Archives par mot-clé : Séance publique du 27 mars 2023 (journée du 27 mars)

Il est possible d’avoir une industrie propre et sûre !

2023-1647 - Pollution aux perfluorés - Stratégie métropolitaine et partenariat pour un programme de recherche 2023-2026 avec l'Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions -

Mme la Conseillère CHARNAY : Monsieur le Président, monsieur le Vice-Président, chers collègues, on peut donc se féliciter de l’action de la Métropole sur le sujet des pollutions aux substances perfluorées par la mise en place d’une stratégie métropolitaine et un partenariat avec l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions.

En effet, la pollution par les perfluorés dans nos communes du sud lyonnais met en danger les populations et les salariés des entreprises, notamment de la Vallée de la chimie, ainsi que l’activité économique des producteurs, agriculteurs et la biodiversité.

Une étude récente et une émission télévisée ont mis en exergue la pollution aux perfluorés depuis Pierre-Bénite et dans le sud du département du Rhône. 28 communes et environ 220 000 personnes sont les plus  concernées.  Des villes moyennes comme Givors, Grigny ou Brignais sont concernées. Ces pollutions touchent particulièrement les nappes phréatiques des communes de Ternay, Communay, Saint-Symphorien-d’Ozon, Sérézin-du-Rhône, Simandres, Solaize, Givors, Grigny et, dans l’Isère, Chasse-sur-Rhône.

Cette révélation provoque l’inquiétude des habitants, d’autant qu’il est reconnu que ces polluants sont dangereux pour la santé, avec des effets nocifs pour le système immunitaire et des dérèglements endocriniens.

Une étude de l’École nationale de santé publique de 2005, s’appuyant sur des recherches canadiennes et états-uniennes, a montré les risques liés à l’exposition à ces composants chimiques et leur dangerosité pour la santé de l’être humain. On retrouve les PFAS partout dans les produits de notre quotidien ! ! ! Et ces polluants sont omniprésents autour des activités chimiques de Pierre-Bénite.

Depuis 8 mois, les prélèvements (à Pierre-Bénite) dans l’eau du Garon, dans les champs captants de Ternay et Grigny, dans la cour d’école Dunan à Irigny, sur les légumes des Monts du Lyonnais ou sur les poissons  du Rhône et du Garon se sont multipliés. Chaque résultat confirme la contamination, son ampleur et sa gravité. L’inquiétude est grandissante sur la consommation de l’eau. Faut-il continuer à boire l’eau du robinet ? Est-elle sans risques pour les populations ? Comment notre régie publique de l’eau peut-elle agir contre ces pollutions ?

Bien évidemment, ces pollutions aux perfluorés sont de la responsabilité des entreprises qui sont connues… il s’agit d’Arkema et Daikin… qui utilisent des PFAS, produits qualifiés de produits chimiques éternels…

La Préfecture a donc demandé à Arkema de ne plus utiliser de PFAS d’ici le 31/12/2024, mais on ne peut pas se contenter de cette interdiction au 31/12/2024. Arkema continue à rejeter des perfluorés en contaminant la nappe phréatique, le Rhône et les cultures alors que l’entreprise aurait une technologie de substitution, dit-elle ! ! !

La Préfecture et l’ARS essaient de nous rassurer mais on apprend que la directive REACH, qui devait être révisée par la Commission européenne et s’attaquer à de nombreuses substances chimiques, a été repoussée à fin 2023 avec une grande incertitude sur son adoption finale.

Nous pensons que la puissance publique n’est pas à la hauteur de la gravité et de l’ampleur de cette pollution, qui appelle des décisions courageuses face au lobbying des industriels qui sont arc-boutés sur les rapports financiers de leur production.

Nous vous demandons, monsieur le Président, d’interpeller plus fermement l’État pour légiférer sur l’interdiction de ces substances pour décider de protéger la population. L’action de l’État n’est pas à la hauteur des enjeux, notamment de santé, ni à la responsabilité de la recherche publique, qui devrait être moteur pour organiser et mobiliser des moyens humains et financiers pour établir la causalité entre la présence des PFAS et les pathologies.

