Archives de catégorie : Urbanisme et Construction

Quartier à vivre… du vivre ensemble… vraiment ?

N° 2015-0917 à N° 2015-0919 - Lyon 3° - Projet Lyon Part-Dieu -

M. le Conseiller BRAVO : Monsieur le Président, mesdames et messieurs les Vice-Présidents et chers collègues, voici donc le lancement tant attendu de la fusée Skyline pour gagner les cieux et pourquoi pas les étoiles, celles de l’Europe bien sûr, puisque ce projet doit faire rayonner Lyon et la Part-Dieu aussi loin que possible, au-delà des frontières, pour le rayonnement et la grandeur de Lyon. C’est sûr, c’est bien de la hauteur que vient le vertige !

Si l’on peut convenir de l’évidente nécessité de renouvellement du quartier de la Part-Dieu, de sa gare, des espaces, de la construction de logements et de surfaces tertiaires, est-il pour autant impératif de bâtir l’hypercentre dans une vision dogmatique de la verticalité, concentré en un seul point ? Cette vision de l’urbanisme n’a rien d’un quartier à vivre ni même du vivre ensemble. Il est la conjugaison des desiderata de grands trusts avides de surfaces bon marché pour leurs transferts d’activités et d’effectifs et de grands groupes de construction non moins avides de projets juteux.

Le déroulement de la concertation que vous louez aujourd’hui en est un signe : d’abord rallongée à la suite de l’avis de la commission d’enquête qui remarqua le manque de concertation, pourtant demandée par nombre d’habitants, puis les études d’impact rendues publiques mi-septembre pour une concertation commencée en janvier et achevée fin octobre 2015 ; là où les services de l’État, des professionnels, ont mis deux mois pour se faire un avis, la population devrait pouvoir le faire en seulement un mois et demi.

Ce manque de transparence et de débat avec les habitants manifeste la volonté d’aller vite sur un dossier qui devrait plutôt être posé et partagé : posé car il n’en va pas seulement de la Part-Dieu et de Lyon mais de toute l’agglomération ; les mouvements de flux et reflux pendulaires n’en seront que l’une des conséquences, avec la concentration de transports en commun entraînant des transits importants d’habitants d’autres quartiers, accroissant l’effet de masse et de centre déshumanisé. Partagé car il en va de la qualité de vie de tous, habitants, travailleurs, commerçants, tout cela pour des décennies.

Sur le fond de ce projet, si la Part-Dieu souffre d’une part résidentielle réduite, le projet Part-Dieu, dans son ensemble, renforce ce manque par l’insuffisance de logements : moins de 20 % des surfaces totales construites le seront pour les logements.

Le projet est très insuffisant en équipements collectifs publics, sportifs, associatifs qui produisent le lien social indispensable à une ville humaine. Quant aux espaces verts, ils sont tout juste pris en compte par un programme de végétalisation bien loin du besoin des habitants. Le quartier à vivre affiché doit être une réalité et il faut, pour cela, penser le vivre ensemble. Au lieu de cela, c’est essentiellement un projet monofonction avec lequel nous sommes en désaccord.

Or, un autre projet pour la Part-Dieu et l’agglomération est possible, en répartissant les constructions de bureaux de façon plus harmonieuse et équitable dans l’agglomération, en repensant les axes de transports en commun forts en périphérie et refondant le pôle d’échanges multimodal, en offrant des services diversifiés d’équipements publics qui ne se traduisent pas seulement par l’agrandissement des surfaces de commerces. La densification n’impliquant pas forcément la concentration, on améliorerait ainsi la qualité de vie de tous les habitants de l’agglomération et de tous les salariés.

Nous voterons naturellement contre ce dossier.

Je vous remercie.

Enfin, l’aménagement du site du Puisoz va se réaliser !

N° 2015-0640 - Vénissieux - Puisoz -

M. LE PRÉSIDENT : Madame la Conseillère Peytavin a été désignée comme rapporteur du dossier numéro 2015-0640. Madame Peytavin, vous avez la parole.

