notamment de la psychiatrie, de la protection de l’enfance, du logement et aussi la place de la violence -après les affrontements entre manifestants dans Lyon, après les saccages de mairies en marge des manifestations du printemps.

Nous allons évoquer, dans ce conseil, l’anniversaire de la Marche non violente pour l’égalité des droits et contre le racisme… il faut dire que la semaine d’émeutes a été un terrible anniversaire pour la politique de la ville !

On ne peut le comprendre sans faire le lien entre ces violences et la profonde crise démocratique qui marque la France depuis des années. Au fond, et nous le disons en toute fraternité à tous, l’anniversaire de la politique de la ville, c’est aussi l’anniversaire de la trahison de la Gauche qui devait changer la vie, mais qui s’est changée elle-même en gestionnaire d’une société inégale, violente, injuste… jusqu’à sortir la France de sa souveraineté gaullienne, et de sa place mondiale indépendante, pour en faire le meilleur élève de l’OTAN, un pays de seconde zone qui ne porte plus de valeurs pour les pays du sud -l’actualité nous en parle. Les élus communistes étaient souvent bien seuls dans les évènements organisés pour la Journée mondiale de la paix, ce 21 septembre dernier.

L’effet politique des émeutes a été d’abord une terrible dérive des idées vers l’extrême-Droite… dans les médias bien sûr, dénonçant pêle-mêle parents irresponsables, école permissive et politique de la ville gabegie. Mais c’est aussi une réaction populaire de colère contre les violences, contre ceux qui attaquaient non pas le système, l’injustice ou même l’État mais, au contraire, le cadre de vie des habitants populaires. Ce que disaient massivement les familles des Minguettes sur le marché du 8 juillet était clair : « Pourquoi brûler nos poubelles, nos voitures, nos stations de bus ? Pourquoi attaquer nos écoles, nos commerces, nos transports, nos logements ? » La fracture politique béante sur laquelle nous alertons depuis longtemps conduit à cette division terrible dans les milieux populaires eux-mêmes, qui conduit des habitants à dénoncer l’éducation qui ne permettrait plus de, je cite, « taper sur les enfants » -comme je l’ai trop entendu de parents, faisant même parfois référence au droit de la famille de leur pays d’origine. Et l’absence des filles, dans ces émeutes, fait terriblement écho aux réactions qui disent que les femmes doivent s’occuper des enfants… une terrible régression sociétale masquée derrière les bulles médiatiques de « MeToo »…

Pour la Gauche, il y a urgence à porter une réponse politique à la hauteur de cette France qui craque. Mais c’est un défi qui concerne toutes les forces républicaines, et les polémiques politiciennes et médiatiques ne font qu’aggraver les fractures démocratiques et citoyennes. Car tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 40 ans ont contribué à défaire les services publics, imposer la précarité contre les droits, aggraver les inégalités et les injustices -avec des fortunes qui explosent et la grande pauvreté qui détruit les solidarités, avec une France émiettée qui ne retrouve une ambition collective que pour quelques grands matchs sportifs bien vite oubliés.

Pour la Gauche, il faut dire clairement, comme je le faisais le 26 juin : « La violence, pour l’action sociale, est d’abord une source de division, une justification des répressions. » Il y a toujours des mouvements de colère qui peuvent dégénérer, mais quand on travaille à unir les habitants des quartiers populaires, je peux vous assurer qu’on sait que la violence entre citoyens est une impasse. Mais pour toutes les forces gouvernementales, il faut aussi dire que la violence de l’État comme réponse aux conflits sociaux est une impasse pour la démocratie.

On voit bien que la répression des trafics par exemple, pourtant de plus en plus efficace ces dernières années, ne résout aucun problème -tant les frontières sont des passoires pour les réseaux de trafiquants, tant les addictions de toute sorte se développent dans la crise du sens et de l’humain sans réponse de santé publique massive, tant l’enfance en danger (dont nous parlerons aussi dans ce conseil) est délaissée par une politique publique qui fragilise les associations et les acteurs de la prévention, laissant trop souvent cette enfance en danger comme main d’œuvre exploitable par les voyous.

C’est la même impasse pour la chasse aux migrants qui fuient la guerre et la misère, exploités jusqu’au pire par les passeurs, massivement refusés par les États européens installant des prisons indignes au sud, pourchassés en France même de squatts en squatts -y compris chez nous, dans ces situations ubuesques de familles syriennes qui ne peuvent être reconduites à la frontière mais dont le préfet affirme qu’il ne les relogera pas, laissant les bailleurs et les communes face à des squatts dans le logement social, des tentes dans nos parcs et aucune solution légale. Bien évidemment, les migrants sont aussi, dans ces conditions, les proies faciles de tous les réseaux de trafics.

Cette situation est le contexte dans lequel nous préparons le futur contrat de ville. Il est urgent de défendre le principe d’une politique de la ville qui répare les injustices territoriales et sociales, et même d’affirmer qu’elle est totalement insuffisante au plan social pour les actions sur l’emploi, l’insertion, la culture, la démocratie, le sport, l’environnement, qu’elle ne compense pas du tout les inégalités de droit commun qui font que, contrairement aux discours médiatiques, on dépense moins dans les quartiers populaires qu’ailleurs dans l’ensemble des politiques de droit commun.

