Rassembler les forces progressistes dans un débat public fraternel !

La vie politique lyonnaise est agitée. L’ancienne adjointe au maire de Lyon, Nathalie Perrin-Gilbert -qui s’est fâchée, d’abord, avec les socialistes, puis avec les insoumis, enfin récemment avec les écologistes-, annonce que, en 2026, elle va faire entendre « une voix de Gauche pour porter la voix des Lyonnaises et des Lyonnais qui ne sont pas entendus »

Mais elle ne dit rien sur la crise de la Gauche, qui n’est évidemment pas particulièrement lyonnaise et qui, unie ou divisée, est faible -bien trop faible pour peser face au gouvernement.

Et elle ne dit rien du rouleau compresseur de l’extrême Droite ou de la Droite extrême, qui gronde dans l’agglomération et fait à Lyon, en 2024, plus de voix que les Écologistes en tête au premier tour de 2020…

Oui, la Gauche est à un tournant. Elle doit se renouveler, faire la critique de gestions gouvernementales soumises aux intérêts des plus riches, apporter une réponse nouvelle à la crise sociale et démocratique. Mais nous ne croyons pas au sauveur suprême, ni en homme ni en femme, pour résoudre cette crise de la Gauche, la crise démocratique et la crise de l’extrême Droite… C’est une crise de société, pas une crise de personnalité.

Oui, il faut tirer les leçons de ce mandat. Les Communistes ont exprimé leurs critiques sur une politique métropolitaine pas assez construite avec les communes et les citoyens, ne prenant pas suffisamment en compte ses impacts -comme pour la ZFE, que les élus communistes métropolitains ont été les seuls, à Gauche, à rejeter, devant mieux répondre aux urgences sociales pour unir notre peuple.

Mais ce n’est utile que pour construire, avec les Lyonnais, un programme pour les mobilités, le logement, la jeunesse, l’éducation, la santé, le travail, … pour une ville de Lyon accueillante pour les milieux populaires, pour faire reculer les ségrégations territoriales, pour une Métropole des communes et des citoyens.

Et cela suppose d’affirmer l’ambition de rassembler les forces progressistes dans un débat franc, sans jamais céder aux polémiques stériles à Gauche, afin de de mobiliser les citoyens inquiets de la place de l’extrême Droite et de l’ambiance guerrière actuelle.

C’est la priorité des Communistes.

Et si on parlait mobilités ?

Comment ont évolué les déplacements individuels et collectifs durant les 40 dernières années ? Comment penser les déplacements de demain ? Comment assurer la fluidité des déplacements entre Métropole et Nouveau Rhône ? Comment concevoir un Plan de mobilités audacieux et répondant, à la fois, aux enjeux sociaux et écologiques ?

Venez en parler le MARDI 1° AVRIL 2025 DE 18:00 A 21:00 au siège du Grand Lyon la Métropole (salle A/B) en présence de :

Antoine Lévêque, Professeur à Paris Dauphine, spécialiste de l’histoire des transports

Ludovic Rioux, membre du Bureau de la fédération CGT Transports

Pierre Brochier, membre du Collectif « Gardons la ligne »

et des représentants des collectifs d’usagers, des élu.e.s, …

ZFE, il faut revoir cette loi !

Explication de vote contre le vœu ZFE des droites -

M. le Conseiller P-A. Millet : Très rapidement, chers collègues de l’opposition.

Monsieur Gascon, pour reprendre vos mots, il s’agit sans doute d’un vœu de circonstances… mais vous êtes plein de contradictions… Vous soutenez un gouvernement qui supprime les aides au changement de véhicule et vous proposez, ici, un vœu pour lui demander de les rétablir.

Vous dites être pour la ZFE sans rien dire des 100 000 habitants dont le véhicule Crit’Air 3 est interdit depuis janvier 2025 et vous ne proposez, au fond, que ce qui existe dans la délibération métropolitaine : des dérogations, et vous insistez sur une « interdiction »… Quel mot pour des défenseurs de l’autonomie des collectivités locales qui, parfois, vont même jusqu’à défendre le droit local d’expérimentation réglementaire… Interdiction d’aller plus loin que la loi, donc les Crit’Air 3… Autrement dit, vous refusez l’extension aux Crit’Air 2… On peut dire que vous avez le sens de l’actualité… C’est pour 2028… et, mieux, peut-être vouliez-vous en fait plaire au Président de la Métropole qui a déjà dit que ce n’était pas un tabou ? …

Nous en restons à notre position. Il faut suspendre l’application de cette loi, maintenant et la réécrire totalement. L’urgence, c’est ce qui se passe pour les Crit’Air 3 cette année.

