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La majorité métropolitaine doit élargir sa base populaire !

Comme pour la ZFE, sur des dossiers d’aménagement urbain qui exacerbent les tensions entre habitants, cyclistes et automobilistes, résidents et passagers, jeunes et anciens, handicapés, … le Président doit donner du temps aux transformations, donc aux concertations, pour construire le plus large rassemblement des citoyens, des communes, de l’immense majorité qui peut se retrouver dans de nombreuses politiques publiques malgré les crises économiques, sociales et démocratiques.

Dans un contexte de rigueur financière contrainte, il faut dire ce qui est prioritaire et ce qui peut être ralenti, voire reporté. Sur les premières années, nous avons privilégié les modes actifs et la végétalisation, moins le social et les collèges. Nous pouvons faire évoluer nos priorités pour les deux années qui viennent et montrer plus fortement les priorités pour lesquelles l’État est en défaut, quitte à entrer en conflit sur des partenariats qui ne permettent pas de répondre aux urgences, comme sur le logement ou sur le rail.

Bref, l’enjeu de 2024 est d’élargir les bases populaires de notre majorité pour une métropole humaine, sociale, solidaire, qui garantit les droits et fait reculer les inégalités.

Face à la crise, trouver un nouvel équilibre budgétaire !

2024-2322 - Compte financier unique (CFU) 2023 -

M. le Conseiller MILLET : Madame la Vice-Présidente, chers collègues, le Compte administratif, désormais Compte financier unique, est marqué par des évolutions fortes : une baisse des recettes de plus de 2 % et une hausse des dépenses de près de 9 %. Cela ne peut pas continuer sans mettre en péril notre capacité d’agir. L’épargne nette résultante en 2023 n’est que 40 % de celle de 2022. Nous perdons 200M€ de capacité d’action propre.

Il faut, cependant, éviter tout catastrophisme car, fort heureusement, notre collectivité reste dans une situation acceptable en capacité de désendettement avec une dette faible. Nos investissements bien concrets sur nos projets sont en hausse.

Mais la baisse des recettes est une alerte, et nous savons tous qu’elle est le résultat de la situation de l’immobilier avec 30 % de baisse des DMTO, qui représentent une perte de 120M€, expliquant plus de la moitié de la baisse de l’épargne nette.

Cependant, cette baisse nous paraît d’autant plus brutale que nous sortions d’une décennie de hausse continue des DMTO. Ce qui fait, d’ailleurs, que le montant perçu en 2023, qui nous paraît très bas, est en fait celui perçu en 2017 et 2018… Dans beaucoup de départements, ce montant de DMTO est très variable et notre situation d’une hausse continue avait un caractère particulier. Cela ne fait que confirmer l’impasse, à long terme, des réformes qui privent les collectivités locales de fiscalité propre.

Si les dépenses de personnel augmentent, en gros, au même niveau que l’inflation, on sait qu’il faut porter une grande attention aux effectifs présents, pour assurer la maîtrise de cette masse salariale. C’est difficile car il n’y a pas d’efficacité des services publics sans l’engagement des agents, et les discussions en cours génèrent des questions et des inquiétudes légitimes. C’est dans le dialogue social que nous trouverons, avec les agents de la Métropole, les solutions pour réaliser nos missions dans la maîtrise de nos budgets.

Mais, bien sûr, la forte hausse des dépenses sociales (75M€) et des charges générales (50M€) est un défi, comme la hausse des taux pour les charges financières de 10M€. L’augmentation des dépenses sociales correspond à des actions connues et largement soutenues. En dehors du RSA, dont le nombre de bénéficiaires baisse et qui n’augmente qu’au niveau de l’inflation, les autres hausses sont justifiées par l’augmentation du nombre de bénéficiaires, notamment le maintien et l’accompagnent à domicile pour handicap, la PCH autonomie, l’Allocation personnalisée d’autonomie, … Mais, en fait, hors inflation, la hausse des dépenses sociales n’est que de 3 % ; 6 % pour les frais de séjour, qui sont l’augmentation la plus préoccupante.

Or nous savons que le vieillissement continuera de marquer les besoins d’accompagnement, que les fractures sociales vont continuer à faire pression à la hausse des dépenses sociales, notamment de séjour. Et, plus globalement, que le lien social, au cœur de beaucoup de nos missions, est essentiel à toutes les autres politiques. Pas d’efficacité de nos politiques d’éducation, d’insertion, de développement économique, de transition énergétique, de logement sans lien social avec les usagers, les habitants, les citoyens.

Or, et c’est le sens de notre appel à élargir les bases populaires de notre majorité, nous savons la profondeur des fractures sociales et citoyennes, qui nous conduisent à interroger le renforcement nécessaire de nos politiques de proximité -pour le logement comme pour l’éducation, pour le social, pour l’insertion, pour la prévention. Comment en créer les conditions ? C’est la question budgétaire qui est devant nous.

Il faut travailler à un nouvel équilibre budgétaire permettant de financer le renforcement de ces politiques, ce qui demande, bien sûr, d’optimiser tout ce qui peut l’être dans les charges générales, d’assurer la maîtrise de nos effectifs en les orientant sans doute plus clairement sur nos priorités. Cela suppose aussi, certainement, de plus interpeller l’État sur ses responsabilités et cela renvoie au débat actuel sur le financement des services publics que j’évoquais en introduction. Il faut redonner, de manière globale, les moyens à tous les services publics et aux collectivités. Et il faut une autre politique nationale qui mette enfin à contribution ces 500 grandes fortunes dont la valeur a explosé, en dix ans, de 200 à 1 200 milliards.

