Archives de catégorie : Non classé

Manouchian, IVG et la crise politique…

Intervention préalable -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, comment ne pas introduire notre séance par cette actualité terrible et contradictoire, entre inscription de l’IVG dans la Constitution et l’horreur de la famine qui vient à Gaza sous les bombes, l’entrée de Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon et la quasi-annonce de l’entrée en guerre de la France.

On ne peut que saluer l’évènement historique de l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Mais quand Gabriel Attal dit : « Nous avons une dette morale envers toutes les femmes qui ont souffert dans leur chair », notre camarade Mireille de Villeurbanne répond : « Vous avez, vous, une dette morale, vous, la droite et l’extrême droite, sans oublier les religions ». Mireille, née en 1937, est la 5ème fille d’un couple ouvrier-paysan dont la femme, refusant à 27 ans une sixième grossesse, est morte d’un avortement par injection d’eau de javel. Il y avait, à l’époque, entre 300 000 et 400 000 avortements clandestins annuels. Gisèle Moreau, Députée communiste, rappellera à l’assemblée en 1974 : « Se résoudre à un avortement clandestin c’est, pour une femme, (…) entreprendre une quête humiliante et désespérée, (…) supporter la mise en œuvre de moyens dangereux et mutilants ; c’est accepter des risques terribles ; une mort pour 1 000 cas ; (…) à notre siècle, les femmes se retrouvent confrontées à la barbarie. »

Rappelons que, contrairement aux légendes, le groupe communiste est le seul qui a voté à l’unanimité la loi Veil, et ce n’était pas nouveau. En 1920, Marcel Cachin et Paul Vaillant-Couturier, qui allaient être les fondateurs du PCF, votaient contre la loi interdisant l’avortement. L’avortement, comme le droit de vote des femmes, est autorisé en URSS dès 1920, peu après les premiers décrets sur la paix, la terre, le travail, les nationalités. En 1944, le Gouvernement provisoire de la République française abroge les lois de Vichy relatives à la répression de l’avortement. En 1965, le PCF dépose un projet de loi visant à abroger la totalité de la loi de 1920. Bien sûr, c’est le mouvement féministe, le manifeste des 343, les procès de Bobigny menés par Gisèle Halimi qui créeront les conditions de la loi, mais l’apport des communistes est marqué, renforcé de la bataille pour les conditions économiques et sociales de ce droit à l’avortement, avec la prise en charge par la Sécurité sociale -qui sera actée dix ans plus tard. Et c’est la question qui fait écho, en 2024, à l’acte constitutionnel. Quelle situation du système de santé quand le plus connu des centres IVG lyonnais, à l’Hôtel-Dieu, a été remplacé par un hôtel de luxe… quand, partout, les lits ferment… quand 130 centres IVG ont été fermés, selon le Planning Familial… quand l’accès à la santé, en général, recule dans les milieux populaires… ? Rappelons qu’il y a déjà, dans la Constitution, le droit à l’emploi ; entre le principe et le réel, il y a parfois un gouffre…

C’est la même interrogation avec l’entrée de Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon, pendant qu’on glorifie des héros nazis et qu’on démonte les hommages aux résistants à l’Est de l’Europe et que la banalisation, en France, de l’extrême-droite conduit à des votes la mêlant à la droite et même à la gauche à l’Assemblée.

Pour mieux comprendre qui étaient les 23 de l’organisation communiste de la Main d’œuvre immigrée, dont faisait partie Henri Krasucki -déporté qui deviendra un dirigeant remarquable, maltraité par nos médias, mais qui sera un jour reconnu à sa hauteur par la République-, je vous propose l’extrait d’un poème de Missak Manouchian, qui parle de Dimitrov -dirigeant de l’Internationale communiste célèbre pour son procès gagné en 1933 contre les nazis l’accusant de l’incendie du Reichstag, auteur d’un rapport sur l’offensive du fascisme en 1935, dirigeant de la Bulgarie socialiste après 1945.

« Quand des hommes puissants et uniques comme toi existent

Le combat de notre organisation, sobre et simple contre

Le tortueux capitalisme oppresseur et toujours féroce,

Se pare sans conditions du laurier lumineux de la vie communiste. »

Ce texte direct évoque l’engagement total que la domination nazie exigeait, et il dit ce dont est porteur l’histoire communiste. On ne peut résister sans organisation, une histoire de femmes et d’hommes qui ont besoin de cette utopie lumineuse d’une autre société pour trouver la force de cet engagement. C’est pourquoi tous ceux qui renvoient dos à dos nazisme et communisme insultent l’histoire, Manouchian et Dimitrov, et ce ne serait rien si derrière l’anticommunisme ne se cachait pas justement le fascisme.

Car le fascisme est toujours la forme politique que le capitalisme prend quand il ne sait plus organiser sa domination dans un cadre démocratique. Et c’est ce qui se passe avec la « trumpisation » des droites, aux USA comme en Argentine ou en Israël ; ce qui se passe aussi dans les succès électoraux des extrêmes-droites européennes.

Je n’évoque pas cette histoire par esprit de parti -ce serait une petitesse-, mais bien parce que, partout et toujours, les communistes s’inscrivent dans l’unité la plus large face aux dérives fascistes… du Front Populaire au Front National de la résistance, dont la dénomination a été scandaleusement reprise par la famille Le Pen.

