Archives de catégorie : Proximité et Cadre de Vie

COVID-19 : pour un Comité de suivi, et les autres mesures…

Courrier du groupe Communiste, Parti de gauche et républicain au président de la Métropole -

Monsieur le Président,

Nous approuvons la tenue de ce Conseil métropolitain et nous vous remercions, ainsi que les services, d’en avoir créé les conditions d’un point de vue technique.

Nous mesurons les contraintes de l’exercice du fait, justement, des conditions particulières de son organisation, mais aussi la responsabilité de l’ensemble des élus pour créer les meilleures conditions de lutte contre l’épidémie, protéger les populations, les soutenir alors que les difficultés économiques et sociales s’ajoutent à l’épreuve du confinement.

La lecture des délibérations comme notre expérience dans nos Communes nous conduisent à plusieurs questions et propositions dont nous souhaitons vous faire part en amont du Conseil métropolitain, ce qui ne peut que faciliter un échange utile.

Nous prenons acte de l’État d’urgence et de ses conséquences quant à la gestion des collectivités locales déclinées au travers de diverses ordonnances auxquelles font référence les délibérations 4239 à 4245. L’urgence ne doit pas empêcher, pour nous, la transparence et la démocratie de s’exercer. C’est pourquoi nous demandons la création d’un Comité de suivi, associant les représentants des groupes politiques, permettant aux élus de disposer de l’ensemble des éléments de la situation sanitaire, sociale et économique et de faire des propositions en amont des décisions.

Ces premières délibérations nous donnent peu d’éléments quant à la situation sociale des habitants et au fonctionnement des Maisons de la Métropole. Nous souhaitons un point précis quant aux familles reçues dans les Maisons de la Métropole en nombre et en problématiques, les demandes d’aides alimentaires auprès des associations de solidarité, la situation des migrants et des jeunes majeurs isolés, les fins de contrat de travail et les pertes de revenus des salariés en chômage technique.

De même, nous demandons un état précis de la situation sanitaire dans les EHPAD, les foyers et équipements d’accueil gérés par la métropole.

Nous demandons la mise en place de deux aides pour des situations sociales qui ne sont pas prises en compte par les mesures gouvernementales :

  • Une aide spécifique aux familles modestes qui fréquentent habituellement les cantines des collèges aux tarifs les plus bas et se trouvent fortement pénalisées du fait de leur fermeture.
  • Une  aide spécifique dans le cadre du FSL pour compenser les pertes de revenus de nombreux locataires suite à la fermeture d’activés économiques et au chômage technique, qui provoquent déjà une forte hausse des impayés.

Concernant les mesures de prévention, vous avez annoncé l’achat de deux millions de masques pour les habitants, pouvez-vous nous confirmer cet achat, la date et les modalités de mise à dispositions aux habitants, en lien avec les Communes ?

De même, chacun connaît l’importance et pourtant l’absence des tests, dans les équipements et lieux de travail impactés par l’épidémie comme dans la préparation du déconfinement. Nous demandons que la métropole crée les conditions de tests systématiques des personnels et résidents des EHPAD comme des agents de services publics, dont un collègue a été positif.

Concernant les aides économiques, nous rencontrons de nombreux commerçants, artisans, auto-entrepreneurs qui ne rentrent pas dans les critères du Fonds de solidarité nationale. Pouvez-vous préciser les aides possibles et les procédures pour ceux qui en sont exclus ?  Beaucoup de commerçants soulignent que si la pandémie était classée en catastrophe naturelle, les assurances seraient sollicitées.

Nous insistons pour que les bénéficiaires du RSA, qui seraient amenés à travailler, disposent de toutes les protections nécessaires face au COVID (masques, tenues, …) et que la possibilité de les embaucher soit réservée aux entreprises dont l’activité est indispensable aujourd’hui.

Nous souhaitons des mesures plus ambitieuses quant aux associations qui vont être durablement pénalisées dans leurs rentrées financières. Le soutien aux associations d’insertion est prioritaire et les élus doivent disposer rapidement d’un état des lieux de leur situation et de l’impact financier du confinement sur leurs activité.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, nos salutations distinguées.

Prévention et gestion des déchets…

2020-4152 - Prévention des déchets - Attribution d’une subvention -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, cette délibération est l’occasion d’un commentaire sur le grand écart entre le discours tenu du zéro déchet et la réalité vécue par les habitants de nos Communes.

Si nous voterons cette subvention, nous restons critiques de cette dénomination « zéro déchet ». Non, un déchet n’est pas le diable qu’il faudrait dénoncer. Le déchet est consubstantiel à la vie humaine, et la bonne gestion de ces déchets est un apprentissage citoyen aussi bien en camping qu’en jardinage ou en randonnée. Le zéro déchet, au-delà d’un cas d’étude abstrait, ne répond à aucune réalité sociale ou économique actuelle. Ce n’est pas parce que quelques-uns peuvent vivre en générant 100 fois moins de déchets que la moyenne des habitants que cela devient un objectif politique légitime.

Nous avions un objectif de réduction de 15 % à partir d’un niveau plutôt correct par rapport à d’autres métropoles, mais qui reste élevé et, surtout, qui s’est dégradé ces deux dernières années. C’est cela le défi auquel nous sommes confrontés et qui a conduit à la feuille de route du tri des déchets délibérée en 2018, dont les premières actions ont donné des résultats en 2019 mais dont l’effet sur la réduction des déchets par habitant, le niveau et la qualité de la collecte sélective viendront, espérons-le, en 2020.