Cependant, nous avons un levier de fiscalité qui reste : la CFE, qui n’évolue en 2023 qu’au niveau de l’inflation. Cela ne nous semble pas acceptable dans le contexte tendu de ce Compte financier unique. Il faut ouvrir le débat d’une nette augmentation de cette contribution des entreprises, afin de pouvoir orienter le budget 2025 fortement sur nos priorités sociales.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/8vpjwzLuqc4?t=31138

Un Front Populaire pour réunir… face aux fractures sociales et citoyennes…

Intervention préalable -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, il y a un an, je commençais mon intervention liminaire à notre conseil du 26 juin par ces mots : « La France va mal, (…) incapable de se parler dans une démocratie écartelée entre marketing publicitaire des réseaux et actions violentes. »… intervention titrée « La France craque et la démocratie avec ! »…

Deux jours plus tard, la France connaissait des journées terribles de violences bien au-delà des quartiers dits prioritaires. C’était 40 ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, promesse d’une France réunie alors même que revenait dans le jeu électoral une extrême-droite, héritière de la collaboration et de la colonisation.

La France avait cru aussi se rassembler avec l’équipe de foot victorieuse en 1998, mais la crise économique, sociale, démocratique n’a fait que grandir, jusqu’à cette situation ingouvernable d’une France fracturée révélée par la dissolution. Que dirait de Gaulle, qui avait inspiré une constitution devant garantir la stabilité d’une France unie, héritière de sa résistance ?

Il y a un mois, nous alertions la majorité métropolitaine sur la nécessité, face aux crises sociales et citoyennes, de tout faire pour élargir les bases populaires de notre majorité… face à la profondeur de ce qui divise notre peuple, de ce qui oppose les ruraux et les urbains, les centres et les périphéries, les précaires aux statutaires, les niveaux de vie comme les modes de vie, les origines, les cultures… divisions, qui créent cette sensibilité à fleur de peau qui rend le débat public si heurté, si difficile, alors que tant de transformations sont nécessaires. Le résultat du 9 juin, avec le RN en tête dans la métropole, confirme nos inquiétudes.

Le philosophe Jacques Rancière nous dit que les soubresauts de la Vème République sont « le symptôme d’un régime où la démocratie ne trouve pas à s’exprimer ». Oui, loin des polémiques et des caricatures, on ne peut répondre à l’échec historique dans lequel notre société se débat sans une refonte radicale de notre démocratie.

Dans cette situation, le discours de dénonciation des extrêmes, renvoyés dos à dos, est insupportable alors même que ce sont, depuis des décennies, les consensus des partis gouvernementaux qui ont détruit les repères, fragilisé les liens sociaux, tenté de faire accepter une violence économique et sociale sans précédent, une désindustrialisation massive qui a placé notre si riche pays dans une situation de sous-développement face à la crise du Covid, une métropolisation forcée faisant exploser les inégalités et les ségrégations, une précarisation de tout organisant la concurrence permanente de tous contre tous, pour le logement, pour l’emploi, pour les droits sociaux.

Oui, ce sont tous ceux qui nous disaient qu’il n’est pas d’autre politique possible qui ont, progressivement, détruit cette France construite dans l’alliance et la confrontation entre gaullisme et communisme, une France inégale et coloniale, mais qui se voulait l’héritière de 1789 comme de 1936 ; eux qui, avec la trahison du vote populaire de 2005, ont écrasé la démocratie elle-même.

Ils ont fait cette France où le patrimoine des 500 plus grandes fortunes est passé, en dix ans, de 200 à 1 200 milliards, autrement dit de 15 à 50 % du PIB ! C’est une véritable saignée permanente de la France qui est imposée au profit des premiers de cordées de Macron. Qui peut encore accepter cette situation et refuser d’utiliser la fiscalité pour permettre de nouvelles politiques publiques ?

Et si personne ne s’étonne de voir l’extrême-droite construire son ascension dans la division du peuple en « eux et nous », utilisant le racisme et la xénophobie à peine masqués derrière la dédiabolisation, il faut dire la gravité des choix de gauche et de droite qui utilisent, de fait, le racisme pour criminaliser toute critique de la domination occidentale. Dans nos médias, on ne peut être propalestinien sans être antisémite -et un élu de cette assemblée peut confondre, sur mes épaules, le drapeau de la Palestine et celui du Hamas. De même, on a entendu un racisme antirusse s’exprimer sans honte dans nos médias de gauche ou de droite, jusqu’à l’interdiction de compositeurs et danseurs russes, pendant que les préfectures expulsaient des migrants originaires du Moyen-Orient tout en installant des réfugiés ukrainiens. Si les sportifs US avaient été exclus à chaque guerre menée par les USA, il n’y aurait pas eu beaucoup de médailles pour le drapeau étoilé !

Ce deux poids, deux mesures dans les politiques internationales, et l’instrumentalisation de l’antisémitisme dans le débat public, a été un terrible accélérateur de la crise politique et démocratique, comme de la dédiabolisation de l’extrême-droite, avec Marine Le Pen pour Manouchian au Panthéon ou un laudateur des néonazis ukrainiens, le 6 juin, sur les plages du Débarquement.

Brecht disait : « Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie, c’est son évolution par temps de crise ». En 2024, le temps n’est pas aux Chemises noires dans les rues de Rome. La néofasciste Meloni a régularisé plus de sans-papiers que Macron, mais elle a été plus efficace que lui dans les attaques contre le droit du travail, les revenus sociaux et on peut, aujourd’hui, travailler pour 4 € de l’heure en Italie.

Oui, l’extrême-droite peut être un gestionnaire loyal et efficace du capitalisme en crise et quand, partout, la démocratie médiatique occidentale craque, les élites économiques et politiques constatent l’échec de leurs recompositions politiciennes. Ceux qui disaient, en 1936, « Plutôt Hitler que le Front Populaire » considèrent, comme Bolloré et ses médias, que la démocratie est périmée.

Non, nous ne sommes pas confrontés à la folie des extrêmes politiques, mais à la folie d’un modèle de démocratie bourgeoise en faillite.

