Archives de catégorie : Urbanisme et Construction

Part-Dieu : quartier à vivre ?

La communication officielle présente le projet « Part-Dieu » comme le projet d’en faire un véritable quartier à vivre. Des belles photos sont présentées, mais la réalité est bien différente. En Séance publique, le Président met d’abord en avant le projet d’un grand quartier d’affaires de niveau européen, et c’est bien cela l’objectif n° 1. 350 000 mètres carrés de bureaux, 100 000 de logements. Nous n’opposons pas ces 2 types de constructions, les 2 sont nécessaires. Mais la densification indispensable aux enjeux d’avenir n’implique pas de telles concentrations de bureaux.

Il n’est pas impératif de bâtir l’hypercentre de l’agglomération dans une vision dogmatique de la verticalité, avec des tours gigantesques, énergivores et peu compatibles avec le tissu urbain. Ce projet est également insuffisant en termes d’équipements publics utiles aux habitants et aux salariés du secteur. Avec, de plus, une réduction importante des espaces verts en pleine terre. Avec un Plan de déplacement incohérent, l’autorité environnementale demandant des efforts nécessaires en termes de lutte contre le bruit et pour la qualité de l’air. Et que dire de la concertation, le Commissaire enquêteur de la modification du PLU notant le manque de sérieux de celle-ci.

Moderniser la Part-Dieu, en faire « un quartier à vivre », doit se faire avec la participation des habitants et des salariés. L’urbain doit s’appuyer sur l’humain, dans ses aspirations et ses besoins. Il est encore temps d’aller dans ce sens en retravaillant ce projet.

Grand quartier d’affaires de la Métropole vs quartier plus agréable à vivre !

N° 2017-1913 à N° 2017-1915 - Lyon 3° - Opération Lyon Part-Dieu - Zone d'aménagement concerté (ZAC) Part-Dieu ouest -

M. le Conseiller GENIN : Monsieur le Président, vous nous permettrez de relayer ici un certain nombre de critiques et de réserves exposées notamment par le collectif Part-Dieu, collectif d’habitants du quartier et de salariés, qui notent des réflexions que nous partageons bien entendu.

Contrairement à la communication officielle et toutes les belles photos que nous avons vues -c’est vrai qu’à ce moment du projet, il y a toujours de très, très belles photos-, nous notons l’aggravation de la dimension du quartier d’affaires de la Part-Dieu au détriment d’un quartier plus agréable à vivre : « quartier tertiaire de référence en Europe » a dit tout à l’heure le Vice-Président, avec 350 000 mètres carrés de tertiaire supplémentaires et seulement -si on peut dire- 105 000 mètres carrés de logements. Même si nous n’opposons pas ces deux types de constructions, nous notons quelles sont les priorités données sur ce projet.

Faiblesse également des équipements publics pour les habitants et les salariés : trop peu sont prévus dans cette ZAC, en tout cas en nombre très nettement insuffisant. Réduction aussi importante des espaces verts en pleine terre et, là aussi, ce ne sont pas les belles images qui pourront rectifier le tir.

Des insuffisances également avec la création d’un seul quai en gare de la Part-Dieu alors que tous les spécialistes disent qu’à peine réalisé, il sera insuffisant pour absorber les nouveaux trafics, puisque la ZAC annonce l’arrivée de plus de 40 000 nouveaux salariés internes. Avec un plan de circulation trop incohérent -certains l’ont rappelé mais je le redis-, notamment la suppression du site propre dans un axe rue Pompidou en totale contradiction avec l’idée de développement des transports en commun. D’ailleurs, l’autorité environnementale estime que les impacts en termes de bruit et de qualité de l’air justifieraient des « efforts supplémentaires d’évitement et de réduction ».

En termes de concertation, là aussi, de nombreuses lacunes : même le commissaire-enquêteur de la modification n° 11 du PLU a dit le manque de sérieux de cette concertation.

Oui, nous partageons l’idée de moderniser le quartier de la Part-Dieu avec la participation et la réflexion des élus mais aussi de ses habitants et des salariés qui y travaillent. Mais, avec les trop nombreuses réserves -je n’en ai rappelé que quelques-unes tout à l’heure-, notre groupe ne pourra voter le soutien à un tel projet qui mériterait d’être revu pour l’améliorer et envisager des solutions alternatives en termes de circulation, d’espaces verts et d’équipements collectifs.

Monsieur le Président, la densification nécessaire aux enjeux d’avenir n’implique pas forcément la concentration. Répartir les constructions de tertiaire de façon plus équitable dans l’agglomération en les rendant plus harmonieuses et respectueuses du paysage urbain, en repensant les axes de transports en commun forts, en offrant des services diversifiés d’équipements publics est l’objectif qui devrait nous réunir ; nous pourrions ainsi marcher ensemble un bout, monsieur le Président, pas à Leipzig mais ici, à la Part-Dieu.

En conclusion, je dirai qu’il n’est pas impératif de bâtir l’hypercentre dans une vision dogmatique de la verticalité, avec cette vision de tours de plus en plus grandes, toujours pour maximiser le profit de quelques gros promoteurs et concentrer trop souvent dans un seul point. La vision que vous nous présentez de la Part-Dieu a tout d’un quartier essentiellement monofonction : le grand quartier d’affaires de la Métropole, sinon grand quartier d’affaires européen, tout à l’opposé d’un quartier plus agréable à vivre.

L’urbain doit appuyer et compléter l’humain dans ses aspirations et ses besoins ; il est encore temps d’aller dans ce sens.

En attendant, le groupe Communiste, Parti de gauche et républicain s’abstiendra sur ces délibérations.