Mme la Conseillère PEYTAVIN, rapporteur : Nous arrivons à la fin de notre Conseil et je dirai que c’est le meilleur qui arrive à la fin !

Il s’agit donc du dossier du Puisoz -comme vous avez pu le lire- pour la partie travaux d’accessibilité. Il s’agira donc d’approuver le programme de maîtrise d’œuvre, d’approuver donc une convention de maîtrise d’ouvrage unique avec la Ville de Vénissieux concernant l’éclairage public, bien évidemment sur Vénissieux et ensuite une individualisation partielle d’autorisation de programme. Donc la commission a émis un avis favorable à ce rapport.

J’interviendrai ensuite puisque nous prenons la parole.

M. LE PRÉSIDENT : Merci bien. Du coup, qui intervient ? Ah, vous-même ! Donc d’accord, allez-y, intervenez !

Mme la Conseillère PEYTAVIN : J’attendais que vous me donniez la parole, monsieur le Président.

M. LE PRÉSIDENT : Allez-y !

Mme la Conseillère PEYTAVIN : Monsieur le Président, mesdames et messieurs les Conseillers, je dirai enfin ! Enfin, l’aménagement du site du Puisoz va se réaliser ! Après des décennies d’attente, l’aménagement de ce site de 20 hectares en bordure du périphérique est enfin sur les rails ! L’opération vise à donner naissance à un nouveau quartier intégrant un pôle commercial où voisineront notamment les magasins IKEA et Leroy Merlin. Voilà une trentaine d’années que les projets se succédaient sur ce site sans jamais aboutir. Mais, cette fois, l’aménagement de cette réserve foncière située à l’entrée de notre commune, le long du périphérique, va enfin démarrer !

Conformément au souhait de la municipalité de Vénissieux, l’aménagement du Puisoz ne se résumera pas à la réalisation d’une énième zone commerciale. C’est un nouveau « morceau de ville » qui doit voir le jour. En ambitionnant d’intégrer un pôle commercial d’envergure au sein d’un tissu urbain, l’opération dite « Puisoz », dont le bouclage est annoncé à l’horizon 2025, affiche une spécificité qui relève d’un challenge pour Vénissieux mais aussi pour Lyon 8° et aussi pour l’agglomération.

Il s’agit d’un projet différent, qui s’intègre bien sûr dans les enjeux du Schéma de cohérence territoriale (SCOT). Un projet d’aménagement qui représente une opportunité de développement pour notre Commune : avec une porte d’entrée visible maintenant, entrée nord de la ville, elle va nous permettre de réaliser une « agrafe urbaine » entre Vénissieux, Lyon 8°, le parc de Parilly et le pôle multimodal de Parilly.

Un projet à moyen terme et long terme : la date de 2019 pour la première phase de livraison des magasins Leroy Merlin et IKEA et les aménagements nécessaires (mails, voiries, plantations entre le métro et le tramway) et on se projette ensuite à l’horizon 2025 pour la réalisation de l’ensemble du projet. À terme, environ 2 000 habitants et 2 500 emplois (dont 1 000 pour les commerces, y compris le transfert des personnels des magasins existants à Saint Priest).

Le jeudi 3 septembre s’est tenue à l’Hôtel de Ville de Vénissieux une réunion publique pour une présentation du projet d’aménagement du Puisoz, en présence bien sûr de Michèle Picard, Maire de Vénissieux et des élus de Vénissieux, de monsieur Michel Le Faou, Vice-Président de la Métropole et de Thierry Roche, architecte et urbaniste. Les habitants ont répondu présent : plus de deux cents Vénissians se sont déplacés afin de partager avec les élus et les techniciens leurs questionnements mais aussi leurs inquiétudes. Dans le nombre de remarques formulées, on constate un équilibre entre les commentaires positifs mentionnant parfois quelques inquiétudes mais soutenant le projet du Puisoz et bien sûr d’autres commentaires plus hostiles. Ce qu’il en ressort globalement, je vais le développer sur trois points :