Non, le Front Populaire n’est pas un extrême réuni par la peur de l’extrême-droite. Les penseurs de la dissolution voulaient faire exploser la droite, c’est fait ! Et la gauche, c’est raté ! Ce sont les extrémistes des marchés financiers.

Car traiter Mélenchon d’antisémite, c’est comme dénoncer Chirac comme raciste pour sa célèbre phrase sur « le bruit et l’odeur » ou Mitterrand comme fasciste pour ses relations ambiguës avec Bousquet… ce n’est même pas de la mauvaise politique, et c’est dérisoire face à la crise démocratique que nous vivons.

Blum disait : « Toute classe dirigeante qui ne peut maintenir sa cohésion qu’à la condition de ne pas agir, qui ne peut durer qu’à la condition de ne pas changer […] est condamnée à disparaître de l’histoire. »

Le nouveau Front Populaire est une chance pour retrouver la France, toute la France, pas seulement celle de gauche… mais, comme en 1936, toute celle qui refuse la dérive fasciste… « Le Front français pour le gouvernement de la France » disaient, ensemble, Maurice Thorez et Léon Blum.

La France est une nation politique. Nous avons coupé la tête au roi, il ne peut y avoir d’unité de la couronne. Notre histoire sociale interdit l’unité de la réussite d’argent. Notre nation laïque, multiconfessionnelle et sécularisée, ne peut plus avoir d’unité religieuse. La France se meurt du vide de construction politique nationale assumé par les pouvoirs successifs, jusqu’à ce président Macron qui a cru diriger un conseil d’administration. Là est le danger du Rassemblement national, qui propose un pouvoir fondé sur la division, mais qui s’inscrit dans une histoire politique française -celle de Thiers et de Pétain.

Maurice Thorez, au début du Front Populaire, disait clairement : « Le gouvernement issu de la victoire du Front Populaire n’est pas le gouvernement des partisans du Front Populaire, encore moins le gouvernement d’un parti ; il est le gouvernement de la France. » Et, quelques mois plus tard, il insistait : « Nous croyons possible le rapprochement avec la plus grosse partie des paysans et ouvriers qui ont encore voté, le 3 mai 1936, à plus de quatre millions pour les candidats opposés au Front Populaire. »

Oui, il n’y a pas d’issue politique sans reconquérir des millions d’électeurs populaires du Rassemblement national, sortir du pouvoir de la finance et redonner son pouvoir le plus large au peuple sans reconstruire son unité défaite. Le nouveau Front Populaire est une réaction immédiate qui appelle à un effort de long terme pour refonder la République.

Victor Hugo disait : « La Révolution et la République sont indivisibles ». C’est ce que chantait Ferrat évoquant la France « du vieil Hugo tonnant de son exil », « de Picasso tenant le monde au bout de sa palette », « des lèvres d’Éluard dont s’envolent des colombes »…

« Qu’elle monte des mines, descende des collines

Celle qui chante en moi, la belle, la rebelle

Elle tient l’avenir, serré dans ses mains fines

Celle de trente-six à soixante-huit chandelles

Ma France »

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/8vpjwzLuqc4?t=2536

Manouchian, IVG et la crise politique…

Intervention préalable -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, comment ne pas introduire notre séance par cette actualité terrible et contradictoire, entre inscription de l’IVG dans la Constitution et l’horreur de la famine qui vient à Gaza sous les bombes, l’entrée de Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon et la quasi-annonce de l’entrée en guerre de la France.

On ne peut que saluer l’évènement historique de l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Mais quand Gabriel Attal dit : « Nous avons une dette morale envers toutes les femmes qui ont souffert dans leur chair », notre camarade Mireille de Villeurbanne répond : « Vous avez, vous, une dette morale, vous, la droite et l’extrême droite, sans oublier les religions ». Mireille, née en 1937, est la 5ème fille d’un couple ouvrier-paysan dont la femme, refusant à 27 ans une sixième grossesse, est morte d’un avortement par injection d’eau de javel. Il y avait, à l’époque, entre 300 000 et 400 000 avortements clandestins annuels. Gisèle Moreau, Députée communiste, rappellera à l’assemblée en 1974 : « Se résoudre à un avortement clandestin c’est, pour une femme, (…) entreprendre une quête humiliante et désespérée, (…) supporter la mise en œuvre de moyens dangereux et mutilants ; c’est accepter des risques terribles ; une mort pour 1 000 cas ; (…) à notre siècle, les femmes se retrouvent confrontées à la barbarie. »

Rappelons que, contrairement aux légendes, le groupe communiste est le seul qui a voté à l’unanimité la loi Veil, et ce n’était pas nouveau. En 1920, Marcel Cachin et Paul Vaillant-Couturier, qui allaient être les fondateurs du PCF, votaient contre la loi interdisant l’avortement. L’avortement, comme le droit de vote des femmes, est autorisé en URSS dès 1920, peu après les premiers décrets sur la paix, la terre, le travail, les nationalités. En 1944, le Gouvernement provisoire de la République française abroge les lois de Vichy relatives à la répression de l’avortement. En 1965, le PCF dépose un projet de loi visant à abroger la totalité de la loi de 1920. Bien sûr, c’est le mouvement féministe, le manifeste des 343, les procès de Bobigny menés par Gisèle Halimi qui créeront les conditions de la loi, mais l’apport des communistes est marqué, renforcé de la bataille pour les conditions économiques et sociales de ce droit à l’avortement, avec la prise en charge par la Sécurité sociale -qui sera actée dix ans plus tard. Et c’est la question qui fait écho, en 2024, à l’acte constitutionnel. Quelle situation du système de santé quand le plus connu des centres IVG lyonnais, à l’Hôtel-Dieu, a été remplacé par un hôtel de luxe… quand, partout, les lits ferment… quand 130 centres IVG ont été fermés, selon le Planning Familial… quand l’accès à la santé, en général, recule dans les milieux populaires… ? Rappelons qu’il y a déjà, dans la Constitution, le droit à l’emploi ; entre le principe et le réel, il y a parfois un gouffre…

C’est la même interrogation avec l’entrée de Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon, pendant qu’on glorifie des héros nazis et qu’on démonte les hommages aux résistants à l’Est de l’Europe et que la banalisation, en France, de l’extrême-droite conduit à des votes la mêlant à la droite et même à la gauche à l’Assemblée.