Pour le développement d’une industrie d’avenir, innovante et créatrice d’emplois !

N° 2017-1845 - Saint Fons - Projet directeur Vallée de la chimie - Secteur Aulagne - Aménagement -

Mme la Conseillère PICARD : Monsieur le Président, mesdames, messieurs, depuis 2009, l’industrie française a perdu 170 000 emplois salariés directs avec la fermeture d’un millier d’usines. Étude après étude, le doute n’est plus permis : les chiffres publiés par le cabinet Trendeo qui scrute l’évolution du nombre d’usines en France montrent que le tissu productif du pays continue de s’effilocher, sans interruption ou presque, depuis 2009 et la propagation de la crise mondiale. Les données compilées sur les durées des mandats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande font apparaître une véritable hécatombe que l’action du Président socialiste n’a pas freinée.

Au fil des plans sociaux, des délocalisations et des fermetures d’usines, l’Hexagone voit son appareil industriel maigrir et dépérir. Et la politique de l’offre, matraquée par le Gouvernement Hollande-Valls, n’a pas produit les effets escomptés. La baisse du coût du travail n’enraye pas la crise de l’industrie. Les 609 créations de sites industriels, depuis l’arrivée de François Hollande, n’ont pas contenu l’hémorragie. Si le solde négatif du nombre d’usines tend à décroître depuis fin 2013, l’ouverture de nouvelles unités de production ne compense pas la destruction des sites existants qui s’est poursuivie sans relâche, à une moyenne de plus de 200 par an : la raffinerie Petroplus, l’usine Goodyear d’Amiens nord, le site PSA d’Aulnay sous Bois, l’extinction des hauts fourneaux d’ArcelorMittal à Florange, la vente à la découpe d’Alstom, d’Areva, … ; c’est aussi le cas dans l’agglomération lyonnaise, où les restructurations se poursuivent : Bosch, Brandt, Kem One, Volvo, Renault Trucks, Silla, etc. Inutile de multiplier les exemples pour constater l’échec.

Pour opérer le « redressement » du pays, François Hollande a renié l’essentiel de ses promesses de campagne pour ne jurer que par la baisse des charges des entreprises en lançant dès 2012 le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi ; un dispositif qui n’a cessé de monter en puissance pour améliorer la compétitivité-coût, accompagné par d’autres mesures du Pacte de responsabilité.

En 2016, 34 milliards d’euros d’aides ont été attribués aux entreprises, après 24 milliards en 2015, 10 milliards en 2014, pour un total de 109 milliards d’ici la fin du quinquennat. Une politique d’urgence qui, selon le Gouvernement, devait se traduire par la création de quelques 500 000 emplois. Nous en sommes très loin. Par contre, la politique de l’offre a bien redressé les marges des entreprises du CAC 40, qui ont dégagé 45 milliards d’euros de profits en 2015.

Pour se réindustrialiser, la France a besoin non pas d’une baisse du coût du travail mais d’une montée en gamme permettant de maintenir un coût du travail plus élevé. L’industrie de demain nécessite, d’abord et avant tout, de sécuriser et de développer le tissu industriel existant et ses emplois.

Nous faisons donc le constat de l’échec de la politique de l’offre ainsi que le constat des conséquences de la désindustrialisation qui a laissé de profondes cicatrices économiques, sociales et culturelles dans nos villes populaires. Fermetures d’entreprises, découragement organisé des salariés sur le plan syndical, perte de vitesse des Comités d’entreprises, autant de casse de lieux collectifs porteurs de sens, de repères, d’analyses, essentiels à notre société. Dans notre agglomération, c’est l’appauvrissement de toute une frange de la population, abandonnée et concentrée dans les villes ouvrières historiques, tandis que les catégories sociales supérieures se développent dans Lyon. Des années de combats menés par les élus locaux ne sont pas parvenues à gommer les fractures territoriales.

La Vallée de la chimie, bousculée depuis de nombreuses années par les restructurations économiques, n’échappe pas à l’hémorragie générale ; l’emploi continue de reculer dans ce secteur industriel pourtant porteur. Quel avenir pour la Vallée de la chimie ? L’appel des 30, le PPRT, le développement durable de la vallée sont des outils utiles à la réindustrialisation mais qui ne traitent pas de la production, donc pas de l’emploi. Les millions de subventions et d’études injectés dans cette vallée, auxquels s’ajoutent le CICE, le Crédit d’impôt recherche, n’ont pas, pour l’heure, d’impact sur les investissements privés et la création d’emplois. Nous avons besoin d’un vrai bilan de nos relations avec ces entreprises et, notamment, un bilan sur l’emploi.

Autre conséquence de la désindustrialisation, les friches urbaines, véritables cicatrices paysagères et véritables casse-tête pour nous, élus, qui tentons de trouver des solutions. Si nous sommes favorables à l’aménagement urbain de la Vallée de la chimie, sa transformation ne doit pas passer par la liquidation de ses potentiels. Le déplacement de la gare de Sibelin, par exemple, serait un très mauvais signe donné à la réindustrialisation du secteur. La question se pose aussi à Vénissieux, fort territoire industriel -et je pense notamment à Veninov-.

Nous affirmons notre engagement pour le développement d’une industrie d’avenir, innovante et créatrice d’emplois.

Je vous remercie.

