Archives de catégorie : Économie, Emploi et Insertion

Vers une synergie solaire hydrogène dans la Vallée de la Chimie ?

2023-1840 - Soutien aux activités de recherche et innovation et formation professionnelle de Symbio -

M. le Conseiller MILLET : Courte intervention monsieur le Président, chers collègues pour poser une question et proposer un lien entre deux projets : celui du développement de Symbio à Saint-Fons et celui de Lyon-Rhône-Solaire, opérateur de photovoltaïque dans lequel la Métropole est actionnaire.

Le développement de l’hydrogène pour les gros véhicules est sans doute une réponse à la décarbonation des transports de marchandises, même si, au passage, la première réponse est certainement de redévelopper le fret ferroviaire. Mais comme il y aura toujours besoin de camions et de cars, l’hydrogène peut avoir une place importante à condition, bien sûr, d’avoir de l’hydrogène vert, sujet souvent discuté et sur lequel Symbio annonce un accord avec la CNR pour obtenir de l’hydrogène vert hydraulique… Pourtant, il existe une autre solution, que nous avions évoquée lors de la décision de la Métropole de rentrer dans Lyon-Rhône-Solaire : utiliser le solaire de la vallée, en lien -pourquoi pas ?- avec Air Liquide, pour produire de l’hydrogène vert. Ce serait une synergie de plus dans la vallée et un atout de plus pour Symbio.

Madame la Vice-Présidente, pouvons-nous étudier cette hypothèse ?

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/suVK3mhDyww?t=22611

Pour le développement durable de la Vallée de la Chimie, sensibiliser aussi les actionnaires !

2023-1839 - Projet directeur Vallée de la Chimie 2030 -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, madame la Vice-Présidente, chers collègues, les communistes ne peuvent que souscrire à l’objectif ambitieux affirmé en introduction de cette délibération, je cite :

« La Métropole et les industriels se mobilisent, conjointement, pour le développement et l’aménagement de la plateforme industrielle Lyon Vallée de la Chimie avec, pour objectif principal, de conforter le pôle d’activités existant. »

La délibération cite les trois actions en 2023 :

– sensibiliser, informer, former les habitants et les salariés ;

– mobiliser pour des synergies dans la vallée ;

– renforcer les liens avec le territoire…

Permettez-nous de compléter en ajoutant des acteurs qui ne sont pas cités : les actionnaires et leurs représentants, les dirigeants d’entreprise.

Il faut, eux aussi, les sensibiliser pour les encourager à des comportements socialement et environnementalement durables. Il faut, eux aussi, les mobiliser pour des investissements dans les synergies de la vallée et, sans doute, pour renforcer les liens avec le territoire, et notamment leur demander la transparence sur le coût du capital et les revenus des actionnaires… qui nous serait bien utile pour mieux évaluer notre effort avec l’argent public…

Peut-on proposer à l’Association pour le développement durable de la Vallée de la Chimie, d’élaborer un indicateur éclairant le niveau de mobilisation des actionnaires dans cet objectif ? … ce qui permettrait d’ajouter une quatrième action, « sensibiliser les actionnaires »…

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/suVK3mhDyww?t=21787

Il faut écouter les élus… Il faut écouter les habitants…

CP-2023-2576 - Soutien à la pérennisation des acteurs de l'économie de proximité par la création d'un fonds métropolitain -

M. le Conseiller DEBÛ : Monsieur le Président, chers collègues, nous sommes tous, je crois, aux côtés des commerçants sinistrés comme, d’ailleurs, de tous les particuliers dont un bien a été détruit dans ces journées de violences. Évènement qui confirme ce que nous disions en introduction de notre dernier conseil : la France craque.

Ces destructions ont vu converger, dans les premiers jours, une colère de jeunes réagissant à une mort dramatique, arbitraire et injuste mais, très vite, elles ont vu arriver des groupes violents, sans véritables revendications sociales, excités par des groupes mafieux organisant le pillage de biens marchands -notamment des buralistes, magasins de téléphonie ou de vêtements de sport.