Nous vous demandons aussi d’interpeller la DREAL qui avait arrêté, il y a dix ans, les prélèvements de suivi dans le Rhône.

Nous défendons bien entendu -tout comme vous, monsieur le Président- l’obligation des entreprises à financer l’innovation pour éliminer toute pollution et pour maintenir les sites et les emplois dans notre métropole.

Comme, par exemple, l’entreprise Carbone Savoie qui était, en 2005, le site le plus polluant aux HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques) de France, et la ville de Vénissieux a obtenu la limitation de la production tout en travaillant avec l’entreprise jusqu’à un projet de reconception des filtrages des fumées et des poussières et qui est, maintenant, au top mondial et en fait un site exemplaire pour l’environnement.

Il est donc possible d’avoir une industrie propre et sûre avec une réglementation stricte qui protège la santé, l’environnement, les cultures et la biodiversité.

Nous défendons la place d’une industrie propre en zone urbaine. L’industrie, comme toute activité humaine, à zéro pollution, ça n’existe pas mais la transparence et l’évaluation sanitaire sont indispensables et doivent être publiques.

C’est pour cela que nous voterons cette délibération.

Merci.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/dpQ7p5BXx60?t=23146

Une Presqu’île plus piétonne, ce n’est finalement que réadapter les mobilités à l’urbanisme de ce quartier historique !

2023-1580 - Lyon 1° - Lyon 2° - Apaisement Presqu'île de Lyon - Bilan de la concertation -

M. le Conseiller DEBÛ : Monsieur le Président, chers collègues, concernant cette délibération sur l’apaisement de la Presqu’île, nous partageons les propos de Laurence Boffet… sur un quartier à vivre… le petit commerce… les transports en commun… je ne vais pas y revenir… Je vais simplement me consacrer à quelques points.

Je voudrais rappeler une vérité historique. À l’évidence, la physionomie urbaine de la Presqu’île est issue, pour l’essentiel, des derniers grands travaux du Préfet Vaïsse, sous le Second Empire.

Nul besoin de rappeler qu’à l’époque, les urbanistes n’avaient pas vraiment anticipé la massification des déplacements automobiles du XXème siècle.

La configuration entre Rhône et Saône, l’exiguïté de la Presqu’île, n’est pas adaptée pour absorber un fort trafic. Le partage de l’espace public est déséquilibré… la voiture y prend une place exagérée, alors que les trottoirs sont, pour l’essentiel, trop étroits… C’est d’autant dommageable qu’il s’agit d’un quartier très fréquenté par les piétons.

Bien sûr, d’autres choix sont possibles. C’était, d’ailleurs, le projet du maire Louis Pradel qui, tout ébloui par les villes américaines, a failli nous raser la vieille ville pour y faire passer une autoroute et qui voulait tracer une 2*2 voies dans les pentes de la Croix-Rousse, entre la Mairie et Gros Cailloux. Je vous laisse imaginer à quoi ressemblerait notre ville si ces projets avait porté jusqu’au bout.

Ainsi, rendre la Presqu’île plus piétonne, ce n’est finalement que réadapter les mobilités à l’urbanisme de ce quartier historique.

Deux points de vigilance, toutefois :

  1. Si les aménagements d’apaisement améliorent, évidemment, la qualité de vie d’un quartier, ils ont aussi un impact sur les prix du foncier. Et on parle, ici, des quartiers bourgeois du centre de l’agglomération, où il devient de plus en plus difficile pour les familles de se loger. Il importe donc de porter une attention particulière à cette situation et, donc, d’accompagner le projet d’apaisement de la Presqu’île aux besoins, en augmentant le budget « logement », afin de ne pas transformer la Presqu’île en « Ghetto du Gotha ».
  2. Second point d’attention… de par sa centralité, la Presqu’île concentre de nombreux équipements publics, d’importance métropolitaine et locale, et, donc, concentre une part importante de nos investissements. Il nous faut donc veiller à pouvoir porter des projets de même nature dans les autres villes de la Métropole qui en feraient la demande. Nous avons une ambition d’égalité entre les citoyens et les territoires de la Métropole du Grand Lyon, et cela passe par cette attention portée à l’ensemble des 59 communes de notre collectivité.