M. LE PRÉSIDENT : Merci bien.

Quelques mots pour madame Picard : j’essaie de ne pas tout confondre et, donc, je parle rarement de sujets nationaux dans ce Conseil métropolitain, je vais vous dire tout de même quelques mots suite à votre intervention. Je partage votre constat. En l’espace de dix ans, 700 000 emplois industriels ont disparu en France. Mais pourquoi ont-ils disparu ? Parce qu’à un moment donné, les marges des entreprises se sont effondrées. Elles sont arrivées au plus bas, c’est-à-dire, il y a trois ans environ, à 28 % quand la moyenne européenne était à 38 % et quand l’Allemagne était à 40 %. Alors, à partir de là, il y a eu un cercle vicieux : comme elles n’avaient plus de marges, elles n’investissaient plus ; comme elles n’investissaient plus, elles étaient sur des productions de moyenne gamme où nous étions concurrencés par l’ensemble des pays émergents et aujourd’hui, par exemple, par l’Espagne de manière très forte. Et, contrairement à ce que vous croyez -regardez les chiffres-, les mesures sur le CICE ont permis de redresser cela : nous en sommes à 31 % aujourd’hui sur les marges, c’est-à-dire que nous sommes en train de revenir dans le coup. L’an dernier -mais les mesures ont été prises trop tardivement et c’est là l’objet d’un de mes débats-, l’investissement industriel a de nouveau augmenté de 6 % et nous avons créé l’an dernier 195 000 emplois ; il en faut 120 000 chaque année pour que le chômage puisse baisser durablement.

Pour ce qui concerne l’agglomération lyonnaise et la Vallée de la chimie, il se trouve que la semaine dernière, j’ai rencontré l’ensemble des chimistes de l’agglomération et chaque fois -je n’en parle pas à chaque Conseil- j’essaie de faire en sorte que l’on préserve notre outil industriel.

Il fut un temps où, en haut lieu, on réfléchissait par exemple sur le fait de savoir s’il fallait fermer la raffinerie de Feyzin ou pas. À l’époque, je suis intervenu assez fortement. Il se trouve qu’il y a quinze jours, nous étions avec monsieur Denis et il y avait un investissement sur Bluestar Silicones de 20 M€ par la grande entreprise chinoise Kem One, dont j’avais rencontré le Président il y a deux ans et ils nous ont dit : « Oui d’accord, on croit à Lyon, on va réinvestir sur Lyon ».

Je pourrais vous citer des grands groupes comme Arkema pour montrer que la chimie n’est pas la chimie telle qu’on la concevait il y a trente ou quarante ans. Il va y avoir dans quelque temps la mini-transat -vous savez, les petits bateaux de 5, 6 mètres- et le bateau qui est engagé par Arkema peut être ensuite, lorsqu’on n’en a plus besoin, redécomposé à l’état de polymères. Donc l’économie circulaire de demain c’est cela.

Voilà ce que l’on est en train de faire dans l’agglomération. Évidemment, tout bouge, tout peut passer et c’est pour cela que je mets une énergie extrêmement forte à faire en sorte que l’on crée du nouveau parce que tout peut se détruire.

Vous savez, beaucoup de mes collègues pensent que l’agglomération lyonnaise a été de tous temps riche, dynamique et prospère, ce qui est entièrement faux parce que si nous reconstruisons aujourd’hui sur un certain nombre de friches, c’est parce qu’à l’époque, les industries s’étaient toutes effondrées. Regardez le Carré de Soie aujourd’hui et le Carré de soie il y a vingt ans quand nous avons décidé de le lancer avec Maurice Charrier ; évidemment, c’est en train de changer mais, à l’époque, c’étaient des lieux de désolation profonde.

C’est ma conviction, je la défends partout parce que je suis persuadé que c’est comme cela que la France retrouvera le succès.

Tenir compte des acquis de chaque Commune et travailler en étroite concertation avec les Villes !

N° 2016-1596 - Élaboration du règlement local de publicité (RLP) métropolitain -

M. le Conseiller MILLET : Avec cette délibération, nous mettons en place le cadre budgétaire de travail sur le futur Règlement métropolitain de la publicité, compétence qui était communale jusqu’en 2010, transférée à la Communauté urbaine et donc à la Métropole, et qui doit être mise en conformité avant 2020. Peut-être vais-je vous surprendre, monsieur le Président, mais cela me paraît intelligent car le visiteur qui circule sur nos axes traversent bien sûr des Communes et, donc, l’impact visuel de la publicité dans l’espace public est nécessairement un enjeu partagé.

D’ailleurs, avant que ce règlement ne devienne communautaire, les Communes qui s’y étaient intéressées n’avaient pas travaillé isolément. Au contraire, le travail se faisait en liaison étroite avec l’État dans l’objectif d’une relative homogénéité des règlements pour les rendre plus compréhensibles donc mieux applicables par les afficheurs comme par nos habitants. Rappelons que quand nous limitons le droit à publicité, ce ne sont pas que les annonceurs qui s’inquiètent mais parfois aussi les propriétaires qui en espèrent un revenu.

Mais je ne vous surprendrai pas en répétant que ce n’est pas parce qu’un sujet est métropolitain qu’il n’est plus communal. Les règlements en cours ont été construits par chaque Commune avec l’État et il est nécessaire que le prochain règlement métropolitain tienne compte des acquis de chaque Commune et soit travaillé en étroite concertation avec les Villes. Encore un exemple qui mériterait d’enrichir la notion de compétences articulées. Sur ce Règlement de publicité, nous souhaitons clairement que, comme le prévoit dans sa grande sagesse le Code de l’environnement -sagesse qui aurait pu inspirer notre Pacte de cohérence-, les Communes soient étroitement associées comme pour le PLU-H. Nous demandons donc que leurs délibérations éventuelles, consultatives certes mais utiles, soient intégrées dans l’agenda de travail métropolitain.

