Archives par mot-clé : Séance publique du 11 décembre 2023 (journée du 11 décembre)

L’égalité femmes/hommes dans tous les aspects de la vie !

2023-1987 - Rapport sur la situation en matière d'égalité entre les femmes et les hommes - 2023 -

Mme la Conseillère ARTHAUD : Monsieur le Président, chers collègues, je vais lire l’intervention rédigée par Marie-Christine Burricand.

Je voulais citer tout d’abord ces mots de l’avocate et militante féministe Gisèle Halimi, dont l’engagement professionnel et politique joua un rôle considérable pour la reconnaissance du viol comme un crime passible des Assises, pour que l’avortement soit reconnu comme un droit et dont il n’est pas inutile, dans cette période, de rappeler son engagement durant la décolonisation au côté de celles qui luttaient pour que les droits de leurs peuples soient reconnus :

« Je dis aux femmes trois choses : votre indépendance économique est la clé de votre libération. Ne laissez rien passer dans les gestes, le langage, les situations, qui attentent à votre dignité. Ne vous résignez jamais ! »

Elle avait bien raison de nous appeler à ne pas baisser la garde, car s’il faut s’appuyer sur les lois en faveur des femmes conquises ces dernières années, il faut aussi se rappeler que, quand les inégalités grandissent jusqu’à défaire ce qui fait société, les femmes sont les premières à en payer le prix.

Ce rapport nous rappelle les grandes dates de l’engagement de la Métropole sur les questions de l’égalité femmes/hommes. La décision, en juillet 2020, d’une vice-présidence dédiée à ces questions, ainsi qu’à la lutte contre les discriminations, a constitué une nouvelle étape concrétisée en 2021 par un deuxième plan de 84 actions dont nous partageons les objectifs comme la transversalité qui permet d’irriguer l’ensemble de notre politique.

Le très sérieux Observatoire des inégalités en France indique que les femmes gagnent toujours, tout temps de travail confondu, 24 % de moins que les hommes, 15 % à temps de travail égal. Les chiffres du rapport joint à la délibération rappellent la permanence des inégalités femmes/hommes pour les salaires et la précarité, le partage des tâches, la représentation politique nationale et locale, la persistance du sexisme et du harcèlement sexuel au travail, la discrimination médiatique à l’égard du sport féminin. Au regard de nos missions, la persistance des violences faites aux femmes, avec une victime décédée tous les 2,8 jours, indique les efforts à poursuivre pour protéger et soutenir les femmes et leurs enfants, toujours atteints profondément dans ces situations de violence. Enfin, quand 82 % des parents isolés sont des femmes, on mesure la chape de culpabilité, voire d’angoisse, qui pèse sur celles qui assument seules le rôle parental et on ne peut que s’interroger sur le plan gouvernemental « pour restaurer l’autorité parentale » qui choisit la sanction, voire la mise à l’index plutôt que le soutien, la prévention.  C’est la double peine pour celle qui reste seule à assumer la charge familiale. Nous ne sommes vraiment pas certains qu’on permettra ainsi de « restaurer l’autorité parentale ». Nous mesurons toute l’importance du rôle de l’ASE dans une situation de budgets très contraints pour les collectivités locales. Une fois de plus, ce sont elles qui jouent le rôle de filet social. Nous apprécions donc positivement nos efforts en direction des femmes les plus vulnérables même si nous savons que nous ne pouvons pallier aux reculs de l’État sur ces questions, notamment concernant la justice, la police de proximité et la santé.

Nous avons pris connaissance avec intérêt des chiffres concernant la place des femmes salariées à la Métropole de Lyon. La quasi égalité entre le nombre de femmes et d’hommes est une bonne nouvelle de même que la place des femmes dans les catégories A et B. Mais nous n’échappons pas aux représentations genrées des métiers, avec une surreprésentation féminine dans les filières administratives et sociales, alors que les hommes sont les plus nombreux dans les filières techniques et celles de la sécurité. Nous savons que cela se joue dès la petite enfance, d’où la nécessité d’actions dès l’école.  30 actions dans 25 collèges en 2022/2023, c’est bien. Nous pouvons tendre à une action dans chaque collège, et ce rapport permet aux élus qui siègent dans les collèges de porter cette question auprès des équipes pédagogiques et de parents d’élèves. Sans doute, le stage de troisième peut-il jouer un rôle dans la levée des préjugés sur un supposé sexe des métiers et il serait utile d’avoir un bilan précis de la répartition des filles et des garçons dans les différents métiers et filières professionnelles, un travail qui est peut-être fait par l’Éducation nationale.

La Métropole s’engage sur deux nouvelles autorisations spéciales d’absence concernant le congé menstruel et l’arrêt naturel de grossesse. Nous serons attentifs à l’utilisation qui sera faite de ces nouvelles mesures. Plus généralement, nous apprécions positivement que nous portions l’égalité femmes/hommes dans tous les aspects de la vie, du travail à la santé, en passant par les loisirs, l’occupation de l’espace public, la culture et le sport et nous appelons les femmes -des plus jeunes aux plus anciennes- à se saisir de tous ces points d’appui pour faire progresser l’égalité et leurs droits.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/5zx_d6lbYr4?t=4421

Contre l’extrême Droite, unir le peuple dans les luttes sociales !

