Archives de catégorie : Proximité et Cadre de Vie

Nous devons être vigilants de ne pas participer au détricotage programmé de l’Éducation Nationale !

2024-2252 - Plan d'accompagnement transition et résilience (PATR) - Subventions 2024 -

Mme la Conseillère ARTHAUD : Cette délibération vise à attribuer des subventions de fonctionnement à des associations qui ont déposé des projets d’éducation à l’environnement dans le cadre du PATR.

La majeure partie de ces subventions finance des projets à destination du grand public, notamment via l’éducation populaire. Une petite partie de ces subventions, 93 000 €, sert à financer des projets en direction des écoles -les collèges dépendant d’un autre dispositif.

Il est inscrit dans la délibération, je cite : « Le partenariat avec la direction académique du Rhône, en articulation avec les communes, est toujours fructueux. » Comme je l’ai fait en commission, je voudrais revenir sur cette question. Du point de vue des enseignants, ces projets apparaissent parfois, souvent, comme des projets imposés, auxquels il faut postuler quitte à s’arranger après comme on peut avec les programmes scolaires, avec des projets qui ne correspondent pas toujours aux descriptions, avec des projets qui demandent un temps de concertation avec les associations très important. Beaucoup d’enseignants se sentent, dans cette façon que les collectivités locales ont de sélectionner des projets pour les proposer ensuite aux établissements scolaires, dépossédés d’une compétence professionnelle : celle de construire un projet du début à la fin, au plus près des besoins et des intérêts des élèves. Nous aurions plutôt intérêt à encourager les projets construits par les enseignants et ce, d’autant plus qu’on ne peut pas nier qu’on est dans une dynamique politique au niveau national qui va vers l’autonomisation des établissements scolaires.

Ce projet d’autonomisation est en fait le projet d’une mise en concurrence entre les établissements scolaires, le projet de la fin de l’égalité : les élèves n’auront plus accès au même enseignement partout sur le territoire. Sur les territoires où les collectivités locales auront une volonté politique et des moyens les élèves n’auront pas accès aux mêmes projets que sur les territoires qui ne sont pas dans ce cas-là.

Nous devons être vigilants de ne pas participer au détricotage programmé de l’Éducation Nationale, que ce soit dans la mise en concurrence entre les établissements ou dans la non-reconnaissance des compétences professionnelles des enseignants.

Mon intervention ne concerne qu’un point très précis de la délibération, c’est un point de vigilance que les élus communistes ont trouvé important de partager. Cependant, ce point de vigilance ne nous empêche pas d’être d’accord avec l’ensemble de la délibération, que nous voterons.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/kD0xSZelKiU?t=29955

Face à la colère du monde paysan et les difficultés auxquelles les exploitants sont confrontés…

2024-2250 - Subventions de fonctionnement au Réseau des associations pour le maintien de l'agriculture paysanne (AMAP) AuRA, au Comité d'action juridique du Rhône, à la coopérative Les fermes partagées, à l'association Solidarités paysans Rhône-Alpes et à l'association Réseau Marguerite - 2024 -

M. le Conseiller DEBÛ : Monsieur le Président, monsieur le Vice-Président, chers collègues, cette délibération intervient dans un moment où les questions agricoles sont particulièrement d’actualité, suite au mouvement de contestation lancé par les agricultures -avant, puis pendant le Salon de l’agriculture de Paris.

Ce mouvement revendicatif a touché l’ensemble du territoire national et la métropole, bien qu’essentiellement urbaine, n’y aura pas échappé. Les revendications sont nombreuses, parfois contradictoires, souvent manipulées, mais elles expriment à la fois la colère du monde paysan et les difficultés auxquelles les exploitants sont confrontés.

Le premier constat, largement partagé, est qu’à quelques exceptions près les agriculteurs ne peuvent pas vivre dignement de leur travail. Ils se retrouvent, ainsi, dépendants des aides publiques et, en premier lieu, des aides de la PAC.

En effet, au-dehors des grands céréaliers, les coûts des cycles de production des produits agricoles sont supérieurs aux prix de vente des exploitants, avec des proportions plus ou moins importantes suivant les filières. Ainsi, le coût de production du litre de lait est pratiquement deux fois supérieur au prix auquel il est acheté. Ce n’est donc pas sans raison que les éleveurs laitiers sont allés bloquer Lactalis.

Et pour cause, alors que jusqu’aux années 80 la PAC visait à produire au maximum afin de nourrir l’ensemble de la population à bas prix, intervenant volontairement sur la formation des prix, cette orientation a été progressivement abandonnée au profit de la libéralisation du secteur agricole.

On notera, au passage, que le maintien de prix alimentaires bas permettait de maintenir des salaires bas pour l’ensemble de la population.

Aujourd’hui, la logique libérale a contaminé tous les aspects de l’agriculture, qui se trouve intégrée dans un marché mondial dérégulé. Or, les prix de marché sont volatils. Du fait de la mondialisation des échanges, un choc climatique, sanitaire ou encore géopolitique sur une production donnée -qu’il se produise ici ou à l’autre bout de la planète- aura des répercussions sur les prix mondiaux. Et c’est sans compter l’appétit des spéculateurs, qui voient cette imprévisibilité manifeste comme un support privilégié de pari.

Cette fluctuation des prix impacte considérablement les agriculteurs qui, contrairement à d’autres agents économiques, voient le marché imposer les prix de vente du résultat de leur travail. Ces derniers ne tiennent donc pas forcément compte des coûts de production. En l’absence de contractualisation, les producteurs peuvent se retrouver avec des hausses ou des baisses considérables d’une année à l’autre, comme l’atteste la flambée des cours des céréales à la suite du conflit ukrainien et, aujourd’hui, l’opposition grandissante à l’entrée de ces mêmes céréales sans droits de douane dans le marché européen.

Ce manque de visibilité compromet l’investissement, l’embauche éventuelle de salariés et met en danger le revenu agricole. À superficie et rendement similaires, quelle est la garantie de pouvoir rembourser l’annuité du tracteur ou de la stabulation si les prix chutent d’une année sur l’autre ?

Plus encore, les producteurs se trouvent lésés dans le partage de la valeur par des prix formés par l’aval de la filière. Un prix est aussi le produit d’un rapport de forces commercial, et non d’une relation entre offre et demande.