Ces deux remarques étant faites, nous voterons bien évidemment cette délibération.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/dpQ7p5BXx60?t=17323

Projet métropolitain des solidarités… des priorités en lien avec les projets sociaux des territoires…

2023-1605 - Projet métropolitain des solidarités (PMS) 2023-2027 -

Mme la Vice-Présidente PICARD : Monsieur le Président, mesdames, messieurs, les crises se succèdent. Elles sont économiques, sociales, climatiques, énergétiques, géopolitiques et civiques. Les unes n’effaçant pas les autres, elles s’additionnent. Dans les villes populaires, leurs effets sont plus violents et plus durables.

24,5 % des enfants de la métropole de Lyon vivent en dessous du seuil de pauvreté : c’est près d’un enfant sur 4. Alors oui, les collectivités territoriales développent des solidarités pour pallier l’urgence, répondre aux besoins vitaux. La Métropole de Lyon consacre, chaque année, un milliard d’euros aux politiques sociales et médico-sociales.

Mais nous voulons aller plus loin et créer les conditions qui s’attaquent aux racines de la pauvreté. Détricoter le déterminisme social, donner toutes ses chances à notre jeunesse, lutter contre le non-recours aux droits, garder intacte notre exigence de zéro personne à la rue.

Toutes ces ambitions sont dans le Projet métropolitain des solidarités, qui définit nos priorités en lien avec les projets sociaux des territoires.

La démarche de co-construction mérite d’être soulignée… avec plus de 2 000 personnes impliquées, dans une grande diversité de partenaires et de territoires. Leur connaissance du terrain est absolument indispensable, et ce qui est constaté sur le terrain est extrêmement inquiétant.

Hyperinflation… envolée des prix de l’énergie et des produits alimentaires de première nécessité… de plus en plus de familles doivent choisir entre se nourrir, se chauffer, payer les charges courantes ou se soigner…

Une enquête menée en 2022 par l’institut CSA montre que, pour les Français les plus pauvres -avec un revenu mensuel net de 900 euros-, les dépenses contraintes représentent 80 % de leur budget.

Cela signifie qu’une fois payés le loyer, l’eau, l’électricité, les assurances, le téléphone, internet, il ne leur reste que quelques dizaines d’euros pour se nourrir, s’habiller et se soigner.

Oui, la situation est extrêmement grave et inquiétante.

En 2023, de plus en plus de gens ont faim… des familles, des enfants et de nombreux étudiants, auxquels l’Assemblée nationale vient de refuser le repas à 1€… Les vols à l’étalage de produits alimentaires augmentent… des circuits parallèles de trocs se multiplient, où les plus pauvres pourront échanger un manteau contre une boîte de conserve….

Le Secours populaire a enregistré une hausse des demandes d’aides alimentaires de 48 %.

En 2 ans, la ville de Vénissieux a dû rajouter près 1,5 millions de subvention au CCAS. Les chèques énergie et bouclier tarifaire sont finalement de faibles rustines ne permettant toujours pas aux usagers de payer les factures.

Nos services publics de proximité sont largement mobilisés pour protéger et accompagner les habitants dans leur vie quotidienne.

Le coût des repas, fabriqués par la cuisine centrale de Vénissieux, s’est envolé -suivant l’inflation des prix alimentaires, de 15 % ; de l’énergie et des fluides, jusqu’à 30 %. Nous avons fait le choix de ne pas faire peser ces augmentations sur les budgets des familles en limitant l’augmentation des tarifs de cantine à 2 %, soit 4 points sous l’inflation. Et nous maintenons le repas à un euro pour les familles au quotient familial le plus bas.

Mais jusqu’à quand pourrons-nous jouer ce rôle d’amortisseur social ? Nous savons que le pic n’est pas atteint, que les mois à venir seront encore plus difficiles. Malgré tous nos efforts, la pauvreté augmente.