Pour mieux comprendre qui étaient les 23 de l’organisation communiste de la Main d’œuvre immigrée, dont faisait partie Henri Krasucki -déporté qui deviendra un dirigeant remarquable, maltraité par nos médias, mais qui sera un jour reconnu à sa hauteur par la République-, je vous propose l’extrait d’un poème de Missak Manouchian, qui parle de Dimitrov -dirigeant de l’Internationale communiste célèbre pour son procès gagné en 1933 contre les nazis l’accusant de l’incendie du Reichstag, auteur d’un rapport sur l’offensive du fascisme en 1935, dirigeant de la Bulgarie socialiste après 1945.

« Quand des hommes puissants et uniques comme toi existent

Le combat de notre organisation, sobre et simple contre

Le tortueux capitalisme oppresseur et toujours féroce,

Se pare sans conditions du laurier lumineux de la vie communiste. »

Ce texte direct évoque l’engagement total que la domination nazie exigeait, et il dit ce dont est porteur l’histoire communiste. On ne peut résister sans organisation, une histoire de femmes et d’hommes qui ont besoin de cette utopie lumineuse d’une autre société pour trouver la force de cet engagement. C’est pourquoi tous ceux qui renvoient dos à dos nazisme et communisme insultent l’histoire, Manouchian et Dimitrov, et ce ne serait rien si derrière l’anticommunisme ne se cachait pas justement le fascisme.

Car le fascisme est toujours la forme politique que le capitalisme prend quand il ne sait plus organiser sa domination dans un cadre démocratique. Et c’est ce qui se passe avec la « trumpisation » des droites, aux USA comme en Argentine ou en Israël ; ce qui se passe aussi dans les succès électoraux des extrêmes-droites européennes.

Je n’évoque pas cette histoire par esprit de parti -ce serait une petitesse-, mais bien parce que, partout et toujours, les communistes s’inscrivent dans l’unité la plus large face aux dérives fascistes… du Front Populaire au Front National de la résistance, dont la dénomination a été scandaleusement reprise par la famille Le Pen.

Pour la résistance, comme pour l’avortement, se révèle un mouvement de fond dans la société, dans l’histoire ; un mouvement qui dépasse les étiquettes et les clivages partisans, qui relie ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas, qui fait que l’histoire n’est pas le chaos ou l’éternelle répétition, mais qu’elle a un sens, qu’elle ouvre une perspective d’avenir, d’une autre société. Dans ce vaste mouvement de l’histoire, partout et toujours, les communistes ont une place singulière ; celle qui redonne leur légitimité aux prolétaires, aux producteurs, aux immigrés, à toutes les femmes premières de corvées, celles qui ne sont pas dans les médias.

Et c’est de ce mouvement dont nous avons un besoin urgent face à la guerre qui s’étend, et dans laquelle le Président de la République semble s’inscrire sans limites. Pour lui, la France est en guerre contre la Russie, et on comprend que c’est contre tous les pays qui ne ressembleraient pas au modèle occidental : ceux qui ne veulent plus de la France-Afrique, ceux qui ne veulent plus des diktats du dollar, ceux qui ne veulent plus des guerres occidentales qu’on fait semblant d’avoir oubliées.

C’est d’un tel mouvement de refus mondial dont a besoin Gaza et toute la Palestine. Car la vérité est que notre pays continue à fournir des armes à Israël ; la vérité est que, sans le pont aérien organisé par les USA alimentant Tsahal, les bombardements se seraient déjà arrêtés à Gaza faute de munitions. La famine qui s’installe à Gaza est la conséquence directe des décisions occidentales !

La démocratie représentative occidentale, enfermée dans ses contradictions entre les discours et les actes n’est plus un modèle pour personne ; elle ne permet plus ce qu’elle est supposée porter, le pouvoir du peuple ; elle ne peut résister à la dérive à l’extrême-droite, à la fascisation des formes politiques. Nous appelons à l’union la plus large de tous les progressistes, de tous les républicains !

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/kD0xSZelKiU?t=1290

Un plan vélo qui aurait gagné à être discuté en même temps que le Plan de mobilité général !

2024-2098 - Plan vélo 2024-2030 de la Métropole de Lyon - Délibération cadre -

M. le Conseiller HAON : Monsieur le Président, tout d’abord, nous tenons à remercier les services de la Métropole et tous les acteurs du vélo qui ont participé à l’élaboration de cette délibération cadre et du document produit en annexe.

Le précédent plan d’actions pour les mobilités actives 2016-2020, avec une enveloppe de 160 M€, a permis de doubler le trafic cycliste lors du précédent mandat :

– avec la création de 1 013 km de pistes cyclables en 2020 ;

– avec l’apaisement des vitesses automobiles et le développement des doubles sens cyclables ;

– avec l’extension du service Vélo’v, malheureusement encore trop peu en première couronne ;

– et, sur le volet services, la création de 30 000 arceaux au total en 2020, le déploiement des panneaux M12 aux feux, l’accompagnement renforcé des nombreux acteurs du vélo, ateliers, écoles, …

Nous savons tous que la pratique du vélo est bénéfique pour la santé physique et mentale des pratiquants, réduit l’espace nécessaire au déplacement et est plus économique que l’achat et l’entretien d’un véhicule motorisé. Mais nous savons aussi que les déplacements ne peuvent pas tous se faire en vélo… personnes âgées, malades, en situation de handicap, de grossesse, trop chargées, …

Il y a, pourtant, de fortes marges de progrès pour la part modale du vélo puisque 70 % des déplacements de l’agglomération font moins de 3km et, pourtant, sont réalisés pour moitié en voiture.