Ce règlement est nécessaire tant il faut résister à la pression de la publicité et nous partageons les différentes remarques faites par Beatrice Vessilier sur la publicité qui marque, au-delà de nos villes, notre société et notre économie.

Vous savez sans doute que les dépenses marketing et commerciales peuvent dépasser 10 % du chiffre d’affaires dans les entreprises du numérique ; j’ai connu un éditeur mondial de logiciels qui dépensait plus de 50 % de ses revenus en marketing et commercial. IBM ou APPLE dépensent plus en marketing qu’en R&D. Entre 1996 et 2005, les dix plus grandes entreprises pharmaceutiques mondiales ont consacré 749 milliards de dollars en marketing et administration des ventes, soit 2,6 fois le montant en R&D. Les dépenses des annonceurs des marques de luxe devraient augmenter de 3 % en 2016 et de 837 millions de dollars, selon l’agence Zenith.

Bref, dans ce monde dirigé par l’offre, il faut dépenser de plus en plus pour convaincre le consommateur de consommer et, à ce jeu, ce sont les gros qui gagnent. Ce monde de l’offre est incroyable puisque, dans le même temps qu’il dépense toujours plus pour nous convaincre d’acheter, il utilise ce même financement pour nous donner l’illusion de la gratuité dans cette société du numérique. Pour nous faire acheter, il faut de la pub et, pour être sûr de capter le temps de cerveau disponible dont parlait Béatrice tout à l’heure, il faut que la pub paie les réseaux de communication qui nous donnent l’illusion de la gratuité. Le consommateur paie ainsi deux fois : la pub qui le fait acheter et celle qui le connecte aux réseaux gratuitement.

Ce monde marche sur la tête mais, je vous rassure, comme disait Marx : « Le capitalisme crée les conditions de son propre dépassement ». Il invente la gratuité pour nous attacher à ses pubs. Nous inventerons une société de la réponse aux besoins de tous et de chacun, une société qui développera la gratuité contre la marchandisation.

Je vous remercie.

Un nouveau quartier… le Puisoz…

N° 2016-1134 - Vénissieux - Puisoz-Grand Parilly - Déclaration de projet emportant mise en compatibilité du PLU - Approbation -

Mme la Conseillère PICARD : Monsieur le Président, mesdames, messieurs, après des années d’attente, je voudrais dire ici toute la satisfaction qui est la mienne de voir enfin la zone du Puisoz devenir bientôt un nouveau quartier. Aujourd’hui et désormais, le projet d’aménagement du Puisoz a changé de statut. Nous sommes passés du conceptuel au concret, et ceci grâce à l’implication des citoyens lors des nombreuses réunions de concertation organisées par nos deux collectivités.

Nous, politiques et techniciens, architectes et urbanistes, avons œuvré à ce que ce projet soit bien autre chose qu’une simple zone commerciale. Mais, en réalité, c’est l’implication des habitants qui permettra que ce quartier prenne vie. Il ne s’agit pas d’accoler artificiellement là un magasin, ici un bout de route, quelque part un arrêt de tramway et plus loin des logements… Il nous faut trouver, avec la population, l’alchimie d’un quartier vivant. Les différentes phases de concertation déjà réalisées nous indiquent que nous serions sur la bonne voie.

Tout d’abord, alors qu’on voudrait nous faire croire que les citoyens se désengagent de la chose publique, nous constatons, à Vénissieux en général et sur le projet d’aménagement du Puisoz en particulier, qu’il y a une forte demande des habitants à être associés, à donner leur avis, à poser des questions et en attendre, légitimement, les réponses. Le jeudi 3 septembre, c’est plus de 200 personnes qui se sont déplacées, sur l’invitation de la Ville et de la Métropole ; le vendredi 29 janvier, près de 180 personnes. Autant d’expressions qui viennent s’ajouter aux notifications recueillies par l’enquête publique.

Cette volonté de participation ne nous a pas étonnés, pour deux raisons :

  • La première vient du simple fait que la Commune de Vénissieux n’a pas attendu la loi de 2001 pour donner la parole aux habitants. Les citoyens sont largement et fréquemment invités à participer à la mise en place des politiques publiques. Nos conseils de quartier sont effectifs depuis 1989, nos outils de concertation rodés et efficients, nos agents municipaux sont formés et convaincus de la valeur ajoutée de l’expertise d’usage dans les projets, nos élus sont militants d’une certaine vision de la politique, du pouvoir partagé. Cette expérience nous a permis notamment de réussir la mise en place de notre Conseil citoyen, là où tant de villes n’ont pas encore abouti ;
  • La deuxième raison de cet engouement participatif concernant l’aménagement du Puisoz vient du suspense entretenu depuis une trentaine d’années mais je n’y reviendrai pas car je préfère me réjouir de nos avancées.

Ce qui ressort de ce début de concertation c’est l’adhésion globale de la population à cette programmation mixte : des commerces de proximité, de l’hôtellerie, des logements et de l’habitat spécifique, avec une répartition qui reste à définir entre accession libre, sociale, locatif social, des logements étudiants et un EHPAD qui serait utile et nécessaire, monsieur le Président, viendront compléter le pôle commercial pour un quartier équilibré. La présence d’espaces publics d’une grande qualité paysagère et la valorisation des cheminements en modes doux ont été plébiscitées par les riverains, en demande d’un cadre de vie apaisé.

Cette concertation nous a permis de mesurer -mais nous le savions déjà- combien les Vénissians étaient fiers de leur ville. Ils sont tout comme nous attachés à la qualité de cette nouvelle porte d’entrée, enfin visible, à son image dynamique et à son rôle d’agrafe urbaine.