En la matière, l’aval de la filière (coopératives et négoce, transformateurs, distributeurs, etc.) tire son épingle du jeu. Tout réside dans une situation d’oligopsone avec, d’un côté, une myriade de vendeurs, les agriculteurs, dispersés sur le territoire et aux intérêts parfois contradictoires et de l’autre, un petit nombre d’acheteurs, d’agents commerciaux, nouant des alliances stratégiques entre eux et disposant de multiples relais d’influence.

Quand il s’agit de déterminer les prix, comment faire le poids face à un cartel de quatre géants mondiaux du négoce de céréales ? … face à quatre centrales d’achat ? … face à un industriel qui représente plus de la moitié des volumes de viande bovine consommés en France ? … L’Observatoire de la formation des prix et des marges signale dans son rapport au Parlement de 2022 que, en 2018, sur 100 € de consommation alimentaire finale, moins de 7 % de la valeur totale revient au producteur contre 15 % captés par la grande distribution et 10 % par les industries agroalimentaires.

Même regroupés en organisations de producteurs, les agriculteurs ne font guère le poids face à des filières majoritairement construites pour acheter à bas prix des biens peu spécifiques, destinés à être écoulés en masse pour satisfaire une consommation de masse. Telle est la logique de l’industrialisation de filières qui prennent en étau le producteur. De tels rapports sociaux de production et d’échange tirent les prix vers le bas pour satisfaire les intérêts de transformateurs voulant payer la matière première le moins cher possible et ceux de distributeurs qui se livrent une guerre des prix acharnée.

Dans ce contexte, les AMAP cherchent à se soustraire de la domination de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution en shuntant ces intermédiaires pour établir une relation directe du producteur au consommateur.  Les producteurs cherchent, à travers les AMAP, à se garantir un revenu plus stable et prévisible, bien qu’ils soient soumis aux aléas climatiques et sanitaires comme tous les autres.

La Métropole est parfaitement dans son rôle lorsqu’elle intervient en soutien aux AMAP, tel que proposé dans cette délibération. Et cela d’autant plus qu’il existe une forte marge de progression.

En effet, si je me souviens bien des ordres de grandeurs que nous avait donné Jérémy Camus, plus de 80 % de la production agricole métropolitaine est consommée à l’extérieur du territoire tandis que 90 % de la consommation du territoire est produite à l’extérieur de la métropole.

Cela paraît évident pour un certain nombre de productions : les bananes ne poussent pas très bien chez nous, bien qu’avec le réchauffement climatique ça va peut-être changer.

Plus sérieusement, au vu de l’importance du marché métropolitain, un nombre plus important de producteurs pourraient être intéressés par cette forme d’écoulement de leur production, même si elle comporte des limites.

En effet, intégrer une AMAP, c’est accepter qu’en plus du métier d’agriculteur, il faille aussi assurer celui de commerçant au détail ; ce qui implique de nombreux trajets à faibles volumes et l’activité de vente reste assez chronophage. La rationalisation d’un certain nombre de fonctions est limitée et, bien évidemment, la production des paysans en AMAP n’est pas destinée à être transformée de manière industrielle ; ce qui limite forcément la taille du marché.

Quoiqu’il en soit, agir sur la formation des prix est essentiel pour sortir le secteur agricole de la crise structurelle qui le secoue. Cela demande de changer profondément les orientations de la PAC, mais toutes les actions publiques en ce sens sont bonnes à prendre.

D’autant que la détermination des prix par l’aval de la filière n’est pas le seul écueil sur lequel se heurtent les exploitants, et notamment les jeunes agriculteurs qui cherchent à s’installer. L’accès au foncier est également un enjeu important et, bien souvent, un frein.

En ce sens, les fermes partagées présentent un modèle intéressant, en ce qu’elles permettent une déconnection de l’exploitation du capital foncier tout en permettant un travail collectif d’agriculteurs associés.

Ce modèle, que l’on retrouve dans le secteur industriel, permet la mutualisation des outils de travail -un peu à l’image des CUMA-, le partage des risques d’exploitation mais aussi une plus grande souplesse dans l’organisation du travail et un meilleur respect de la vie familiale. Cela contribue à redonner du sens à ce travail noble et indispensable à l’ensemble de la société.

Car la perte de sens est également un constat largement partagé, et qui a beaucoup été mise en avant durant le mouvement des agriculteurs. Le soutien et la solidarité des agriculteurs entre eux, que nous soutenons également dans cette délibération, sont un aspect particulièrement important en ces temps de crise de la profession.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/kD0xSZelKiU?t=29481

Des espaces naturels avec les agriculteurs et les riverains !

2024-2249 - Protection des espaces naturels et agricoles périurbains (PENAP) - Programme d'actions 2024-2028 -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, le programme d’actions prolonge un travail ancien avec la création de ces PENAP en 2014, étendu sur Lissieu et Poleymieux-au-Mont-d’Or en 2019. Nous nous étions abstenus en interrogeant l’impact sur la constructibilité nécessaire au respect de la loi SRU. Nous avions peut-être raison car Poleymieux-au-Mont-d’Or n’a, visiblement, pas construit depuis 2019…

Nous voulons valoriser cette histoire ancienne, conduite pendant deux mandats par un vice-président écologiste de la communauté urbaine puis de la métropole, Bruno Charles, dans un travail étroit avec les communes et tous les acteurs de terrain qui font vivre ces espaces aux fonctions diverses -agricole mais aussi de promenades, de découverte de la nature, de proximité- pour des zones de l’agglomération qui restent rurales.

Et c’est pourquoi nous sommes surpris, dans le cadre des Grandes terres, de rédactions qui semblent méconnaître cette histoire riche et positive.

Ainsi, concernant les Grandes terres, le texte critique « le développement des céréales » et annonce que « certaines actions agricoles en faveur de la biodiversité se mettent progressivement en place », semblant nier l’histoire décennale de ce territoire géré pendant 12 ans, dans le cadre des projets nature pilotés par Bruno Charles.