Les enquêtes nous le diront, mais les réseaux mafieux ont joué un rôle important dans l’alimentation en mortiers des jeunes, voire très jeunes, lesquels n’ont pas pleinement conscience de la gravité de leurs actes. Pourtant, depuis des années, des maires -dont Michèle Picard- demandent un contrôle strict de ces mortiers, qui peuvent devenir des armes par destination et qui sont en vente libre, et qui, ces derniers jours, ont été utilisés à un niveau industriel. Cela doit interpeller les services de l’État. Il y a eu des sommes d’argent énormes mobilisées dans cette logistique des émeutes, et les enquêtes devront nous dire qui a payé. Et ce ne sont, probablement, pas des jeunes à la dérive ni des familles au RSA.

Mais il faut aussi redire que tout a commencé par un drame… la mort d’un jeune homme de 17 ans… un crime qui confirme l’impasse de la politique de maintien de l’ordre, notamment en direction de la jeunesse… Car le jeune Nahel était connu des services de l’enfance… un de ces jeunes « perdus de vue », sorti de l’école avant 16 ans, livré à lui-même par l’absence de moyens de l’ASE et qui se perd dans une fuite en avant dans l’illégalité, dans la rupture avec la République. Mais qui a rompu, lui ou nous, en tant que représentant de la République ?

Un policier qui entame son neuvième jour de travail en continu se retrouve, dans l’excitation d’une course-poursuite, à commettre un acte terrible, que la justice sanctionnera et qui a libéré une colère trop longtemps contenue dans nos cités populaires.

Cette colère fut dévastatrice pour de nombreux services publics et pour de nombreux commerçants. Ainsi, être aux côtés des commerçants sinistrés est une évidence et nous votons, bien sûr, le million d’euros en leur faveur.

Cependant, restons vigilants à la mise en place annoncée par le chef de l’État du projet de loi « d’urgence » pour aider à la reconstruction du mobilier urbain détruit dans des délais plus courts, sans plus de précisions… Seule annonce face à la France qui va mal et panse ses plaies, face à des Français qui craquent…

Les maires, les élus locaux, les agents des services municipaux ont dû faire face, jours et nuits, en premières lignes. Ils ont dû jouer les médiateurs et les urgentistes d’une République fracturée. Plus que jamais, nous avons besoin d’une politique nationale ambitieuse et de véritables moyens pour rétablir la cohésion nationale, l’égalité des droits, le respect des toutes les citoyennes et de tous les citoyens, quels que soient leur classe, leurs origines, leurs quartiers. Les droits élémentaires à l’éducation, à la sécurité, à la santé, au logement, aux transports, au sport, à la culture et à l’emploi doivent être une réalité garantie par l’État et ce, grâce aux services publics, symboles d’égalité et de justice de notre pays.

Il faut écouter les élus… Il faut écouter les habitants qui nous disent ce qu’ils veulent, et ce qu’ils ne veulent plus… comme des profs non remplacés, des enfants laissés-pour-compte, des emplois précaires, …

Nous voulons plus de services publics, plus d’écoles, plus de justice. La réconciliation républicaine est à ce prix. Ainsi, les communistes demandent :

– Création d’une police de proximité, au nombre de 30 000, et une refonte de la doctrine de maintien de l’ordre et une redéfinition des missions de la police.

– Abrogation de la loi de 2017, sur l’emploi des armes à feu par les argents de police.

– Refonte complète de la formation des agents et augmentation de sa durée.

– Recrutement de 25 000 magistrats et greffiers et augmentation du nombre d’éducateurs et des moyens de la PJJ.

– Un fonds d’urgence pour les associations œuvrant pour la jeunesse et les publics en difficultés. Investir 10 milliards pour les communes.

– Maintien de la « politique de la ville », y compris dans les quartiers ayant moins de mille habitants.

– Et, enfin, la création d’un fonds de développement des services publics de proximité.

Ce sont des mesures d’urgence qu’il faudrait compléter.

En attendant, nous voterons cette délibération et je vous remercie de votre écoute.

Pour une France du travail, et des salaires pour toutes et tous !

Vœu des missions locales -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, bien entendu, nous voterons ce vœu porté par toutes les missions locales de France et que plusieurs communes ont déjà adopté. Le gouvernement avance, comme toujours, en ignorant les acteurs locaux, les professionnels, en laissant même croire qu’ils sont inefficaces même si, en pratique, il va évidemment leur confier les missions qu’il est bien incapable d’assurer, notamment dans l’accueil et l’accompagnement. C’est d’ailleurs ce qui le conduit à proposer une loi, sans attendre aucun retour de l’expérimentation qu’il a lui-même lancée…

Mais, au-delà de l’avenir des missions locales, c’est au fond que nous contestons cette loi sur le travail et la création de France Travail, tant le gouvernement tient un double discours. D’un côté, pour les médias, les thèmes classiques de la droite demandant de mettre les chômeurs au boulot ; de l’autre, un projet de loi qui dit vouloir renforcer l’insertion mais reste ambigu sur les contreparties imposées aux bénéficiaires.