Donc, nous répétons que l’urgence, ce sont les efforts, d’un côté, pour sanctionner beaucoup plus systématiquement les comportements inciviques -et on ne peut que se satisfaire des débats parlementaires sur la vidéo-verbalisation des dépôts sauvages- ; de l’autre, il faut faire évoluer les comportements d’une majorité d’habitants dans des actions réalistes et non punitives, ne considérant pas, par exemple, qu’il y a nécessairement quelqu’un à la maison prenant le temps de préparer chaque jour un repas sans aucun produit préparé. Je suis le premier à apprécier, parfois, de prendre mon temps dans un joli petit marché provençal pour décider du menu du repas à partir des envies de produits de producteurs mais, le plus souvent en semaine, je privilégie une cuisine rapide et qui consomme donc des marchandises préparées et emballées.

Nous considérons donc que les moyens de la prévention restent insuffisants et nous demanderons, dès le début du prochain mandat, que la feuille de route soit évaluée fin 2020 pour que ses moyens soient adaptés pour tenir l’objectif de 15 % de réduction.

Il est, d’ailleurs, frappant de constater que nous avons mis en œuvre l’extension des consignes de tri sans aucune campagne de communication, sans pratiquement aucune information des habitants, à tel point que, pour la plupart, on ne sait pas très bien s’il faut appliquer les nouvelles règles ou les anciennes. On m’a dit en commission que nos centres de tri étaient tous opérationnels pour accepter tous les plastiques, mais je n’en étais pas sûr… Que peuvent bien en penser la majorité des habitants ?

De même, nous sommes interrogatifs sur la qualité de service actuelle à partir de nombreux témoignages de difficultés de collecte, notamment dans les quartiers populaires mais, sans doute, pas seulement. Pouvons-nous avoir un indicateur régulier sur le nombre de points de collecte non collectées par quartier et les raisons et actions mises en œuvre pour y remédier ?

Oui, vraiment, au lieu de parler d’une société de zéro déchet qui n’existe pas, nous devrions être beaucoup plus concentrés sur les moyens de la prévention et de la qualité de la collecte.

Je vous remercie.

Une concession gaz du service public…

2020-4135 - Contrat de concession de distribution de gaz pour le territoire de la Ville de Lyon -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, ce contrat de concession concerne la Ville de Lyon, mais a fait l’objet d’un travail conjoint avec le SIGERLy qui adopte le même contrat pour l’ensemble des Communes du syndicat, donc les autres Communes de la métropole.

Cela nous conduit à une première remarque. Vous aviez tous refusé les amendements du groupe Communiste lors du débat sur le Pacte de cohérence métropolitain, notamment ceux concernant les compétences « Énergie » de la Métropole. Pourtant, cette délibération démontre qu’on peut exercer une compétence de manière partenariale avec un syndicat intercommunal. Ce sera un des sujets à reprendre pour le prochain Pacte de cohérence et, nous l’espérons, avec une majorité moins arc-boutée sur une réponse centraliste et technocratique, plus ouverte à une gouvernance donnant une réelle place aux Communes et à leurs éventuels syndicats.

Ce travail conjoint avec le SIGERLy a permis d’avancer vers une plus grande transparence de la gestion de cette concession… sur le patrimoine, son entretien, le programme d’investissement notamment…

Nous notons, cependant, que dans ces négociations, une question a souvent été posée -reprise d’ailleurs dans ce Conseil par plusieurs interventions- sur les conditions de sortie de contrat et notamment, comme l’évoque la délibération, en cas de fin du monopole. C’est encore plus fortement le cas, d’ailleurs, pour les concessions de réseaux électriques que nous aborderons dans le prochain mandat et qui font saliver tous les promoteurs de la privatisation et la dérèglementation du secteur de l’énergie.

Gérard Claisse a bien précisé en commission qu’il était un défenseur du service public et qu’il ne s’agissait pas du tout, dans ces négociations, de le mettre en cause. Force est de constater que c’est bien, pourtant, cette éventualité qui a fait l’objet d’un désaccord avec GRDF, noté dans cette délibération sur la gestion des biens de la concession en fin de contrat.

Nous savons tous que certains, ici, voudraient considérer une concession comme une entreprise privée dont la rentabilité et la valeur peuvent faire l’objet d’une mise en concurrence. C’est la question des provisions accumulées dans ces concessions et que le girondisme de France urbaine voudrait bien s’approprier. Nous considérons, au contraire, que la péréquation nationale est au cœur du service public et que la transparence dans la gestion des investissements de concession doit se faire dans le respect du principe d’unicité du service public national. Donc, non, cher Gérard Claisse, une concession n’est pas une Délégation de service public à une entreprise privée mise en concurrence.

Nous voterons cette délibération pour la qualité du travail sur la transparence, tout en gardant notre réserve sur toute tentative d’aller vers la remise en cause de ce qui reste du monopole du service public.

Je vous remercie.

Protection des espaces agricoles et développement urbain !

2019-4007 - Lissieu + Poleymieux au Mont d'Or - Création d'une extension du périmètre de Protection des espaces naturels et agricoles périurbains (PENAP) -

M. le Conseiller MILLET : Brièvement, nous soutenons bien entendu les démarches de PENAP pour protéger des zones agricoles de la pression urbaine, et nous pensons que cela doit se faire avec les agriculteurs qui sont les premiers concernés, et qu’il faut porter attention à leurs propres besoins éventuels. Un PENAP peut interdire à un agriculteur de construire une grange, donc il faut porter une attention fine aux périmètres.