Le syndicat des Grandes terres -regroupant les communes de Feyzin, Corbas et Vénissieux- a développé avec ténacité des actions en faveur de la biodiversité avec de nombreux partenaires -l’ONF, le CORA, la LPO-… des ruches, des plantations de mûriers, un corridor biologique du vallon de la Raz, des terres fleuries, … Chaque année, trois classes -une de chaque commune- plantaient 30 ml de haies doubles diversifiées.

De même, le syndicat associait étroitement les agriculteurs comme acteurs essentiels des aménagements en faveur de ses missions comme pour faire évoluer les pratiques agricoles en faveur, justement, de la biodiversité.

La LPO était missionnée pour des observations en continu sur le plateau, qui ont confirmé l’explosion du nombre d’espèces d’oiseaux nicheuses. Entre autres parce que les agriculteurs avaient accepté de respecter des bandes enherbées non cultivées autour des haies.

Le syndicat travaillait aussi pour le développement de Bois raméal fragmenté (BRF) avec les agriculteurs pour réduire leurs consommations d’eau en protégeant les sols.

Je tiens à votre disposition un exemple de programme d’actions annuel du syndicat et du bilan de l’évaluation, par l’ONF, des usages du site -travail essentiel pour un fonctionnement harmonieux des différents usages.

Ce travail a été perturbé par la dissolution du syndicat, imposé par la création de la Métropole, et nous sommes très heureux du redémarrage, l’an dernier, du partenariat avec les écoles pour la plantation de haies.

Je veux donc témoigner qu’on travaillait, depuis deux mandats, pour la biodiversité sur ce territoire dont tous les professionnels évoquent le fort potentiel agronomique pour la production céréalière. Et comme personne ne dira que le blé est inutile, alors poursuivons le travail avec les agriculteurs, qui sont nos alliés pour l’avenir de ces territoires, y compris en innovant pour des circuits locaux de valorisation de céréales. C’est essentiel dans le contexte de crise agricole qui a fait l’actualité, que nous évoquerons pour une autre délibération.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/kD0xSZelKiU?t=21218

Un tarif différencié selon l’usage de l’eau et selon le volume !

2024-2246 - Tarification solidaire et environnementale de l'eau potable -

Mme la Conseillère ARTHAUD : Monsieur le Président, Madame la Vice-Présidente, chers collègues, depuis deux ans, l’eau publique de la métropole de Lyon n’est plus gérée par délégation à un grand groupe privé, mais directement par une régie publique, donc sans actionnaires, sans dividendes et sans intérêt privé pesant sur les décisions d’investissements, d’entretien, … C’est une belle aventure qui doit permettre de faire de l’eau une question citoyenne, dans un contexte où elle devient un enjeu environnemental et social vital, entre sécheresse et inondations…

De nombreux projets sont lancés pour répondre à ce défi de l’eau publique, dont la nouvelle tarification de l’eau. La régie de l’eau propose à la Métropole de définir un tarif différencié selon l’usage de l’eau et selon le volume. Il y aurait un tarif pour les particuliers et un tarif pour les professionnels, et les deux tarifs seront définis avec des seuils et des prix différents selon la consommation.

Les élus communistes affirment le droit à l’eau, l’eau vitale mais aussi l’eau de loisir, notamment avec l’adaptation au changement climatique…

Il faut bien sûr éviter tous les gâchis, mais aussi se dire : « Non ! l’eau n’est pas rare ». La quantité d’eau sur terre est constante. Il y a, sur ce point, deux sujets :

– Elle est inégalement répartie, depuis toujours, mais, avec le climat, ces inégalités s’aggravent entre nord et sud en France, et aussi avec la météo alternant sécheresses et inondations. Cela veut dire qu’il faut investir plus pour réguler les usages, stocker pour pouvoir redistribuer, donc aménager les cours d’eau. La priorité est la transformation du modèle agricole pour garantir la production en consommant moins d’eau, mais en organisant une irrigation intelligente, au pied des plantes…

– Elle est trop salie et les usages salissants ne se préoccupent pas assez du traitement, de la séparation eau potable/eau lavage…

La politique de protection et de diversification de la ressource est donc prioritaire, tout comme l’augmentation du rendement de distribution et la chasse aux gaspillages.

Accompagner à la maîtrise des consommations, pour des consommations responsables, ça ne veut pas dire consommer le moins possible d’eau, tout réduire pour battre des records de sobriété. Dans un groupe d’habitants du Défi des familles à énergie positive, une personne avait expliqué qu’elle utilisait l’eau quatre fois, avec une bassine pour les salades, une pour les légumes, une pour la vaisselle, une pour les toilettes, … Si l’expérience était utile au débat sur le niveau de consommation minimum, il ne peut, bien sûr, pas être une consigne de politique publique. Non, nous défendons le droit à l’eau, et tout l’enjeu de notre politique de protection de la ressource, c’est justement de garantir l’accès à l’eau pour tous, et donc aussi d’éviter les mésusages, les gaspillages et, en premier lieu, de faire la chasse aux fuites !

Mais toutes ces actions reposent sur la prise de conscience de sa consommation d’eau, et on sait que trop de familles ne connaissent tout simplement pas leur consommation parce que le coût en est intégré dans des charges avec le chauffage, notamment, ou parce que, au final, la facture d’eau paraît faible quand on fait face à des facteurs d’énergie qui ont explosé et qui sont, pour les familles, le premier poste d’inquiétude. L’eau représente, en moyenne, pour une famille de l’ordre de 15 € par mois pour l’eau potable, 50 € avec assainissement et taxes, mais 4 fois plus pour l’électricité et le chauffage.

C’est pourquoi cette tarification a un double objectif : garantir un droit et aider à le gérer de manière responsable. Pour les premiers m3 gratuits, c’est simple, tout le monde en bénéficie et en sera satisfait, mais pour le seuil de 180m3, c’est plus compliqué. Les hauts revenus ne s’en apercevront pas, l’eau est marginale dans leur budget de consommation. Mais certains vont prendre conscience que leur consommation est élevée, et cela conduira à se poser des questions et, notamment, à renforcer le travail de prévention des fuites.