Rappelons aussi que cette concertation a révélé les questionnements et les inquiétudes légitimes de la population. Sur la question des flux de circulation, des aménagements de voiries, comme le tourne-à-gauche sur l’avenue Joliot-Curie par exemple, sur la question du type de logements, de la hauteur des bâtiments ou toute autre question, nous nous devons de poursuivre le dialogue entamé et de revenir devant les habitants autant que nécessaire et tout au long du processus afin de présenter, d’expliquer et d’entendre. Cette démarche participative, bien engagée, n’aura de sens que si nous sommes en mesure de répondre aux besoins des populations par l’amélioration de ce projet métropolitain.

Nous tenons à ce que ce nouveau quartier, cette nouvelle porte d’entrée, soit à la hauteur de la troisième ville du département. La Métropole, comme l’aménageur, doit mobiliser les moyens humains et financiers nécessaires pour atteindre cette ambition.

Je vous remercie.

Quartier à vivre… du vivre ensemble… vraiment ?

N° 2015-0917 à N° 2015-0919 - Lyon 3° - Projet Lyon Part-Dieu -

M. le Conseiller BRAVO : Monsieur le Président, mesdames et messieurs les Vice-Présidents et chers collègues, voici donc le lancement tant attendu de la fusée Skyline pour gagner les cieux et pourquoi pas les étoiles, celles de l’Europe bien sûr, puisque ce projet doit faire rayonner Lyon et la Part-Dieu aussi loin que possible, au-delà des frontières, pour le rayonnement et la grandeur de Lyon. C’est sûr, c’est bien de la hauteur que vient le vertige !

Si l’on peut convenir de l’évidente nécessité de renouvellement du quartier de la Part-Dieu, de sa gare, des espaces, de la construction de logements et de surfaces tertiaires, est-il pour autant impératif de bâtir l’hypercentre dans une vision dogmatique de la verticalité, concentré en un seul point ? Cette vision de l’urbanisme n’a rien d’un quartier à vivre ni même du vivre ensemble. Il est la conjugaison des desiderata de grands trusts avides de surfaces bon marché pour leurs transferts d’activités et d’effectifs et de grands groupes de construction non moins avides de projets juteux.

Le déroulement de la concertation que vous louez aujourd’hui en est un signe : d’abord rallongée à la suite de l’avis de la commission d’enquête qui remarqua le manque de concertation, pourtant demandée par nombre d’habitants, puis les études d’impact rendues publiques mi-septembre pour une concertation commencée en janvier et achevée fin octobre 2015 ; là où les services de l’État, des professionnels, ont mis deux mois pour se faire un avis, la population devrait pouvoir le faire en seulement un mois et demi.

Ce manque de transparence et de débat avec les habitants manifeste la volonté d’aller vite sur un dossier qui devrait plutôt être posé et partagé : posé car il n’en va pas seulement de la Part-Dieu et de Lyon mais de toute l’agglomération ; les mouvements de flux et reflux pendulaires n’en seront que l’une des conséquences, avec la concentration de transports en commun entraînant des transits importants d’habitants d’autres quartiers, accroissant l’effet de masse et de centre déshumanisé. Partagé car il en va de la qualité de vie de tous, habitants, travailleurs, commerçants, tout cela pour des décennies.

Sur le fond de ce projet, si la Part-Dieu souffre d’une part résidentielle réduite, le projet Part-Dieu, dans son ensemble, renforce ce manque par l’insuffisance de logements : moins de 20 % des surfaces totales construites le seront pour les logements.

Le projet est très insuffisant en équipements collectifs publics, sportifs, associatifs qui produisent le lien social indispensable à une ville humaine. Quant aux espaces verts, ils sont tout juste pris en compte par un programme de végétalisation bien loin du besoin des habitants. Le quartier à vivre affiché doit être une réalité et il faut, pour cela, penser le vivre ensemble. Au lieu de cela, c’est essentiellement un projet monofonction avec lequel nous sommes en désaccord.

Or, un autre projet pour la Part-Dieu et l’agglomération est possible, en répartissant les constructions de bureaux de façon plus harmonieuse et équitable dans l’agglomération, en repensant les axes de transports en commun forts en périphérie et refondant le pôle d’échanges multimodal, en offrant des services diversifiés d’équipements publics qui ne se traduisent pas seulement par l’agrandissement des surfaces de commerces. La densification n’impliquant pas forcément la concentration, on améliorerait ainsi la qualité de vie de tous les habitants de l’agglomération et de tous les salariés.

Nous voterons naturellement contre ce dossier.

Je vous remercie.

Enfin, l’aménagement du site du Puisoz va se réaliser !

N° 2015-0640 - Vénissieux - Puisoz -

M. LE PRÉSIDENT : Madame la Conseillère Peytavin a été désignée comme rapporteur du dossier numéro 2015-0640. Madame Peytavin, vous avez la parole.

Mme la Conseillère PEYTAVIN, rapporteur : Nous arrivons à la fin de notre Conseil et je dirai que c’est le meilleur qui arrive à la fin !

Il s’agit donc du dossier du Puisoz -comme vous avez pu le lire- pour la partie travaux d’accessibilité. Il s’agira donc d’approuver le programme de maîtrise d’œuvre, d’approuver donc une convention de maîtrise d’ouvrage unique avec la Ville de Vénissieux concernant l’éclairage public, bien évidemment sur Vénissieux et ensuite une individualisation partielle d’autorisation de programme. Donc la commission a émis un avis favorable à ce rapport.

J’interviendrai ensuite puisque nous prenons la parole.

