Archives par mot-clé : Commission permanente du 10 juillet 2023

Il faut écouter les élus… Il faut écouter les habitants…

CP-2023-2576 - Soutien à la pérennisation des acteurs de l'économie de proximité par la création d'un fonds métropolitain -

M. le Conseiller DEBÛ : Monsieur le Président, chers collègues, nous sommes tous, je crois, aux côtés des commerçants sinistrés comme, d’ailleurs, de tous les particuliers dont un bien a été détruit dans ces journées de violences. Évènement qui confirme ce que nous disions en introduction de notre dernier conseil : la France craque.

Ces destructions ont vu converger, dans les premiers jours, une colère de jeunes réagissant à une mort dramatique, arbitraire et injuste mais, très vite, elles ont vu arriver des groupes violents, sans véritables revendications sociales, excités par des groupes mafieux organisant le pillage de biens marchands -notamment des buralistes, magasins de téléphonie ou de vêtements de sport.

Les enquêtes nous le diront, mais les réseaux mafieux ont joué un rôle important dans l’alimentation en mortiers des jeunes, voire très jeunes, lesquels n’ont pas pleinement conscience de la gravité de leurs actes. Pourtant, depuis des années, des maires -dont Michèle Picard- demandent un contrôle strict de ces mortiers, qui peuvent devenir des armes par destination et qui sont en vente libre, et qui, ces derniers jours, ont été utilisés à un niveau industriel. Cela doit interpeller les services de l’État. Il y a eu des sommes d’argent énormes mobilisées dans cette logistique des émeutes, et les enquêtes devront nous dire qui a payé. Et ce ne sont, probablement, pas des jeunes à la dérive ni des familles au RSA.

Mais il faut aussi redire que tout a commencé par un drame… la mort d’un jeune homme de 17 ans… un crime qui confirme l’impasse de la politique de maintien de l’ordre, notamment en direction de la jeunesse… Car le jeune Nahel était connu des services de l’enfance… un de ces jeunes « perdus de vue », sorti de l’école avant 16 ans, livré à lui-même par l’absence de moyens de l’ASE et qui se perd dans une fuite en avant dans l’illégalité, dans la rupture avec la République. Mais qui a rompu, lui ou nous, en tant que représentant de la République ?

Un policier qui entame son neuvième jour de travail en continu se retrouve, dans l’excitation d’une course-poursuite, à commettre un acte terrible, que la justice sanctionnera et qui a libéré une colère trop longtemps contenue dans nos cités populaires.

Cette colère fut dévastatrice pour de nombreux services publics et pour de nombreux commerçants. Ainsi, être aux côtés des commerçants sinistrés est une évidence et nous votons, bien sûr, le million d’euros en leur faveur.

Cependant, restons vigilants à la mise en place annoncée par le chef de l’État du projet de loi « d’urgence » pour aider à la reconstruction du mobilier urbain détruit dans des délais plus courts, sans plus de précisions… Seule annonce face à la France qui va mal et panse ses plaies, face à des Français qui craquent…

Les maires, les élus locaux, les agents des services municipaux ont dû faire face, jours et nuits, en premières lignes. Ils ont dû jouer les médiateurs et les urgentistes d’une République fracturée. Plus que jamais, nous avons besoin d’une politique nationale ambitieuse et de véritables moyens pour rétablir la cohésion nationale, l’égalité des droits, le respect des toutes les citoyennes et de tous les citoyens, quels que soient leur classe, leurs origines, leurs quartiers. Les droits élémentaires à l’éducation, à la sécurité, à la santé, au logement, aux transports, au sport, à la culture et à l’emploi doivent être une réalité garantie par l’État et ce, grâce aux services publics, symboles d’égalité et de justice de notre pays.

Il faut écouter les élus… Il faut écouter les habitants qui nous disent ce qu’ils veulent, et ce qu’ils ne veulent plus… comme des profs non remplacés, des enfants laissés-pour-compte, des emplois précaires, …

Nous voulons plus de services publics, plus d’écoles, plus de justice. La réconciliation républicaine est à ce prix. Ainsi, les communistes demandent :

– Création d’une police de proximité, au nombre de 30 000, et une refonte de la doctrine de maintien de l’ordre et une redéfinition des missions de la police.

– Abrogation de la loi de 2017, sur l’emploi des armes à feu par les argents de police.

– Refonte complète de la formation des agents et augmentation de sa durée.

– Recrutement de 25 000 magistrats et greffiers et augmentation du nombre d’éducateurs et des moyens de la PJJ.

– Un fonds d’urgence pour les associations œuvrant pour la jeunesse et les publics en difficultés. Investir 10 milliards pour les communes.

– Maintien de la « politique de la ville », y compris dans les quartiers ayant moins de mille habitants.

– Et, enfin, la création d’un fonds de développement des services publics de proximité.

Ce sont des mesures d’urgence qu’il faudrait compléter.

En attendant, nous voterons cette délibération et je vous remercie de votre écoute.