Ce double discours révèle l’absence d’ambition réelle sur l’emploi et la seule recherche de baisse de ces dépenses sociales, considérées comme un « pognon de dingue ». Les chômeurs seraient fautifs et coupables des difficultés de recrutement des entreprises. Le président avait donné sa version simpliste du sujet, il suffirait de traverser la rue !

Dans ces discours, il y a un grand tabou : le travail, les conditions de travail, le lien entre formation et travail, les métiers, … Nous l’avons dit à propos des métiers du soin, dans l’intervention de Marie-Christine Burricand, mais c’est une situation générale. Les difficultés de recrutement sont, d’abord, le résultat des politiques publiques de formation, de l’organisation du travail, de la recherche effrénée par la plupart des entreprises d’efficacité à court-terme reposant sur l’intensité et la flexibilité du travail, de la non-reconnaissance par les entreprises des qualifications et des savoir-faire liés aux métiers.

C’est bien parce qu’on ne trouve plus de sens, de valeur au travail que des salariés s’interrogent, y compris dans des métiers qualifiés et sous tension. Alors que dire des premiers de corvée, des métiers de premières lignes, mal payés et précarisés ! Et que dire de tous ceux qui sont éloignés de l’emploi !

Comment penser, alors, que l’insertion des personnes éloignées de l’emploi pourrait ne reposer que sur leur propre motivation, avec accompagnement ou même avec sanction ?

Oui, il faut accompagner tous ceux pour qui l’accès à l’emploi a été rendu difficile, fragile. Il faut les accompagner humainement, à partir des situations concrètes, en prenant en compte les problèmes de langage, de représentation, de situations familiales, de mobilité… toutes choses que font très bien les missions locales et de très nombreux acteurs de l’insertion…

L’État devrait donc renforcer les démarches d’accompagnement vers l’emploi en renforçant le réseau de tous les acteurs de l’insertion.

Et il doit le faire en relevant le défi premier en direction du patronat, la seule solution véritable pour les métiers essentiels, faire en sorte qu’ils redeviennent attractifs, … donc, revaloriser les salaires et embaucher pour éviter que des salariés ne s’épuisent face à un travail qu’ils ne peuvent pas faire correctement. C’est une évidence dans la santé et, notamment, l’hôpital, mais c’est vrai pour tous les métiers et, notamment, pour tous les métiers difficiles, de première ligne.

Augmenter massivement les salaires, réduire le temps de travail, ce n’est pas une utopie militante dépassée… c’est le choix que font certaines entreprises, comme celle, bien connue à Lyon, qui a décidé de la semaine de 4 jours et 32 heures payées 35, et dont le patron dit lui-même qu’il y a gagné !

Pour les communistes, la réponse au projet France Travail et aux attaques contre les droits des allocataires et des salariés, ce n’est pas de laisser faire les bas revenus et la précarité du travail, en assurant par miracle des allocations ou revenus d’assistance dignes pour tous. Ce serait renier le droit à un emploi digne, valorisant, qualifié, permettant la construction d’un travailleur citoyen. On ne peut résoudre, ni par le RSA ni par un revenu universel, ce qui est au cœur des maux de la société : les conditions d’emploi et la valeur du travail !

Nous voulons une France du travail et des salaires pour toutes et tous, d’un travail attractif et enrichissant, avec la hausse des salaires, la réduction du temps de travail et la garantie de conditions de travail permettant l’épanouissement des salariés au travail. Il faut un renversement complet de la politique d’emploi et de travail !

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/6Bu4tx9KvKI?t=21253

Ne pas soumettre le droit au travail obligatoire et ne pas renforcer des sanctions !