M. LE PRÉSIDENT : Merci bien. Du coup, qui intervient ? Ah, vous-même ! Donc d’accord, allez-y, intervenez !

Mme la Conseillère PEYTAVIN : J’attendais que vous me donniez la parole, monsieur le Président.

M. LE PRÉSIDENT : Allez-y !

Mme la Conseillère PEYTAVIN : Monsieur le Président, mesdames et messieurs les Conseillers, je dirai enfin ! Enfin, l’aménagement du site du Puisoz va se réaliser ! Après des décennies d’attente, l’aménagement de ce site de 20 hectares en bordure du périphérique est enfin sur les rails ! L’opération vise à donner naissance à un nouveau quartier intégrant un pôle commercial où voisineront notamment les magasins IKEA et Leroy Merlin. Voilà une trentaine d’années que les projets se succédaient sur ce site sans jamais aboutir. Mais, cette fois, l’aménagement de cette réserve foncière située à l’entrée de notre commune, le long du périphérique, va enfin démarrer !

Conformément au souhait de la municipalité de Vénissieux, l’aménagement du Puisoz ne se résumera pas à la réalisation d’une énième zone commerciale. C’est un nouveau « morceau de ville » qui doit voir le jour. En ambitionnant d’intégrer un pôle commercial d’envergure au sein d’un tissu urbain, l’opération dite « Puisoz », dont le bouclage est annoncé à l’horizon 2025, affiche une spécificité qui relève d’un challenge pour Vénissieux mais aussi pour Lyon 8° et aussi pour l’agglomération.

Il s’agit d’un projet différent, qui s’intègre bien sûr dans les enjeux du Schéma de cohérence territoriale (SCOT). Un projet d’aménagement qui représente une opportunité de développement pour notre Commune : avec une porte d’entrée visible maintenant, entrée nord de la ville, elle va nous permettre de réaliser une « agrafe urbaine » entre Vénissieux, Lyon 8°, le parc de Parilly et le pôle multimodal de Parilly.

Un projet à moyen terme et long terme : la date de 2019 pour la première phase de livraison des magasins Leroy Merlin et IKEA et les aménagements nécessaires (mails, voiries, plantations entre le métro et le tramway) et on se projette ensuite à l’horizon 2025 pour la réalisation de l’ensemble du projet. À terme, environ 2 000 habitants et 2 500 emplois (dont 1 000 pour les commerces, y compris le transfert des personnels des magasins existants à Saint Priest).

Le jeudi 3 septembre s’est tenue à l’Hôtel de Ville de Vénissieux une réunion publique pour une présentation du projet d’aménagement du Puisoz, en présence bien sûr de Michèle Picard, Maire de Vénissieux et des élus de Vénissieux, de monsieur Michel Le Faou, Vice-Président de la Métropole et de Thierry Roche, architecte et urbaniste. Les habitants ont répondu présent : plus de deux cents Vénissians se sont déplacés afin de partager avec les élus et les techniciens leurs questionnements mais aussi leurs inquiétudes. Dans le nombre de remarques formulées, on constate un équilibre entre les commentaires positifs mentionnant parfois quelques inquiétudes mais soutenant le projet du Puisoz et bien sûr d’autres commentaires plus hostiles. Ce qu’il en ressort globalement, je vais le développer sur trois points :

1° – Une volonté des habitants de faire naître un quartier vivant dans un cadre de vie apaisé. Nombre de commentaires soulignent « le beau projet » qu’est le Puisoz, avec une programmation mixte intéressante qui n’est pas simplement une zone commerciale. La présence prévue d’espaces publics de qualité, d’une qualité paysagère supérieure par rapport aux centres commerciaux classiques, la prise en compte des modes doux permettront de donner un nouveau visage à la ville et de renforcer sa place au cœur de la Métropole. La volonté affichée est celle d’un quartier équilibré au cœur du Puisoz. Les habitants du quartier de Parilly sont également mobilisés en faveur d’une intégration de leurs problématiques quotidiennes au projet, à savoir liaisons en modes doux et ouverture vers les commerces de proximité du Puisoz qui manquent donc sur le quartier de Parilly.

2° – Mais aussi une inquiétude, qui se cristallise sur les flux de circulation automobile sur les voies d’accès, sur la circulation autour des places et des ronds-points, sur l’engorgement du boulevard Joliot-Curie et, bien sûr, du périphérique.

3° – Une demande forte des habitants d’être impliqués dans la concertation et associés à l’avancement du projet.

Aujourd’hui -comme je l’ai dit tout à l’heure-, nous allons délibérer sur l’approbation du programme de maîtrise d’œuvre, d’une convention de maîtrise d’ouvrage unique entre la Ville de Vénissieux et la Métropole pour l’éclairage public et nous n’en sommes, bien sûr, qu’à la première étape. Beaucoup de choses restent encore à travailler comme l’implantation de services publics, le nombre de logements, les hauteurs d’immeubles, les besoins de places en crèches, les classes.

Je sais, monsieur le Président, que nous partageons les mêmes objectifs sur ce site, nous en sommes certains, pour améliorer la qualité de vie de nos concitoyens, de nos habitants, de part et d’autre du périphérique.

Par contre, je voudrais insister parce qu’il nous faut, je crois, apporter une attention toute particulière aux éventuelles difficultés liées à l’augmentation du trafic routier dans tout ce secteur, dont fait partie bien évidemment la Ville de Vénissieux mais je pense aussi à l’arrondissement de Lyon 8°.

Je vous remercie.

Des questions et des inquiétudes !