Et ce sont les politiques gouvernementales qui créent de la pauvreté : suppression de l’ISF, cadeaux fiscaux aux grandes entreprises, plafonnement des salaires, réforme au rabais de l’assurance chômage, baisse des APL, suppression des aides à la pierre, etc.

Dans ce contexte, comment les collectivités territoriales peuvent-elles, avec des budgets de plus en plus contraints, maintenir un effort suffisant de solidarité ?

La réforme des retraites est une humiliation de trop, qui bafoue les principes de solidarité et de dignité. L’impact de cette réforme sera extrêmement violent pour les salariés, les ouvriers, les jeunes et les femmes. C’est l’assurance de plonger toute une population dans la misère que nous combattons ici.

C’est aussi une dégradation sans précédent de nos avancées sociales, un recul sur les combats gagnés pour le bien vivre et le bien vieillir.

Quels dispositifs de solidarité serons-nous, demain, obligés d’inventer pour absorber dans nos territoires la dégradation de la qualité de vie de nos aînés ? La question se pose aussi pour tous les employeurs, y compris pour les communes et la Métropole : que ferons-nous pour nos agents qui pratiquent les métiers les plus difficiles au service de l’intérêt général ?

Il sera nécessaire de mettre en place des accompagnements pour ceux qui seront trop usés pour continuer… les ATSEM, les éboueurs, les aides à domicile…

Concernant la santé, il est déjà actuellement compliqué de recruter tant les métiers sont difficiles et insuffisamment rémunérés.

Des services d’urgence ferment la nuit, comme à l’hôpital des Portes du sud. Le droit universel à la santé n’est plus garanti et il y a, aujourd’hui, des inégalités intolérables entre ceux qui peuvent accéder aux soins et ceux qui ne le peuvent pas.

Les politiques nationales, que suivent malheureusement les Hospices civils de Lyon, ont introduit la notion du privé et de rentabilité, avec la mise en concurrence de l’hôpital public, les suppressions de lits, les fermetures d’établissements et la privatisation rampante de la Sécurité sociale. Les dégâts sont catastrophiques.

Malgré la crise sanitaire, qui a clairement montré la défaillance de notre structure médicale, le Gouvernement ne réagit pas. Et, pendant que Macron regarde ailleurs, c’est dans les territoires, avec l’implication des collectivités territoriales, que nous tentons de trouver des solutions à la désertification médicale.

Se soigner, se loger, se nourrir… quand les besoins vitaux et/ou ceux inscrits dans la Constitution ne sont plus garantis, c’est toute une population qui sombre.

Les collectivités territoriales font beaucoup, mais il faudra bientôt faire plus. Nous refusons de panser les plaies de la pauvreté que les décideurs du monde de la finance produisent. Il est grand temps de changer de politique, dans notre pays, pour créer de la justice sociale et de la dignité pour tous.

Une information, pour conclure… Dans quelques jours, la trêve hivernale s’achève et, pour de nombreuses familles, la peur de la rue…

Je prendrai, comme chaque année depuis 14 ans, des arrêtés pour une obligation de relogement avant toute expulsion locative, l’interdiction des saisies mobilières et des coupures d’électricité et de gaz. C’est un combat pour la dignité.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/dpQ7p5BXx60?t=10000

La crise démocratique d’un régime sans base sociale !

Intervention préalable -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, il s’est passé quelque chose ce 23 mars dernier, et la 10ème journée d’action contre la réforme des retraites, demain, va le confirmer. La crise démocratique est devenue insupportable pour des millions de Français, qui rejettent très majoritairement la réforme mais qui, en plus, n’acceptent pas la manière dont le Gouvernement veut l’imposer, comme la manière dont le président a cru qu’il pouvait parler aux Français.

Et le petit jeu qui fait croire que la Droite serait d’accord avec les Communistes sur la ZFE n’est qu’une preuve de plus de cette crise quand c’est la Droite, au Sénat et à l’Assemblée, qui a voté la loi créant les ZFE -y compris les parlementaires Buffet, Di Folco ou Blanc, que vous devez bien connaître monsieur Vincendet.

