« Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée »

2022-1250 - Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté - Orientations et attributions des subventions -

Mme le Conseillère BURRICAND : Madame la Vice-Présidente, chers collègues, nous sommes intervenus régulièrement sur les délibérations successives depuis l’engagement de la Métropole dans le dispositif « Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté ». C’est un objectif prioritaire pour nous et nous savons que les mois qui viennent risquent de faire basculer toujours plus de citoyens dans la précarité et la pauvreté du fait de la hausse des prix, particulièrement de l’énergie et de l’alimentation.

Nous partageons les axes de déploiement annoncés qui sont pertinents quant à nos compétences. Plusieurs d’entre eux concernent, au travers de compétences métropolitaines, la santé -notamment les actions 6,  7, 8 et 10. Cela nous confirme l’importance de cette problématique dans la période et nous regrettons que vous n’ayez pas donné suite, ou que vous tardiez de donner suite, à notre demande d’une mission d’évaluation sur la situation de la santé publique dans la Métropole de Lyon, car ce problème reste entier.

Aujourd’hui, 14, 6 % de la population est considérée comme pauvre, près de 10 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté en France… un chiffre stable qui ne baisse pas, et qui pourrait augmenter dans les mois qui viennent. La hausse des prix de produits essentiels alors que les salaires sont tirés par le bas est mortifère pour une partie toujours plus importante de la population.

Nous approuvons le choix de prolonger les actions issues des axes de travail décidés dans les précédentes délibérations. Sur ces questions, il faut beaucoup d’engagement et de ténacité. Cette décision témoigne aussi de la permanence de difficultés graves, de dysfonctionnements dans notre société.

L’évaluation conjointe de la Métropole et de l’État s’impose. Le Conseil métropolitain devra en être informé précisément avec des marqueurs permettant de mesurer l’efficacité des actions. Et de s’interroger, quand les résultats sont insatisfaisants. S’agit-il de chercher ce qui a cloché dans les actions ou de mesurer que les efforts des professionnels, associations, bénévoles, se trouvent toujours remis en cause par des décisions politiques, une organisation sociale, un état du monde qui, chaque jour, plongent  des femmes et des hommes, des enfants dans la misère ?

Nous n’enlevons donc pas une virgule à ce que nous disions en 2019 et 2021 que résume bien la phrase de Victor Hugo :

« Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée ».

La lutte contre la pauvreté, c’est d’abord une bataille pour l’emploi, l’augmentation des salaires et des CDI, qui sécurisent les parcours de vie. Ce sont des médecins en nombre suffisant, des hôpitaux publics capables d’accueillir dans de bonnes conditions les patients, des centres de santé au plus près des populations.

Ce sont des places en crèche, des enseignants en nombre suffisant, l’école maternelle possible dès deux ans. C’est la poursuite de la Sécurité sociale, la retraite à 60 ans à taux plein, le SMIC à 1 600 euros net plus les cotisations nécessaires à notre cotisation sociale. C’est évidemment la réindustrialisation de la France mélangeant les filières traditionnelles et innovantes, c’est la rémunération du travail paysan et un Plan national d’installation de jeunes agriculteurs. C’est l’énergie libérée de la déréglementation et des directives européennes, un service public national de l’énergie qui garantisse l’apport indispensable du nucléaire tout en développant la part possible du renouvelable. Tout cela dépend de décisions politiques qui renversent l’existant et, tout de suite, s’attaquent aux supers profits qui se font sur la spéculation, les produits de première nécessité et les bas salaires.

Nous assumons complètement les propos de  Fabien Roussel. Permettez-moi de rappeler la chanson « Les mains d’or » de Bernard Lavilliers, qui a traversé les générations :

« Je sers plus à rien, moi

Y’a plus rien à faire

Quand je fais plus rien, moi

Je coûte moins cher

Que quand je travaillais, moi, d’après les experts »

Le travail est un droit, un outil de transformation du réel et le nœud de l’affrontement avec le capital. C’est pourquoi il est bien temps de le libérer de l’exploitation et du profit, c’est une urgence dont les politiques parlent trop peu souvent, car la course aux profits tue, elle est au cœur des guerres qui agitent la planète. Nous serons avec les salariés et les privés d’emploi dans la rue ce 29 septembre.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/PxJnJJehWlA?t=1303