2023-1726 - Givors - Grigny - Expérimentation France Travail -

Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le Vice-Président, chers collègues, je voudrais tout d’abord remercier madame la Vice-Présidente Hémain pour les éléments précis qu’elle nous a donnés, à la fois sur la situation des bénéficiaires du RSA et sur le contenu de l’expérimentation. Je souhaiterais que nous ayons plus souvent des informations sur ces questions au Conseil métropolitain, et je note un chiffre inquiétant qui est non seulement le chiffre de 41 000 bénéficiaires du RSA dans la métropole mais aussi le fait que la moitié de ces bénéficiaires n’ait pas droit à leur droit : celui d’être accompagné dans leurs recherches d’emploi et dans l’insertion. C’est la première chose.

La deuxième, c’est que je ne vous cacherai pas que notre groupe a largement débattu de cette délibération concernant l’expérimentation d’un accompagnement de 1 300 bénéficiaires du RSA à Givors et Grigny, dans le cadre de l’expérimentation France Travail, alors que nous sommes fermement opposés à ce projet gouvernemental. Nous refusons toute conditionnalité du RSA à l’acceptation de travaux précaires et réduits qui fragilisent l’emploi pérenne, transforment les bénéficiaires en un sous-prolétariat, cassent les droits des salariés, introduisent toujours plus de concurrence entre les travailleurs et les travailleuses. Surtout, nous respectons profondément le travail mais nous considérons que celui-ci doit être défendu, respecté, notamment par sa rémunération et ses conditions d’exercice -autrement dit le salaire et les conditions de travail. En aucun cas, le travail ne peut s’apparenter à une sanction ni une allocation.

Périodiquement, les gouvernements reviennent sur le dispositif RSA pour expliquer qu’il faut lutter contre les abus -en quelque sorte « les paresseux », voire les fraudeurs-, alors que toutes statistiques confondues, cela ne concerne au maximum que 0,4 % des bénéficiaires. À comparer aux 60 à 80 milliards d’évasion fiscale des plus fortunés soustraits au budget de l’État ou à l’augmentation prévue des dépenses d’armement pour les cinq ans qui viennent. Mais, surtout, c’est une manière de faire oublier que le chômage comme le non-accès à l’emploi et à la formation sont d’abord le résultat des choix gouvernementaux et capitalistes qui nourrissent une situation sociale et internationale explosive et cruelle pour les populations.

Emmanuel Macron y va de ses petites phrases insupportables… il suffirait de traverser la rue, de faire le tour du Vieux Port… comme si toutes les femmes, qui sont parfois chefs de famille monoparentale, peuvent aller travailler dans les bars du Vieux Port quand elles habitent les quartiers nord de Marseille… Autant de paroles qui font monter l’exaspération et l’inquiétude devant ce qui est, au moins, une méconnaissance des obstacles que rencontrent les privés d’emploi mais, surtout, un mépris profond pour le peuple.

J’ai participé, ces derniers jours, à deux rencontres particulièrement instructives sur ces questions d’insertion et de travail. La première se tenait avec les maires de la circonscription, à la mairie de Vénissieux, sur les questions de santé et des urgences fermées au Portes du sud et ailleurs. Les soignants expliquaient pourquoi autant d’emplois de médecins et de soignants sont non pourvus. Ils rappelaient le numerus clausus meurtrier, les fermetures de lits qui ont désorganisé les services, la tarification à l’acte, la journée de douze heures, tout ce qui a rendu le travail des personnels de plus en plus dur alors même que les salaires étaient tirés à la baisse. Jusqu’à Parcoursup incriminé parce qu’il oriente vers les métiers de la santé par défaut et non par foie ni envie, ce qui conduit à de nombreux abandons en cours de formation. Est-ce que le gouvernement s’attaque à ces questions avec France Travail ? NON.

Autre expérience instructive… l’Assemblée générale de Medialys -où d’autres collègues de la Métropole participaient- où, ensemble, bénéficiaires salariés, techniciens, chargés d’insertion nous ont fait part de leurs parcours, de leurs efforts et de toute sa dimension humaine avec la place des questions sociales, notamment celles du logement… Un moment qui permet de mesurer l’engagement nécessaire pour avancer.

Nous sommes, là, très loin des propos du rapport du Haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises préfigurant France Travail, que nous refusons pour deux raisons essentielles au moins : son projet de conditionner le droit à l’obligation du travail, avec le risque de peser sur l’emploi et les salaires, et de créer un volant de travailleurs captifs. En même temps qu’il transforme Pôle emploi en France Travail, il livre l’insertion aux opérateurs privés -soit à la marchandisation- au lieu d’un service public de l’emploi, que nous demandons.