Nous ne voterons pas ce vœu.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/XbK0et0pTAo?t=32430

Copropriété Saint-André à Villeurbanne… et plan de sauvegarde complexe…

2025-2805 - Villeurbanne - Plan de sauvegarde de la résidence Saint-André - Convention - 2025-2030 -

M. le Conseiller R. Debû : Monsieur le Président, je précise que je prends la parole en lieu et place de Léna Arthaud, qui est en situation de conflit d’intérêt et qui ne peut donc pas s’exprimer sur ce dossier.

On voulait saluer une étape importante d’un plan de sauvegarde complexe, au vu de la taille de cette copropriété -qui est une copropriété immense et qu’il a fallu beaucoup de travail pour la repenser, la reformer, la diviser de manière à ce qu’elle soit plus efficace et qu’on puisse aboutir sur ce travail-là.

Le travail engagé par les acteurs du logement, par nos services auprès des résidents de Saint-André est exigeant, demande du temps et implique de très nombreux interlocuteurs. Inévitablement, il y a eu -et il y aura encore- des tensions, des oublis, des contradictions à dépasser. Ainsi, par exemple, le Conseil de quartier s’estime insuffisamment écouté, mais l’arrivée d’une crèche et des services de la Ville et de la Métropole est un point positif que nous saluons.

Nous attirons, toutefois, l’attention sur la disparition de la pharmacie, qui est un service de santé de proximité très utile aux résidents et il faudrait trouver une manière de conserver une présence d’un service de santé dans le quartier.

Et si nous restons vigilants sur la mise en œuvre du projet, nous voterons bien évidemment cette délibération. Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/XbK0et0pTAo?t=29279

La culture serait-elle devenue une variable d’ajustement électorale ?

2025-2772 + 2025-2773 - Culture - Subventions de fonctionnement pour 2025 -

Mme la Conseillère M-C. Burricand : La culture a fait l’objet de larges débats, et c’est nécessaire. Mais ceux qui accusent la Métropole de faire de la culture une variable d’ajustement se trompent. Car chacun mesure que les restrictions menées dans la concertation, notamment sur le musée des Confluences, ne sont pas de nature à empêcher la même démarche dans d’autres secteurs. Je m’interroge, au vu des débats, la culture serait-elle devenue une variable d’ajustement électorale ?

Nous voudrions faire plus à la Métropole comme à Vénissieux, où nous avons de belles réussites… une médiathèque et un réseau de bibliothèques de quartiers… le théâtre La Machinerie et une salle Bizarre pour les musiques actuelles… le cinéma Gérard Philippe… le festival Fêtes Escales… l’école de musique… plusieurs équipements, donc, d’échelle métropolitaine… Et les besoins, comme les possibles, sont immenses.

En France, la moitié du budget public de la culture est assumée par les collectivités locales -à 80 % par les communes et intercommunalités.  Revient à l’État, tous ministères confondus, l’autre moitié du budget. C’est peu !

D’autant que, dans ce domaine, l’État dépense 20 fois plus pour un habitant de Paris que pour les autres.

La culture est aussi largement financée par ses usagers. Les français consacrent, en moyenne, 16 milliards d’euros -presqu’autant que le financement public-, soit 3,4% de leur budget en moyenne.

Mais cet accès reste inégal. L’Observatoire des inégalités indique des écarts de 20 à 44 points selon l’activité concernée entre les cadres supérieurs et les ouvriers employés.

La culture ne peut être laissée dans les mains du marché, il y a besoin d’un grand service public de la culture, de partenariats plus forts entre les collectivités et l’État.

Oui, nous voudrions faire plus. Nous préfèrerions que « Lire en Fête » n’ait pas fermé ses portes, que le musée des Confluences vogue en disposant de tous les moyens que son succès -et son succès populaire- autorise.

Mais personne ne peut ignorer que c’est bien l’État qui est à la source des difficultés des collectivités locales en imposant un budget d’austérité qui affaiblit l’action des collectivités locales, ses coupes sur le budget de la culture, les attaques contre le Pass Culture.