Cela dit, les élus communistes se sont interrogés sur les impacts de cette hausse pour les grandes familles populaires. La consommation moyenne d’une famille de 5 personnes est estimée à 170m3, mais cela veut dire que certains sont au-dessus. Et il y a des familles de 6, 7 ou plus. Dans les milieux populaires, il y a beaucoup de solidarité qui conduit à des suroccupations liées à des hébergements. Nous sommes très attentifs à ce que cette tarification sociale et environnementale ne soit pas source d’injustices sociales.

C’est tout l’intérêt du versement solidaire créé par cette tarification, qui a pour but de s’assurer qu’aucune famille ne voit la facture d’eau dépasser 3 % de ses revenus. Le mécanisme proposé va demander un travail partenarial avec la CAF, la CARSAT, la MSA (Mutualité sociale agricole), la Métropole. Il demande un décret gouvernemental attendu depuis longtemps, annoncé par Macron en 2022…

Mais il pourrait rester des situations de grandes familles en difficulté et il faudra veiller à ce que l’ensemble des travailleurs sociaux soient mobilisés pour le FSL eau trop faiblement utilisé actuellement.

Les élus communistes ont engagé un travail avec des bailleurs sociaux pour évaluer l’impact. Dans l’habitat collectif avec des compteurs généraux (un compteur de la régie pour quelques dizaines de logements), il n’y aura pas d’impact du tarif doublé, puisque les consommations moyennes seront inférieures à 180m3 et l’application des 12m3 gratuits fera, en général, baisser la facture pour le parc social. Dans le parc social avec des compteurs individuels de la régie, il faudra être attentif aux situations de familles nombreuses, et il y a de grandes maisons hébergeant plusieurs familles avec un seul compteur… Le plus souvent, le versement solidaire suffira à assurer l’absence d’augmentation à consommation constante, nous proposons de mobiliser les travailleurs sociaux des bailleurs et des collectivités pour les situations de grandes familles qui n’auraient pas droit à ce versement ou pour qui ce versement ne suffirait pas, en mobilisant le FSL eau afin de garantir un objectif partagé par tous. Cette tarification ne doit se traduire pour aucune augmentation dans les milieux populaires à consommation constante…

Oui, un tarif incitatif à la maîtrise des consommations, pour les particuliers comme pour les professionnels, est une bonne chose. Tout comme l’installation des premiers compteurs individuels, il y a un siècle, avait fortement réduit les gaspillages, la tarification est l’occasion d’un effort collectif pour chercher un meilleur rendement technique et un meilleur usage…

Nous voterons cette délibération. Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/kD0xSZelKiU?t=6246

Responsabilité collective dans la gestion des déchets !

2024-2143 - PLPDMA - Évaluation et révision du programme 2019-2024 - Élaboration d'un nouveau programme pour 2025-2030 -

Mme la Conseillère ARTHAUD : Monsieur le Président, Madame la Vice-Présidente, cher.e.s collègues, cette délibération nous invite à nous prononcer sur la démarche d’évaluation globale du PLPDMA (Programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés) 2019-2024 ainsi que sur les étapes du projet de révision du PLPDMA 2025-2030.

La question de la réduction des déchets est ici au premier plan, répondant aux objectifs règlementaires fixés par l’État. Entre 2010 et 2020, le territoire de la Métropole a réduit de 9,3 % les déchets ménagers et assimilés produits par habitant, restant un peu en deçà de l’objectif fixé à 10 % par la loi TECV (Transition énergétique pour la croissance verte). La loi AGEC (Anti-gaspillage) fixe, depuis 2021, cette réduction à 15 % entre 2010 et 2030 : le nouveau PLPDMA doit ainsi viser ce nouvel objectif règlementaire, mais également s’inscrire dans le Schéma directeur des déchets que nous avons voté dernièrement.

Avant de construire un nouveau PLDMA, il s’agit d’évaluer durant l’année 2024 celui en cours. Vont participer à cette évaluation les élus métropolitains, les maires, les partenaires institutionnels, les associations ainsi que les habitants de la Métropole.

Cette évaluation portera sur les 7 axes décidés en 2019 :

– Encourager l’exemplarité des structures publiques ;

– Donner de la visibilité à la prévention des déchets sur le territoire ;

– Expérimenter de nouvelles modalités de tarification de service public ;

– Lutter contre le gaspillage alimentaire ;

– Encourager les gestions de prévention des biodéchets ;

– Donner une seconde vie aux produits destinés à l’abandon ;

– Promouvoir l’éco-consommation.

Nous serons attentifs, lors de la construction du prochain PLPDMA, aux objectifs de réductions des déchets, objectifs règlementaires. D’ailleurs, peut-être pourrons-nous avoir, à cette occasion, un premier bilan sur la collecte des biodéchets ? Notamment, quel impact cela a sur la réduction des OMR (Ordures ménagères résiduelles) ? Quelle quantité est collectée ? Quel impact cela a-t-il sur les composteurs ?

Nous serons également attentifs à la question de la qualité de la collecte, en particulier dans les quartiers populaires où les bailleurs sociaux doivent eux-mêmes prendre en charge une partie de la gestion, alors que dans d’autres quartiers les habitants bénéficient du service complet de collecte. Cette question est déjà présente dans le Schéma directeur des déchets à travers l’action cadre 1-4, qui cherche à définir un schéma de collecte adapté aux évolutions et aux mutations des espaces urbains, par exemple par l’adaptation du mode de collecte aux contraintes territoriales.

Pour terminer, nous voulons ici souligner la responsabilité collective que nous avons dans la gestion des déchets. Loin d’être une seule somme de comportements individuels, il s’agit d’une responsabilité à la fois de salubrité publique et d’une responsabilité environnementale qui demande un engagement fort de l’ensemble des acteurs.

Nous voterons favorablement cette délibération.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/vNSVSDnP1ds?t=27191

Un dossier important pour les usagers et le climat… malgré des polémiques mensongères…

2024-2149 - Réseau de chauffage urbain du sud-ouest lyonnais - Choix du concessionnaire de service public - Approbation de la convention de DSP -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, je n’avais pas prévu d’intervenir sur ce dossier, qui conforte notre politique des réseaux de chaleur -et c’est important pour les usagers comme pour notre politique climatique-, mais la reprise, en commission, des polémiques médiatiques m’a inquiété.