Mais nous nous interrogeons sur ces deux délibérations, qui inscrivent en PENAP une très grande part des surfaces de ces deux Communes : plus d’un tiers pour Lissieu, les deux tiers pour Poleymieux. Je ne doute pas que le Maire de Poleymieux, par ailleurs Conseillère déléguée de notre Métropole au logement social, aura pris soin de mesurer l’impact de cette mesure sur le potentiel foncier de ces Communes pour répondre aux objectifs de construction de logements, dont les logements sociaux de la Métropole.

À Poleymieux, il y a 22 logements sociaux sur 429 logements, soit 5,1 % et à Lissieu, 53 sur 1 324, soit 4 %. Nous espérons que des projets sont prévus pour construire les 85 logements nécessaires à Poleymieux et les 260, à Lissieu, pour atteindre les 25 %. Je rassure les deux Maires… personne ne pense à monter en étage mais, plutôt, à du logement bien intégré dans l’histoire urbaine… autrement dit de la maison de ville ou du petit R+1… autrement dit un potentiel foncier nécessaire…

En l’absence de toute réponse à cette interrogation en commission, nous nous abstiendrons sur cette délibération.

Pour une politique climatique radicalement de Gauche !

2019-4006 - Adoption du Plan climat air énergie territorial (PCAET) - Demande du label Cit'ergie -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, ce Plan climat-air-énergie territorial est un énorme travail faisant suite à de nombreux échanges avec de nombreux partenaires et dans les ateliers Climat… Il propose un plan de 200 actions et un tableau de bord de 190 indicateurs. Nous avions souhaité une mutualisation de ces indicateurs avec les Communes, pour un suivi partagé avec des données territorialisées à la maille des Communes. Voilà un exemple de compétences articulées entre Métropole et Commune qui pourrait être repris dans un Pacte de cohérence métropolitain d’une métropole des Communes.

Mais, comment rendre lisible aux citoyens cet énorme document… 100 pages pour la Métropole… 160 pour les partenaires… une évaluation sur 160 pages… et encore 170 pages issues du débat public… ? Aux citoyens, comme aux élus qui doivent se prononcer dans ce Conseil ! Comparons avec le vote d’un budget, qui concerne toutes les politiques publiques et compile donc aussi un travail très transversal, mais avec des éléments synthétiques qui peuvent fonder la décision politique. Pour ce plan Climat, quels sont les éléments clés qui justifient un vote ?

Ce n’est pas une question rhétorique, mais totalement politique et pratique. D’ailleurs, la participation se limite à 192 avis, concentrés fortement sur la régulation de la mobilité automobile, et, entre 40 et 110 personnes, dans les ateliers thématiques.

J’ose une comparaison surprenante. Le 7° Congrès du parti Communiste cubain, en 2016, a été marqué par 704 643 participants ayant proposé 95 482 modifications du projet de texte… Cuba, c’est neuf fois la métropole de Lyon. Pour avoir le même niveau de citoyenneté, on devrait dépasser 10 000 avis pour ce plan Climat !

Il est vrai que la rédaction des textes est très différente. Un Projet de loi cubaine mis en débat est toujours tourné vers l’action concrète dans laquelle chacun peut se retrouver. Nos lois votées au Parlement sont illisibles pour le citoyen. Nos plans, ou schémas directeurs, sont rédigés par des experts pour des sachants…

Pour une véritable appropriation citoyenne de ce plan, il faut le tourner plus fortement vers l’action concrète : celle que le citoyen peut discuter, soutenir, vérifier ; celle qui permet le débat politique en éclairant les alternatives. C’est la principale faiblesse de ce plan, le supposé consensus sur l’action pour le climat.

Venons-en aux grands objectifs de l’annexe 2 et le détail quantifié, une page essentielle pour comprendre le contenu politique de ce plan. C’est bien sur ces objectifs que le débat politique peut réapparaître, alors qu’il est masqué dans la présentation.

En premier lieu, une baisse de 30 % de consommations énergétiques en 2030, et même de 63 % en 2050. Il est vrai que le discours de l’autonomie et de la neutralité carbone oblige à en rajouter, comme si la neutralité carbone globale était un enjeu local. Le GIEC nous dit, pourtant, que c’est d’abord l’enjeu de la sortie de l’électricité fossile, condition d’une mobilité électrique décarbonée. Donc, non, l’échec de la COP25 ne doit pas conduire à se concentrer sur les collectivités mais, au contraire, à interpeller plus fortement les États. Je propose, d’ailleurs, aux marcheurs pour le climat de peser d’abord sur l’Allemagne et la Pologne, qui sont les principaux producteurs européens d’électricité carbonée. Si, en 2030, la France réduisait de moitié la part du nucléaire dans l’électricité, alors nos émissions augmenteraient car il faudrait développer le gaz, en complément des intermittentes.

En 2030, 38 % des réductions estimées viendront du logement et 30 %, de l’industrie. Pour le logement, nous connaissons bien les besoins de financement nécessaires. Même le renforcement annoncé de la politique Écoréno’v ne représente que la moitié de cet effort. Nous savons tous la difficulté de décisions de copropriété, de même que la fragilité des bailleurs sociaux pour assurer la rénovation de leur parc. Les politiques nationales ne permettent pas le financement nécessaire à l’atteinte de ces résultats pour le logement.

Pour les entreprises, la baisse de 20 % depuis 2000 est, d’abord, le résultat des pertes d’activités productrices. Une étude de l’INSEE évalue la baisse de l’intensité énergétique industrielle de 11 % en France, entre 2001 et 2012, résultat, d’abord, d’une baisse de même ordre de la production industrielle. Alors, quel modèle économique de l’agglomération lyonnaise en 2050 ? Quelle place pour la production ? Le Vice Président Bruno Charles a raison de souligner l’importance des importations d’émissions car, si on ne produit plus rien dans la métropole, certes on a besoin de moins d’énergie mais on importe tout, l’énergie comme les émissions !