L’Union européenne réclame 8oo milliards pour la guerre, soit six fois le budget de la Russie, à peine moins que celui des États-Unis (892 milliards)… Combien pour la France (50 milliards, aujourd’hui) ?

Qui peut s’imaginer que, dans une telle situation, la culture s’épanouirait ?

Et n’oublions pas, dans cette affaire, ceux qui sont en première ligne de cette attaque… les artistes, auteurs et travailleuses, travailleurs précaires, toujours menacés, remis en cause…

C’est aussi en respectant ces femmes et hommes, leurs métiers que notre société montre son intérêt pour la culture.

Nous allons donc être de ces combats pour une culture émancipée de l’ordre dominant et des replis identitaires de toute nature, car nous voulons une société de partage et de vivre ensemble dans un monde de paix.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/XbK0et0pTAo?t=26810

On ne peut sortir de la crise de l’hébergement sans sortir de la crise du logement !

2025-2765 - Plan partenarial de gestion de la demande de logement social et d'information des demandeurs (PPGID) 2025-2031 - Convention -

Mme la Vice-Présidente M. Picard : 2,7 millions, c’est le chiffre record de demandeurs de logement social en France mi-2024 ! Ce chiffre illustre, de la pire des façons, l’inaction, voire la démission de l’État.

Le Président d’Action Logement, qu’on ne peut soupçonner d’extrémisme, en faisait le constat lors du dernier congrès des bailleurs sociaux à Montpellier : « Tous les mots, toutes les formules ont été utilisés pour tirer la sonnette d’alarme. Des alertes qui n’ont pas suscité les mesures énergiques attendues du plus haut sommet de l’État. Et aujourd’hui, rien ne va plus… ».

À l’échelle de la Métropole, tout public confondu, nous comptabilisons 10 demandes de logement social pour une attribution. Le nombre de personnes sans solution de logement augmente, et les situations inacceptables se multiplient. Entre l’habitat indigne, les marchands de sommeil, la suroccupation, les inégalités territoriales… nous sommes désormais dans une crise aiguë du mal-logement…

Le Plan partenarial de gestion de la demande de logement social et d’information des demandeurs est confronté à cette réalité violente, du fait principal de l’insuffisance des politiques nationales en matière de logement depuis plus de dix ans. En avons-nous collectivement pris la mesure ?

Pourtant, nos objectifs de priorisation fonctionnent. Ils représentent 60 % des attributions, beaucoup plus que notre objectif. Mais la conséquence est que pour les publics non prioritaires, il y a désormais 21 demandes pour une attribution !

Il est indispensable que chaque demandeur sache où et comment il peut être accompagné. Une information et une orientation plus efficaces doivent atténuer le sentiment répandu que le système est injuste pour les demandeurs.

Le rôle des Maisons de la Métropole de Lyon (MDML) doit être conforté, avec des moyens à la hauteur de l’enjeu.

Le PPGID doit voir ses moyens renforcés, d’autant plus qu’il va falloir tenir compte d’une nouvelle catégorie, les « travailleurs essentiels », mise en lumière pendant la période Covid. Encore aujourd’hui, ils ne sont pas considérés comme prioritaires. Nous devons y remédier, peut-être en réinstaurant des commissions de suivi pour travailler à des sorties concrètes pour certaines situations qui sont des impasses.

Le système de cotation, qui devait garantir un traitement équitable des demandeurs, intègre des critères très hétérogènes comme l’ancienneté, le handicap, les situations de violence familiale. Mais, pour assurer un logement adapté aux familles prioritaires, il est essentiel de considérer la composition familiale des locataires d’une résidence donnée, d’éviter la concentration de familles nombreuses au sein d’une même allée et de favoriser une mixité sociale propice au développement de la vie collective au sein d’une résidence.

Ce système de cotation ne réduit pas le besoin d’avoir une approche plus humaine et dans la dentelle, pour certaines situations. Un logement est bien plus qu’un toit, c’est aussi un environnement, une vie sociale et, parfois, un refuge.

Il est regrettable que le rôle des communes ait été considérablement réduit dans les attributions.