Le dossier présenté par les services en CPDSP (Commission permanente de Délégation de service public) était précis, détaillé, rigoureux. Il montrait que deux offres, proches, répondaient au cahier des charges, avec une surprise, puisque l’acteur dominant localement, qui exploite de nombreux réseaux, le groupe DALKIA, n’était pas dans la liste. Que n’aurait-on entendu si cela avait été le cas !

Je veux témoigner du professionnalisme et du sérieux des équipes de la Métropole qui gèrent ces dossiers et que j’ai eu de nombreuses occasions de rencontrer, pour le réseau de chaleur de Vénissieux entre autres. Je connais bien la difficulté de ces projets complexes techniquement et économiquement, où le plus complexe est sans doute la méthode, la rigueur pour ne laisser aucune place, justement, aux pressions ou aux manipulations, tout en défendant l’intérêt public.

Les polémiques médiatiques reposent sur une lettre anonyme… avec un premier article de cette presse à scandale, qui confond l’information et le buzz, plein d’erreurs manifestes mais provoquant cet intérêt malsain, à l’image de cette dérive de la vie politique -qui consacre plus de temps aux dénonciations anonymes et au buzz des réseaux sociaux qu’au débat d’idée et de projet ; qui croit, comme monsieur Cochet, que la dérive trumpiste peut être une issue à la crise démocratique. Attention, ne vous laissez pas entraîner jusqu’à une prise du Capitole ! …

Ce dont nous devrions parler ici à propos des réseaux de chaleur, c’est de l’enjeu de la sortie du gaz et d’une approche 100 % décarbonée.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/vNSVSDnP1ds?t=17950

Un statut coopératif, qui peut être une solution sur la question de la transmission des exploitations !

2024-2132 - Lyon 9° - Saint-Cyr-au-Mont-d'Or - Prise de participation de la Métropole de Lyon à la SCIC La Ferme de Lyon -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, monsieur le Vice-Président, cher.e.s collègues, je vais lire l’intervention de Léna Arthaud, qui a dû s’absenter pendant deux heures. Tout d’abord, merci pour cette belle délibération, qui intervient au bon moment.

La Société coopérative d’intérêt collectif La Ferme de Lyon, créée il y a quelques mois, se développe, augmente considérablement son activité et son nombre de salariés, passant de 2,5 ETP à 12. L’un de ses objectifs est de développer la dimension des espaces de maraîchage. Nous nous félicitons de cette politique, même si nous voyons bien les difficultés rencontrées par les maraîchers urbains. Pour exemple, le projet Quartier Fertile à Vénissieux, qui peine à trouver des producteurs répondant à l’appel à projet. À ce propos, serait-il possible d’avoir un bilan du maraîchage urbain sur notre territoire ?

Au-delà de la vitrine de la transition agroécologique qu’elle incarne, cette SCIC est également un modèle économique intéressant. Ceci est bien souligné dans la présente délibération : « Il s’agit d’apporter un soutien marqué au maintien de l’usage agricole des fonciers sur lesquels est implantée la ferme et au développement de l’activité agricole de cette dernière, en cohérence avec les objectifs du PATLy et de la stratégie agricole métropolitaine. Elle rejoint, en cela, les objectifs de la stratégie de développement économique en maintenant et en développant les activités productives sur le territoire. »

Cette SCIC est organisée autour de six catégories d’associés qui détiennent chacun une part du capital : les salariés, les consommateurs, les personnes ressources, les producteurs de la ferme, les acteurs publics et les partenaires. L’implication proposée dans cette délibération des collectivités territoriales- -ici, la Métropole à hauteur de 100 000€ au capital de la SCIC-, permettrait d’obtenir les financements nécessaires à la transmission de la ferme existante et au projet d’investissement pour la diversification de l’activité. Notre groupe votera, bien entendu, très favorablement à cette proposition.

En effet, le modèle de la SCIC est un modèle favorable au monde agricole du point de vue de la transmissibilité des exploitations. Il n’y a pas besoin de racheter constamment le capital. On peut ainsi compter sur une continuité de la production. En outre, il y a une plus grande protection sociale des salariés qui cotisent plus, ont accès aux congés payés. La rémunération du travail est ainsi plus favorable que dans d’autres cadres d’exploitations.

Ce statut coopératif peut être une solution sur la question de la transmission, qui est une problématique saillante dans la mobilisation actuelle des agriculteurs. En n’ayant pas à racheter le capital d’une génération à une autre, l’argent est alors mieux utilisé en investissant dans les outils de production.

Nous voulons, d’ailleurs, exprimer notre soutien aux agriculteurs dans leur mobilisation.

Il est urgent de changer de politique pour défendre notre souveraineté alimentaire et protéger les agriculteurs face à l’inflation et à la concurrence déloyale des traités de libre-échange. Nous demandons une autre répartition des fonds européens, avec l’objectif d’accompagner les transformations agroécologiques des pratiques agricoles et de permettre que les agriculteurs soient rémunérés correctement : ils doivent vivre de leur travail !

Pour que le travail paye, nous devons extraire la formation des prix des mécanismes de marché et de filières qui étranglent le producteur. Nous devons reprendre la main sur notre souveraineté alimentaire. Nous préférons la coopération internationale aux funestes traités de libre-échange, dont le seul but est de mettre en concurrence les agricultures mondiales.

Pour les communistes, les modalités de répartition de la valeur ajoutée agroalimentaire doivent être renversées en vue d’accroître le prix payé au producteur plutôt que de conforter les profits des industriels et des distributeurs.

Je vous invite, à ce sujet, à jeter un œil sur le site du PCF du Rhône pour lire, de manière plus détaillée, nos propositions pour soutenir les agriculteurs. Et permettez-moi, aussi, d’annoncer une vente de pommes de terre Maiwen à 1 € à Vénissieux parce que les habitants ont droit au beau et au bon !

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/vNSVSDnP1ds?t=16324

Le premier projet de chaleur fatale industrielle de la région Lyonnaise est à Vénissieux !