1° – Une volonté des habitants de faire naître un quartier vivant dans un cadre de vie apaisé. Nombre de commentaires soulignent « le beau projet » qu’est le Puisoz, avec une programmation mixte intéressante qui n’est pas simplement une zone commerciale. La présence prévue d’espaces publics de qualité, d’une qualité paysagère supérieure par rapport aux centres commerciaux classiques, la prise en compte des modes doux permettront de donner un nouveau visage à la ville et de renforcer sa place au cœur de la Métropole. La volonté affichée est celle d’un quartier équilibré au cœur du Puisoz. Les habitants du quartier de Parilly sont également mobilisés en faveur d’une intégration de leurs problématiques quotidiennes au projet, à savoir liaisons en modes doux et ouverture vers les commerces de proximité du Puisoz qui manquent donc sur le quartier de Parilly.

2° – Mais aussi une inquiétude, qui se cristallise sur les flux de circulation automobile sur les voies d’accès, sur la circulation autour des places et des ronds-points, sur l’engorgement du boulevard Joliot-Curie et, bien sûr, du périphérique.

3° – Une demande forte des habitants d’être impliqués dans la concertation et associés à l’avancement du projet.

Aujourd’hui -comme je l’ai dit tout à l’heure-, nous allons délibérer sur l’approbation du programme de maîtrise d’œuvre, d’une convention de maîtrise d’ouvrage unique entre la Ville de Vénissieux et la Métropole pour l’éclairage public et nous n’en sommes, bien sûr, qu’à la première étape. Beaucoup de choses restent encore à travailler comme l’implantation de services publics, le nombre de logements, les hauteurs d’immeubles, les besoins de places en crèches, les classes.

Je sais, monsieur le Président, que nous partageons les mêmes objectifs sur ce site, nous en sommes certains, pour améliorer la qualité de vie de nos concitoyens, de nos habitants, de part et d’autre du périphérique.

Par contre, je voudrais insister parce qu’il nous faut, je crois, apporter une attention toute particulière aux éventuelles difficultés liées à l’augmentation du trafic routier dans tout ce secteur, dont fait partie bien évidemment la Ville de Vénissieux mais je pense aussi à l’arrondissement de Lyon 8°.

Je vous remercie.

Des questions et des inquiétudes !

N° 2015-0411 - Lyon 3° - Projet Lyon Part-Dieu -

M. le Conseiller BRAVO : Monsieur le Président, mesdames et messieurs les Vice-Présidents, mes chers collègues, la délibération qui nous est soumise pour approbation est le résultat de la prise en compte de l’avis de la commission d’enquête qui a émis un certain nombre de réserves, dont le manque de concertation, sur un dossier qui se veut pourtant être un exemple. Il s’agit ici d‘approuver la prolongation de la concertation jusqu’à fin octobre 2015, principe que nous approuvons naturellement.

Sur le fond du dossier, il s’agit de poursuivre les réalisations de l’hypercentre lyonnais et ainsi d’attiser le rayonnement de la Métropole par la skyline. Alors que se finalise la nouvelle tour Incity qui accueillera la Caisse d’épargne qui, grâce à son mât, dépasse le « Crayon » où loge le Crédit lyonnais, on comprend mieux les enjeux de ces projets de constructions de tours. On se croirait revenu un siècle et demi plus tôt lorsque la tour de Fourvière pointait contre la basilique voisine, à la différence près que la foi a changé : c’est celle de l’argent qui prime au détriment de considérations utiles aux habitants, au quartier de la Part-Dieu et à l’agglomération.

Nul doute que la nuisance visuelle s’achèvera avec l’hyper-densification. Le flux et le reflux créés pour attirer les salariés, les consommateurs impliquent l’aménagement de moyens de transports dédiés et spécifiques. Si l’on peut néanmoins s’entendre sur la nécessité de construire de nouveaux équipements dédiés aux entreprises et de densifier l’urbain, est-il pour autant souhaitable que tout se trouve concentré en un seul point ? Ici, l’hypercentre joue contre le principe de multipôle utile aux villes et quartiers voisins. Ce ne sont pas seulement les investissements qui sont engloutis mais surtout les infrastructures utiles à tous.