Le droit commun devrait être au cœur des politiques de la ville, en mobilisant massivement l’éducation nationale, le système public de santé, la police et la justice. Le droit commun devrait se fixer l’ambition d’éradiquer, enfin, ces points de deals que la seule répression des trafics ne fait pas reculer, malgré son efficacité contre les réseaux… mais des réseaux qui se reconstituent plus vite encore… Et j’en profite pour dire clairement à tous ceux qui nous parlent de régularisation que les consommateurs de stupéfiants des beaux quartiers n’ont qu’à organiser eux-mêmes leur distribution plutôt que de venir, honteusement, contribuer au pourrissement des quartiers populaires.

Et même sur la rénovation urbaine, qui est une des réussites de la politique de la ville, il faut arrêter de la construire dans la fuite en avant d’Action logement -qui doit reconstituer ses fonds, presque seule ressource de l’ANRU, par une politique de construction qui n’est trop souvent plus au service des projets urbains des villes. L’État doit reprendre la main, débloquer de vrais budgets nationaux d’aide à la pierre et lancer un grand plan de construction de logements sociaux diversifiés, pour retrouver le sens d’un logement public pour tous et sortir de la contradiction invivable entre les injonctions à la mixité sociale et la réalité d’une politique enfermant le logement social dans un logement des plus pauvres.

Permettez-moi, avant de conclure, un message de jeunesse et d’espoir, et une invitation à participer au prochain grand rendez-vous de la ville de Vénissieux et, notamment, à une de ses tables rondes intitulée : « Politique de la ville, à quand la fin des inégalités ? » dans laquelle interviendra, entre autres, le vice-président Renaud Payre mais aussi une jeune fille des Minguettes, lauréate d’un concours d’éloquence organisé par la ville et qui concluait de cette belle phrase, évoquant l’engagement des jeunes de quartier pour sortir de toute prédestination sociale : « Plus la lutte est difficile, plus la victoire est belle ».

Et je ne peux que conclure, comme en juin, par un appel à une réaction politique à cette crise sociale violente qui défait la France, excusez-moi de cette autocitation : « Nous ne sortirons pas de la crise démocratique par une réforme institutionnelle mais par un puissant mouvement d’engagement populaire, fondé sur l’effort collectif pour se comprendre, partager et construire, loin des violences et de la haine de l’autre qu’on rencontre trop souvent, un mouvement pour une nouvelle citoyenneté qui ailler chercher aux sources des révolutions françaises une nouvelle République sociale. »

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/suVK3mhDyww?t=1540

On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans…

Un jeune de 17 ans est mort d’une balle de police, et la France a craqué dans cinq jours de violences, d’incendies, de destructions de biens publics, de biens privés, … Tous ceux qui sont en première ligne -travailleurs sociaux, éducateurs, enseignants, conseils de quartier, élus locaux, agents publics – ont un rôle essentiel à jouer.

Car les jeunes sont victimes de la route, du suicide, des trafics, de violences familiales, bien avant les violences policières. Et, pourtant, on regarde ailleurs. Comment peut-on imaginer avoir une police non violente dans une société aussi violente ?

Il faut resituer l’intervention de la police dans l’ensemble des politiques publiques :

– dénoncer l’absence de suivi des adolescents sortis du système scolaire sans accompagnement ;

– montrer que la répression des trafics dans les quartiers ne résout rien sans redonner aux douanes les moyens de réduire les entrées d’armes et de stupéfiants, sans une grande politique de santé publique pour faire reculer toutes les addictions, avec des milliers de postes d’infirmiers et médecins scolaires.

C’est l’ensemble de ces politiques publiques qui permet une politique d’emploi des forces de police tournée vers l’action de justice, l’action réparatrice ; celle qui fait reculer les violences dans toute la société.

C’est un défi aussi pour notre Métropole.

Santé : urgence métropolitaine !

À mi-mandat d’une majorité de Gauche à la Métropole de Lyon, les restructurations du système de santé public continuent. L’ARS met en œuvre les politiques gouvernementales avec zèle : chasse aux lits à supprimer, aux services à regrouper, … pour réduire le service public à quelques grands hôpitaux optimisés, en laissant le privé reprendre ce qui lui paraît rentable.

Henry Gabrielle, la situation dramatique de la psychiatrie, la fermeture des urgences de Givors, celle de Vénissieux la nuit, les dysfonctionnements répétés aux HCL, … Combien de lits ont été supprimés, depuis 2020, dans l’agglomération ? Combien de postes non pourvus ? Quels délais d’attente pour un rendez-vous en psychiatrie, avec une gynécologue, un ophtalmologue ?

Les luttes des soignants ont été nombreuses et massives ces dernières années, mais la détermination des gouvernements successifs à réduire les dépenses publiques de santé est totale ! Ils arrivent même à faire croire que ce sont les soignants qui sont le problème : mal organisés, démotivés, démissionnaires, … La vérité connue de tous est que la France manque cruellement de médecins car elle n’en formait pas assez depuis des décennies.

La Métropole a des compétences et la légitimité pour mettre en cause la politique des HCL et peser sur la stratégie de l’ARS ! Il y a urgence !

Le nécessaire engagement de l’État dans la lutte contre les discriminations dans le travail !

2023 - Plan métropolitain de lutte contre les discriminations - 1° volet : emploi -

Mme la Conseillère ARTHAUD : Monsieur le Président, madame la Vice-Présidente, cher-e-s collègues, l’emploi est le premier domaine de discrimination des femmes selon le défenseur des droits. La discrimination au travail peut concerner : l’embauche ou le licenciement d’un-e salarié-e, le renouvellement d’un contrat, la mutation ou promotion à un autre poste en interne, le salaire et toutes les formes de rémunération, la formation, le reclassement ou les tâches confiées.