Pour la résistance, comme pour l’avortement, se révèle un mouvement de fond dans la société, dans l’histoire ; un mouvement qui dépasse les étiquettes et les clivages partisans, qui relie ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas, qui fait que l’histoire n’est pas le chaos ou l’éternelle répétition, mais qu’elle a un sens, qu’elle ouvre une perspective d’avenir, d’une autre société. Dans ce vaste mouvement de l’histoire, partout et toujours, les communistes ont une place singulière ; celle qui redonne leur légitimité aux prolétaires, aux producteurs, aux immigrés, à toutes les femmes premières de corvées, celles qui ne sont pas dans les médias.

Et c’est de ce mouvement dont nous avons un besoin urgent face à la guerre qui s’étend, et dans laquelle le Président de la République semble s’inscrire sans limites. Pour lui, la France est en guerre contre la Russie, et on comprend que c’est contre tous les pays qui ne ressembleraient pas au modèle occidental : ceux qui ne veulent plus de la France-Afrique, ceux qui ne veulent plus des diktats du dollar, ceux qui ne veulent plus des guerres occidentales qu’on fait semblant d’avoir oubliées.

C’est d’un tel mouvement de refus mondial dont a besoin Gaza et toute la Palestine. Car la vérité est que notre pays continue à fournir des armes à Israël ; la vérité est que, sans le pont aérien organisé par les USA alimentant Tsahal, les bombardements se seraient déjà arrêtés à Gaza faute de munitions. La famine qui s’installe à Gaza est la conséquence directe des décisions occidentales !

La démocratie représentative occidentale, enfermée dans ses contradictions entre les discours et les actes n’est plus un modèle pour personne ; elle ne permet plus ce qu’elle est supposée porter, le pouvoir du peuple ; elle ne peut résister à la dérive à l’extrême-droite, à la fascisation des formes politiques. Nous appelons à l’union la plus large de tous les progressistes, de tous les républicains !

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/kD0xSZelKiU?t=1290

Hommage à Françoise Pietka…

M. le Conseiller MILLET : Françoise Pietka a été conseillère municipale de la Ville de Bron de 2001 à 2020 et conseillère communautaire puis métropolitaine de 2014 à 2020. Jean-Michel Longueval parlera de ses engagements brondillants mais beaucoup, dans la Métropole, ont pu apprécier sa rigueur et sa gentillesse notamment sur les questions de l’insertion, dont elle était une spécialiste, en connaissant les questions nationales, législatives, comme celles au concret des associations d’insertion, comme Présidente de la mission locale.

Elle était issue d’une famille modeste polonaise, son père avait connu Dachau et cela a compté dans ses engagements. Comme élue, elle avait cette pugnacité de l’expérience, de la connaissance, toujours en douceur, toujours avec les mots justes lors de ses interventions en lien avec les acteurs et les usagers, à l’écoute des plus précaires, sans faux-semblants ni façade.

Mais permettez-moi de parler d’abord de la personne, de la militante, celle qui disait à propos des hommages : « Il faut s’appliquer, ça reste, ça aide ! Il faut rendre hommage du mieux qu’on peut ». J’espère faire le mieux.

Françoise, c’était tout à la fois l’opéra et la poésie, l’engagement et la fête, la joie et la discrétion, la Commune de Paris et le Sénat. Une femme rigoureuse et festive, engagée et réservée, et tellement bienveillante. Elle ne se mettait jamais en avant. Elle avait l’habitude de travailler avec d’autres, pour d’autres, et elle a notamment joué un rôle important pour permettre à Guy Fischer d’être un vice-président du Sénat reconnu et apprécié.

Mais après avoir travaillé avec rigueur sur les thèmes de la Sécurité sociale, des anciens combattants et des retraites au Sénat à Paris, alors que la pression tombait, elle pouvait, dans le TGV du retour, faire rire le wagon avec des chansons de Titi parisien ou des airs d’opéra.

Elle adorait l’opéra, la Callas, jusqu’à réaliser son rêve il y a quelques années : aller écouter un opéra italien à la Scala de Milan. Ces salles immenses où on peut reprendre le chant des esclaves comme le chœur vivant de tout un peuple.

Elle était aussi une grande auditrice de musique contemporaine, et ceux qui l’ont accompagnée pour sa dernière cérémonie ont parfois découvert un de ses auteurs contemporains favoris, Arvo Part et son « Spiegel im Spiegel » où se répondent piano et violoncelle.

Grande lectrice, férue de littérature, de poésie, elle avait le génie de dénicher des livres rares, lisait la poésie de Ibrahim Maalouf, de Paul Geraldy.

Elle était aussi passionnée d’orgue de barbarie, dont elle collectionnait les cartons perforés de chansons de la Commune de Paris.

Car c’était une passionnée de la Commune de Paris, cet acte fondateur de défi à toutes les bourgeoisies du monde, qui affirme que ceux qui travaillent peuvent diriger l’État.

Alors, permettez-moi en son hommage, de reprendre la chanson pour elle « tout ça n’empêche pas not’françoise, qu’la commune n’est pas morte ! »

La vidéo de l’intervention : //https://youtu.be/gb-uGukkbIc?t=1006

Un nouveau site pour la vie politique du Grand Lyon !

Bienvenue sur le site des élus Communistes, Parti de gauche et républicains du Conseil de la Métropole du Grand Lyon.

Contrairement au choix du président-fondateur de la métropole qui a choisi de l’appeler « Métropole de Lyon », allant même jusqu’à considérer que, dans quelques années, tout le monde l’appellerait tout simplement « Lyon », nous considérons que la métropole est constituée de Communes, qui restent le lieu premier de la citoyenneté et de la vie démocratique, et parce que nous défendons la place et le rôle des Communes dans la métropole, nous l’appelons « la Métropole du Grand Lyon » !