2023-2017 - Chauffage urbain - Contrat de Délégation de service public (DSP) de chauffage urbain de Vénissieux -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, monsieur le Vice-Président, chers collègues, c’est avec beaucoup d’émotion que je veux dire notre immense satisfaction sur ces deux délibérations. Satisfaction politique des Communistes qui avaient alerté lors des délibérations du Schéma directeur de l’énergie dès 2011, de la DSP actuelle du réseau de Lyon-Villeurbanne ensuite. Nous alertions nos amis écologistes, alors à l’exécutif, sur la place trop importante du gaz et la nécessité d’en planifier la sortie. J’avais fait remarquer la contradiction entre un vœu demandant aux banques de sortir du financement des fossiles, alors même que nous décidions de lourds investissements gaz sur le réseau de chaleur.

Or, ces délibérations s’inscrivent dans une grande ambition pour les réseaux de chaleur métropolitains, avec de nouveaux réseaux à l’étude un peu partout -ici, une extension vers Saint-Priest- et tout en affirmant l’ambition d’une décarbonation forte… donc, de la réduction de la part de gaz dans le mix de la chaleur… ce qui suppose, bien entendu, un développement majeur de sources décarbonées…

Monsieur le Vice-Président, cet enjeu méritera un débat en conseil sur notre ambition chaleur ! Et vous pourrez noter que le plan « Empreinte 2050 » du PCF prévoit la fin du gaz, pour le chauffage, en 2045… Il me semble, après nos échanges, que nous pourrions nous rejoindre sur cet objectif.

Mais cette satisfaction est aussi vénissiane, avec le premier projet d’énergie fatale industrielle sur un site historique de Vénissieux, anciennement Péchiney, puis Carbone-Savoie, puis actuellement Tokai. Permettez-moi de vous en raconter l’histoire.

Nous sommes fiers, comme Communistes et comme vénissians, de voir aboutir ce projet de valorisation de la chaleur des fours de cette usine, qui cuit du carbone pour fabriquer des cathodes utilisées dans les usines d’aluminium.

C’est un des plus vieux sites industriels de Vénissieux, du 19ème siècle, qui a fourni des générations de militants Communistes, d’adjoints au maire, … ouvriers qui connaissaient des conditions de travail difficiles. Le site produisait énormément de poussières, autant dans l’usine que dans les fumées dispersées par quatre vieilles cheminées en brique. Les anciens racontaient, au début des années 2000, que, périodiquement, les voitures dans le quartier étaient aspergées de goudrons le matin… Le site a été le plus polluant du sud-est de la France, notamment pour les HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques) cancérigènes. Quand on parle de l’amélioration de la qualité de l’air, ce quartier sait de quoi on parle !

Au début des années 2000, le maire André Gerin faisait pression pour que l’usine réduise sa pollution, tout en défendant l’emploi et l’activité industrielle. Cela a conduit, en 2005, à une décision de limitation de l’autorisation de production, par le Préfet, qui pouvait inquiéter sur les décisions des actionnaires -à l’époque, le groupe Rio Tinto… pas spécialement un ami des Communistes ni de l’environnement !

Nous avons eu de la chance, car le groupe a finalement décidé un investissement lourd sur une nouvelle installation de traitement des poussières et des fumées qui a, dès 2013, drastiquement réduit les émissions, au service des ouvriers comme des habitants. Et l’entreprise a continué à investir, jusqu’à annoncer, récemment, la construction d’un cinquième four à venir pour accompagner l’évolution des marchés de l’entreprise vers la filière des batteries.

C’est dans l’ambition de décarbonation de l’entreprise que la rencontre avec le réseau de chaleur a pu se faire, parce qu’elle s’inscrit dans la longue durée… bien loin des résultats trimestriels à la mode de ce capitalisme US mortifère…

La ville de Vénissieux avait étudié, en 2010, le raccordement à l’usine Solvay de la Vallée de la chimie, mais il manquait le cadre juridique de long terme dans cette industrie qui, elle, vit de trimestre en trimestre… Ce cadre a été possible avec Tokai et nous en remercions les dirigeants, que les élus de Vénissieux connaissent bien -dans les rencontres avec le Conseil de quartier, les projets de développement de l’entreprise ou avec la charte de coopération vénissiane des entreprises.

L’entreprise cherche à remettre ses transports sur le rail, abandonné il y a 30 ans après la privatisation du fret SNCF. La ligne est toujours là, mais des camions vont et viennent entre Vénissieux et Notre-Dame-de-Briançon. L’entreprise est volontaire. Il ne manque que la volonté du Gouvernement de permettre le développement du fret !

Et, donc, nous allons récupérer la chaleur des fumées, la valoriser sur le réseau et nous sommes tout à fait heureux, monsieur le Maire de Saint-Priest, de la partager avec votre ville. C’est un enjeu de 4 %, puis 4,5 %, de la part ENRR du réseau -ce qui n’est pas négligeable-, avec un impact tarifaire légèrement positif pour les usagers -la chaleur industrielle étant achetée presqu’au même prix que celle des incinérateurs, donc en dessous du prix de la biomasse.

Nous espérons bien que ces chiffres pourront être revus positivement dans 3 ans, avec la prise en compte d’un cinquième four.

J’ai entendu Gérard Colomb, Président de la Métropole, parler en séance -quand le groupe Communiste évoquait des fermetures d’usine- « de la destruction créatrice… il faut que du vieux meurt pour que le neuf émerge »… Carbone Savoie, devenu Tokai, montre exactement le contraire ! On peut faire du neuf avec du vieux ! Et c’est le seul chemin pour ne pas détruire les savoir-faire que portent les salariés ! Permettez-moi d’insister sur l’exemple de JST à Lyon 8ème, un site historique de la fabrication de transformateurs de très haute tension, indispensable en sortie de centrale électrique. Il faut sauver le dernier site de production industrielle de Lyon, monsieur le Maire !

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/5zx_d6lbYr4?t=22063

Empreinte 2050… pour un autre scénario des politiques climatiques !

2023-2018 - Rapport Transition et résilience 2023 sur la situation en matière de développement durable -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, je veux remercier monsieur le Vice-Président et les équipes qui ont travaillé à ce rapport, qui a trouvé sa bonne forme et s’inscrit dans la durée, permettant de donner à voir notre ambition politique -sans doute mieux que notre PPI ou le DOB que nous allons évoquer à vrai dire- et de suivre des indicateurs concrets et vérifiables. Mais, vous le savez, nous pensons toujours qu’il faut mieux faire apparaître les éléments de débat, les contradictions qui existent nécessairement.