C’est à partir de ce constat qu’il nous est proposé aujourd’hui, dans le cadre de la PPI 2021-2026, un plan vélo ambitieux pour un investissement global de 500 M€ dont, notamment :

– 282 M€ pour les voies lyonnaises,

– 118 M€ pour les aménagements de proximité,

– 4 M€ pour le stationnement sécurisé.

Nous partageons ce projet ambitieux, qui représente bien ce que demandaient les associations du vélo. Si la Métropole de Lyon s’était bien engagée dans le mandat précédent pour le vélo, il fallait changer de braquet, comme on dit, pour être à la hauteur des attentes et du besoin de changement des mobilités métropolitaines avec l’objectif, évoqué par le président, de multiplier par 3 la part modale du vélo dans la métropole. Le Plan de mobilité (PDM) en discussion propose une part de 16 % en 2040 pour l’ensemble du département. Ça doit faire 24 % dans la métropole en nombre de déplacements, évidemment moins en kilomètres.

Cependant, il faut aussi constater que la grande majorité des kilomètres parcourus, dans le scénario du PDM en 2040, ne le seront pas en modes actifs, mais bien en transport collectif ou en voiture. C’est pourquoi nous voudrions situer ce plan vélo dans le Plan de mobilité général ; en tout cas, dans la contribution métropolitaine à ce PDM.

Nous continuons à demander l’étude d’un scénario sur un développement beaucoup plus fort des transports en commun (TC), avec relance du métro, de nouveaux trams, de fortes augmentations de fréquences de bus, d’offres de services nouvelles de transport à la demande, … en allant, pour un maillage efficace du territoire, vers un réseau circulaire et non pas seulement en étoile, pour améliorer les liaisons entre communes.

De même, il faut situer ce plan vélo dans le futur RER à la lyonnaise, avec des réouvertures de lignes et de gares SNCF et, donc, l’interconnexion au maximum rail-TC-modes actifs, car nous n’opposons pas les modes de déplacement entre eux.

Pour évoquer mon expérience personnelle, je fais 12km au quotidien de Corbas jusqu’à Lyon-centre. La fréquentation des pistes cyclables est évidemment très différente une fois passé le périphérique

Il y a, certes, des freins au vélo dans les quartiers : pratiques -notamment sur le stationnement sécurisé dans le parc social-, psychologiques ou d’habitude. Il faut renforcer, ce que prévoit ce plan vélo, le travail d’éducation, de sensibilisation. Mais le changement des mobilités est aussi lié à une forte amélioration de l’offre TC et de l’intermodalité (vélo-tram, vélo-bus, vélo-métro) avec des TC efficients.

Le T4, par exemple, en heure de pointe, c’est juste impossible ! Donc, les habitants qui le peuvent privilégient encore la voiture. Et c’est la même chose pour les habitants de l’ouest lyonnais, qui doivent faire face à un réseau ferroviaire saturé.

C’est tout l’enjeu du débat du Plan de mobilité, qui aurait gagné à être présenté dans notre conseil en même temps que ce plan vélo.

Le groupe communiste votera favorablement ce rapport.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/vNSVSDnP1ds?t=8794

Un budget social… qui fait le gros dos dans des temps contraints…

2024-2120 - Budget primitif 2024 -Tous budgets -

M. le Conseiller MILLET : Nous votons un budget dans un contexte national particulier… un gouvernement qui n’est qu’une agence de communication, qui oublie carrément le logement et la politique de la ville, et qui est incapable de faire autre chose que sortir le chéquier du quoi qu’il en coûte dès qu’une pression sociale apparaît -enfin, pas toutes, quand il estime qu’il y a un risque politique à droite.

L’avantage, c’est que ce gouvernement des riches décomplexés dit crûment les choses. Ainsi, le Projet de loi de finances nous annonce une hausse de la dette de l’État de 3,2 points de PIB d’ici 2027, mais il demande aux collectivités, dont la dette ne représente qu’un dixième de celle de l’État, de la réduire de 2 points de PIB. Rappelons que l’État finance sa dette par emprunt -270 milliards en 2023-, alors que vous le savez, en bon gestionnaire, les collectivités locales font tout pour préserver leur capacité d’autofinancement…

Il faut avoir cela en tête car -si nous savons que l’exercice budgétaire est toujours contraint, que nous ne pouvons pas financer toutes les missions ou tous les projets qui seraient utiles ou même nécessaires aux habitants- le budget a besoin de pédagogie populaire pour valoriser ce qui est fait, mais aussi dire pourquoi tout ne peut être fait. Ainsi, s’il faut expliquer les mesures d’urgence prises pour le logement, il faut redire que la crise vient de loin, pas seulement de l’inflation, mais aussi de ce plan logement macron qui affirmait vouloir « construire plus et moins cher » et, en fait, organisait le désengagement de l’État du logement. S’il faut valoriser la hausse des dépenses sociales, il faut aussi expliquer que la précarisation du travail, la smicardisation des métiers pourtant essentiels, sont au cœur de la pauvreté comme des inégalités qui progressent et que, malheureusement, nous ne pouvons pas répondre à toutes les urgences. S’il faut valoriser les efforts d’hébergement, notamment des mineurs, il faut redire qu’aucune solution réelle et durable n’est possible sans d’autres relations internationales sortant du néocolonialisme pour organiser de véritables coopérations au service du développement du sud.

Il faut dire le danger de recettes qui sont, désormais, fortement indépendantes de nos décisions fiscales. Avec presque 40 % de TVA, on peut avoir l’impression que c’est favorable en période d’inflation, mais la TVA est l’impôt le plus injuste socialement et, bien sûr, nous n’en définissons pas le taux. Nos recettes 2024 sont en dessous des recettes réalisées en 2022, quand nos dépenses de fonctionnement seront, elles, supérieures de près de 300 M€.