D’autre part, le plan prévoit la rénovation énergétique de 75 % des grands bâtiments en 2030, entre autres, donc, mairies, médiathèques, théâtres, … Nous connaissons tous les réalités budgétaires des collectivités locales, qui rendent cet objectif totalement irréaliste en-dehors d’une autre politique nationale. Et il ne suffira pas d’un décret affirmant que les gains énergétiques seront supérieurs aux charges des investissements pour résoudre le problème. Nous savons que c’est totalement mensonger ! Prenons un exemple illustratif : qui va mettre 50M€ dans la Bourse du travail de Lyon ?

En deuxième lieu, la production d’énergie renouvelable… l’effort principal étant porté sur le bois-énergie, qui représenterait presque la moitié de l’effort global, avec un doublement de la capacité après 2021 mais nous n’avons, dans aucun contrat de réseau de chaleur, un début de traduction de cette ambition ! Quant aux énergies fatales, il faudrait faire vingt fois plus en 2030 qu’aujourd’hui mais nous n’avons, pour l’instant, que des intentions ou des études amont sur cet enjeu, pourtant, bien territorial ! Quant à multiplier par dix la production photovoltaïque, comment assurons-nous la continuité de service d’une telle capacité intermittente autrement que par de l’énergie fossile ? Sans solution de stockage, tout investissement électrique renouvelable suppose la même capacité en gaz pour assurer cette continuité. L’ambition de multiplier par douze le biogaz en 2030 et par vingt, en 2050 -ambition qui semble déjà énorme au regard des premières expériences connues-, ne couvrirait pourtant que la moitié du photovoltaïque prévu. Aucun projet concernant le stockage, alors que c’est le défi principal de l’électricité renouvelable. Nous avons raté l’opportunité du lien avec l’hydrogène dans le projet solaire de la Vallée de la chimie !

Ensuite, pour les mobilités, comment en rester au cadre étriqué du PDU actuel qui propose de ralentir la progression des transports en commun ! Le contraire de ce qu’il faudrait faire ! Rappelons que le PDU propose d’augmenter la part des transports en commun de trois points seulement en quinze ans, alors qu’il avait augmenté de quatre points en neuf ans de 2006 à 2015. Mais, bien sûr, pour les anti électricité -qui sont légion dans les supporters des scénarios de type negawatt-, si on doublait la capacité de transports en commun, on augmenterait fortement la consommation d’électricité, contradictoire avec ce choix totalement idéologique de la réduire.

Enfin, quand on parle de la ville végétalisée, on passe sous silence le défi auquel nous sommes tous confrontés : la mortalité en forte hausse des arbres. Le plan nous propose 300 000 arbres supplémentaires, mais nous sommes tous confrontés aux mêmes difficultés : 3 000 arbres perdus au parc de Parilly, 300 à Vénissieux, … Je n’ai pas les chiffres pour les arbres d’alignement. Il y a là le besoin d’actions mutualisées pour faire évoluer les espèces plantées mais aussi la gestion de l’eau, en lien avec les plantations, et l’étude d’une autre approche réglementaires des interdictions d’arrosage car, si nous laissons mourir des arbres, nous ne favorisons pas, justement, la ville adaptée aux canicules.

Au total, un énorme travail qui est reconnu dans l’évaluation Cit’ergie mais qui souffre de la pression médiatique pour un faux consensus sur le climat. Non, l’urgence climatique ne doit pas conduire à rejeter le clivage Gauche-Droite, à se concentrer sur les écogestes pour masquer les choix de société, à donner la parole aux seules couches aisées urbaines en effaçant les énormes besoins sociaux et de services publics. Oui, il y a des alternatives politiques autour du climat : laisser faire le marché en tentant de le réguler par des taxes ou reconstruire de grands services publics de l’énergie, de l’eau, des transports, … en nationalisant les grands groupes pour organiser des politiques publiques volontaristes associant les citoyens. Voilà ce qui manque, cher Bruno, à ce plan climat territorial : le choix d’une politique environnementale radicalement de Gauche, celle que portent les élus Communistes et Insoumis.

Je vous remercie.

Le service public des déchets et la réduction des déchets !

2019-4005 - Rapport 2018 sur le prix et la qualité du service public de prévention et de gestion des déchets ménagers et assimilés -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, ce rapport annuel de la qualité du service public des déchets est l’occasion d’un débat sur une des premières missions d’intérêt général de la ville, celle qu’a inauguré le Préfet Poubelle, inventeur parisien en 1883 de la boîte à ordures qui porte, désormais, son nom. En 1975, une première loi sur la gestion des déchets sera progressivement enrichie dans le « Code de l’environnement » devenu, depuis, un outil essentiel des politiques urbaines. Les innovations techniques pour recycler, revaloriser, incinérer dans de (très) bonnes conditions environnementales vont se succéder et nous sommes dans un environnement totalement différent. Nous maîtrisons mieux le cycle des déchets en réduisant très fortement leur impact sanitaire sur notre environnement… Il vaut mieux vivre à côté d’un incinérateur de Lyon en 2018 qu’à côté d’une des innombrables décharges non contrôlées du siècle dernier !