En 2010, la précédente réforme des retraites -celle portée par le groupe LR, qui passait l’âge de départ de 60 à 62 ans- avait fait l’objet d’une contestation de même ampleur qu’aujourd’hui… jusqu’à 3,5 millions de manifestants le 19 octobre, deux semaines avant le vote final de l’assemblée… avant de décroître rapidement après…

Cette année, la plus forte journée de mobilisation se situe après la validation de la loi par recours au 49.3. Et c’est à cette occasion que le jeu terrible des provocations et des répressions se met en place, alors même que chacun avait noté que, contrairement à 2016 ou 2018, l’unité syndicale organisait des cortèges puissants, déterminés, montrant sans violence leur force par leur nombre.

Certains peuvent considérer que ce n’est juste qu’un problème de gestion d’un conflit social, et que tout le monde l’aura oublié dans quelques mois. C’est ne pas voir que cette réforme est, sans doute, la goutte d’eau qui fait déborder la crise démocratique. Nous vivons l’agonie d’un régime politique né dans les « Trente Glorieuses » autour d’un projet politique national inégal, reposant encore sur les revenus coloniaux, mais qui promettait un progrès de société, le droit au logement, aux déplacements, à l’énergie. Les luttes sociales étaient féroces, notamment dans les années 60, mais l’immense majorité des Français voyaient leur condition de vie s’améliorer.

Depuis Maastricht et l’euro, notamment, c’est fini. Les jeunes savent qu’ils vivront moins bien que leurs parents. Des vieux font vivre deux générations avec leur retraite. Les inégalités territoriales se sont terriblement aggravées.

Et pendant ce temps, tous les gouvernements successifs ont promis et trahi… ont menti aux Français… creusant une fracture politique qui atteint des sommets… Les Français n’ont plus confiance… ni en l’État, ni aux institutions, ni aux parlementaires, ni aux partis politiques. Les maires gardent un lien local mais, dans un contexte d’abstention, qui ne leur permet plus, même à eux, de représenter le peuple.

Pendant un temps, l’alternance a digéré cette fracture politique. Les anti-Sarkozy sont devenus des anti-Hollande avant d’être anti-Macron. Mais les conditions de la première et de la deuxième élections de Macron laissent le régime sans légitimité populaire, sans assise sociale autre que les affairistes, les financiers et les minorités gagnantes de la crise… ceux que le président a appelé des « premiers de cordées »…

La masse des autres a dit, aux Législatives de 2022, qu’ils n’y croyaient plus… faisant de l’abstention le premier parti de France… renvoyant la Gauche derrière l’extrême-Droite… faisant exploser les partis traditionnels…

La médiatisation a pu faire illusion un temps. Les promoteurs des réseaux sociaux ont cru qu’ils allaient réinventer la démocratie, que la société numérique était la nouvelle ère de la démocratie occidentale. Patatras ! C’est pire qu’Orwell… Elon Musk prend Twitter… Trump a retrouvé ses 30 millions de suiveurs Facebook… et Chat GPT nous fabrique de faux amis plus vrais que nature.

Sommes-nous au bout de cette histoire ? Notre peuple va-t-il relever le défi d’affirmer sa volonté, sa nécessaire souveraineté ? Peut-on voir grandir l’exigence d’une autre démocratie, qui ne repose plus sur la communication, ni sur les sauveurs suprêmes, mais qui se fonde sur le terrain -dans les confrontations citoyennes sur des questions concrètes… une démocratie tournée vers l’action qui prend en main les enjeux de l’emploi, de la formation, de l’éducation, du vivre-ensemble ?

Cela suppose, d’abord, une démocratie économique qui sorte de la si ancienne fracture entre capital et travail, redonnant au travail sa place centrale sur la décision -y compris sur le capital. Cela suppose une démocratie qui n’oppose plus les humains entre producteurs, consommateurs, usagers ou riverains, mais qui les relient tous comme citoyens.

Ce n’est pas une question d’articles 47.1 ou 49.3 ni de 6ème République. Il faut réinventer la République à la hauteur d’un évènement révolutionnaire. Il faut inventer la première République sociale.