Ainsi, de la transition dite « écologique et sociale »… La juxtaposition des termes n’en explique pas la relation qui n’est pas symétrique ! Il ne s’agit pas de faire les deux en même temps ; il ne peut exister de transition écologique dans les inégalités sociales, dans les injustices sociales. Contrairement à la formule militante associant « la fin du mois » et « la fin du monde », si on n’arrive pas à la fin du mois, on ne risque pas de s’interroger sur la fin du monde. Il faut impérativement progresser sur les inégalités sociales pour pouvoir avancer sur les transitions écologiques.

Un exemple bien connu… le développement des renouvelables électriques intermittents financés par le marché. L’obligation d’achat a conduit des milliers de propriétaires à bénéficier de subventions et autres avantages fiscaux pour se construire une rente payée par l’ensemble des consommateurs, y compris les plus pauvres. Cette injustice n’a choqué personne ou presque, considérant que toute action écologique était justifiée quel que soit son impact social.

Si les excès des tarifs d’achats exorbitants sont derrière nous, il reste à poser la question de qui finance l’intermittence car si c’est le gaz, alors le coût carbone du photovoltaïque et de l’éolien, déjà plus lourds que l’hydraulique ou le nucléaire, devient antiécologique ! C’est pourquoi nous défendons un autre développement des ENR électriques, reposant sur le stockage ou l’autoconsommation, effaçant ainsi structurellement l’intermittence dans des projets qui sortent de la marchandisation de l’électricité, qui seront le plus souvent public et de grande taille.

Voilà un exemple de ce que contient le nouveau plan Climat présenté par le PCF il y a peu et qui s’intitule « Empreinte 2050 ». Permettez-moi d’en citer l’introduction, une contribution à un débat urgent et nécessaire, tant tout nous montre que nous sommes dans une impasse :

« Une conviction est au cœur de notre démarche : ce grand défi qu’est la lutte contre le changement climatique ne pourra être relevé que dans la justice sociale et la coopération internationale.

Le plan Climat « Empreinte 2050 » contribuera à la justice sociale par l’amélioration de la vie de l’immense majorité de nos concitoyennes et concitoyens et la réduction des inégalités.

Se déplacer mieux ; être bien logé et bien chauffé ; avoir accès à des produits locaux, de haute qualité et durable ; manger sain et à sa faim ; travailler mieux et moins sans craindre le chômage, la précarité ou la pauvreté… Et si les politiques d’atténuation du changement climatique contribuaient à de nouveaux jours heureux ?

Le plan Climat pour la France « Empreinte 2050 » vise la neutralité carbone à l’horizon 2050 car, selon les modélisations du GIEC, c’est indispensable pour rester sous les 1,5°C de réchauffement planétaire. Et chaque dixième de degré compte !

Le plan Climat pour la France « Empreinte 2050 », comme son nom l’indique, réduira également notre empreinte carbone, c’est-à-dire les émissions liées à nos importations, car notre adversaire -les émissions de gaz à effets de serre- ne connaît pas les frontières.

C’est une véritable originalité par rapport à d’autres scénarios existants. Au-delà de la neutralité carbone à l’horizon 2050, il s’agit de remettre en cause les politiques délocalisant nos industries qui font porter de façon injuste l’effort climatique aux autres pays, souvent plus pauvres et disposant de moins de moyens. Le plan Climat pour la France « Empreinte 2050 » a ainsi une démarche plus globale replaçant au centre la solidarité et la coopération internationale dans la lutte pour le climat.

Aussi, en portant l’accent sur l’empreinte carbone, ce sont la place de notre industrie dans nos territoires et un autre modèle de production et de consommation qui sont promus. Ce plan s’inscrit dans une autre logique économique, à rebours des politiques actuelles au service du capitalisme prédateur sur de nombreux aspects : place des services publics, critères de financement, effort dans la formation et la recherche, développement de l’emploi.

Le plan « Empreinte 2050 » démontre qu’il est possible d’arriver à sortir des énergies fossiles en 2050, tout en proposant des « Jours heureux » aux Français·es avec une amélioration des conditions de vie d’une grande majorité de la population. »

Il prend pour hypothèse que toutes et tous auront accès aux vacances, au droit à la mobilité.

Il prend aussi pour hypothèse que toutes et tous seront bien logés, bien chauffés, dans des maisons ou appartements assez grands. Et que toutes et tous auront accès à une alimentation de qualité. C’est très loin d’être le cas aujourd’hui.

Nous sommes évidemment à la disposition de tous ceux qui voudront participer à ce débat.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/5zx_d6lbYr4?t=5706

Quel projet de territoire voulons-nous ?

Débat autour du projet d’aménagement stratégique du Schéma de cohérence territoriale (SCoT) de l’agglomération lyonnaise -

M. le Conseiller DEBÛ : Monsieur le Président, chers collègues, je voudrais commencer par saluer le travail des équipes du SEPAL, et leur directrice ici présente -bonjour, Laurine-, et je voudrais les remercier pour la très grande qualité du travail accompli et la richesse des documents élaborés. Je crois, en effet, très important de s’appuyer sur des études et éléments objectifs, sur les enseignements scientifiques, qui permettent d’éclairer les choix que les élus sont amenés à faire. Cela permet de créer un langage commun, quelles que soient nos orientations politiques ou la commune spécifique que nous habitons.

Il s’agit, en effet, d’élaborer un projet de territoire pour les décennies à venir, qui aura des effets importants, y compris dans le quotidien de nos habitants -même si on n’en a pas toujours conscience. Il s’agit donc de sortir des postures pour conduire un travail sérieux, éclairé et qui devra, pour réussir, emporter l’adhésion des citoyens du ressort territorial du SEPAL, non seulement de la Métropole mais également des communautés de communes de la Vallée de l’Ozon et de l’Est Lyonnais. Il s’agit, effectivement, de ne pas oublier que nous n’engageons pas seulement la collectivité dont nous sommes les élus… mais aussi celles des deux collectivités associées que je viens de citer… mais aussi, par effet ricochet pour les territoires voisins, celles du Beaujolais à la Plaine de l’Ain, du pays Viennois à la Vallée du Gier.