Mais, les sciences et techniques ne peuvent rien sans les pratiques et les usages des citoyens ! Le géographe Jean Gouhier formalise, en 1985, la rudologie -« l’étude des déchets, des rejets et des marges des systèmes économiques et sociaux (de rudus = décombres et de logos = science) »-. Et, à la formule proposée « Le meilleur déchet est celui qui n’existe pas »,  je préfère son aphorisme rudologue « Là où l’Institution passe, l’ordure trépasse et la rose peut s’épanouir », qui fait le lien entre les politiques publiques, les déchets et la qualité du cadre de vie.

Car, c’est le cycle production/consommation/valorisation qui est le vrai enjeu de la gestion des déchets et qui nécessite un débat public sur nos consommations, nos pratiques, les modes de production et de distribution pour aller, réellement, vers une économie circulaire, qui considère le déchet non comme une anomalie à supprimer mais comme une richesse à (re)valoriser, une matière qui doit être considérée comme le départ d’un nouveau cycle.

Il faut alors, évidemment, viser la réduction des déchets évitables -donc, zéro gaspillage- mais, surtout, pousser l’ensemble des acteurs de la consommation à s’interroger sur la valeur économique de nos consommations, en lien avec leur valeur d’usage…

Depuis plusieurs années, nous affichons un objectif ambitieux de réduction des déchets et nous menons des politiques publiques affirmées. Mais, depuis trois ans, les résultats ne sont pas au rendez-vous et ce rapport 2018 le confirme, avec une légère hausse de 0,8 % et un indice de réduction, depuis 2010, qui stagne à – 4,5 % en huit ans, alors que la loi nous demande une réduction de 10 % en 2020 (donc, dans deux rapports annuels).

Certes, nous avons décidé cette année d’un plan d’action, dont la multiplication des composteurs ou l’extension des consignes de tri, qui sera opérationnelle en janvier prochain. Mais, les résultats ne seront pas mesurables avant le rapport 2020, autant dire que nous n’aurons pas atteint l’objectif. Rappelons que notre plan local de prévention avait fixé un objectif de 1,5 % par an, et que certains demandaient d’aller plus loin.

On connaît les potentiels de réduction estimés dans ce plan de prévention, que ce soit pour les compostables ou pour les emballages, mais les résultats devraient nous conduire à réévaluer les objectifs et le plan d’action. Nous répétons que le discours du « zéro déchet », conduisant au « zéro emballage », est contre-productif. C’est bien le discours du « zéro gaspillage » et, donc, du « zéro non recyclable » qui peut conduire à renverser le regard de l’habitant sur le déchet, en cessant de la considérer comme un mal à supprimer mais comme une richesse à préserver et valoriser.

Personnellement, quand je fais un cadeau, je prends le temps d’un bel emballage. C’est une forme de politesse, de gentillesse. Ce n’est pas un gros mot ! Quand j’achète des légumes, je ne souhaite pas les transporter sans protection, et je ne suis pas dans un village où je vais à pied à l’épicerie voisine pour un petit achat mais dans une grande agglomération où mes trajets sont mutualisés entre diverses activités. L’emballage est donc nécessaire et, comme pour les couches lavables, je considère que le jetable n’est pas un délit, s’il est correctement collecté et recyclé ou incinéré.

Nous pensons que la bataille citoyenne pour la prévention des déchets doit se faire non pas pour la petite minorité qui fait le choix d’un mode de vie alternatif supprimant tout emballage ou comme le montrait une famille, du Défi familles à énergie positif, qui réutilisait quatre fois son eau -depuis le lavage de la salade jusqu’à la réutilisation aux toilettes-. Non, nos efforts doivent être d’abord tournés vers la réduction des comportements sanctionnables et vers les efforts pour la qualité de la collecte sélective, qui est le premier facteur accessible à la grande majorité des habitants et qui transforme profondément leur rapport aux déchets.

Je vous remercie.

Une concession d’un réseau électrique, qui est un service public !

2019-3999 - Rapport des délégataires de services publics - Activité de distribution publique d'électricité et de fourniture d'électricité aux tarifs réglementés sur le territoire de la Ville de Lyon par les sociétés Enedis et EDF - Exercice 2018 -

M. le Conseiller MILLET : Cette délibération porte sur la concession de distribution d’électricité pour la Ville de Lyon, compétence qui a été transférée de la Ville de Lyon à la Métropole par la loi MAPTAM, sachant que les autres Communes de la métropole qui avaient transféré leur compétence au SIGERLy sont toujours suivies par le SIGERLy.

Cette situation atypique est un des résultats de cette loi MAPTAM, qui était le résultat d’un « en même temps » de Gauche et de Droite puisqu’elle faisait la synthèse entre Sarkozy et Hollande, portée par le duo Mercier-Collomb. Cette loi dont personne ne veut, en-dehors de Lyon, a multiplié les incohérences comme celle-ci.

Cela dit, nous ne nous trompons pas de débat. L’enjeu est bien la transparence d’un service public national. Nous ne partageons pas l’avis de la CCSPL qui demande, en quelque sorte, que la Métropole s’occupe de tout. Non, cette loi MAPTAM était mauvaise et il faudra y revenir pour reconstruire la place des Communes dans la métropole ! Non, les réseaux de distribution restent un service public national dont les Communes ont la propriété et dont elles confient la gestion à ERDF, devenu Enedis !

Certains voudraient que la concession soit organisée comme une entreprise dédiée, dont on pourrait connaître l’ensemble des coûts, alors que toute l’histoire du service public est, au contraire, d’assurer sa solidarité nationale et une gestion globale mutualisant les coûts à grande échelle. Les mêmes s’interrogent sur la péréquation nationale qui -« Horreur », pour eux- ferait participer la concession de la Métropole à la solidarité nationale. Ceux qui demandent que les provisions pour travaux constituées par Enedis soient remises, en fin de concession, aux collectivités s’inscrivent dans la privatisation de l’ancien service public de l’électricité qu’était EDF et prépare la privatisation du réseau de distribution, ce qui reste du service public.