N° 2015-0411 - Lyon 3° - Projet Lyon Part-Dieu -

M. le Conseiller BRAVO : Monsieur le Président, mesdames et messieurs les Vice-Présidents, mes chers collègues, la délibération qui nous est soumise pour approbation est le résultat de la prise en compte de l’avis de la commission d’enquête qui a émis un certain nombre de réserves, dont le manque de concertation, sur un dossier qui se veut pourtant être un exemple. Il s’agit ici d‘approuver la prolongation de la concertation jusqu’à fin octobre 2015, principe que nous approuvons naturellement.

Sur le fond du dossier, il s’agit de poursuivre les réalisations de l’hypercentre lyonnais et ainsi d’attiser le rayonnement de la Métropole par la skyline. Alors que se finalise la nouvelle tour Incity qui accueillera la Caisse d’épargne qui, grâce à son mât, dépasse le « Crayon » où loge le Crédit lyonnais, on comprend mieux les enjeux de ces projets de constructions de tours. On se croirait revenu un siècle et demi plus tôt lorsque la tour de Fourvière pointait contre la basilique voisine, à la différence près que la foi a changé : c’est celle de l’argent qui prime au détriment de considérations utiles aux habitants, au quartier de la Part-Dieu et à l’agglomération.

Nul doute que la nuisance visuelle s’achèvera avec l’hyper-densification. Le flux et le reflux créés pour attirer les salariés, les consommateurs impliquent l’aménagement de moyens de transports dédiés et spécifiques. Si l’on peut néanmoins s’entendre sur la nécessité de construire de nouveaux équipements dédiés aux entreprises et de densifier l’urbain, est-il pour autant souhaitable que tout se trouve concentré en un seul point ? Ici, l’hypercentre joue contre le principe de multipôle utile aux villes et quartiers voisins. Ce ne sont pas seulement les investissements qui sont engloutis mais surtout les infrastructures utiles à tous.

Nous, nous défendons une autre vision de l’agglomération, où les enjeux seraient partagés et les constructions réparties de façon plus harmonieuse, la densification n’impliquant pas forcément la concentration. D’autres exemples existent en fin de compte. Une véritable qualité de vie accrue pour tous les habitants, cela peut se faire par la création d’axes de transports forts en périphérie qui relient ceux déjà existants, en décidant de refondre le pôle du centre multimodal, de renforcer le PLU-H en revoyant à la baisse les bâtiments de très grande hauteur -et il en reste un certain nombre à réduire- et en permettant une implication des habitants, pas seulement par les traditionnelles concertations mais en mettant dans les mains de tous les enjeux d’avenir.

Cela demande une autre forme de transparence sur les dossiers et nous partageons les questions et inquiétudes du collectif Part-Dieu, dont vous avez eu un tract distribué à l’entrée de ce Conseil.

Je vous remercie pour votre attention.

Deux questions…

N° 2015-0412 - Lyon 2° - Zone d'aménagement concerté (ZAC) Lyon Confluence 2° phase - Délégation de maîtrise d'ouvrage pour le réseau de chaleur urbain de la Confluence à la SPL Lyon Confluence -

M. le Conseiller MILLET : Brièvement, monsieur le Président, avant de passer aux délibérations sans débat, deux questions en fait sur le sujet que vient d’évoquer Béatrice Vessiller.

La première, c’est que cette chaufferie de cogénération à gazéification biomasse est un des objectifs importants du plan Climat sur le quartier Confluence et ce qui doit contribuer à permettre d’avoir, en 2020, des émissions carbone au niveau de 2000. Mais on sait bien que les enjeux de l’énergie font l’objet de batailles technico-commerciales et juridiques importantes, nous le savons bien sur les réseaux de chaleur. Il serait donc très important de jouer la transparence sur l’état d’avancement des études de cette chaufferie biomasse et c’est donc la première question : pouvez-vous nous préciser l’état d’avancement des études sur cette cogénération avec gazéification de biomasse ?

Cela nous conduit à une deuxième question. En effet, le report de cette concession 2017 va se terminer à un moment où nous devrions avoir une nouvelle DSP du réseau de chaleur de la Métropole. Or, nous notons bien que, dans l’équilibre de la concession, il y a donc une contribution de 10 M€ de la Métropole au financement de ce réseau de chaleur de Confluence. Or, nous n’avons pas trouvé trace, dans les discussions de la DSP réseau de chaleur en 2014, de la prise en compte de ces 10 M€ dans l’équilibre de la DSP Lyon-Villeurbanne. Et, donc, c’est la question que nous vous posons : on considère bien que ces 10 M€ seront mis dans la corbeille de la future DSP Lyon-Villeurbanne ? Sinon j’aurais eu tort en commission de dire que l’eau paie l’eau et, donc, que la chaleur paie la chaleur, sinon il y aurait ici une subvention d’un réseau de chaleur.

Je vous remercie.

Quel avenir de l’agglomération ?

N° 2015-0361 - Révision du Plan local d'urbanisme tenant lieu de Programme local de l'habitat (PLU-H) - Débat sans vote sur le PADD du PLU-H -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, le Plan local d’urbanisme et de l’habitat devrait être l’objet d’un grand débat populaire sur l’avenir de l’agglomération lyonnaise mais, pour la majorité de nos citoyens, cela reste un débat lointain et difficile.

Ce Plan d’aménagement et de développement durable (PADD) pourrait être une bonne introduction aux choix sur lesquels se construit une vision de l’agglomération. Encore faudrait-il éviter les effets de style consensuels qui finissent par masquer le contenu réel. Permettez-moi de citer l’encart en page 5 sur la Métropole de Lyon -je pense que vous l’avez lu avec sourire, monsieur le Président- ; je cite : « La Métropole de Lyon apporte de nouvelles formes de gouvernance. Parmi celles-ci, le rôle des Communes […] est mis en avant… ». La Métropole inventant les Communes. Il faut oser ! Mais passons outre ce tellement politiquement correct qu’il en devient vraiment impoli pour le lecteur.