Car les acteurs locaux sont les mieux placés pour comprendre la réalité quotidienne d’un secteur d’habitation et les besoins des habitants. Les élus, les assistantes sociales et les conseillères sociales et familiales des bailleurs connaissent, dans la proximité, les demandeurs ainsi que les locataires déjà occupants. Ils sont donc en mesure de trouver des compromis adaptés dans des décisions d’attribution parfois délicates.

Pour une politique publique réactive en situation de crise du mal-logement, nous avons besoin d’un outil partagé d’attribution dans le parc social. Cet outil a existé et avait toute sa pertinence. Dans la situation actuelle d’outils différents entre Action Logement, les bailleurs, la Métropole et l’État, il reste beaucoup à faire pour que les objectifs de l’accord intercommunal d’attribution soient partagés et suivis par tous.

Enfin, nous savons que le premier enjeu est de retrouver une croissance du parc. Et, pour un équilibre métropolitain, nous devons encourager la construction de logements sociaux dans les zones où ils font défaut et orienter les ménages fragiles vers des quartiers hors des zones prioritaires, en particulier dans les communes où le taux de logement social est faible, car les efforts entrepris n’ont pas permis de réduire la ségrégation spatiale et nous constatons un recul des attributions hors quartiers prioritaires pour les ménages du premier quartile de revenus, donc les plus modestes.

Pour conclure, j’aimerais rappeler que je prendrai, le 31 mars, des arrêtés interdisant, sur le territoire de Vénissieux, les expulsions locatives sans solution de relogement. Un combat politique que je mène depuis 16 ans, pour une vie digne. Car vivre dans la dignité est un droit ! Se nourrir, se soigner et se loger sont des droits inscrits dans notre Constitution.

Pour sortir de la crise du logement et de l’hébergement, il faut une autre politique… Une ambition, une dynamique, que le gouvernement n’enclenche pas, laissant la crise prendre une ampleur inédite, voire incontrôlable…

735 personnes sont mortes dans la rue, en 2023 et la France compte 3 000 enfants à la rue. Nous devons en finir avec ces drames humains et le développement du sans-abrisme. Mais on ne peut sortir de la crise de l’hébergement sans sortir de la crise du logement. Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/XbK0et0pTAo?t=23775

Not only Lyon !

2025-2761 - Développement économique - ONLYLYON & CO -

M. le Conseiller P-A. Millet : Madame la Vice-Présidente, chers collègues, une très courte intervention sur ce changement de statut et de nom de cette vieille association pour le développement économique de la région lyonnaise, jusqu’à Saint-Étienne et Roanne.

Comme je l’ai souligné en commission, certains croient que les communistes se désintéressent de la vie économique et considèrent les entreprises comme des ennemis. Pas du tout, nous les considérons comme de première importance, mais comme des biens collectifs et nous voulons que ceux qui produisent les dirigent. C’est une vielle histoire des marxistes, depuis la célèbre NEP -la Nouvelle politique économique lancée par Lénine- jusqu’au socialisme de marché à la chinoise dont, sous prétexte qu’il laisse sa place aux entreprises, certains croyaient qu’il allait oublier le communisme. Pas du tout ! Au contraire, il cherche comment orienter toujours plus efficacement les acteurs économiques vers un développement harmonieux.

C’est, en quelque sorte et à notre échelle, ce que nous faisons avec les actions de l’ADERLY au service des entreprises pour qu’elles répondent toujours mieux aux besoins du territoire… Je veux, d’ailleurs, redire tout l’intérêt de la présentation des actions de l’ADERLY par son directeur et le remercier encore une fois.

Mais je voulais, surtout, intervenir avec une pointe d’humour pour une question très régionale.

J’avais déjà fait remarquer, il y a dix ans, pour le congrès mondial des roses que la Métropole n’était pas « Only Lyon », en tout cas pour les roses anciennes. Le plus grand rosiériste du 19ème siècle, obtenteur de la célèbre « soleil d’or » -la première rose jaune stable-, était Vénissian et sa tombe, à Vénissieux, est connue dans le monde entier et, je n’en doute pas, de notre Office de tourisme.