Nous, nous défendons une autre vision de l’agglomération, où les enjeux seraient partagés et les constructions réparties de façon plus harmonieuse, la densification n’impliquant pas forcément la concentration. D’autres exemples existent en fin de compte. Une véritable qualité de vie accrue pour tous les habitants, cela peut se faire par la création d’axes de transports forts en périphérie qui relient ceux déjà existants, en décidant de refondre le pôle du centre multimodal, de renforcer le PLU-H en revoyant à la baisse les bâtiments de très grande hauteur -et il en reste un certain nombre à réduire- et en permettant une implication des habitants, pas seulement par les traditionnelles concertations mais en mettant dans les mains de tous les enjeux d’avenir.

Cela demande une autre forme de transparence sur les dossiers et nous partageons les questions et inquiétudes du collectif Part-Dieu, dont vous avez eu un tract distribué à l’entrée de ce Conseil.

Je vous remercie pour votre attention.

Deux questions…

N° 2015-0412 - Lyon 2° - Zone d'aménagement concerté (ZAC) Lyon Confluence 2° phase - Délégation de maîtrise d'ouvrage pour le réseau de chaleur urbain de la Confluence à la SPL Lyon Confluence -

M. le Conseiller MILLET : Brièvement, monsieur le Président, avant de passer aux délibérations sans débat, deux questions en fait sur le sujet que vient d’évoquer Béatrice Vessiller.

La première, c’est que cette chaufferie de cogénération à gazéification biomasse est un des objectifs importants du plan Climat sur le quartier Confluence et ce qui doit contribuer à permettre d’avoir, en 2020, des émissions carbone au niveau de 2000. Mais on sait bien que les enjeux de l’énergie font l’objet de batailles technico-commerciales et juridiques importantes, nous le savons bien sur les réseaux de chaleur. Il serait donc très important de jouer la transparence sur l’état d’avancement des études de cette chaufferie biomasse et c’est donc la première question : pouvez-vous nous préciser l’état d’avancement des études sur cette cogénération avec gazéification de biomasse ?

Cela nous conduit à une deuxième question. En effet, le report de cette concession 2017 va se terminer à un moment où nous devrions avoir une nouvelle DSP du réseau de chaleur de la Métropole. Or, nous notons bien que, dans l’équilibre de la concession, il y a donc une contribution de 10 M€ de la Métropole au financement de ce réseau de chaleur de Confluence. Or, nous n’avons pas trouvé trace, dans les discussions de la DSP réseau de chaleur en 2014, de la prise en compte de ces 10 M€ dans l’équilibre de la DSP Lyon-Villeurbanne. Et, donc, c’est la question que nous vous posons : on considère bien que ces 10 M€ seront mis dans la corbeille de la future DSP Lyon-Villeurbanne ? Sinon j’aurais eu tort en commission de dire que l’eau paie l’eau et, donc, que la chaleur paie la chaleur, sinon il y aurait ici une subvention d’un réseau de chaleur.

Je vous remercie.

Quel avenir de l’agglomération ?

N° 2015-0361 - Révision du Plan local d'urbanisme tenant lieu de Programme local de l'habitat (PLU-H) - Débat sans vote sur le PADD du PLU-H -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, le Plan local d’urbanisme et de l’habitat devrait être l’objet d’un grand débat populaire sur l’avenir de l’agglomération lyonnaise mais, pour la majorité de nos citoyens, cela reste un débat lointain et difficile.

Ce Plan d’aménagement et de développement durable (PADD) pourrait être une bonne introduction aux choix sur lesquels se construit une vision de l’agglomération. Encore faudrait-il éviter les effets de style consensuels qui finissent par masquer le contenu réel. Permettez-moi de citer l’encart en page 5 sur la Métropole de Lyon -je pense que vous l’avez lu avec sourire, monsieur le Président- ; je cite : « La Métropole de Lyon apporte de nouvelles formes de gouvernance. Parmi celles-ci, le rôle des Communes […] est mis en avant… ». La Métropole inventant les Communes. Il faut oser ! Mais passons outre ce tellement politiquement correct qu’il en devient vraiment impoli pour le lecteur.

