Il est possible d’avoir une industrie propre et sûre !

2023-1647 - Pollution aux perfluorés - Stratégie métropolitaine et partenariat pour un programme de recherche 2023-2026 avec l'Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions -

Mme la Conseillère CHARNAY : Monsieur le Président, monsieur le Vice-Président, chers collègues, on peut donc se féliciter de l’action de la Métropole sur le sujet des pollutions aux substances perfluorées par la mise en place d’une stratégie métropolitaine et un partenariat avec l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions.

En effet, la pollution par les perfluorés dans nos communes du sud lyonnais met en danger les populations et les salariés des entreprises, notamment de la Vallée de la chimie, ainsi que l’activité économique des producteurs, agriculteurs et la biodiversité.

Une étude récente et une émission télévisée ont mis en exergue la pollution aux perfluorés depuis Pierre-Bénite et dans le sud du département du Rhône. 28 communes et environ 220 000 personnes sont les plus  concernées.  Des villes moyennes comme Givors, Grigny ou Brignais sont concernées. Ces pollutions touchent particulièrement les nappes phréatiques des communes de Ternay, Communay, Saint-Symphorien-d’Ozon, Sérézin-du-Rhône, Simandres, Solaize, Givors, Grigny et, dans l’Isère, Chasse-sur-Rhône.

Cette révélation provoque l’inquiétude des habitants, d’autant qu’il est reconnu que ces polluants sont dangereux pour la santé, avec des effets nocifs pour le système immunitaire et des dérèglements endocriniens.

Une étude de l’École nationale de santé publique de 2005, s’appuyant sur des recherches canadiennes et états-uniennes, a montré les risques liés à l’exposition à ces composants chimiques et leur dangerosité pour la santé de l’être humain. On retrouve les PFAS partout dans les produits de notre quotidien ! ! ! Et ces polluants sont omniprésents autour des activités chimiques de Pierre-Bénite.

Depuis 8 mois, les prélèvements (à Pierre-Bénite) dans l’eau du Garon, dans les champs captants de Ternay et Grigny, dans la cour d’école Dunan à Irigny, sur les légumes des Monts du Lyonnais ou sur les poissons  du Rhône et du Garon se sont multipliés. Chaque résultat confirme la contamination, son ampleur et sa gravité. L’inquiétude est grandissante sur la consommation de l’eau. Faut-il continuer à boire l’eau du robinet ? Est-elle sans risques pour les populations ? Comment notre régie publique de l’eau peut-elle agir contre ces pollutions ?

Bien évidemment, ces pollutions aux perfluorés sont de la responsabilité des entreprises qui sont connues… il s’agit d’Arkema et Daikin… qui utilisent des PFAS, produits qualifiés de produits chimiques éternels…

La Préfecture a donc demandé à Arkema de ne plus utiliser de PFAS d’ici le 31/12/2024, mais on ne peut pas se contenter de cette interdiction au 31/12/2024. Arkema continue à rejeter des perfluorés en contaminant la nappe phréatique, le Rhône et les cultures alors que l’entreprise aurait une technologie de substitution, dit-elle ! ! !

La Préfecture et l’ARS essaient de nous rassurer mais on apprend que la directive REACH, qui devait être révisée par la Commission européenne et s’attaquer à de nombreuses substances chimiques, a été repoussée à fin 2023 avec une grande incertitude sur son adoption finale.

Nous pensons que la puissance publique n’est pas à la hauteur de la gravité et de l’ampleur de cette pollution, qui appelle des décisions courageuses face au lobbying des industriels qui sont arc-boutés sur les rapports financiers de leur production.

Nous vous demandons, monsieur le Président, d’interpeller plus fermement l’État pour légiférer sur l’interdiction de ces substances pour décider de protéger la population. L’action de l’État n’est pas à la hauteur des enjeux, notamment de santé, ni à la responsabilité de la recherche publique, qui devrait être moteur pour organiser et mobiliser des moyens humains et financiers pour établir la causalité entre la présence des PFAS et les pathologies.

Nous vous demandons aussi d’interpeller la DREAL qui avait arrêté, il y a dix ans, les prélèvements de suivi dans le Rhône.

Nous défendons bien entendu -tout comme vous, monsieur le Président- l’obligation des entreprises à financer l’innovation pour éliminer toute pollution et pour maintenir les sites et les emplois dans notre métropole.

Comme, par exemple, l’entreprise Carbone Savoie qui était, en 2005, le site le plus polluant aux HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques) de France, et la ville de Vénissieux a obtenu la limitation de la production tout en travaillant avec l’entreprise jusqu’à un projet de reconception des filtrages des fumées et des poussières et qui est, maintenant, au top mondial et en fait un site exemplaire pour l’environnement.

Il est donc possible d’avoir une industrie propre et sûre avec une réglementation stricte qui protège la santé, l’environnement, les cultures et la biodiversité.

Nous défendons la place d’une industrie propre en zone urbaine. L’industrie, comme toute activité humaine, à zéro pollution, ça n’existe pas mais la transparence et l’évaluation sanitaire sont indispensables et doivent être publiques.

C’est pour cela que nous voterons cette délibération.

Merci.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/dpQ7p5BXx60?t=23146