En droit, les salarié-e-s, les stagiaires et apprenti-e-s sont protégé-e-s contre les discriminations par le Code du travail (article L. 1132-1).

Nous avions déjà eu l’occasion de rappeler des chiffres qui témoignent bel et bien d’une inégalité de fait entre les femmes et les hommes. Reprenons aujourd’hui ceux autour de l’emploi :

– Tous temps de travail confondus, les femmes touchent 28,5 % de moins en salaire que les hommes. 1 femme sur 3 travaille à temps partiel contre 1 homme sur 10.

– À temps de travail égal, les femmes touchent 16,8 % de moins que les hommes.

– Femmes et hommes n’exercent pas les mêmes emplois. Les métiers et les postes majoritairement exercés par des femmes sont aussi, souvent, les moins bien payés. Pourtant, à temps de travail et métiers équivalents, les femmes touchent 5,3 % de moins que les hommes.

Les discriminations ont un caractère systémique et répété, et produisent des effets délétères sur les carrières : chômage prolongé, démission, licenciements, mesures de rétorsion et, donc, des effets sur la santé et les relations sociales.

Nous nous réjouissons donc que le premier volet du plan métropolitain de lutte contre les discriminations prenne à bras-le-corps cette question, l’emploi étant à la fois ce qui permet un revenu assurant, normalement, de vivre décemment, mais aussi de s’émanciper à travers les relations professionnelles et l’acquisition de savoir-faire. « Le travail des femmes est un droit, mais il est également une nécessité. Le travail est la seule école où l’on peut apprendre la vie, la liberté et l’indépendance. », écrivait, en 1921, Alexandra Kollontaï, première femme ministre.

Ce plan métropolitain de lutte contre les discriminations se décline à la fois dans le rôle d’employeur de la Métropole, mais aussi dans les politiques publiques menées sur le territoire métropolitain. Il est articulé autour de plusieurs objectifs :

– Garantir le respect du principe d’égalité dans l’accès à l’emploi et le déroulement de carrière, quelle que soit sa situation ou ses caractéristiques personnelles ;

– Reconnaître et prendre en compte les vécus discriminatoires des personnes confrontées aux discriminations dans l’emploi ;

– Mettre la prévention et la lutte contre les discriminations au cœur des politiques publiques et des pratiques professionnelles des acteurs de l’emploi-insertion ;

– Contribuer au devoir d’exemplarité des acteurs publics et à une meilleure qualité de service en garantissant l’égalité de traitement et la non-discrimination à l’emploi ;

– Assurer l’effectivité du droit de la non-discrimination en améliorant l’accès au droit des personnes victimes de discrimination.

Ce plan débute dans un premier cercle de partenaires de deux villes (services et élu-e-s) de Lyon et Villeurbanne, et de la Maison métropolitaine d’insertion pour l’emploi.

Même si nous nous félicitons de l’avancée pour les droits et la lutte contre les discriminations que constitue ce plan, nous ne pouvons passer sous silence le nécessaire engagement de l’État dans la lutte contre les discriminations dans le travail. Pour exemple, aujourd’hui, 59 % des entreprises de plus de 50 salarié-e-s ne respectent pas la loi et n’ont ni accord ni plan d’action sur l’égalité professionnelle

Nous, communistes, voulons conquérir l’égalité professionnelle : les inégalités se sont réduites jusqu’en 1990, puis plus rien ! Les femmes travaillent, concentrées dans seulement 12 familles professionnelles sur 87 et qui sont non reconnues et sous-payées, alors que depuis plus de 30 ans elles sont plus diplômées que les hommes. Elles occupent des postes moins qualifiés, moins valorisés. La société patriarcale maintient les femmes dans un statut d’infériorité. Le patronat utilise le travail des femmes comme un laboratoire d’expérimentation afin d’étendre la précarité, la flexibilité et le temps partiel à l’ensemble du monde du travail.

J’ai, ici, essentiellement consacré mon intervention sur les discriminations qui sont liées au genre, mais la délibération porte bien sur l’ensemble de toutes les formes de discriminations au travail et, partout, l’égalité professionnelle ne se négocie pas.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/vipD47obbQU?t=20152

La santé est un droit universel !

2023-1728 - Schéma directeur métropolitain en faveur des personnes âgées et des personnes en situation de handicap - 2023-2027 -

Mme la Vice-Présidente PICARD : Monsieur le Président, mesdames, messieurs, la Métropole de Lyon possède la responsabilité de veiller, sur son territoire, à la cohérence des actions menées par les différents acteurs dans le champ de l’autonomie, en concertation avec l’Agence régionale de santé.

Le Schéma directeur métropolitain en faveur des personnes âgées et des personnes en situation de handicap 2023-2027 est un document cadre utile. Nous pouvons féliciter la méthode transversale d’élaboration de ce schéma, qui s’articule avec le projet métropolitain des solidarités et les projets sociaux de territoire.

Avec le vieillissement de la population, de nouveaux défis sont devant nous. Le diagnostic montre, sans surprise, que l’offre en hébergement est insuffisante pour combler les besoins de notre Métropole. Il montre aussi un maillage territorial inégal.

L’ARS doit s’engager dans la création d’EHPAD -maintes fois demandées par les communes, qui expriment un besoin bien réel.

Le développement du maintien à domicile peut apporter certaines réponses. Mais c’est aussi une solution par défaut, quand l’usager ne peut pas payer une place en EHPAD. Le diagnostic nous rappelle que le public âgé n’est pas épargné par la pauvreté, avec un taux plus élevé à Vénissieux, Vaulx-en-Velin et Saint-Fons. Encore une fois, sans surprise.