Mais, avec ce changement de dénomination, on franchit un cap puisqu’on ne parle pas seulement de la Métropole, mais de toute la région de Lyon -jusqu’à Roanne et Saint-Étienne. J’avoue que je n’ai pas eu de retour d’élus stéphanois qui ont, depuis un moment, sans doute d’autres chats à fouetter mais, pour avoir assisté au célèbre match Saint-Étienne/Kiev en 1976 à Geoffroy-Guichard et en avoir gardé une certaine sensibilité verte, je me demande comment les Stéphanois prennent cette idée de n’être que « Juste Lyon »…

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/XbK0et0pTAo?t=22407

RSA… pas de logique de sanction et porter l’impérieuse nécessité de respecter la dignité des bénéficiaires en toutes circonstances…

2025-2751 + 2025-2752 - Insertion - Subventions de fonctionnement - RSA et RSJ - 2025 -

M. le Conseiller R. Debû : Monsieur le Président, chers collègues, nous devons nous prononcer sur les subventions de fonctionnement pour les organismes œuvrant à l’accompagnement des bénéficiaires du RSA. Il s’agit d’une des compétences les plus importantes de notre collectivité, depuis que la Métropole de Lyon a récupéré les compétences départementales.

Ainsi, permettez-moi quelques mots sur les difficultés rencontrées par les ayants droit du RSA, et des efforts qu’il nous encore engager. Gardons en tête que les ayants droit du RSA font partie de nos concitoyens les plus fragilisés, qui cumulent les difficultés et discriminations. Cette situation pèse également sur la perception et l’estime de soi, sur le statut social, sur la disponibilité d’esprit des bénéficiaires.

Même si les services de la Métropole ont remplacé, en 2024, les divers parcours par un seul parcours socioprofessionnel, quel que soit le statut de la personne accompagnée, il n’en reste pas moins que la situation est vécue très différemment par les ayants droit.

En effet, depuis la contre-réforme de France-Travail, les récipiendaires du RSA se retrouvent sous une double tutelle, avec deux gestionnaires de fait. Or, les départements -et donc la Métropole- et France Travail ne poursuivent pas les mêmes objectifs.

Sur le site de la Métropole de Lyon, le RSA est ainsi décrit : « Il s’agit d’assurer un revenu minimum aux personnes sans ressources ou avec des faibles ressources ». Il s’agit bien d’une aide, d’un filet de sécurité pour nos concitoyens les plus fragiles économiquement.

France Travail -au corps défendant des conseillers- cherche avant tout à faire sortir les bénéficiaires de ses tableaux, à faire baisser les chiffres. J’emploie ces mots à dessein, car c’est bien le champ lexical du business qui a envahi ce qui a été « l’Agence nationale pour l’emploi ». Dans le jargon du métier, on parle de « gestion de flux », de « portefeuille » de bénéficiaires, de « chiffres cibles ».

Beaucoup de contrôles, de « flicage » disent les bénéficiaires, sous prétexte de lutte contre la fraude sociale -qui pèse, toutes caisses confondues, 1,5 milliards d’euros- là où la fraude et l’évasion fiscales sont estimées par un rapport sénatorial à plus de 80 milliards d’euros par an.

Aujourd’hui, l’obligation de 15 à 20 heures obligatoires -si ça peut être utile pour certains- représente une source de contraintes et d’angoisse pour beaucoup, avec la peur de voir amputer ou suspendre son allocation. Bien sûr, c’est un facteur lourd de non-recours aux droits. Souvent perçus comme infantilisants, ces dispositifs sont vécus comme un outil de contrôle et comme une perte de temps -surtout lorsque ces heures se cumulent avec ceux d’autres dispositifs d’accompagnement. 

À titre d’exemple, l’association Solid’arté, qui accompagne les artistes au RSA, propose déjà de 15 à 20 heures d’ateliers auxquelles, à mon grand étonnement, s’ajoutent les 15 à 20 heures de France Travail. On peut donc monter à 35 heures, un plein temps…

À cela s’ajoute un aspect dont on parle peu, mais qui a des conséquences importantes. En l’occurrence, la numérisation poussée du suivi des bénéficiaires -et je ne parle pas ici uniquement de la numérisation des démarches. En effet, nous avons de nombreuses remontées, à la fois des récipiendaires et des associations qui les accompagnent, faisant état de difficultés induites par les outils informatiques, qui ne permettent pas suffisamment de souplesse. On a bien souvent l’impression que c’est l’outil qui impose le cadre, pas l’humain… Or, par définition, chaque situation est singulière, et demande un suivi individualisé et humain. Aujourd’hui, il faut donc jongler avec le logiciel, sans pouvoir outrepasser certains champs bloquants… Cela crée beaucoup de difficultés.