Nous répondons donc, dans un budget contraint, aux urgences sociales mais, si les frais de séjour sont en très fortes augmentations (10 %, sur 2023 ; 15 %, sur 2022), les allocations individuelles de solidarité -qui ne dépendent pas que de nous- n’augmentent pas à la hauteur du vécu de tous les travailleurs sociaux (seulement 3 %).

Alors, certains reprocheront que notre autofinancement baisse un peu, ne contribuant que pour 84 M€ au financement de l’investissement -en nette hausse d’ailleurs, notamment pour les projets- et que cela pèse sur notre capacité de désendettement. C’est faire peu de cas des habitants et des besoins de services publics, de missions publiques. C’est pourquoi nous voterons ce budget, qui fait le gros dos dans ces temps agités, en attirant l’attention sur deux points de dépenses que vous connaissez bien, monsieur le Président.

D’abord, la politique de la ville… dans un flou dangereux au niveau gouvernemental… sans ministre… et un budget 2024 constant, alors que la géographie prioritaire s’est étendue… La Métropole ne contribue toujours pas à la programmation sociale ni aux cités éducatives. Et la nouvelle géographie prioritaire suppose de renforcer nos dépenses là où nous agissons, sur la gestion sociale urbaine de proximité, sur l’opération quartiers d’été, … La réponse en commission évoquant l’attente des décisions préfectorales nous inquiète. Pour exemple, la ville de Vénissieux va doubler son effort budgétaire politique de la ville. Nous devons donner un signal fort de soutien aux actions de la politique de la ville.

Ensuite, sur les investissements dans les collèges. Nous avons appris que le collège Aragon à Vénissieux, annoncé par David Kimelfeld en 2019, ne serait finalement livré qu’en 2033… Autrement dit, même pas dans le mandat suivant ! Cela ne peut qu’inquiéter, d’autant que l’association de tous les acteurs dans la définition du programme nous semble insuffisante. Nous demandons que la vice-présidente Laurence Boffet soit mobilisée sur la participation citoyenne dans les projets de collèges et que la commission éducation puisse faire un état d’avancement du Schéma directeur des collèges.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/vNSVSDnP1ds?t=5870

Tout le monde ne peut pas avoir le meilleur maire du monde !

2023-2011 - Grigny - Demande de changement de nom - Avis de la Métropole de Lyon -

M. le Conseiller MILLET : Très brièvement, monsieur le Président, chers collègues, pour souligner que, décidément, certains ont du mal avec la consultation des habitants puisque que ce soit à Pierre-Bénite, Oullins ou à Grigny, on prend des décisions sans consultation des habitants concernés. Mais il est vrai que les grignerots peuvent peut-être se dire qu’ils aimeraient bien avoir le meilleur maire du monde, celui de Grigny (en Essonne). C’est dommage pour eux ! Mais ça ne changera pas grand-chose à leur situation.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/tHYMFnP-Zjw?t=822

Tout augmente, sauf les salaires !

2023-2001 - Attribution d'une prime pouvoir d'achat exceptionnelle pour certains agents publics - Année 2023 -

M. le Conseiller DEBÛ : Monsieur le Président, madame la Vice-Présidente, chers collègues, disons-le d’emblée, nous voterons cette délibération. Bien que nous soyons attachés à l’augmentation du point d’indice des traitements des fonctionnaires, autant qu’à l’augmentation de la rémunération brut des salariés du privé et des pensions de nos retraités, cette prime exceptionnelle est la bienvenue pour nos agents et les aidera à faire face à l’augmentation du coût de la vie.

Car, en vérité, tout augmente, sauf les salaires. L’inflation frappe durement nos concitoyens, qui doivent faire face à l’augmentation des prix des denrées alimentaires, du coût de l’électricité et de l’essence, ou des loyers. Dans notre pays, 2 millions de personnes, qui travaillent pourtant à temps plein, sont pauvres. C’est une honte dans la 7ème économie mondiale ! Les agents de la fonction publique territoriale, malgré tous les clichés colportés à leur égard, ne sont ni des privilégiés ni des nantis. Ce sont les femmes et les hommes qui, grâce à leur engagement quotidien au service de la chose publique, permettent à notre pays de tenir, à la société de conserver sa cohésion dans cette période de grande tension et de désengagement de l’État.

En créant la possibilité, pour les collectivités, de verser cette prime, le Gouvernement, à son corps défendant, reconnaît la crise du travail dans laquelle ses orientations politiques plongent le pays. À force de tout privatiser, de saboter les services publics, de se désengager des territoires -même sur ses fonctions régaliennes-, le Gouvernement affaiblit l’État, amoindrit sa capacité à répondre aux besoins de la population et se défausse de plus en plus sur les collectivités locales.

Mais, dans le même temps, alors que le discours officiel est à la décentralisation, l’État prive les collectivités de leur autonomie financière à travers l’abrogation des taxes locales -Taxe professionnel, CVAE, Taxe d’habitation, etc. Ce faisant, l’État attaque le principe constitutionnel de la libre administration des collectivités locales et, cela, jusque dans les primes versées aux agents territoriaux. La capacité d’une collectivité à soutenir le pouvoir d’achat de ses agents lui échappe, tant la logique actuelle voudrait réduire les collectivités locales à de simples administrations… Il nous faut dénoncer cette situation.

Le choix du versement de la prime exceptionnelle marque donc la reconnaissance de notre collectivité pour le travail et l’investissement des agents de la Métropole aux services des grands lyonnais et des grandes lyonnaises… et essentiel… et c’est bien normal… 

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/5zx_d6lbYr4?t=11240

Jouer notre rôle d’amortisseur social !