Nous n’apportons, évidemment, aucun soutien au projet France Travail. Nous prenons, cependant, en compte l’engagement des deux vice-présidentes, réaffirmé -aujourd’hui et dans la délibération- clairement, de ne pas soumettre le droit au travail obligatoire et de ne pas renforcer des sanctions, qui ne font que précariser la vie des bénéficiaires et de leurs familles. Et nous prenons aussi en compte les besoins des deux communes du point de vue du suivi des bénéficiaires. Nous voterons donc cette délibération.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/6Bu4tx9KvKI?t=8074

Pour un débat démocratique sur les productions industrielles !

2023-1599 -Appel à projets (AAP) Transformation durable des entreprises -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Vice-Président, chers collègues, si ce dossier peut paraître loin des actualités brûlantes de la guerre ou des retraites, il est d’une importance reconnue par tous, notamment depuis ce terrible constat que nous ne savons plus produire de masques ou de respirateurs, que des mois de confinement ont provoqué des ruptures de chaînes de valeur mondialisées provoquant l’arrêt de chaînes de production.

À vrai dire, nous le savons depuis longtemps, à chaque restructuration industrielle, on découvre des montages improbables -financiers, logistiques, technologiques- et le rôle de ces « consultants ambigus des hydres multinationales », que chante Bernard Lavilliers, qui font qu’on ne sait jamais si on peut discuter avec les vrais décideurs. Et, quand une affaire fait la une, on entend quelques critiques des gâchis et des incohérences des chaînes de valeur que le capitalisme invente, mais il continue.

Rhodia Silicones, Huntsman, Arkema, Total, … dont les rumeurs de fermeture continuent. Qui décide des productions, des marchés, des filières ? Permettez-moi une anecdote. J’ai eu l’occasion d’échanger, en 2006, avec une jeune thésarde travaillant avec le directeur Supply chain monde de Rhodia. Elle a appris, en même temps que lui, par la presse la vente des silicones à Bluestar. C’est dire à quel point les décisions d’investissement sont prises ailleurs que dans l’entreprise elle-même.

Pouvons-nous décider d’un accompagnement des entreprises dans une transformation durable sans en tenir compte ?

Certes, le bilan carbone et les analyses en cycle de vie sont importants pour les décisions sur les productions. Si beaucoup d’entreprises les réalisent par elles-mêmes, cette délibération est utile pour la transparence de ces démarches et pour les cibler sur les TPE et PME.

Certes, le travail pour définir une entreprise comme une entreprise à mission peut aider à interroger les finalités et, donc, le sens qu’on donne au travail et au collectif.

Nous suivons avec intérêt, madame la Vice-Présidente, les efforts de la Métropole pour favoriser une dynamique industrielle sur notre territoire avec, par exemple, le manifeste en faveur d’une industrie qui se transforme et s’engage pour l’environnement.

On sait aussi que le Gouvernement multiplie les annonces… 35 milliards de France relance en 2020… 30 milliards de « France 2030″… même si on n’oublie pas que les gouvernements successifs se font une spécialité des grands plans industrie…

Nous n’oublions pas les financements du pôle de compétitivité chimie-environnement Axelera et nous ne doutons pas que les décideurs savent s’inscrire dans toutes ces démarches pour obtenir des financements, eux qui n’hésitent jamais à critiquer la fiscalité et les dépenses publiques.

Mais qui décide des productions, des technologies et, donc, des investissements ? Qui décide des emplois, des savoir-faire, des compétences nécessaires ?

Qu’est-ce qui peut être durable si, chaque trimestre, un directoire inconnu peut tirer un trait sur une production, un site, des emplois, sans que personne de tous ceux qui portent les démarches d’accompagnement public soit ne serait-ce qu’informé ?

Nous avons besoin d’un dialogue franc et transparent avec les industriels sur ces sujets et d’identifier qui accepte le débat démocratique et qui le refuse.

De ce point de vue, la relation avec les syndicats et leurs experts est essentielle. Comment sont-ils associés à toutes nos démarches ?

Je vous remercie.

la vidéo de l’intervention : https://youtu.be/L5BlDe2L9Zg?t=5415

Une Europe fédérale ? … Nous n’avons pas changé d’avis, c’est non ! …

2023-1595 - Engagement de la Métropole de Lyon dans le label Ville Européenne -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, depuis Maastricht, nous n’avons pas changé d’avis : nous votons contre. Depuis le TCE de 2005, les Français n’ont pas changé d’avis : ils refusent les traités européens qui imposent la concurrence contre les coopérations.