Permettez-moi d’illustrer mon propos.

Il ne vous aura par échappé que les acteurs de la culture sont, en ce moment, particulièrement mobilisés, eu égard au sort qui est fait à ce secteur essentiel de la vie en société et à la démocratie. Les coupes budgétaires à répétition du ministère, celles des collectivités territoriales -telle la Région des Pays de la Loire- ont fini d’anéantir l’environnement socio-économique de ce secteur. Le secteur culturel est sinistré, les acteurs rencontrent les pires difficultés.

Il s’agit, pourtant, d’un secteur d’activité économique qui pèse près de 50 milliards et sans lequel l’industrie du luxe ne serait rien. Secteur d’activité qui repose, bien évidemment, sur les créatrices et créateurs -ces travailleuses et travailleurs de l’art, qui font la richesse, la diversité, la renommée de la France dans le monde entier.

Pourtant, le Syndicat national des artistes plasticiens (le SNAP) rappelle que le revenu médian des artistes-auteurs s’établit à 1 531€… par an ! Oui, 1 531€ par an.  Chacun comprendra donc que les créatrices et créateurs ont souvent une ou plusieurs autres activités, par forcément en lien avec le champ culturel d’ailleurs. Beaucoup d’autres sont bénéficiaires du RSA. Ils rentrent donc dans la catégorie des TNS (Travailleurs non-salariés). Car la création est un travail, pas un hobby ou une lubie.

Or, lorsqu’ils doivent renseigner leur situation, comme beaucoup des TNS, ils se retrouvent à cocher la case « autres ». Évidemment, les algorithmes de gestion n’aiment pas la case « autres », et s’il n’y avait pas d’intervention humaine, beaucoup de ces ayants droit se retrouveraient purement et simplement éjectés du système.

Bien sûr, il n’y pas de solution facile, d’autant qu’il s’agit, avant tout, d’une question de moyens -humains et financiers. Ce qui est d’autant plus compliqué puisque nous ne sommes pas maîtres des dotations et que nous « partageons » le suivi des bénéficiaires du RSA avec France Travail.

À tout le moins, il nous apparaît essentiel de renforcer la dimension et les moyens humains de l’accompagnement des bénéficiaires -notamment à travers les associations, qui font un travail remarquable avec des moyens dérisoires. Nous devons absolument nous interdire de rentrer dans une logique de sanction et, bien sûr, de toujours porter l’impérieuse nécessité de respecter la dignité des bénéficiaires en toutes circonstances.

Ces remarques ayant été faites, nous voterons, bien sûr, ces délibérations. Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/XbK0et0pTAo?t=20344

Commission d’enquête sur les aides publiques aux entreprises…

2025-2781 - Cotisation foncière des entreprises (CFE) - Taux 2025 -

M. le Conseiller P-A. Millet : Monsieur le Président, chers collègues, permettez-moi de me féliciter au nom du groupe Communiste de cette décision d’augmenter le taux de cette CFE, qui reste la seule fiscalité des entreprises dont nous pouvons décider du taux. J’entends déjà les pleureuses du capital tenter de nous impressionner avec ces terribles « impôts sur la production », qui seraient la cause de la faiblesse économique de la France. Je pourrais, bien sûr, reparler de l’explosion des dividendes mais, comme je ne vais pas me répéter, je vous propose un autre éclairage du contexte : l’évolution des aides publiques aux entreprises depuis 1979 -sous la gauche, puis la droite, puis la gauche, puis le centre et la droite.

Les sénateurs communistes ont obtenu, dans leur niche, une Commission d’enquête sur les aides publiques aux entreprises après celle, retentissante, sur les cabinets privés ou celle sur la pénurie de médicaments. Elle présentera ses conclusions cet été, mais les premiers travaux sont éclairants. Car, si on entend souvent parler du contrôle des dépenses sociales, les dépenses dites économiques intéressent beaucoup moins les médias.