2023-1997 - Débat d'orientations budgétaires 2024 - Tous budgets -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, nous partageons l’ambition difficile de « Maintenir le cap malgré les vents contraires », car, oui, il y a des vents contraires. Mais s’il est utile de faire un point d’avancement des politiques publiques renforcées, transformées ou impulsées, il faut toujours garder en tête la situation concrète vécue par les habitants et c’est l’éclairage que nous voulons donner, valoriser les nombreuses actions utiles, tout en reconnaissant que, pour beaucoup, les conditions de vie concrètes se sont détériorées, que la réponse publique sur des droits essentiels -logement, santé, alimentation- s’est dégradée…

Cette tension entre nos efforts en faveur des habitants et leurs effets concrets s’exprime, de plus, de manière différente selon les quartiers, comme le souligne le rapport à propos du RSA, je cite : « Pour autant, la période sous revue consacre une augmentation globale d’environ 40 M€, et se caractérise par l’installation dans un « RSA long » (plus de 4 ans) d’une part croissante de publics, qui a dépassé les 50 % en 2022. Si cette situation s’explique sans doute par les effets de la crise sanitaire et ses conséquences diverses, elle peut aussi s’éclairer par les autres indicateurs sociaux, qui marquent une paupérisation/précarisation croissante de certains secteurs géographiques de la Métropole. »

Pour autant, nous avons une bonne situation financière ; les prévisions des catastrophiques qui croient toujours que la Gauche est incapable de rigueur et d’efficacité en sont pour leurs frais. Je me permets de leur rappeler cette remarque de Marx -eh oui, encore une, je ne m’en lasse pas- : « Tout État bourgeois est dépensier, car les bourgeois sont les premiers à se gaver de dettes publiques ; le seul État rigoureux sera l’État des prolétaires. »

Et donc, nous avons fait baisser la dette, tout en renforçant des dépenses de fonctionnement nécessaires, tout en augmentant les investissements, tout en maintenant un autofinancement significatif nous mettant dans une situation financière reconnue comme saine… Même la CANOL aurait pu se féliciter !

Cela dit, des vents contraires sont devant nous. La crise climatique, malgré les COP qui se succèdent, met en lumière une contradiction. C’est le marché qui décide, mais toute politique de « signal prix » aggrave les injustices sociales et rend les transformations plus difficiles. Plus les carburants augmentent, plus les inégalités d’accès aux mobilités se creusent si les politiques publiques des transports en commun ne changent pas d’échelle ! Plus l’électricité augmente, plus les centrales gaz sont rentables, malgré la taxation du carbone.

Nous en avons parlé à l’occasion du rapport développement durable, mais nous avons besoin d’une toute autre approche des politiques climatiques.

Nous voulons aussi insister sur ce changement de paradigme dans la situation mondiale évoqué dans ce rapport qui nous dit que le monde occidental assiste, impuissant, à une escalade qui lui échappe, source de tensions de plus en plus fortes.

Oui, l’ordre occidental -qui repose depuis toujours sur les guerres et l’exploitation éhontée des ressources des autres- est mis en cause de plus en plus fortement. Comme le disait Kissinger : « Nos ennemis s’en sortent quelquefois, nos amis jamais ». Zelenski le découvre, lui qui était le candidat de la Paix que demandaient les ukrainiens et qui a dû lancer la guerre dans le Donbass en 2014, céder à Boris Johnson refusant qu’il signe l’accord de Paix que ses équipes avaient négocié dès mars 2022, imposant la poursuite d’une guerre dramatique pour les ukrainiens et les russes.

Mais la fin de la domination du dollar peut être une chance pour un monde multipolaire fondé sur la Paix, la coopération et le développement de tous.

Ce changement de paradigme concerne aussi la situation de notre pays. Le rapport évoque la fracturation du corps social et la contestation de la légitimité de l’ordre institutionnel établi. C’est ce que nous disions en alertant en juin sur « la France fracturée »… Mais il faut dire aussi que la réponse des banques centrales à l’inflation, engagée dès 2021, a été une guerre violente contre les salaires, prenant le risque d’une récession et de l’aggravation des précarités pour garantir la rentabilité des activités financières.

Le Gouvernement actuel s’inscrit totalement dans cette approche en faisant une nouvelle fois de la réduction des dépenses publiques sa priorité absolue, en tapant d’abord sur les collectivités et la Sécurité sociale, comme le montre l’excellent tableau des objectifs de dette d’ici 2027. La dette de l’État se creuse et ce sont les autres dépenses publiques qui doivent compenser.

Alors, oui, maintenons l’ambition pour un développement bas carbone et une mobilité durable. Allons au bout du débat sur le plan de Mobilité, qui ne peut se limiter à un seul scénario contraint par les financements actuels mais qui doit étudier une ambition beaucoup plus grande pour les transports en commun, approchant les 50 % de part modale, réduisant encore plus la part de la voiture.

Attention au logement, qui n’est pas cité dans les ambitions. Le plan de soutien que nous délibérerons ne suffira pas à faire reculer le mal-logement et ce ne sont pas les réformes des attributions qui vont résorber, par miracle, l’insuffisance de l’offre. Réduire les inégalités territoriales ne se fera pas que par un urbanisme respectueux de l’environnement.

Pour nous, notre première ambition doit être de réduire la pauvreté et les inégalités. Comme nous le disions à propos du rapport DD (Développement durable), il ne peut y avoir d’écologie sans justice sociale. Et c’est, bien sûr, l’emploi qui est le moteur décisif de la réduction des inégalités. Le rapport dit, avec raison, que la transition doit contribuer à stopper quarante années d’érosion du socle productif. Alors, agissons pour JST (Jeumont Schneider Transformateur) à Lyon ! Après les turbines Arabelle, demandons à EDF de sauver la production de transformateurs de très haute tension…

Alors, quelle orientation d’équilibre budgétaire et de dépenses ?