Comprenez que nous ne pouvons voter pour un label porté par le Mouvement européen France, les Jeunes européens de France et l’Union des fédéralistes européens. Je ne sais pas, d’ailleurs, à quel moment notre collectivité s’est prononcée pour le fédéralisme européen ?

Il semble s’agir de « promouvoir la démocratie européenne et de faire vivre l’esprit européen au plus près des habitants ». Je vous assure que l’esprit européen de la concurrence vit au plus près des habitants… ceux dont les statuts publics sont déchirés par la mise en œuvre de directives européennes par les gouvernements français successifs, de Droite et de Gauche… ceux qui vivent la concurrence dans le travail, des travailleurs détachés comme des délocalisations… ceux qui se rappellent les promesses des dirigeants qui ont fait les traités européens et qui portent la responsabilité d’avoir affaibli notre pays, défait son indépendance stratégique, soumis aux diktats US… l’Union européenne n’étant, de fait, que l’outil de la domination US… jusqu’à cette économie de guerre qui nous est imposée pour acheter le gaz de schiste US 4 fois plus cher ! …

Oui, nous persistons. Nous ne voterons pas cette délibération.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/L5BlDe2L9Zg?t=4972

Le 15 février, Fabien Roussel sera au côté des salariés de Place du Marché (ex-Toupargel) en manifestation devant l’Assemblée nationale…

Communiqué des élu.e.s communistes et républicain.e.s du Rhône -

« Ils nous laissent sans rien. » C’est le constat amer des 1 900 salariés de la société Place du Marché et des sociétés Eismann et Touparlog, placées en liquidation judiciaire le 13 janvier dernier. 1 900  salariés en colère face à la pratique douteuse de cette liquidation et qui se sentent sacrifiés sur l’autel de l’argent, alors que les dividendes versés par les entreprises européennes vont de record en record pour atteindre, en 2022, 382 milliards distribués aux actionnaires, soit une progression de 23 %.

C’est une totale trahison des frères Bahadourian, classés 90ème fortune de France en 2022 par le magazine Challenges et actionnaires de Grand Frais, qui a racheté l’entreprise spécialisée dans la livraison de courses alimentaires en 2020. C’est une totale trahison parce qu’ils n’ont jamais osé affronter leurs salariés et n’ont même pas daigné être à l’audience. Encore une fois, le profit passe avant des vies brisées !

Pourquoi laisser faire ? Pourquoi se laisser faire ? Comment est-ce possible qu’aucune stratégie, aucun plan n’ait été mis en place pour trouver des solutions alternatives et pérennes pour sauver l’entreprise ? Car, « les salariés partent avec un plan social où il n’y a rien », affirme l’avocat du CSE. C’est une liquidation d’un savoir-faire, ce sont des licenciements secs sans que les Bahadourian n’assument la moindre responsabilité sociale de ce désastre économique.

Ce ne sont que des  patrons voyous à qui on doit interdire de diriger une autre société afin d’éviter d’autres drames humains.

Nous soutenons la lutte des Toupargel et exigeons la préservation de leurs emplois !

Des territoires numériques ouverts !

2022-1356 - Numérique - Entente entre la Métropole de Lyon, la Ville de Lyon et le Syndicat intercommunal des technologies de l’information pour les villes (SITIV) -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, quelques mots pour me féliciter, bien sûr, du succès de ce projet né d’une candidature à un appel à projet numérique du plan France Relance mais, surtout, pour valoriser ce dont ce projet est porteur et qui est un enjeu pour nous tous, l’existence d’un numérique souverain, libre, accessible, sécurisé, inclusif, respectant nos services publics.

Ce n’est pas si évident puisque, souvent, la technologie est, comme on dit, disruptive et peut bousculer les organisations -on l’a vu dans le privé, mais le public n’est pas à l’abri. Et les enjeux sont considérables si on pense, par exemple, à l’Institut géographique national et le service géo-portail que, sans doute, bien peu d’entre nous utilisent pour produire des cartes de notre territoire, qui sont pourtant souvent plus à jour que celles d’un grand bien connu des GAFAM.