Revenons à l’intérêt du PADD pour les habitants. Une fois mis de côté les discours commerciaux sur les atouts de la Métropole dans la concurrence internationale, il faut redire le lourd poids de la crise autant dans la poursuite de la désindustrialisation -je ne citerai que le nouveau coup porté par Volvo contre l’industrie régionale du poids-lourds et permettez-moi cet ajout, monsieur le Président, comme vous l’avez évoqué à propos de Safran, malgré le bon travail avec Volvo dans le cadre, par exemple, de LUTB ou le désengagement privé dans la recherche avec SANOFI- mais surtout aussi les conséquences sociales de la crise, la pauvreté de masse avec, à chaque « réforme », le démontage de ce que certains appellent des amortisseurs sociaux et que les progressistes persistent à appeler des droits ! Des dizaines de milliers de licenciements dans les grands groupes avec quelques mesures d’accompagnement qui prendront vite fin vont se transformer au fil des mois en fins de droits, RSA, faisant exploser la demande d’aide sociale.

Alors, bien sûr, la vie lyonnaise ne se résume pas à la crise ! À coté de la désindustrialisation, il y a aussi innovation, création. À coté de la grande pauvreté, il y a de la richesse et des habitants qui ont des revenus corrects, même si aucune couche sociale n’est à l’abri. Oui, Lyon s’en sort mieux que d’autres parce que, dans la concurrence, les gros se portent toujours mieux que les petits. Cette métropolisation est cependant le pendant de la désertification rurale, dans l’abandon national de toute volonté d’aménagement du territoire. Cela nous a permis une époque de développement, avec des financements de l’État stables et une dynamique économique mise à disposition de l’agglomération par la Taxe professionnelle unique. Cette période de vaches grasses est terminée et celle qui s’ouvre sera sous le signe de l’austérité.

Il faut alors juger ce PADD sur ces deux priorités :

  • Comment réindustrialiser notre économie ?
  • Comment répondre aux besoins des habitants tels qu’ils sont ?

Ces deux enjeux sont essentiels pour tous nos grands projets. Ils nous conduisent à commenter les quatre défis de l’orientation proposée ainsi : pour nous, le défi métropolitain n’est pas d’abord l’attractivité de l’agglomération dans la concurrence mais, au contraire, sa coopération dans sa région ! Le SCOT étudiait les interactions entre Lyon et Saint Étienne, Roanne, Bourg en Bresse, que ce PADD ne fait qu’évoquer quand il faudrait les approfondir : la filière bois qui rend dépendantes les forêts régionales et les chaufferies urbaines, le contournement fer et routier de Lyon, une densification métropolitaine favorable au développement des autres villes régionales, avec une ambition renouvelée sur le transport public régional sans lesquels on n’agira pas contre l’étalement urbain. La multiplication des dénominations (SCOT, aire urbaine, pôle métropolitain, région urbaine, aire métropolitaine) en souligne la difficulté mais aussi la nécessité.

Pour nous, le défi économique, c’est que la ville-centre a perdu 30 % de ses emplois industriels, tout en gagnant 14 000 emplois. Cette désertification industrielle menace toute l’agglomération. Mais le « campus industriel » de la Vallée de la chimie laisse dans l’ombre la question de la nature des productions, de leur finalité. Faire grandir les exigences de performance énergétique et environnementale, justement parce qu’on veut garder l’industrie en zone urbaine, ne suffit à pas à faire des stratégies industrielles des questions politiques publiques. Oui ou non, le groupe TOTAL a-t-il planifié à terme la fermeture de la raffinerie ? C’est une question centrale pour l’avenir de la Vallée.