Intervention préalable -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, l’Occident -qui prétendait diriger la planète mondialisée- est bousculé par l’affirmation des souverainetés. Au fond, c’est la fin d’une décolonisation que nous avions cru se limiter à une décolonisation politique formelle ne mettant pas en cause les rentes économiques dont nous bénéficions, notamment dans l’exploitation des ressources des autres. Il est aussi bousculé, en interne, par la montée, partout, des populismes sous des formes parfois clairement fascistes. C’est d’ailleurs le drame d’Israël dans cette horreur quotidienne des milliers d’enfants tués à Gaza, et qui conduit Rony Brauman à dire que le plus grand danger, pour les juifs, c’est Netanyahu. J’y reviendrai dans le Débat d’orientations budgétaires, mais le risque autoritaire est d’abord occidental et ce n’est pas seulement ce « Trumpisme » que nous observons avec sidération mobiliser les pauvres et les riches dans ce qui était présenté comme le modèle référent de la démocratie occidentale mais, partout, la montée des extrêmes Droites -y compris en France- et leur coordination de plus en plus forte, notamment dans l’Union européenne, jusqu’à se poser en dirigeant potentiel de l’Union européenne.

Je sais que cette situation préoccupe beaucoup de militants progressistes, mais il ne faut pas se tromper sur le vrai terrain de l’affrontement avec l’extrême Droite. Car la dénonciation de l’ultra-Droite est un piège, qui laisse penser que le caractère fascisant de groupes violents serait une dérive idéologique d’une extrême Droite radicale, à Droite du Rassemblement national, sans voir à quel point il y a continuité entre l’extrême Droite dédiabolisée et les pires, ouvertement, néonazis. L’expression ultra-Droite a pour, premier effet, de considérer l’extrême Droite comme un moindre mal.

Mais, pour un marxiste, les idées sont l’expression du réel. Nous devons chercher, dans les situations économiques et sociales, les bases des idées d’extrême Droite et c’est pourquoi nous pensons que la bataille contre le fascisme est d’abord une lutte sociale, pour la défense des droits. C’est dans cette bataille que peut se construire l’unité de tous, l’unité populaire capable de résister aux dérives fascistes, c’est-à-dire à la guerre dans le peuple effaçant les luttes de classes. Les travailleurs des USA ne résisteront pas à Trump sans s’appuyer sur les grèves réussies de l’automobile pour sortir du faux duel avec Biden. C’est ce que nous disait Alex, ce jeune communiste de San Francisco que nous avons reçu à Vénissieux il y a quelques semaines.

C’est pourquoi nous voulons attirer l’attention de notre conseil sur un enjeu social primordial sur lequel nous pouvons agir, la santé. La dégradation du système de santé public prend une dimension dramatique qui commence à nous rapprocher de pays où la santé est massivement privatisée et marchande. Après le COVID et la précarisation de milliers de familles, c’est un enjeu humain et social, un droit fondamental trop souvent mis en cause. Le lien se fait vite entre santé et fascisme quand le Sénat vote pour la fin de l’aide médicale aux migrants. Comme si les virus et les bactéries étaient dépendantes des statuts ou des identités ! Comme si les sénateurs ne savaient pas que les bénéficiaires de cette AME coûtent 1 000 € de moins en moyenne qu’un ayant droit.

Mais, en même temps qu’on décide de supprimer au Sénat et sans doute de réduire à l’Assemblée cette dépense médicale pour les migrants, on renforce une approche marchande de la santé qui cherche à peser sur les dépenses de santé, avec une hausse de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) à 3,2 % pour 2024 -en dessous de l’inflation et en dessous de sa « dynamique naturelle » d’augmentation à 4,6 %.

Et ce PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale) reste également bien silencieux sur les pénuries de médicaments comme sur les actualités terribles dans les crèches privées, les hôpitaux ou les EHPAD, après l’affaire ORPEA. Sur ces sujets, les propositions du Gouvernement sont soit insuffisantes et inacceptables soit inexistantes. Et la reprise de ce que nous appelons l’hôpital des Portes du sud par un groupe privé nous laisse dans l’incertitude, entre la joie du maintien de tous les services, tous les emplois, dans un cadre devant garantir le reste à charge pour les habitants, et l’inquiétude devant un groupe privé dont le patron est un dirigeant du MEDEF qui va, évidemment, introduire une logique privée dans la gestion de cet hôpital.

Et nous entendons parler du décret ministériel qui limiterait le nombre de sites d’urgences ; certains évoquent quatre sites seulement pour notre agglomération.

Mais, notre métropole peut agir ! Nous pensons que la Mission d’évaluation de l’état des lieux de la santé dans notre métropole, que nous avions proposé en 2021, nous aurait été utile aujourd’hui pour aider les acteurs de la santé à agir utilement avec nous.

Notre politique de santé doit clairement affirmer notre choix du renforcement d’une santé publique élargie. Or, nous sommes inquiets de la situation de Henry Gabrielle, que les gestionnaires ont commencé à vider -seulement 87 lits utilisés sur 205. Une société, Mengrov, a été mandatée pour réfléchir à l’avenir du site. Nous savions que, pour les HCL, ce ne serait plus un site de santé publique mais, aujourd’hui, on peut se demander s’il restera un site en lien avec la santé.

Rappelons que notre assemblée a voté largement un vœu pour le maintien de Henry Gabrielle à Saint-Genis-Laval. Comment les services métropolitains peuvent-ils travailler dans un autre cadre ?

Oui, nous lançons de nouveau une alerte sur la santé publique dans notre métropole !

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/5zx_d6lbYr4?t=1655