Certains font encore des calculs. Peut-être qu’un Premier ministre LR permettrait de trouver une majorité ? Mais si nous ne réinventons pas une démocratie véritable -une « démocratie populaire », comme on disait il y a longtemps-, alors nous savons tous quelles sont les forces qui sont prêtes à tirer les marrons du feu. Celles qui ont pris le pouvoir en Italie, en Europe de l’est, en Israël et qui poussent à une nouvelle guerre civile états-unienne. L’histoire ne se répète jamais ; elle bégaie, dit-on. Le fascisme de demain ne sera pas le nazisme d’hier, mais il jouera le même rôle : proposer un régime politique capable d’orienter les colères sociales vers la guerre. C’est peut-être la seule issue pour Emmanuel Macron.

Il faut espérer que le sud de notre planète soit capable de contrôler la folie occidentale. Il faut espérer que le peuple français retrouve le chemin de son unité dans le travail comme dans la cité, qu’il retrouve la force de ses révolutions.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/dpQ7p5BXx60?t=5742

Contribution pour une ZFE juste et efficace…

"Pour une évaluation citoyenne de la Zone à faibles émissions", question orale par le Conseil de développement -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, merci au Conseil de développement de son travail d’écoute des citoyens. Il nous alerte sur trois points : l’information, le Plan de mobilités et les impacts sociaux.

D’abord, l’information… Nous le savons tous, la majorité des habitants ne connaissent pas, ou mal, la loi et le projet métropolitain de ZFE. Mais permettez-nous d’être critiques des formulations proposées « positiver la ZFE et rendre les alternatives désirables ». Faut-il, comme les publicitaires, « positiver » et rendre des politiques publiques « sexy », comme ils disent ? Je vous rassure, je ne désire pas mon vélo… Eh non, le renforcement de la communication et de la sensibilisation ne peuvent suffire. Il faut aussi que la puissance publique écoute et entende. C’est ce qu’a fait le président en décidant de modifier le projet de ZFE.  Oui, les maires ont un rôle important à jouer, et pas seulement pour accompagner mais aussi pour organiser, avec la Métropole, les réponses publiques aux besoins de mobilité et, pour cela, il faut d’abord connaître et comprendre ces besoins.

La ville de Vénissieux a organisé, ce début d’année, une large concertation des Vénissians. 3 000 d’entre eux ont répondu en face à face ou en porte-à-porte à un questionnaire, et 1 000 ont répondu à un sondage permettant d’avoir un échantillon représentatif. Le Conseil de développement aurait pu appeler à renforcer de telles démarches. À Vénissieux, nous en avons beaucoup appris et, même si le travail d’analyse est en cours, je peux vous en donner quelques éléments illustratifs :

– Pour les CSP-, la mobilité est à 70 % liée à l’emploi, alors que pour les CSP+, elle est à plus de 50 % liée aux loisirs. Voilà qui interroge sur l’équité de traitement d’une ZFE qui ne fait pas la différence entre les motifs de déplacement.

– Pour les Vénissians en emploi concernés par la ZFE, la majorité ne pense pas pouvoir changer de véhicule, même après explication des aides proposées, et la moitié pense réduire leurs déplacements dans Lyon et prendre le risque, de temps en temps, du non-respect de la ZFE…

Bref, l’enjeu premier est bien un enjeu d’accompagnement et la sanction ne peut pas être l’outil central de la ZFE, sauf à aggraver terriblement les ségrégations territoriales.

Nous partageons le deuxième point évoqué par le Conseil de développement concernant le Plan de circulation global. Mais nous ajoutons que c’est, justement, le Plan des mobilités en discussion qui devrait être le cadre de déploiement de la ZFE. C’est lui qui peut nous dire comment peuvent évoluer les mobilités et, donc, comment accompagner les habitants. Nous rappelons, à ce sujet, que l’un des enjeux principaux pour les territoires voisins est bien la place du rail. De ce point de vue, la délibération de ce jour actant la sortie de la Région de Modely est inquiétante.