Les services de soins infirmiers à domicile se retrouvent à devoir gérer des personnes qui auraient besoin d’un hébergement médicalisé. Les soignants sont amenés à effectuer des interventions à domicile plus longues et plus lourdes. Le patient ne reçoit pas toujours le soin adapté à ses besoins. Et il y a également des conséquences pour les aidants.

 Actuellement, l’ensemble des besoins liés au vieillissement ne sont déjà pas couverts et, au vu de l’augmentation des chiffres annoncés, nous allons tout droit vers de graves difficultés pour les usagers. L’État, via l’ARS, doit prendre ses responsabilités et développer les services nécessaires pour aujourd’hui et pour l’avenir.

Le vieillissement de la population, les pathologies liées au grand âge et la perte d’autonomie provoqueraient une hausse des dépenses de protection sociale de l’ordre de 100 milliards d’euros à l’horizon 2040. Pour être à la hauteur de cet enjeu de société, l’État doit mettre en place un véritable service public de l’autonomie. Il y a nécessité d’un effort supplémentaire en matière de solidarité nationale. Toute autre démarche renforcerait la privatisation de l’accès aux soins et une inégalité d’accès à la santé.

Permettez-moi d’établir un lien évident avec la fermeture des urgences de nuit de l’hôpital des Portes du sud depuis le 6 mars. Nous avons tous été mis au pied du mur, sans aucune information, les usagers comme les maires du territoire.

À Givors, les urgences de nuit de l’hôpital Montgelas sont fermées depuis plus d’un an et demi alors que la fermeture ne devait durer qu’un mois.

Lorsque l’on commence à fermer les urgences de nuit, c’est toute la dynamique de l’hôpital qui est perturbé avec la crainte de fermetures en cascade des autres services. Pour l’hôpital des Portes du sud, cela impacte les populations de douze communes utilisatrices.

La situation est identique dans le domaine de la psychiatrie avec, notamment, la fermeture d’unités à l’hôpital Saint-Jean de Dieu. Or, ces services sont utiles et nécessaires pour les habitants de nos territoires.

Le comité de soutien des Portes du Sud CGT, les maires des communes de Saint-Fons, Feyzin, Corbas et Vénissieux, les élus ainsi que les usagers et professionnels de santé se mobilisent. Nous avons demandé à l’ARS qu’une délégation soit reçue et que soient débloqués, sans attendre, les moyens nécessaires à la réouverture des urgences.

La santé est un droit universel. Il est de la responsabilité de l’État et de son représentant, l’ARS, de maintenir l’égalité entre les territoires et l’équité entre les habitants.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/vipD47obbQU?t=14662

Projet métropolitain des solidarités… des priorités en lien avec les projets sociaux des territoires…

2023-1605 - Projet métropolitain des solidarités (PMS) 2023-2027 -

Mme la Vice-Présidente PICARD : Monsieur le Président, mesdames, messieurs, les crises se succèdent. Elles sont économiques, sociales, climatiques, énergétiques, géopolitiques et civiques. Les unes n’effaçant pas les autres, elles s’additionnent. Dans les villes populaires, leurs effets sont plus violents et plus durables.

24,5 % des enfants de la métropole de Lyon vivent en dessous du seuil de pauvreté : c’est près d’un enfant sur 4. Alors oui, les collectivités territoriales développent des solidarités pour pallier l’urgence, répondre aux besoins vitaux. La Métropole de Lyon consacre, chaque année, un milliard d’euros aux politiques sociales et médico-sociales.

Mais nous voulons aller plus loin et créer les conditions qui s’attaquent aux racines de la pauvreté. Détricoter le déterminisme social, donner toutes ses chances à notre jeunesse, lutter contre le non-recours aux droits, garder intacte notre exigence de zéro personne à la rue.

Toutes ces ambitions sont dans le Projet métropolitain des solidarités, qui définit nos priorités en lien avec les projets sociaux des territoires.

La démarche de co-construction mérite d’être soulignée… avec plus de 2 000 personnes impliquées, dans une grande diversité de partenaires et de territoires. Leur connaissance du terrain est absolument indispensable, et ce qui est constaté sur le terrain est extrêmement inquiétant.

Hyperinflation… envolée des prix de l’énergie et des produits alimentaires de première nécessité… de plus en plus de familles doivent choisir entre se nourrir, se chauffer, payer les charges courantes ou se soigner…

Une enquête menée en 2022 par l’institut CSA montre que, pour les Français les plus pauvres -avec un revenu mensuel net de 900 euros-, les dépenses contraintes représentent 80 % de leur budget.

Cela signifie qu’une fois payés le loyer, l’eau, l’électricité, les assurances, le téléphone, internet, il ne leur reste que quelques dizaines d’euros pour se nourrir, s’habiller et se soigner.

Oui, la situation est extrêmement grave et inquiétante.

En 2023, de plus en plus de gens ont faim… des familles, des enfants et de nombreux étudiants, auxquels l’Assemblée nationale vient de refuser le repas à 1€… Les vols à l’étalage de produits alimentaires augmentent… des circuits parallèles de trocs se multiplient, où les plus pauvres pourront échanger un manteau contre une boîte de conserve….

Le Secours populaire a enregistré une hausse des demandes d’aides alimentaires de 48 %.

En 2 ans, la ville de Vénissieux a dû rajouter près 1,5 millions de subvention au CCAS. Les chèques énergie et bouclier tarifaire sont finalement de faibles rustines ne permettant toujours pas aux usagers de payer les factures.

Nos services publics de proximité sont largement mobilisés pour protéger et accompagner les habitants dans leur vie quotidienne.