Revenons à l’intérêt du PADD pour les habitants. Une fois mis de côté les discours commerciaux sur les atouts de la Métropole dans la concurrence internationale, il faut redire le lourd poids de la crise autant dans la poursuite de la désindustrialisation -je ne citerai que le nouveau coup porté par Volvo contre l’industrie régionale du poids-lourds et permettez-moi cet ajout, monsieur le Président, comme vous l’avez évoqué à propos de Safran, malgré le bon travail avec Volvo dans le cadre, par exemple, de LUTB ou le désengagement privé dans la recherche avec SANOFI- mais surtout aussi les conséquences sociales de la crise, la pauvreté de masse avec, à chaque « réforme », le démontage de ce que certains appellent des amortisseurs sociaux et que les progressistes persistent à appeler des droits ! Des dizaines de milliers de licenciements dans les grands groupes avec quelques mesures d’accompagnement qui prendront vite fin vont se transformer au fil des mois en fins de droits, RSA, faisant exploser la demande d’aide sociale.

Alors, bien sûr, la vie lyonnaise ne se résume pas à la crise ! À coté de la désindustrialisation, il y a aussi innovation, création. À coté de la grande pauvreté, il y a de la richesse et des habitants qui ont des revenus corrects, même si aucune couche sociale n’est à l’abri. Oui, Lyon s’en sort mieux que d’autres parce que, dans la concurrence, les gros se portent toujours mieux que les petits. Cette métropolisation est cependant le pendant de la désertification rurale, dans l’abandon national de toute volonté d’aménagement du territoire. Cela nous a permis une époque de développement, avec des financements de l’État stables et une dynamique économique mise à disposition de l’agglomération par la Taxe professionnelle unique. Cette période de vaches grasses est terminée et celle qui s’ouvre sera sous le signe de l’austérité.

Il faut alors juger ce PADD sur ces deux priorités :

  • Comment réindustrialiser notre économie ?
  • Comment répondre aux besoins des habitants tels qu’ils sont ?

Ces deux enjeux sont essentiels pour tous nos grands projets. Ils nous conduisent à commenter les quatre défis de l’orientation proposée ainsi : pour nous, le défi métropolitain n’est pas d’abord l’attractivité de l’agglomération dans la concurrence mais, au contraire, sa coopération dans sa région ! Le SCOT étudiait les interactions entre Lyon et Saint Étienne, Roanne, Bourg en Bresse, que ce PADD ne fait qu’évoquer quand il faudrait les approfondir : la filière bois qui rend dépendantes les forêts régionales et les chaufferies urbaines, le contournement fer et routier de Lyon, une densification métropolitaine favorable au développement des autres villes régionales, avec une ambition renouvelée sur le transport public régional sans lesquels on n’agira pas contre l’étalement urbain. La multiplication des dénominations (SCOT, aire urbaine, pôle métropolitain, région urbaine, aire métropolitaine) en souligne la difficulté mais aussi la nécessité.

Pour nous, le défi économique, c’est que la ville-centre a perdu 30 % de ses emplois industriels, tout en gagnant 14 000 emplois. Cette désertification industrielle menace toute l’agglomération. Mais le « campus industriel » de la Vallée de la chimie laisse dans l’ombre la question de la nature des productions, de leur finalité. Faire grandir les exigences de performance énergétique et environnementale, justement parce qu’on veut garder l’industrie en zone urbaine, ne suffit à pas à faire des stratégies industrielles des questions politiques publiques. Oui ou non, le groupe TOTAL a-t-il planifié à terme la fermeture de la raffinerie ? C’est une question centrale pour l’avenir de la Vallée.

Pour nous, le défi de la solidarité, c’est l’aggravation continue des inégalités dans l’agglomération ! Les taux de chômage par quartier, le pouvoir d’achat moyen sont révélateurs de ce qu’il faut appeler par son nom : une ségrégation spatiale. C’est l’évolution générale de notre société mais nos politiques affirmées du logement social n’ont pas renversé cette tendance. La situation des bidonvilles sur les bordures du périphérique et, plus généralement, du mal-logement, exige une réponse ambitieuse, avec l’État, pour sortir -nous l’avons dit- du cycle tacitement accepté des expulsions/réinstallations. Quand les loyers moyens ont augmenté de 57 % depuis 2000 alors que le revenu moyen n’a augmenté que de 20 %, il faut redire que la grande majorité des habitants sont éligibles au logement social, bien au-delà des seuils SRU !

Enfin, le défi environnemental s’inscrit dans un certain consensus sur le changement climatique, la consommation énergétique, la biodiversité et la place de la nature en ville. Mais nous savons d’expérience qu’il se heurte vite à l’enjeu des droits humains et sociaux quand les logiques économiques et techniques conduisent à l’aggravation des inégalités. Et nous n’avons pas de vrai bilan sur la consommation réelle des bâtiments BBC.

En résumé, les objectifs généraux de ce plan sont souvent consensuels et de très nombreuses propositions doivent être soutenues. Mais, pour permettre une réelle appropriation par les citoyens, il faut s’appuyer sur le bilan des dernières années…

M. LE PRÉSIDENT : Merci beaucoup. Le groupe Synergies-Avenir.

M. le Conseiller MILLET : …et assumer un choix d’orientation…