Certes, nous perdons 100M€ de DMTO, mais nous avons toujours 50M€ d’autofinancement de plus qu’en 2018, 100M€ de plus qu’en 2020. Nos dépenses de fonctionnement 2023 sont de 3 % seulement au-dessus de 2017. Les effectifs sont maîtrisés… 1 % de plus, ce n’est pas la gabegie… On peut renforcer sur des missions prioritaires…

Nous devons jouer un rôle essentiel d’amortisseur social face à la crise… Regardons les tarifs qui peuvent jouer ce rôle… Regardons aussi la politique de la ville, qui est notre compétence et que nous devons mieux financer, dans la programmation sociale, dans les cités éducatives. La situation de la sauvegarde69 souligne l’état du secteur social et, notamment, de la prévention pourtant si essentielle dans les crises urbaines que nous avons connues.

Oui, nous devons jouer un rôle essentiel d’amortisseur social dans la crise.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/5zx_d6lbYr4?t=8206

Une fiscalité locale fondée sur la TVA est injuste, il faut faire contribuer les entreprises !

2023-1738 - Compte financier unique (CFU) 2022 - Tous budgets principal et annexes en M57 et M4 -

M. le Conseiller MILLET : Madame la Vice-Présidente, chers collèges, ce Compte financier unique est le premier, remplaçant le compte administratif et le compte de gestion du receveur public. Rappelons que cette évolution de la comptabilité publique accompagne la transformation d’un État de moins en moins public et de plus en plus privé, la disparition du rôle central du trésorier public qui était responsable personnellement du bon usage de l’argent public, et l’apparition des experts de la certification des comptes, ceux-là même qui, dans le privé, laissent passer toutes les malversations et évasions qui se répètent de crises en crises. C’est un débat national, malheureusement porté par bien peu de forces politiques.

Venons-en aux comptes. Les recettes de TVA progressent plus que prévu, les DMTO progressent encore, même si nous savons qu’elles connaissent, en 2023, une chute brutale. Il y avait, en 2022, des acheteurs riches… La CVAE stagne avant de disparaître, la CFE ne progresse plus et les dotations de l’État sont en baisse. Une situation financière, au total, excellente avec une hausse des recettes de 24 %, mais qui connaît une transformation profonde : les recettes que nous décidons ne représentant plus que 26 % du total.

Les entreprises contribuent de moins en moins à nos recettes, la TVA étant principalement payée par les consommateurs, y compris les plus pauvres qui connaissent un poids fiscal bien supérieur aux plus riches.

C’est pourquoi nous le répétons, les entreprises -qui viennent chercher les atouts urbains et humains de notre agglomération- contribuent trop faiblement. J’entends déjà l’opposition répéter que les entreprises croulent sous les charges. C’est bien vrai, sous les charges que leur imposent les gestionnaires du capital pour certaines, leurs donneurs d’ordre pour d’autres… Et il y a des gagnants économiques dans la crise et leur plus grand jeu est d’échapper à l’impôt. Il faut faire contribuer plus fortement les entreprises, tout en accompagnant celles qui en ont réellement besoin.

Un grand merci à monsieur Soulas pour son excellent guide de lecture sur les contraintes de fixation du taux de CFE. J’en retiens les deux messages essentiels :

– Nous avons un taux de CFE dans la moyenne. J’en déduis que nous avons une marge.

– Nous sommes limités par la moyenne des taux de Taxes foncières votés par les communes. Compte tenu des hausses des taux 2023, nous aurons une marge en 2024. Ce sera une décision majeure d’un budget 2024, qui connaîtra des DMTO en baisse.

Concernant les dépenses… celles à caractère social ne progressent que légèrement, de 1,5%, quand les charges générales augmentent de 8 % et les charges de personnel de 5 %. On constate même une baisse de l’APA et de presque 4 % du RSA. Sans doute, et heureusement, des sorties du RSA vers un salaire, mais le risque que la crise aggrave les non-recours est aussi un sujet de préoccupation. C’est ce que l’expérience du « territoire zéro non-recours » confirme… ce que nous disent les CCAS et les MDM, qui témoignent d’une aggravation des situations sociales. C’est ce que pourrait confirmer la baisse de l’APA à domicile, liée non pas à une baisse des besoins mais aux difficultés de recrutement des intervenants.

Cette forte hausse des recettes de 24 % et la faible hausse des dépenses à 3,5 % produisent un autofinancement confortable, qui nous permet de limiter fortement l’emprunt à 57 M€, très loin des 380 M€ budgétés.

Cela nous conduit à regarder avec grande attention l’avancement de notre Plan de mandat. Avec 482,6 M€ en dépenses d’investissements, dont 369,7 M€ consacrés aux projets, nous tenons le rythme, mais nous avons la possibilité de renforcer nos politiques publiques qui répondent à des urgences :

– nos capacités d’accueil et d’accompagnement social pour faire reculer le non-recours ;

– notre aide à la construction de logement social, stagnant à 36 M€… bien en dessous de nos objectifs ;

– et notre schéma directeur des collèges qui ne s’est, pour l’instant, pas traduit par une augmentation de nos dépenses -restant un peu au-dessus des 40 M€ par an. Il faudrait 60 M€ par an, dès 2023, pour tenir les objectifs du schéma directeur. Celui-ci évoquait, je cite : « les réhabilitations totales des collèges Triolet et Aragon à Vénissieux, Mermoz à Lyon 8 et De Vinci à Chassieu débuteront, pour leur part, pendant le mandat ».

Les nouvelles AP 2022 listées dans la présentation concernent le logement, les mobilités, la végétalisation… Pas les collèges… L’année 2023 va être décisive.

Il faut, d’ailleurs, être attentif à nos engagements auprès de l’ANRU. L’État a souligné, en revue de projet vendredi dernier, le retard de plus de 3 ans pris pour Triolet, mettant potentiellement en cause le financement de la restructuration des espaces extérieurs.

Nous demandons qu’un travail soit réalisé pour vérifier la conformité de notre PPI avec l’ensemble de nos engagements avec l’ANRU. Nous avons passé la mi-mandat ; les mois qui viennent seront décisifs pour concrétiser nos objectifs.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/6Bu4tx9KvKI?t=16522