C’est évidemment un enjeu vital de sécurité numérique. Le choc de l’arrêt informatique total de l’hôpital de Versailles -après celui de Corbeil ou de Villefranche-, les vols de données à l’APHP, mais aussi le département de Seine-et-Marne ou la ville de Caen. Touchons du bois, personne n’est jamais à l’abri et le niveau de sécurité qu’on construit doit être adapté à l’enjeu et aux moyens financiers et humains. Mais, à l’évidence, c’est un sujet qui demande une mutualisation à large échelle.

Revenons donc à ce portail pour les agents et les élus qui est aujourd’hui opérationnel et peut donc être déployé dans la métropole, la ville de Lyon et les 8 communes du SITIV. Il repose sur une identité de territoire de confiance des agents et élus, confiance parce qu’elle permet à toutes les applications accédées, depuis ce portail, de partager la même authentification sécurisée, dans l’esprit de France Connect ou Agent Connect. On l’appelle « les territoires numériques ouverts » en référence à une démarche de l’association ADDULACT, association des acteurs et collectivités pour le logiciel libre. Elle produit un label « territoires numériques libres », qui a récemment récompensé la ville de Lyon et aussi le SITIV, et je ne doute pas que d’autres communes, comme la métropole, pourraient candidater.

J’en profite pour répondre à des questions qui ont pu se poser. Bien évidemment, la plateforme est capable d’accueillir des communes et je suis à la disposition de tous pour en discuter…

Les coupures électriques comme révélateur d’une crise démocratique !

Intervention liminaire -

M. le Conseiller MILLET : Permettez-moi d’ajouter un commentaire après l’émotion du témoignage de nos invitées iraniennes. Je ressens comme indigne la récupération de leur témoignage pour des questions de politique française par la Droite.

Les communistes de Vénissieux avaient invité, il y a un mois, des communistes iraniens et nous pourrions alerter nos amies iraniennes de ce matin sur le danger de faire confiance à l’Occident qui parle de droit de l’homme mais ne décide que pour ses propres intérêts économiques. On se rappelle des relations troubles de Reagan avec les mollahs dans l’affaire de l’IranGate [1].

Mais, ce jour, nous ne devrions avoir qu’une attitude collective de notre conseil, le soutien et la solidarité avec le peuple iranien.

Monsieur le Président, chers collègues, notre démocratie est malade, tout le monde le dit et continue, les urgences militaires succèdent aux urgences sanitaires dans les mensonges médiatiques permanents et les affaires qui se succèdent, l’important, c’est le buzz et tout s’oublie si vite…

Après avoir déclaré l’OTAN en mort cérébrale, puis avoir été ridiculisé par les USA dans l’affaire des sous-marins australiens, Macron tente d’apparaître comme un chef de guerre efficace. Dans une économie de guerre, il faut en finir avec l’insouciance et accepter des sacrifices au nom de la défense de la démocratie. C’est du Powel à la tribune des Nations-Unies pour justifier la guerre en Irak, des mensonges répétés qui mettent aujourd’hui l’Occident dans la situation de l’arroseur arrosé. La vérité est que la guerre du gaz est ancienne. Depuis les années 2000, la bataille des USA contre le gazoduc Northstream aurait dû conduire à un débat public sur la réponse européenne à cette agressivité commerciale US. Agressivité pour ne pas dire plus, car les poursuites judiciaires US contre un grand patron d’ALSTOM, comme préalable à son rachat par GE, font plutôt penser à une guerre froide.

Mais les faits sont têtus, comme on dit, et Macron vient de se faire rattraper par le réel dans l’affaire des coupures de délestages.

Depuis l’annonce des sacrifices nécessaires, on fait mine de découvrir ce que la CGT dénonçait depuis des années. Si les politiques de dérèglementation ont permis à des acteurs privés de gagner des milliards autour des renouvelables, grâce à l’argent public mobilisé, les savoir-faire de la filière énergétique française étaient cassés. Alstom bradé à l’américain GE dans des conditions douteuses. La maintenance d’EDF externalisée. Ce qui restait du service public était en grande difficulté. La période Covid n’a fait que révéler cette situation et on se retrouve avec la moitié des centrales nucléaires en maintenance. C’est le monde idéal que nous promettaient les partisans de la sortie du nucléaire alors que, désormais, tout le monde espère leur redémarrage !