Nous réaffirmons, au contraire, la nécessité de reconquérir le service public national de l’électricité et, comme pour d’autres sujets, nous défendons une politique d’aménagement qui sorte de la concurrence entre territoires.

Un rapport annuel loin des préoccupations des habitants !

2019-3980 - Rapport développement durable de la Métropole de Lyon - 2019 -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, ce rapport ressemble beaucoup à celui des deux dernières années, et vous ne serez pas étonnés que notre intervention reprenne, elle aussi, celles des années précédentes. Avec, peut-être, une forme d’exaspération devant cette capacité du discours politique à toujours construire des masques sur la réalité.

On sait que Macron avait engagé sa campagne présidentielle avec un livre au titre provocateur, Révolution… un peu comme une grande marque mondialisée avait recyclé l’image de Lénine… un peu comme ce rapport nous parle d’un développement durable…

Dès 2011, nous disions : « S’il faut évidemment valoriser les succès et les avancées, il est donc indispensable d’identifier les freins et les limites, ce qui fait défaut dans le rapport ».

En 2012, nous demandions une réflexion critique de l’exécutif.

En 2014, je répétais que ce rapport « passe sous silence les limites, les contradictions que ces actions révèlent et dont la prise en compte conditionne pourtant toute avancée réelle avec les habitants ».

En 2015, je soulignais une nouvelle fois « l’écart entre un discours positiviste et les difficultés connues au concret par l’immense majorité des habitants ».

En 2016, nous dénoncions déjà « Macron rêvant de jeunes devenant milliardaires grâce à la net-économie, pas pour résoudre les problèmes économiques et sociaux mais pour accéder à leurs jets privés… quand les neuf syndicalistes de Goodyear ont droit à neuf mois de prison ferme… » et cette COP21 dont s’extasiait Fabius mais qui était « le comble de ce qu’est devenue la démocratie occidentale… une vaste scène médiatique dont les acteurs se désintéressent de toute vérité… ».

En 2017, je vous proposais de « rêver d’une autre agglomération Lyonnaise ».

Mais en 2018, je constatais qu’il faut bien que la société vous bouscule, comme l’ont fait les Gilets jaunes, pour qu’enfin ce qui a été, pour le Gouvernement, le cauchemar de l’intervention populaire éclaire les contradictions de vos politiques de développement durable.

Oui, car il y a bien une contradiction entre le discours de ce rapport et la réalité d’une métropole inégale, au développement tiré par une attractivité mondialisée au détriment de ses territoires, mettant en concurrence les populations comme les Communes, privilégiant, comme le veut la « macronie », les premiers de cordées à tous les autres -cette majorité des invisibles de vos politiques, de ceux qui ne s’en sortent pas-.

Ils étaient très nombreux dans la rue, le 5 décembre. Sans doute, pas assez encore pour faire reculer le Gouvernement, mais nous espérons qu’ils seront plus nombreux demain et que vous sentirez la puissance du mouvement social quand il bouscule les agendas médiatiques les mieux planifiés.

Nous ne pouvons donc que reprendre des commentaires de l’an passé :

  • Non vous n’avez pas anticipé les évolutions des transitions sociales, économiques et territoriales ! La métropole est toujours celle des ségrégations renforcées, Lyon devenant la ville des cadres et professions libérales. Quant aux rapports entre l’homme et la société, ce qui domine -y compris dans la métropole-, c’est la profondeur de la fracture entre les élites, les institutions, les médias et le peuple !
  • Comment pouvons-nous, cette année encore, devant l’indicateur du nombre d’enfants déscolarisés -1 421 ados de 15 et 16 ans- nous contenter de constater que c’est de 0,12 % inférieur à la situation nationale ?
  • Comment peut-on écrire, cette année encore, que « la question du logement est au cœur des politiques d’aménagement, de cohésion sociale et territoriale » sans faire le lien avec une file d’attente qui a doublé en quelques années, un délai moyen d’attente qui ne cesse d’augmenter et, malgré les efforts de nombreux acteurs, des situations prioritaires, des situations d’urgence toujours plus nombreuses !

Cet observatoire qui, au passage, mériterait d’afficher ses résultats de manière comparative au fil des années, devrait conduire à affirmer des objectifs politiques de réorientation des politiques métropolitaines. Un seul exemple, car nous aurons le débat sur le plan Climat tout à l’heure : nos politiques du logement conduisent à maintenir un taux de logement social de 24 %, qui ne permet pas de répondre à l’augmentation forte de la demande. Nous proposons de doubler l’effort de construction, pour aller vers un taux de 32 % en 2030. Voilà qui donnerait à voir une ambition d’un développement durable pour les habitants.

Je vous remercie.

Qualité de l’air : inégalités et choix politiques !

Bilan 2019 des actions du plan Oxygène -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, tout d’abord, permettez-moi de remercier le vice-président Thierry Philip et les services pour le travail réalisé sur ce plan Oxygène et pour cette Commission générale. Ce qui me conduit à vous rappeler, monsieur le Président, que plusieurs groupes politiques (dont le groupe Communiste et Parti de gauche) vous demandent une Commission générale sur le logement. Certes, c’est un sujet moins médiatique, où il est plus difficile de discourir sans en venir au concret, mais c’est une urgence sociale et politique. C’est, dans mon expérience, le premier sujet sur lequel les habitants interpellent le Maire.