Enfin, le Conseil de développement alerte, avec raison, sur les impacts sociaux et sociétaux. Rappelons que la Gauche avait voté, en 2021, contre la loi Climat et résilience, notamment parce qu’elle imposait ces ZFE à toutes les agglomérations.

Mais nous ne pouvons pas nous contenter d’évaluer les résultats dans 3 ans pour décider aujourd’hui de ce qu’il faut faire. Là encore, le président a eu raison de rouvrir le chantier de la zone étendue, tant la carte imposant la ZFE à l’est en en exonérant l’ouest est apparue comme une illustration de l’iniquité du projet.

Nous proposons de renforcer la demande d’une évaluation de la ZFE dans la zone centrale dès aujourd’hui et de réaliser, sans attente, une étude à grande échelle de l’impact prévisionnel de la ZFE sur l’ensemble de la métropole en multipliant les canaux -les agences de mobilité, bien sûr, mais aussi les entreprises, qui ont une connaissance fine des déplacements des salariés. Nous avons besoin d’un travail de concertation prolongée sous diverses formes -sondages, face à face, porte-à-porte, … auquel le Conseil de développement peut être associé, mais qui doit impliquer des dizaines de milliers de citoyens.

Permettez-moi, pour conclure, de vous présenter les principes adoptés hier, à l’unanimité, par les 110 délégués de la Conférence fédérale du PCF préparant son 39ème Congrès :

  1. Les étiquettes Crit’Air sont inadaptées et injustes. Elles légitiment un véhicule hybride lourd, à la conduite brutale, et interdisent un véhicule diesel plus léger, bien entretenu et utilisé en éco-conduite. Elles se focalisent sur les émissions d’azote alors que les études montrent que les poussières ont plus d’impact sanitaire. L’évaluation d’une voiture devrait être associée à son contrôle technique et tenir compte de l’ensemble de ses émissions.
  2. Le passage forcé au tout-électrique est un non-sens économique, social, environnemental et industriel. Encore une décision européenne qui joue dans la guerre des géants de l’automobile dans un marché en difficulté, et l’innovation défie l’administration… le groupe Mazda vient de sortir un hybride diesel qui respecte les normes d’émissions d’azote…
  3. Appuyer l’agenda de la ZFE sur l’agenda de développement des alternatives -transport en commun, covoiturage, services mobilités, modes actifs. C’est le Plan des mobilités en discussion au SYTRAL qui doit définir l’agenda de réduction de la part modale de la voiture et définir, ainsi, le cadre réaliste de l’agenda de la ZFE.
  4. Réévaluer le besoin d’investissement du SYTRAL, pourtant doublé par la majorité métropolitaine actuelle. Repenser le modèle de mobilité métropolitain suppose de trouver les financements nécessaires pour répondre aux besoins, et notamment en intégrant le projet de RER métropolitain -alternative essentielle pour les territoires périphériques de la métropole.
  5. Il faut aussi un plan de consolidation du SYTRAL pour sortir des difficultés de recrutement, de maintenance, des qualités de service et je ne crois pas que l’allotissement y soit favorable.
  6. Il faut mieux prendre en compte la situation du marché de l’automobile et, notamment, comprendre l’impact sur le marché de l’occasion, pour ne pas jeter à la casse trop de véhicules qui pourraient apporter une réponse à un coût social et environnemental maîtrisé. C’est un des résultats de l’enquête vénissiane. Il serait très pertinent de favoriser l’acquisition d’un Crit’Air 2 pour l’abandon d’un Crit’Air 3 comme un palier intermédiaire avant d’accéder au Crit’Air 1.
  7. Enfin, une ZFE juste doit être incitative et ne peut reposer sur des sanctions. Nous considérons qu’un habitant qui ne peut changer de véhicule ni de mobilité n’est pas un délinquant. Le principe de faire payer un PV ZFE, indépendamment de la situation de la personne et des efforts faits ou non pour tenir compte de la ZFE, est injuste d’autant plus quand la ZFE autorise des véhicules lourds, qui ne sont propres que par leur classification…

Voilà notre contribution pour une ZFE juste et efficace.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/dpQ7p5BXx60?t=2540