Pourtant, entre subventions directes, exonérations de cotisations sociales patronales, prêts garantis par l’État et beaucoup d’aides directes ou indirectes -car, par exemple, les aides à la rénovation thermique sont aussi une aide aux entreprises concernées. Il existerait 2 200 dispositifs d’aides publiques aux entreprises. Avec quel contrôle et pour quelle utilité économique et sociale ? Dans le cas de la rénovation thermique, nous n’avons pas vraiment de doute, mais dans l’ensemble ? Les estimations de la commission vont, pour l’instant, d’un plancher de 70 milliards d’euros à un plafond de 250 milliards d’euros. L’institut économique IRES publiait, il y a deux ans, une étude estimant le total à 14 milliards d’euros en 1981, 48 milliards d’euros en 2007, 87 milliards d’euros en 2012, 121 milliards d’euros en 2017, Macron approchant les 200 milliards d’euros…

Bref, la gauche mitterrandienne avait ajouté 40 milliards en vingt ans ; Chirac a rajouté 40 milliards en dix ans ; Hollande a fait mieux, 40 milliards en un mandat, et Macron veut faire encore beaucoup mieux…

Alors, vous comprendrez que si nous soutenons toutes les politiques publiques qui visent au développement économique, à l’animation d’une politique territoriale favorable à l’investissement, la création d’emploi, l’innovation, l’économie circulaire, la transition environnementale, nous pensons que les entreprises doivent contribuer fiscalement au niveau de leurs capacités.

Nous nous félicitons de cette hausse du taux de CFE que nous demandions depuis avant 2020…

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/XbK0et0pTAo?t=16917

La rigueur populaire et la gabegie financière !

2025-2775 - Budget primitif 2025 -

M. le Conseiller P-A. Millet : Monsieur le Président, chers collègues, ce budget primitif est cohérent avec les présentations du Débat d’orientation. Nous devons faire face, comme prévu, à une nette baisse des financements de l’État, nos recettes propres sont affaiblies par la crise persistante de l’immobilier et les dépenses sociales contraintes augmentent.

Les pertes de financement de l’État dépassent 40M€ et, en commission, il a été dit que cela pourrait dépasser 60M€. Nos recettes de DMTO (Droits de mutation à titre onéreux) sont prévues, prudemment, en baisse de 50M€. Nous perdons donc 100M€, compensés partiellement pour 20M€ par les bases de la CFE et pour 10 millions par les produits des services. Il est tout à fait justifié d’augmenter le taux de CFE, j’y reviendrai dans la délibération concernée.

En maintenant notre investissement à 600M€, notre autofinancement est de 50M€ -loin du nécessaire pour notre PPI. Nous avions, depuis 2020, une trajectoire de désendettement -ce ne peut être le cas cette année. Ce sera un problème pour le prochain mandat si le contexte reste le même et que l’économie de guerre, annoncée par Emmanuel Macron, conduise demain à de nouvelles coupes, notamment pour les collectivités locales.

Cela dit, en 2025, il nous faut décider d’une gestion rigoureuse de cette situation et, comme le Débat d’orientation budgétaire l’annonçait, en défendant nos missions et nos priorités et les efforts réalisés pour répondre aux besoins des habitants.

Sur la plupart des politiques, il faut serrer les boulons, demander aux services de réussir à faire autant -ou presque autant- avec un peu moins, parfois à aller moins vite, à prioriser. On avait l’impression que les élus d’opposition en commission étaient inquiets. C’est assez amusant de voir ceux qui dénoncent, à chaque occasion, les dépenses publiques excessives et font des promesses électorales répétées du genre « supprimer 100 000 fonctionnaires » s’inquiéter de baisses, certes, significatives mais décidées par chaque vice-président, en toute responsabilité, avec les directions concernées.

L’effort le plus important porte sur les charges générales… en baisse de 16M€… devant les subventions en baisse de 14M€, soit 2,9 %… ce qui impacte, bien sûr, certains avec, parfois, des baisses de 10 %… mais il faut rappeler que c’est, au total, 14M€ sur près de 500M€ de subventions…

Et les dépenses sociales, largement contraintes, augmentent de 10M€ pour le RSA, 8M€ pour la PCH (Prestation de compensation du handicap) et 4M€ pour les frais de séjour.

Le summum est quand même atteint quand des élus d’opposition s’inquiètent d’une baisse de l’accompagnement du RSA… quand les gouvernements successifs de ce Président qui dénonce le « pognon de dingue » ne cessent de critiquer ce RSA et rogner sur les budgets sociaux ou, carrément, réduire les droits… quand la majorité régionale, que ces mêmes forces politiques dirigent, réduit chaque année son soutien à la formation professionnelle, mettant l’existence de nombreux acteurs en péril.