Mais revenons à la qualité de l’air. Nous nous félicitons que ce document répète, encore une fois, ce que le discours médiatique masque le plus souvent : la qualité de l’air s’est amélioré, ces dernières décennies, dans l’agglomération lyonnaise comme, d’ailleurs, presque partout. Cette réalité confirme que les discours du catastrophisme qui nous parlent de l’effondrement qui vient sont non seulement des mensonges mais, surtout, l’effet d’une bataille idéologique qui veut détourner les Français des vrais responsabilités de la crise environnementale, les convaincre que ce sont eux les coupables -ceux qui vivent mal mais doivent accepter des sacrifices-. Or, tous ces discours prétendument écologistes, qui visent à cacher le système économique derrière des choix techniques, n’ont qu’un effet et, pour beaucoup, qu’un but : protéger, justement, ce système économique dominant qui, comme le disait Marx, épuise la terre et le travailleur.

Je vais le dire de manière plus brutale. Ceux qui répètent, sans d’autres explications, « 48 000 morts… 48 000 morts… 48 000 morts… » comme argument justifiant une urgence absolue sont dans le même registre que ceux qui répètent « immigrés… immigrés… immigrés… ». Les deux jouent sur les peurs pour construire une campagne politique qui ne conduit qu’à exaspérer les tensions sociales et à diviser les Français. C’est la même chose quand j’entends dire, dans cette assemblée, « particules ultrafines, particules ultra-dangereuses ».

Redisons-le. À part l’ozone, tous les polluants sont en très forte réduction depuis 2000. Arrondissons les chiffres pour faciliter leur mémorisation : baisses de 80 % pour le soufre, des deux tiers pour le monoxyde de carbone, de la moitié pour les NOx et les poussières, … Oui, nos enfants respirent un air bien meilleur que nous à leur âge !

Et pourtant, il reste beaucoup à faire ! Et pourtant, il y a encore 13 000 habitants au-dessus des seuils réglementaires et 11 % au-dessus des seuils OMS ! Donc, il faut renforcer les politiques publiques -ce que propose ce plan Oxygène-, mais nous affirmons qu’on ne peut le faire sans prendre en compte les inégalités sociales qui sont au cœur des freins à la transformation environnementale des mobilités comme du logement.

La Zone de faible émission est un excellent terrain de démonstration. Rappelons que si les pollutions se moquent bien sûr des limites administratives, l’air propre aussi (comme les nuages et le vent). Très souvent, les Isérois respirent l’air de la raffinerie de Feyzin, le Vercors respire l’ozone fabriqué au-dessus de l’agglomération lyonnaise et les ‎Rilliards, Mr Vincendet, peuvent sentir les zones industrielles de Vénissieux, par vent du sud, ou des pesticides du Beaujolais, par vent d’ouest… mais tous peuvent bénéficier d’un air frais venant d’Auvergne, qui chasse les pollutions par grand vent. Les histoires de l’urbanisme expliquent ainsi cette règle, qui met les zones industrielles à l’est des agglomérations et les quartiers riches à l’ouest. Ceux qui font croire aux Grands Lyonnais qu’il faut être dans la zone ZFE pour en bénéficier les trompent ! Non, la ZFE pousse à la transformation d’un parc de véhicules qui circulent dans toute l’agglomération, ce qui a des effets dans toute l’agglomération. Si la première pollution visée, celle des oxydes d’azote, se concentre autour des axes de circulation, l’artisan qui travaille à Lyon, Vénissieux et Rillieux, et qui change son véhicule, en fera bénéficier les Lyonnais, les Vénissians et les Rilliards, ainsi que tous les riverains du périphérique et des axes de circulation qu’il utilise.

Comme pour toutes les actions destinées à réduire notre impact environnemental, nos décisions doivent donc être basées sur le coût économique et social du résultat environnemental obtenu. C’est ce que nous défendons pour le climat en demandant d’afficher partout le coût de la tonne de carbone évitée. C’est ce que nous défendons pour la qualité de l’air, et qui n’est pas fait pour l’instant. Nous demandons de connaître l’impact sur les artisans et chauffeurs les plus fragiles économiquement, afin d’orienter les aides pour leur plus grande efficacité et éviter tout effet opportuniste.

Nous avons, dans tous les quartiers populaires, des centaines de chauffeurs avec, souvent, de vieux véhicules qui assurent ce dernier kilomètre de la distribution pour les vendeurs en ligne, dont les grands vendeurs mondiaux. Ces chauffeurs posent des problèmes de circulation dans Lyon et des problèmes de stationnement dans la première couronne. Ceux qui proposent d’étendre géographiquement la ZFE, sans jamais évaluer son coût économique et social, portent une terrible responsabilité face aux travailleurs de cette distribution ubérisée, qui sont les premiers contraints par la ZFE.

C’est, bien sûr, la même chose pour la circulation différenciée, qui ne tient pas compte des inégalités sociales. Si elle permet de réduire la circulation, donc les émissions polluantes… qui a moins circulé ? … qui a été empêché de circuler ? … Vous le savez bien… pas les gros SUV hybrides rechargeables des premiers de cordée lyonnais ! … pas les nouveaux véhicules électriques haut de gamme à plus de 50 000€ ! … et même pas les véhicules électriques de milieu de gamme, qui coûtent 10 000€ de plus que leurs équivalents thermiques ! … Non, ceux qui ont permis cette baisse de circulation sont d’abord les familles populaires avec des véhicules de plus de 10 ans, souvent diesel. Même les aides, qui semblent importantes, ne suffisent pas à un smicard pour changer de véhicule. Et, au passage, pourquoi pas alors une interdiction totale de circulation qui aurait un effet encore plus important et, cette fois, égalitaire ?