Pour nous, le défi de la solidarité, c’est l’aggravation continue des inégalités dans l’agglomération ! Les taux de chômage par quartier, le pouvoir d’achat moyen sont révélateurs de ce qu’il faut appeler par son nom : une ségrégation spatiale. C’est l’évolution générale de notre société mais nos politiques affirmées du logement social n’ont pas renversé cette tendance. La situation des bidonvilles sur les bordures du périphérique et, plus généralement, du mal-logement, exige une réponse ambitieuse, avec l’État, pour sortir -nous l’avons dit- du cycle tacitement accepté des expulsions/réinstallations. Quand les loyers moyens ont augmenté de 57 % depuis 2000 alors que le revenu moyen n’a augmenté que de 20 %, il faut redire que la grande majorité des habitants sont éligibles au logement social, bien au-delà des seuils SRU !

Enfin, le défi environnemental s’inscrit dans un certain consensus sur le changement climatique, la consommation énergétique, la biodiversité et la place de la nature en ville. Mais nous savons d’expérience qu’il se heurte vite à l’enjeu des droits humains et sociaux quand les logiques économiques et techniques conduisent à l’aggravation des inégalités. Et nous n’avons pas de vrai bilan sur la consommation réelle des bâtiments BBC.

En résumé, les objectifs généraux de ce plan sont souvent consensuels et de très nombreuses propositions doivent être soutenues. Mais, pour permettre une réelle appropriation par les citoyens, il faut s’appuyer sur le bilan des dernières années…

M. LE PRÉSIDENT : Merci beaucoup. Le groupe Synergies-Avenir.

M. le Conseiller MILLET : …et assumer un choix d’orientation…

Avec les habitants ? … Avec les Communes de l’agglomération ? …

N° 2015-0362 à N° 2015-0364 - Lyon 3° - Projet Lyon Part‑Dieu -

M. le Conseiller BRAVO : Monsieur le Président, les trois délibérations qui nous sont soumises dans le cadre de la rénovation de la Part-Dieu s’inscrivent dans la volonté de faire de ce quartier le centre métropolitain, centre à plusieurs étages, urbanistique, multimodal et centre d’affaires. Il s’agit ici de poursuivre l’ascension non plus en première division mais en Ligue des champions, afin de concurrencer Barcelone, Milan, Francfort et tant d’autres métropoles européennes.

Le but affiché est de projeter Lyon et sa Métropole dans la compétition européenne et internationale, faire son rayonnement et de démontrer son dynamisme économique. Cela passe par conforter la gare comme principal hub tertiaire du quartier de la Part-Dieu, par densifier en gagnant les cieux par la construction de tours multiples essentiellement destinées aux entreprises, leurs bureaux et services. Ce ne sont pas moins de 600 000 mètres carrés de bureaux supplémentaires au million déjà existant, qui devraient accueillir les cadres et les salariés de grands groupes dans un centre multimodal, croisement des grandes lignes TGV, des transports en commun et de l’aéroport Saint-Exupéry relié par le Rhône-Express.

Le dynamisme de Lyon et de sa Métropole ne sera plus à faire. La ville sera transformée d’ici 2030, promue par l’image du savoir-faire architectural. La Part-Dieu affirmera son deuxième rang de centre d’affaires après Paris-La Défense. La Part‑Dieu sera « La Défense » lyonnaise, certes, mais avec, en plus, Châtelet-Les Halles et la gare du Nord en son sein, dans un même quartier.

Le nœud de transports -ou encore hub multimodal- est, certes, plus rentable pour les exploitants mais bien moins utile aux habitants en périphérie qui sont contraints de transiter par l’hypercentre pour se rendre à leur destination, créant ainsi des flux et des reflux horaires importants.