Le coût des repas, fabriqués par la cuisine centrale de Vénissieux, s’est envolé -suivant l’inflation des prix alimentaires, de 15 % ; de l’énergie et des fluides, jusqu’à 30 %. Nous avons fait le choix de ne pas faire peser ces augmentations sur les budgets des familles en limitant l’augmentation des tarifs de cantine à 2 %, soit 4 points sous l’inflation. Et nous maintenons le repas à un euro pour les familles au quotient familial le plus bas.

Mais jusqu’à quand pourrons-nous jouer ce rôle d’amortisseur social ? Nous savons que le pic n’est pas atteint, que les mois à venir seront encore plus difficiles. Malgré tous nos efforts, la pauvreté augmente.

Et ce sont les politiques gouvernementales qui créent de la pauvreté : suppression de l’ISF, cadeaux fiscaux aux grandes entreprises, plafonnement des salaires, réforme au rabais de l’assurance chômage, baisse des APL, suppression des aides à la pierre, etc.

Dans ce contexte, comment les collectivités territoriales peuvent-elles, avec des budgets de plus en plus contraints, maintenir un effort suffisant de solidarité ?

La réforme des retraites est une humiliation de trop, qui bafoue les principes de solidarité et de dignité. L’impact de cette réforme sera extrêmement violent pour les salariés, les ouvriers, les jeunes et les femmes. C’est l’assurance de plonger toute une population dans la misère que nous combattons ici.

C’est aussi une dégradation sans précédent de nos avancées sociales, un recul sur les combats gagnés pour le bien vivre et le bien vieillir.

Quels dispositifs de solidarité serons-nous, demain, obligés d’inventer pour absorber dans nos territoires la dégradation de la qualité de vie de nos aînés ? La question se pose aussi pour tous les employeurs, y compris pour les communes et la Métropole : que ferons-nous pour nos agents qui pratiquent les métiers les plus difficiles au service de l’intérêt général ?

Il sera nécessaire de mettre en place des accompagnements pour ceux qui seront trop usés pour continuer… les ATSEM, les éboueurs, les aides à domicile…

Concernant la santé, il est déjà actuellement compliqué de recruter tant les métiers sont difficiles et insuffisamment rémunérés.

Des services d’urgence ferment la nuit, comme à l’hôpital des Portes du sud. Le droit universel à la santé n’est plus garanti et il y a, aujourd’hui, des inégalités intolérables entre ceux qui peuvent accéder aux soins et ceux qui ne le peuvent pas.

Les politiques nationales, que suivent malheureusement les Hospices civils de Lyon, ont introduit la notion du privé et de rentabilité, avec la mise en concurrence de l’hôpital public, les suppressions de lits, les fermetures d’établissements et la privatisation rampante de la Sécurité sociale. Les dégâts sont catastrophiques.

Malgré la crise sanitaire, qui a clairement montré la défaillance de notre structure médicale, le Gouvernement ne réagit pas. Et, pendant que Macron regarde ailleurs, c’est dans les territoires, avec l’implication des collectivités territoriales, que nous tentons de trouver des solutions à la désertification médicale.

Se soigner, se loger, se nourrir… quand les besoins vitaux et/ou ceux inscrits dans la Constitution ne sont plus garantis, c’est toute une population qui sombre.

Les collectivités territoriales font beaucoup, mais il faudra bientôt faire plus. Nous refusons de panser les plaies de la pauvreté que les décideurs du monde de la finance produisent. Il est grand temps de changer de politique, dans notre pays, pour créer de la justice sociale et de la dignité pour tous.

Une information, pour conclure… Dans quelques jours, la trêve hivernale s’achève et, pour de nombreuses familles, la peur de la rue…

Je prendrai, comme chaque année depuis 14 ans, des arrêtés pour une obligation de relogement avant toute expulsion locative, l’interdiction des saisies mobilières et des coupures d’électricité et de gaz. C’est un combat pour la dignité.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/dpQ7p5BXx60?t=10000

La bataille de la retraite est aussi une bataille pour notre Métropole !

Intervention préalable -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, meilleurs vœux à toutes et tous.

La bataille pour le droit à la retraite est décisive, et pas seulement pour la retraite. C’est bien le modèle de société que nous voulons, le sens que nous donnons à l’activité économique qui sont en jeu. Beaucoup de jeunes, notamment de jeunes diplômés, expriment avec force leur besoin de donner un sens au travail hors des seuls objectifs financiers qu’impose le système économique actuel, qui ne connaît qu’un critère de décision : l’intérêt des actionnaires, les dividendes et les valorisations boursières.

Les choix de financement des retraites sont au cœur de ces enjeux. Le sens du travail doit déborder de sa seule valeur marchande pour trouver sa valeur humaine, sa contribution aux cultures du travail qui sont fondatrices du pacte social.

On peut considérer les retraites comme un coût qu’il faut réduire ou on peut les considérer comme une des valeurs du travail moderne, orienter la valeur marchande créée par le travail vers la garantie de droits -celui de pouvoir faire des études, du côté des plus jeunes ; celui de pouvoir vivre une vie après le travail, pour les plus anciens.

Car, au fond, la seule question véritable est bien celle du niveau de vie des retraités qu’on considère comme légitime. Personne n’interdit à personne de continuer à travailler au-delà de l’âge autorisant la retraite et on pouvait lire avec passion Hubert Reeves, Directeur de recherche de 70 ans, comme on pouvait écouter avec émerveillement Rostropovitch jusqu’à ses 80 ans.