Mais il fallait des exemples de sacrifices, et les coupures de délestage semblaient un cas d’école parfait. On renvoie la responsabilité aux individus ; chauffez-vous moins, éclairez moins, consommez moins… Au passage, ça évitera que vous demandiez des augmentations de salaires et, surtout, ça évitera que le peuple s’interroge sur un système qui transforme un pays développé avec le système électrique le plus décarboné et le moins cher du monde en un système chaotique de pays en développement.

Tous les médias organisent la grande kermesse des coupures nécessaires chaque matin, chaque midi, chaque soir. Cela conduit des maires à fermer des équipements publics ; d’autres, à annoncer le refus de payer leurs factures ; d’autres encore heureusement, à faire signer des cartes pétitions pour le droit à l’énergie -merci, Michèle Picard.

Tous les services de l’État sont mobilisés pour organiser ces coupures. Il y a plus de cadres mobilisés pour organiser les coupures que pour accélérer le programme de maintenance de EDF afin d’éviter ces coupures ! Et une coupure annoncée, la veille, aux communes a évidemment des conséquences sur les écoles, les cuisines centrales. Tout le monde est sous pression pour organiser, en quelque sorte,  l’accident quand il faudrait se mobiliser pour assurer le service public !

L’effet est une forte baisse des consommations électriques (- 8,3 % en novembre, sans qu’on sache la part des particuliers et celle de la désindustrialisation), quand les annonces de fermetures pour raisons énergétiques se succèdent (Duralex, Arcelor, Cofigeo, …).

Mais c’est aussi une explosion des ventes de générateurs et batteries, un non-sens écologique et une nouvelle injustice. Comme aux USA, les riches vont compenser les coupures en augmentant leurs émissions de carbone !

Un directeur d’ENEDIS vient mettre les pieds dans le plat en rappelant qu’il y a des particuliers avec des respirateurs. Coup de colère de Macron qui se souvient du scandale des respirateurs dans les premiers mois du Covid. Je pense que ce haut cadre d’ENEDIS savait bien ce qu’il faisait et qu’il a eu bien raison de bousculer une politique inefficace et injuste.

Car, le principe de réguler la demande pour contribuer à l’équilibre du réseau est vieux comme le service public, heures pleines heures creuses, jours d’effacement de pointe, sans ce discours anxiogène des coupures. Et l’effacement se joue, d’abord, avec les gros consommateurs industriels.

Mais la vérité est plus cruelle encore car, pendant qu’on nous occupe avec ces coupures, les mesures gouvernementales de soutien aux entreprises font peu discuter.
Pourtant, il s’agit d’un scandale : le financement public des marges des opérateurs privés. L’État prend à sa charge 20 % de la facture des marchés de l’électricité supérieur à 350€/MWh. Je ne suis pas sûr que ça change grand-chose dans beaucoup de cas. Mais le fournisseur qui pousse à la hausse va donc être payé à 20 % par de l’argent public, qui soutient donc le marché spéculatif pour que les profiteurs continuent à profiter !

Il y a certainement des rapports McKinsey qui ont justifié ces politiques publiques. Ce qui revient au point de départ de la crise démocratique. Comment faire confiance à un régime politique capable d’un tel niveau de mensonge et d’incapacité à organiser des services vitaux dans la santé comme dans l’énergie ?

Permettez-moi de faire le lien avec ce qui excite le microcosme politique local : le rapport de la mission sénatoriale sur la Métropole de Lyon. Il fait suite à une « fronde des maires » mécontents d’une métropole qui ne reconnaîtrait pas les communes. Mais sa conclusion est de donner plus de poids politique à cette métropole avec une circonscription unique, qui conduirait à des élus encore plus éloignés des citoyens. Ce psychodrame des maires, qui avaient tous soutenu la création de la métropole sans jamais poser la question de la place des citoyens, est illustratif de la crise démocratique.

Concluons par la citation d’un rapporteur aux Nations Unies sur l’enjeu de la communication dans la crise démocratique :

« Le secteur de la communication dans toutes ses composantes n’a jamais déployé des activités d’influence aussi intenses sur nos sociétés et nos vies, encore renforcées par le basculement dans l’ère numérique. »

Oui, la démocratie n’est pas menacée de l’extérieur par des puissances étrangères, mais par sa domination, chez nous, par les intérêts privés.

[1] j’aurais pu ajouter le soutien de l’Occident aux dictatures islamiques concurrentes de l’Iran, saoudiens, qataris, …

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/T_OXVU_LWxs?t=3196