Monsieur le Préfet,
Face à l’inquiétude et à la souffrance des salariés de l’Opéra national de Lyon, nous vous alertons sur la dégradation de leurs conditions de travail et vous engageons à porter toute l’attention nécessaire au rétablissement du dialogue social et des droits des personnels.
L’organisation du temps de travail de fait irrégulier, mais non planifié et dans les conditions actuelles de sous-effectifs, engendre surcharge de travail et pression sur les personnels, source de souffrance et de conflits. Nous vous alertons sur le non-respect de la Convention signée entre l’Opéra, l’État, la Ville de Lyon, la Région et la Métropole. De plus, suite au conflit de novembre-décembre, un protocole a été signé mais, à ce jour, il n’est toujours pas respecté. Sur les 400 personnes employées par l’Opéra (250 Ville de Lyon, 160 privé), avec une vingtaine de postes de fonctionnaires gelés, le directeur n’a pour seuls recours que la précarité et la multiplication de recrutements d’intermittents.
En outre, les délocalisations des décors (en Italie), des costumes (en Roumanie), du mobilier (en Chine, en Inde) et des accessoires, entraînent une démotivation des personnels, avec un sentiment de dépréciation. La qualité moindre des productions réalisées en délocalisation oblige systématiquement à ce qu’ils soient repris, partiellement ou entièrement, par les ateliers de l’Opéra. Dès lors, quel est l’intérêt ? La direction défend ce système de productions délocalisées au travers de l’argument de la « coproduction ». Or, il ne s’agit pas de « coproduction » mais bien de délocalisation économique puisque le coût serait de moitié inférieur à celui d’un atelier de la région.
Le projet de la Fabrique de l’Opéra constituait de véritables perspectives d’améliorations pour les salariés, des conditions de travail renouvelées. Le désengagement de la Ville de Lyon et de la Métropole sur ce dossier, suscite l’incompréhension des personnels et un réel sentiment d’abandon accentué dans ce contexte de conditions de travail dégradées.
En trois ans, il y a eu 14 démissions, un licenciement, 11 procédures de licenciement ayant fait l’objet d’une procédure prud’homale. Aujourd’hui, les représentants des salariés souhaitent un vrai dialogue social et l’annulation des gels de postes afin de faire face à l’épuisement professionnel qui gagne tous les métiers, agents d’accueil et administratifs, techniciens, artistes. Si la santé physique et mentale des personnels reste une priorité absolue, dans tous les domaines professionnels, elle est à l’évidence essentielle dans une structure créative ayant vocation au rayonnement international.
Dans l’attente de votre réponse,
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, nos salutations distinguées.
Bernard GENIN, le Président