L’idée d’un anneau périphérique de transport métropolitain, à l’image de ce qui se fait dans d’autres grandes villes comme Berlin ou Boston, idée aussi défendue par un élu UDI de Villeurbanne, permet non seulement de désengorger le centre en évacuant les flux venant de l’extérieur pour les orienter plus rapidement vers les lignes qui intéressent les utilisateurs. Cela libère aussi des espaces en surface, utiles au partage d’autres modes doux et au verdissement, dans une zone où la densité des habitations ne rend pas simple le transport véhiculé. Villeurbanne souffre, à ce titre, d’une absence d’une ligne de grand flux type métro dans un axe nord-sud, qui pourrait suivre le trajet de la ligne A7 et relier la Doua aux Gratte-Ciel, puis Grange Blanche et rejoindre Gerland par le Bachut.

D’autre part, la création de l’hypercentre d’affaires nous questionne : la Part-Dieu capte 25 à 30 % chaque année de la demande placée en matière immobilière, générant une dynamique de hausse des prix du foncier productrice d’exclusion urbaine et asséchant les offres de bureaux dans les Communes avoisinantes les plus proches, les privant ainsi de leur propre attractivité entrepreneuriale.

Le faible nombre de logements prévus à construire et particulièrement de logements sociaux, d’infrastructures et de services de proximité pour les habitants laisse ce centre exempt de la mixité sociale nécessaire à un quartier à vivre.

Si l’on ne peut que se féliciter de l’élargissement des voies de passage de la gare et de l’augmentation de la capacité d’accueil alors qu’elle est saturée, il est cependant probable qu’elle le sera à nouveau au vu des projets prévus pour la Part-Dieu.

La densification du quartier ne risque-t-elle pas aussi d’aggraver les questions de sécurité ?

La concertation avec les différents acteurs (habitants, usagers, salariés) présents dans ce quartier doit être largement améliorée car tout se passe comme si les promoteurs décident et la Métropole avalise. Ne faudrait-il pas une vue d’ensemble pour ce projet qui se positionne au niveau de l’agglomération, en concertation non seulement avec les habitants mais aussi avec les Communes de l’agglomération ?

Nous nous interrogeons sur le concept de ville durable dans ce projet d’hypercentre, peu en phase avec les enjeux écologiques et de changements climatiques ainsi que le manque d’espaces verts qui doit être corrigé.

La Part-Dieu, quartier d’affaires à rayonnement international, la Part-Dieu, quartier à vivre, l’humain au centre de la ville, ne doivent pas être que des slogans mais un réel projet partagé à la hauteur des ambitions affichées.

Je vous remercie de votre attention.

Développement du plateau des Minguettes…

N° 2014-0337 - Vénissieux - Grand projet de ville (GPV) - Acquisitions foncières sur le secteur Jacques Brel -

Mme la Conseillère PICARD : Monsieur le Président, mesdames et messieurs les élus, je salue l’engagement du Grand Lyon aux côtés de la Ville de Vénissieux dans le renouvellement urbain du plateau des Minguettes. C’est déterminant parce que Vénissieux est la troisième Ville du département et l’entrée sud de l’agglomération.

Les enjeux de la ville sont aussi ceux de l’agglomération et, pour ce qui nous concerne, nous nous inscrivons dans le développement du Grand Lyon. Avec notamment l’arrivée de la ligne T4, Vénissieux a retrouvé une attractivité : d’anciens habitants reviennent s’y installer, d’autres découvrent notre ville ; avec près de 62 000 habitants, nous avons retrouvé une démographie positive. Comme je le dis souvent, il vaut mieux une ville qui se peuple plutôt qu’une ville qui se dépeuple.

Avec notre projet de ville, nous œuvrons pour une densification raisonnée des logements pour répondre aux besoins des Vénissians et des Rhônalpins avec une offre complète et diversifiée : logements sociaux, accession à la propriété sous toutes ses formes (sociale, aidée ou libre) mais aussi une offre de services et des équipements publics pour accompagner ce développement planifié et des espaces préservés afin de garder une ambiance végétale, tout en conservant et développant notre potentiel industriel et économique.