Mais ce dont nous parlons, ce sont des travailleurs usés par des années de travail contraint, difficile, qui peut être une fierté, une virtuosité, une créativité que l’ingénierie observe souvent attentivement quand elle veut automatiser une tâche, mais qui abîme les muscles, les os et les sens et qui font que les inégalités d’espérance de vie, et encore plus l’espérance de vie en bonne santé, sont aussi profondes que les inégalités territoriales de revenus que nous évoquerons à propos du budget.

Car le premier résultat du système de retraite français par répartition est que le taux de pauvreté des plus de 65 ans est un des plus faibles du monde occidental, deux fois plus faible que la moyenne de l’UE. Le niveau de vie moyen des retraités de 2013 reste stable 3 ans après la retraite, et même, scandaleux diront certains, pour les 4 premiers déciles de revenus, il a un peu augmenté, car la précarité avait fait baissé les revenus avant d’avoir enfin droit à la retraite.

C’est cela le vrai scandale contre lequel pestent les actionnaires d’AXA et de tous ceux qui veulent privatiser l’immense espace public que représente la SÉCU, et notamment sa composante retraite. La retraite par répartition protège les plus pauvres !

Et le pire, c’est qu’elle le fait avec une grande efficacité économique ! Le coût total de la retraite reste aux alentours de 15 % du PIB depuis le Papy-boom, les scénarios du COR (Conseil d’orientation des retraites) l’évaluent à 12 % en 2050. En fait, tous les scénarios évalués par les gouvernements successifs n’ont qu’un objectif, faire baisser cette part du PIB consacrée aux retraites par répartition.

Pour mieux expliquer ce que cela veut dire, on peut se représenter ce ratio individuellement. Mesdames, messieurs les élus, vous avez sans doute des parents retraités -pour les plus jeunes, des grands-parents-, et la question est simple : voulez-vous qu’ils soient, demain, plus pauvres afin que vous soyez plus riches ? C’est ainsi que se pose la question en moyenne. Mais il faut être plus précis, car les plus riches ont les moyens d’assurer le niveau de vie de leurs aïeux, même si la culture des familles à la Dallas ou Bettencourt est rarement celle des solidarités. Soyons donc plus précis. Les réformes ont pour but que les plus riches ne paient pas plus pour garantir la retraite des plus pauvres. Ce sont bien les familles ouvrières, les plus précaires, ceux qui sont cassés à 60 ans, qui sont concernés par cette réforme scandaleuse. Cette réforme est un outil de plus pour aggraver les inégalités sociales.

C’est ce que révèle l’espérance de vie en bonne santé mesurée par décile de revenu. Elle est inférieure à 62 ans pour les 4 premiers déciles, à 64 ans pour le 5ème mais elle est supérieure à 67 ans pour les 4 derniers, atteignant 71 ans pour le plus élevé ! Autrement dit, la réforme Macron, qui s’inscrit dans la lignée du Livre blanc de Rocard et des réformes Balladur, Fillon ou Touraine, a pour seul objectif de priver la moitié des Français du bénéfice de la retraite.

Oui, l’augmentation de l’espérance de vie fait que le nombre de vieux augmente et, donc, soit on les maintient de force au travail, soit on les plonge dans la pauvreté, soit on augmente la part du PIB qui leur est consacré. Dans un système par répartition, cela suppose une légère augmentation des cotisations. C’est ce que refuse le patronat et, donc, les droites ; c’est ce que l’orthodoxie libérale dit impossible. C’est ce que le mouvement social, qui se cherche, doit imposer.

Citons la synthèse du rapport du COR de juin 2021 :

« Les évolutions de la part des dépenses de retraite dans le PIB resteraient sur une trajectoire maîtrisée à l’horizon de la projection, c’est-à-dire 2070. C’était un résultat qui prévalait avant la crise sanitaire que nous traversons depuis 2020. C’est un résultat qui demeure valable après la crise. »

Cette réforme est injuste socialement, inutile économiquement et mensongère politiquement. Vous ne serez pas de ceux, monsieur le Président, qui me diront que ce sujet ne relève pas de notre conseil. Car vous savez que cela concerne nos agents, ceux qu’il faut le plus souvent reclasser avant 60 ans car leur métier est dur et usant -comme à la collecte- ou éprouvant dans la durée -comme dans la santé ou la petite enfance. Mais aussi car une forte progression de la pauvreté chez les seniors serait un défi de plus pour nos politiques sociales.

C’est pourquoi nous vous proposerons, monsieur le Président, un vœu en faveur du retrait de cette réforme lors de notre prochain conseil.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/uea1XtvCDrs?t=1178

Pour la fermeture définitive des locaux « La Traboule » et « L’Agogé » !

Vœu déposé par les groupes Métropole pour tous, Métropole en commun, Métropole insoumise résiliente et solidaire, Communiste et républicain, Inventer la Métropole de demain, Synergie-élus et citoyens, Progressistes et républicains, Socialistes et les Écologistes -

Cela fait des années que les groupuscules d’extrême-Droite sévissent sur la Métropole, et plus particulièrement à Lyon, promouvant une idéologie incitant à la haine, à la violence ou à la discrimination des individus à raison de leur origine, de leurs opinions politiques, de leur orientation sexuelle ou de leur religion.

Le 21 octobre dernier, ils ont défilé dans les rues de Lyon, scandant de nombreux slogans racistes, avant de se retrouver à « La Traboule », leur bar associatif dans le Vieux-Lyon.

Ce bar a été le siège de l’organisation dissoute « Génération Identitaire » et il continue d’être le point de ralliement des groupuscules d’extrême-Droite qui ne cessent d’exercer régulièrement des violences sur notre territoire.