Non, nous savons tous que l’enjeu de la qualité de l’air est la pollution de fond toute l’année, et non pas les pics. C’est pourquoi nous répétons l’urgence de réouvrir le dossier du PDU. Le groupe Communiste et Parti de gauche était le seul à le demander, depuis deux ans. Nous sommes heureux que la campagne électorale conduise certains à nous rejoindre, et nous en profitons pour insister sur l’urgence de proposer un autre avenir au boulevard périphérique que celui du modèle parisien… inventer une mobilité circulaire en transport en commun… des liaisons rail cadencées avec toutes les villes de l’aire urbaine, et même de la région, pour réduire les flux pendulaires entrants dans l’agglomération…

C’est aussi la vraie réponse à la question de la vitesse sur le périphérique, dont le bilan nous dit que l’effet est très variable en fonction de la météo et des événements de circulation. Aux heures de pointe, ce n’est pas, bien sûr, la vitesse qui est polluante mais la densité de voitures -une question fondamentale pour la place du périphérique dans un PDU à réinventer-.

Reste à souligner que les résultats du [R] Challenge nous semble bien faibles pour l’instant. Nous insistons pour relancer le projet de réseau de capteurs citoyens, qui va finir par se construire sans la métropole si nous ne mettons pas plus de moyens sur cette action. Elle est importante, justement, pour faire le lien entre le citoyen et l’action publique, favoriser l’éducation populaire à cet enjeu du climat non par de la communication mais par l’action citoyenne.

En conclusion, nous ne pouvons que nous féliciter d’avoir obtenu de nouvelles aides de la Région et de l’ADEME, ce qui nous permet de renforcer les actions en cours. Mais, si cela nous conduira sans doute à poursuivre les bons résultats environnementaux et à améliorer encore plus la qualité de l’air pour les habitants, cela n’aidera pas à faire reculer les inégalités sociales dans les mobilités et le logement.

De fait, il n’y a pas d’écologie possible sans s’attaquer au système économique, au capitalisme. Quand l’écologie n’est ni de Gauche ni de Droite ou à Gauche et à Droite « en même temps », elle est une impasse et conduit au renoncement, comme le départ de Nicolas Hulot. Non, l’environnement et la qualité de l’air sont des exigences de l’intérêt général, des besoins publics non marchands : ils relèvent d’une politique de service public. Comme pour les retraites, ils ont besoin du rassemblement des forces progressistes, des forces de transformation sociales.

Je vous remercie.

Pour un arrêt de l’usage des pesticides sur le territoire de la Métropole de Lyon !

Prise de parole sur le vœu déposé par Europe Écologie - Les Verts et apparentés -

M. le Conseiller MILLET : Le vœu présenté ce soir reprend celui reporté du précédent Conseil, en remplaçant « arrêté d’interdiction » par « démarche volontariste de suppression de l’usage… » tout en interpellant l’État et en évoquant l’accompagnement des agriculteurs. C’est une bonne chose.

D’abord, parce qu’un arrêté d’interdiction des pesticides par une collectivité locale n’a pas une grande valeur juridique et, surtout, pas une valeur citoyenne de mobilisation sur les questions concrètes de la transition agricole comme du rapport à la nature dans les espaces urbains. Il favorise, au contraire, une médiatisation simplificatrice qui permet toutes les manipulations politiciennes.

C’est pourquoi le Conseil municipal de Vénissieux a voté un vœu qui évoquait non pas une interdiction mais les actions concrètes auprès des utilisateurs pour aller vers le zéro phyto partout, avec la proposition d’un groupe de travail intercommunal Feyzin, Corbas et Vénissieux pour un dialogue réel avec les agriculteurs des Grandes terres. Nous comprenons, en effet, la réaction de notre collègue Thierry Butin, agriculteur lui-même, qui dénonce avec force ce qu’il ressent comme de l’ « agribashing ».

Pour l’agriculture, l’enjeu est non pas d’affirmer par principe que toute l’agriculture doit devenir bio par décision administrative mais de financer la transition pour la sortie de l’agrochimie, en s’appuyant d’abord sur les agriculteurs eux-mêmes. Il faut, d’ailleurs, avoir le souci de tous les impacts environnementaux de l’agriculture, y compris de l’ambroisie et des plantes allergisantes que certains agriculteurs bio refusent de prendre en compte.

Pour les Communes urbaines, qui ont toutes supprimé les pesticides dans les espaces publics -parfois, depuis longtemps (les années 90 à Vénissieux)-, il y a un énorme travail à faire avec les bailleurs et syndics pour faire des espaces verts résidentiels une occasion de faire sa place à la biodiversité, au compostage, au jardinage. Avec les particuliers, il faut renforcer une politique de sensibilisation et d’accompagnement aux pratiques de jardinages sans pesticides. Il faut un vrai dialogue avec les sportifs pour trouver la bonne solution concrète de gestion des terrains, et je ne sais pas si le mieux est de contrôler drastiquement un très faible usage de pesticides ou de pousser à la généralisation des terrains synthétiques ! Enfin, il ne faut pas oublier le premier consommateur de pesticides en France, la SNCF, à qui nous reprochons souvent de ne pas entretenir correctement ses voies ferrées et nombreux délaissés !

Voilà les questions concrètes qui doivent guider une politique de sortie des pesticides !