Avec nos partenaires, nous menons des projets ambitieux pour les Vénissians. Ils sont également utiles et nécessaires aux habitants de l’agglomération. Sur le secteur Démocratie où le groupe scolaire Charles Perrault est déjà implanté, la nouvelle cité scolaire Jacques Brel a ouvert ses portes depuis septembre. Elle accueille près de 1 000 élèves dans les filières générales et techniques. De nouveaux logements sont également prévus sur ce secteur. Avec la médiathèque à proximité, nous confortons ainsi un pôle éducatif et culturel pour donner à notre jeunesse de bonnes conditions de se former et de s’épanouir.

Je profite de ce rapport pour rappeler toute l’importance de mener à bien des projets que nous portons ensemble depuis plusieurs années et qui sont aujourd’hui bien engagés.

La construction de la Préfabrique Opéra sur un terrain du secteur Démocratie appartenant au Grand Lyon s’inscrit pleinement dans cette perspective d’aménagement du quartier. Il est prévu de réaliser une salle de répétition, une salle de médiation, des spectacles montés par l’Opéra de Lyon. Ce projet de Préfabrique a été acté en août 2012 en présence de monsieur le Préfet, du Président du Grand Lyon et moi-même. Tous nos partenaires, l’État, le Conseil régional, le Grand Lyon, la Ville de Lyon, ont décidé d’installer à Vénissieux un pôle d’excellence culturelle qui rayonne sur tout le sud-est de l’agglomération.

Début 2013, tout un travail a été enclenché, procédure de conception-réalisation et maîtrise d’ouvrage confiée à la Ville de Vénissieux. Le jury de concours a procédé au choix du candidat retenu pour cette opération. Les dépenses engagées par la Ville sur ce dossier se montent à près de 240 000 €. La friche de l’ancienne cité scolaire, située juste en face du nouveau lycée, va être rétrocédée au Grand Lyon par la Région. Toute cette partie représente une opportunité de développement du quartier en lien et en cohérence avec le projet Cœur de ville. Il est d’ailleurs question de créer une rue pour mieux desservir la nouvelle école du centre-ville. En attendant, il est important que cette zone soit traitée et aménagée. Cela commence par sa sécurisation, un enjeu de sécurité et de tranquillité pour les habitants.

Je voudrais compléter ce propos en soulignant le travail engagé entre la Ville de Vénissieux et l’Opéra de Lyon depuis 2005. Un travail de terrain avec les équipements culturels, les associations, les habitants. Il a permis de casser des préjugés, de rendre cet art accessible au plus grand nombre. Chaque année, des jeunes Vénissians intègrent la maîtrise de l’Opéra de Lyon et ce dernier se produit tous les ans sur le festival Fêtes escales. Si le projet de Préfabrique est un enjeu pour notre ville et notre quartier, il dépasse aussi largement les frontières de notre Commune car il conforte la place de la culture dans l’agglomération lyonnaise, une culture diversifiée et ouverte aux habitants.

En ce qui concerne cette délibération qui vise à poursuivre la maîtrise foncière sur ce secteur stratégique, nous la voterons pour poursuivre avec nos partenaires le développement du plateau des Minguettes.

M. LE PRÉSIDENT : Madame le Maire, j’ai eu l’occasion de dire au Préfet de Région que, depuis que nous avions envisagé ce type d’opération, l’État avait réduit ses subventions aux collectivités locales et que nous étions obligés de faire passer les budgets en forte diminution et qu’évidemment, pour ce qui concerne la Ville de Lyon, son engagement allait donc devoir être revu. Mais je ne doute pas que le Préfet puisse trouver d’autres moyens de financement.

Mme la Conseillère PICARD : Est-ce que je pourrais avoir une réponse à mon courrier que je vous ai envoyé au mois de juillet concernant le Grand Lyon, si vous suivez la décision de la Ville de Lyon ou pas ? Merci.

M. LE PRÉSIDENT : Nous vous avons dit tout à l’heure que nous allions faire des PPI qui seront actées en juillet prochain. Donc, c’est dans les PPI que nous vous indiquerons la réponse, en fonction des demandes des uns et des autres et du montant des demandes des uns et des autres ; on verra ce qu’il est nécessaire et ce qui peut être remis en cause.