Le 26 novembre, lors de la manifestation contre les violences faites aux femmes, des provocations ont eu lieu à proximité de ce bar, La Traboule. Des armes de catégorie D (matraque télescopique, bombe lacrymogène) ont été employées contre le service d’ordre protégeant la manifestation.

Le 5 décembre, des militantes et militants du collectif pour la Fermeture des Locaux Fascistes ont été attaqués et blessés alors qu’ils et elles distribuaient des tracts à proximité du métro Vieux-Lyon pour informer et demander l’interdiction de la marche aux flambeaux organisée par les identitaires le 8 décembre sous l’appellation « Lugdunum Suum ». La Préfecture a d’ailleurs pris un arrêté d’interdiction de cette marche.

La récurrence de ces incidents interroge quant à la reconstitution de ligues dissoutes : la dissolution de l’organisation « Génération Identitaire » ne suffit pas tant que les moyens dont elle disposait restent acquis aux individus se formant en groupuscules. Leurs actions peuvent facilement être organisées grâce à leur bar, La Traboule, et leur violence cultivée dans leur salle de boxe, l’Agogé.

Le Conseil de la Métropole demande à la Préfecture de mettre en œuvre tous les moyens, dont la fermeture définitive des locaux « La Traboule » et « l’Agogé », et le retrait de leurs moyens matériels et logistiques, pour que cessent les exactions des groupuscules d’extrême-Droite sur notre territoire.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/i2Py2GpV130?t=10014

Toujours, et encore, des inégalités territoriales !

2022-1365 - Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté - Subventions -

Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le Président, chers collègues, nous sommes intervenus à plusieurs reprises sur la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté dans laquelle la Métropole s’est engagée depuis 2019.

L’actualité récente est revenue à plusieurs reprises ces derniers jours sur l’état de pauvreté dans notre pays, confirmant nos craintes. Si ces actions permettent sans aucun doute d’éviter le pire, elles n’inversent pas la tendance dans notre pays d’une pauvreté profonde, durable et stable qui s’ancre dans notre société en même temps que la crainte de la pauvreté et du déclassement grandit dans des catégories qui se pensaient épargnées jusqu’à maintenant.

Les rapports et études de l’Observatoire des inégalités ou de l’IPSOS, en collaboration avec  le Secours populaire, fournissent des éléments chiffrés explicites.

Le chiffre de 8 % de pauvres en France ne baisse plus depuis 1980 et deux millions vivent en grande pauvreté, soit en dessous de 40 % du revenu médian.

Et si le nombre d’allocataires du RSA baisse, le nombre de pauvres ne baisse pas ; ce qui indique que la sortie du RSA n’est pas systématiquement synonyme de sortie de la pauvreté.

Les jeunes adultes de 18 à 29 ans sont particulièrement touchés : leur taux de pauvreté est passé, entre 2004 et 2019, de 8,4 % à 12,3 % et on peut craindre que ce soit encore pire aujourd’hui.

Enfin, l’étude IPSOS et Secours populaire témoigne de la place prise par cette problématique dans les têtes, la crainte de devenir pauvre grandit. 57 % des Français ont ainsi pensé, à plusieurs reprises, qu’ils étaient sur le point d’être pauvres. Les privations sont bien réelles quand 60 % des Français ne savent plus sur quelles dépenses faire des compromis ! 66 % ont déjà restreint leurs déplacements, tout mode confondu, pour des raisons financières. 50 % se sont restreints sur le chauffage, 49 % craignent de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de leurs enfants.

69 % estiment que leur revenu a diminué ou beaucoup diminué ; pour 88 %, ils identifient la hausse des prix comme cause de leurs problèmes.

C’est donc clairement une société de régression, et non de sobriété, que dessinent ces études ; une situation qui n’épargne pas la Métropole. Les inégalités territoriales sont toujours au rendez-vous. Il est facile de les renvoyer à la concentration de logements sociaux dans certains quartiers et villes. Ce n’est, pourtant, pas le logement social qui crée la pauvreté et prenons garde à ne pas stigmatiser cet outil français original qui permet, malgré les coups qui lui ont été portés par les gouvernements successifs, de permettre l’accès au logement digne au plus grand nombre. Et, s’il faut du logement social partout, répartir les pauvres ne les rend pas moins pauvres.

Vous comprendrez, monsieur le Président, que nous insistions sur la priorité de nos missions sociales et éducatives -je pense notamment aux nécessaires constructions de collèges-  et que nous ayons refusé, au SYTRAL Mobilités, la hausse des tarifs TCL. Dans le même esprit, nous restons réservés sur les modalités et le calendrier de la ZFE, car le risque est grand, pour le moment, qu’elle soit coûteuse et limitative des déplacements pour nombre de familles populaires.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/T_OXVU_LWxs?t=29590

Nos collectivités doivent pleinement jouer leur rôle de bouclier social !

2022-1364 - Plan logement hébergement d'accompagnement et d'inclusion des habitants en difficulté (PLAID) 2023-2027 -

M. le Conseiller DEBÛ : Monsieur le Président, chers collègues, il nous est soumis aujourd’hui le Plan logement hébergement d’accompagnement et d’inclusion des habitants en difficulté, le PLAID, 2023-2027 pour la Métropole de Lyon.

Je voudrais commencer par saluer ce plan, qui cherche à répondre à des besoins essentiels et qui, nous l’espérons, permettra l’articulation de la grande variété des dispositifs dans un champ complexe qui fait intervenir un grand nombre d’acteurs, autant institutionnels, parapublics et associatifs.