Nous savons que les vice-présidents ont fait très attention au dialogue avec tous les acteurs. Nous avons tous en tête, bien sûr, la crise de l’hébergement avec l’augmentation du nombre de personnes à la rue, malgré la hausse des capacités d’accueil et malgré les efforts de la Métropole -au-delà même de ses compétences. Nous avons reçu, jeudi dernier, la délégation du Collectif Hébergement en danger avec un vrai dialogue dans lequel ils nous expriment les urgences tout en reconnaissant les efforts réalisés par la Métropole et l’enjeu des politiques d’immigration nationales, qui sont le premier facteur de précarité.

Nous resterons attentifs à la qualité de ce dialogue social et partenarial pour nous adapter collectivement à cette situation contrainte et nous voterons, bien sûr, ce budget en rappelant à tous le fond du problème des finances publiques. Oui, il faut de la rigueur dans la gestion de la dépense publique. Le monde populaire sait très bien qu’un sou est un sou et qu’on ne peut pas dépenser ce qu’on n’a pas. Mais où sont les grandes masses des dettes dans un pays comme la France ? Pas dans les milieux populaires, bien sûr ! Pas non plus dans les collectivités locales, dont la dette est financée par un excédent de fonctionnement ! Mais, l’État lui, ne cesse, sous tous les gouvernements, de creuser un déficit de fonctionnement interdit pour les collectivités. Ce sont ceux qui creusent la dette de l’État qui nous répètent que c’est la faute aux pauvres et aux fonctionnaires, oubliant la hausse continue des aides publiques aux entreprises -j’y reviendrai dans une prochaine délibération- et l’explosion des dividendes et des fortunes qui, visiblement, ne sont pas écrasés par la fiscalité !

ELon Musk a racheté le réseau Twitter pour 44 milliards. Comment ? Il s’est endetté de 13 milliards auprès de banques qui ne savent que faire de ces titres toxiques et il a vendu des milliards d’actions TESLA à ceux qui ont cru faire une bonne affaire. Rappelons qu’une valeur boursière est volatile par nature. Mes anciens collègues, devenus actionnaires du groupe hollandais qui avait racheté l’entreprise où je travaillais, s’en souviennent. Ils avaient acheté l’action 1$ et se moquait, gentiment, de moi quand elle en valait 200$. J’en ai souri quand l’action a disparu à une valeur de 1 cent. Bref, Musk est un fabricant de dettes, comme notre Bruno Le Maire -qui a creusé la dette de l’État de 1 000 milliards pendant ses mandats et continue à nous donner des leçons.

J’évoquais, au dernier Conseil, le général de Gaulle en 1957, et tous les économistes le savent. Avec un effort limité de réduction de 3 % du déficit par an, une croissance pas si extraordinaire de 3 % par an, une politique accommodante de la BCE de taux à 2 % et une inflation à 5 %, en 20 ans, la moitié de la dette sur PIB a disparu ; avec une inflation à 9 % (celle de ma jeunesse), il suffit de 10 ans ! Par contre, sans inflation et sans croissance, la dette ne peut qu’augmenter !

Mais pourquoi personne ne veut le faire ? Parce qu’il y aurait des gagnants -les salariés (surtout s’ils ont emprunté pour acheter une maison) et des perdants apparents, les propriétaires (pas parce qu’ils auraient perdu leur bien, mais parce qu’ils auraient l’impression que leur bien a moins de valeur) et plus ils sont gros, plus ils auront l’impression de perdre le poids qu’ils ont sur la société. Avec la dette, c’est la valeur relative des actifs qui se déprécient. Ils ne deviennent pas pauvres pour autant, mais ils ne sont plus les seigneurs.

N’oublions pas, d’ailleurs, que les premiers profiteurs de la dette, ce sont les prêteurs qui s’enrichissent en dormant. Je ne vous répète pas la célèbre déclaration de Marx sur la dette publique. Seul, un État ouvrier peut être rigoureux. Oui, le discours de la dette est le discours des rentiers, pas de ceux qui produisent. Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/XbK0et0pTAo?t=8557