Si nous partageons, pour l’essentiel, les enseignements et les orientations du Projet d’aménagement stratégique (PAS) -raison pour laquelle je ne vais pas m’appesantir sur l’ensemble du PAS-, je voudrais profiter du débat pour pointer quelques alertes et éléments à prioriser. Ainsi, nous semble-il essentiel de porter une attention particulière sur les phénomènes de ségrégation spatiale, voulue où induite.

La dynamique de métropolisation à l’œuvre jusqu’à aujourd’hui a des effets connus :

– Concentration des lieux de pouvoir (politique, économique, culturel, symbolique) en cœur d’agglomération, avec ses corolaires (concentration des emplois -qualifiés et de service notamment-, augmentation vertigineuse des prix du foncier, et donc des loyers).

– Et, en négatif, la disparition du tissu industriel de la ville-centre, l’éviction des classes populaires du centre et leur relégation dans des périphéries toujours plus lointaines, pour ne citer que quelques éléments saillants.

C’est le fruit des logiques du marché « libre et non faussé » sur l’aménagement du territoire (comme a pu le rappeler Laurent Legendre juste avant moi).

Or, notre ambition est de contrarier les effets de la métropolisation et d’éviter de renforcer la tendance séculaire à la constitution de ghettos de riches, d’un côté (à l’ouest) et des villes-dortoirs, de l’autre. 

Pour combattre les logiques de ségrégations spatiales, il est important de tordre d’emblée le cou à un a priori tenace, qui voudrait que ce soient les quartiers populaires qui reçoivent le plus d’argent public. Il n’en est rien, et ce sont bien les quartiers centraux -ceux occupés par les couches moyennes et la classe bourgeoise- qui en sont bénéficiaires. En effet, si l’on cumule l’ensemble des investissements et équipements publics par territoire, on voit assez rapidement que la ville-centre et les quartiers centraux de la ville-centre concentrent les grands équipements et administrations publics : la Cité administrative d’État est juste à côté du siège de la Métropole -et, bizarrement, pas à Vaulx-en-Velin ou Saint-Priest ; l’Opéra de Lyon est en face de la Mairie centrale et, étrangement, pas à Mermoz.

Il s’agit donc de penser d’autres centralités et pas simplement à travers le développement de centres commerciaux, mais aussi de lieux de pouvoir et de culture.

Par ailleurs, ce sont bien les villes-centres de l’agglomération -Lyon et Villeurbanne- qui bénéficient du meilleur service de transports en commun, qu’ils s’agissent des modes de transport (métro, tram, bus), du maillage et de la fréquentation et, bien sûr, des correspondances. Et, cela, dans la partie géographiquement la plus petite de la Métropole -et je ne parle même pas des transports collectifs dans les territoires de la CCVO et de la CCEL… qui font pâle figure face aux déplacements automobiles…

La ville, qui est souvent pensée comme un ensemble physique statique, est avant tout le réceptacle de flux divers et extrêmement denses. Il s’agit donc de lier le développement des TCL avec celui de la Métropole. Et, donc, de mettre l’accent sur les communes périphériques et sur les liaisons de périphérie à périphérie. « La toile plutôt que l’étoile », pour utiliser cette image connue.

L’efficacité, le développement de l’offre de transports sont donc essentiels, ainsi que leur accessibilité à toutes les populations, de tous âges. Il faudra donc reposer la question de la gratuité des transports collectifs, surtout que la ZFE va, mécaniquement, accroître la pression sur nos concitoyens les plus modestes.

Autre point d’alerte… les effets « collatéraux » de certaines de nos politiques d’amélioration de l’habitat. En effet, à chaque fois que nous apaisons, végétalisons un quartier (au plus grand bénéfice des résidents)… par effet rebond, nous accroissons le prix du foncier et, donc, des loyers et, donc, de la pression financière sur les familles populaires.

Les mécanismes de maîtrise des prix du foncier, le développement massif du logement social -malgré les difficultés bien réelles que je n’ignore pas- sont des priorités absolues. 

En parlant de logement social, il va sans dire -mais, je vais le dire quand même-, que si l’on veut lutter contre la ségrégation spatiale et sociale, alors il faudra développement beaucoup plus sérieusement qu’aujourd’hui les logements sociaux dans les communes de l’ouest et du Val de Saône, a minima pour qu’elles se conforment à la loi SRU.

Cela nous amène à une autre question : celle de la densification… de construire la ville sur la ville…

Si le débat densification/étalement a, à mon sens, été réglé (notamment avec la loi ZAN), la question de l’acceptabilité de la densification reste ouverte.

Or, encore une fois, l’acceptabilité sociale de la densification est inversement proportionnelle à la densité actuelle du quartier ou de la commune occupés. Alors que les cités et quartiers populaires -ceux qui, actuellement, supportent les contraintes réelles de fortes densités- ont plutôt tendance à accepter l’accroissement de la pression… Somme toute, deux étages de plus à un bâtiment qui en compte déjà huit ou dix, qu’est-ce que ça change ? …

À l’inverse, que de cris d’orfraie lorsque l’on évoque la construction d’un petit immeuble de deux étages dans un quartier pavillonnaire ! Et il est, effectivement, plus difficile de faire aboutir ce genre de projet, parce que les habitants de ces quartiers ont plus d’entregent, une plus grande capacité à mobiliser des leviers d’actions ou d’engager des actions en justice.

Il s’agit donc de partager et de permettre l’appropriation des enjeux de l’aménagement de l’agglomération -à cette échelle-là- avec le nombre le plus large de nos concitoyens. Sans quoi, nous risquons de nous heurter à de nombreuses oppositions -parfois légitimes, parfois un peu plus égoïstes…

Il s’agit donc de porter une attention particulière aux besoins exprimés par les communes et de bien co-construire des solutions, exigeantes et parfois contraignantes, mais essentielles pour notre avenir commun.

En tout état de cause, le travail engagé par le SEPAL et notre collectivité va dans le bon sens et doit continuer, avec le sérieux qui les caractérise, en prenant en compte les points que je viens de développer.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/-H0LkkGuEU0?t=8608