Ce PLAID intervient, en effet, sur un large éventail d’actions et, pour n’en citer que quelques uns :

– l’accession et le maintien dans le logement ;

– la lutte contre le sans-abrisme ;

– l’accompagnement social, le médico-social et la santé mentale ;

– la lutte contre les violences intrafamiliales ;

– l’accueil des exilés ;

– l’accueil des gens du voyage.

On voit donc qu’un grand nombre d’acteurs interviennent sur des champs précis, distincts et qui pourtant se croisent, se cumulent pour répondre aux besoins. La Métropole est le facteur de cohérence, l’ensemblier de ce plan et fait montre d’une volonté forte de dresser les enjeux de la précarité et de la pauvreté dans l’agglomération.

Cela se traduit, notamment, à travers l’orientation « Logement d’abord ». En effet, en plus d’être un droit opposable, l’accès et le maintien dans le logement est un enjeu fondamental dans le parcours des personnes, qui conditionne grandement la suite de leur parcours. En effet, sans logement, difficile de se projeter dans l’emploi, de prendre soin correctement de sa santé physique et mentale et de construire une vie sociale épanouissante. Le logement est bien une priorité absolue.

Au-delà de l’hébergement d’urgence, étape indispensable, c’est un continuum  de dispositifs, bien articulés entre eux, qui doit permettre à chacun d’accéder à un logement, à la fois digne et abordable.

– Cela rejoint la priorité que l’on s’est donné dans le champ de la construction et la réhabilitation des logements.

– C’est aussi la lutte contre l’habitat indigne et les marchands de sommeil.

– Et c’est, bien sûr, tous les efforts déployés dans la lutte contre la spéculation foncière et le maintien -ou le développement- d’un tissu de logements sociaux dans tous les territoires. Car il faut reconnaître, et j’y reviendrai, qu’en terme de logement sociaux, certains de nos territoires sont « plus égaux que d’autres », comme dirait Georges.

Ce plan est également intéressant au sens où il place la personne au centre de sa démarche. En plus d’une logique de « l’aller vers », le PLAID cherche à accompagner les personnes en difficultés dans toutes les dimensions : le logement, bien sûr, mais aussi les questions de santé ou d’insertion à l’emploi, pour ne citer que cela.

Cette volonté de rendre acteurs les personnes accompagnées moteurs du plan, se traduit par leur intégration dans la gouvernance des outils du PLAID.

L’intégration des compétences « départementales » et de l’ancienne CoUrLy peut être un facteur de cohérence et d’efficacité, mais il nous oblige également.

Et je n’oublie pas le rôle des communes, partenaires incontournables, bien souvent en première ligne face à la précarité, la pauvreté et l’exclusion.

Pourtant, force est de constater que malgré les grands plans nationaux, régionaux et locaux, la réalité de la situation sociale ne cesse de se dégrader. 15 % de la population en France vit sous le seuil de pauvreté. 13 millions de Français étaient en précarité énergétique l’hiver dernier, je n’ose imaginer le nombre aujourd’hui, avec une inflation à plus de 7 %, des prix de l’alimentaire qui ont bondi de 12 % et les coûts de l’énergie qui explosent -merci au marché libre et non faussé.

Lyon est la 5ème ville la plus chère de France, et les loyers ont augmenté de 21 % entre 2007 et 2020 dans la Métropole. Ce n’est pas le cas des salaires, et nous assistons donc à une inflation de travailleurs pauvres.

Évidemment, les difficultés auxquelles sont soumis les Français ne sont pas réparties également, et ce sont, comme toujours, les ménages les plus pauvres qui en sont le plus affectés. Ainsi, pour payer son loyer, le premier quartile de la population fournit un taux d’effort de 45 %, ce qui est loin d’être le cas pour les couches les plus aisées.

Cette inégalité se fait aussi territoriale, notamment en terme de logement social, avec un très fort déséquilibre est-ouest, qui épouse la répartition des classes populaires. Que l’on ne m’accuse pas de caricature, parce qu’il  s’agit du strict reflet des chiffres : à l’est populaire s’oppose l’ouest bourgeois. Cet état de fait ne bouge guère depuis le XIXème siècle…

Ainsi, si le PLAID est ambitieux sur le papier, il ne pourra se traduire concrètement qu’avec un effort sans précédent en termes de moyens et, en premier lieu, des moyens de l’État. Il appartient à l’État de respecter ses propres obligations, tel le logement opposable (DALO), le relogement obligatoire de toutes personnes expulsées, la lutte contre le sans-abrisme.

Faut-il rappeler, par ailleurs, que l’État a soustrait 15 milliards d’euros aux bailleurs sociaux, baissant les APL, tout en faisant mine de s’émouvoir de la dégradation du parc social, du retard pris dans l’isolation thermique des bâtiments et, de manière générale, de l’explosion de la précarité.

Notre collectivité s’engage au-delà du périmètre strict de ses compétences, de concert avec nombre de communes, et y consacre des moyens importants.

Au-delà des moyens, je crois aussi aux actes politiques visant à faire évoluer le droit afin de protéger les populations les plus fragiles. Je salue et invite tous les maires de la Métropole à prendre des arrêtés anti-expulsion et anti-coupure d’énergie, comme le fait Michèle Picard chaque année. Je crois en effet, surtout dans une période comme celle que nous sommes en train de traverser, que nos collectivités doivent pleinement jouer leur rôle de bouclier social.

Nous voterons bien évidemment le PLAID.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/T_OXVU_LWxs?t=28657