Accompagner les bénéficiaires du RSA vers un emploi pérenne dans le cadre d’un projet professionnel !

2024-2211 et 2024-2212 - Insertion - Appel à projets Parcours emploi intégré vers les métiers en tension et Actions d'insertion hors Insertion par l'activité économique (IAE) - Subventions -

Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le Président, madame la Vice-Présidente, chers collègues, nous voudrions, tout d’abord, souligner l’intérêt de ces deux délibérations qui nous permettent de connaître précisément les actions menées par la Métropole pour l’accès à l’emploi des bénéficiaires du RSA, objectif que nous affichons comme une priorité de notre action.

Vous le savez, nous refusons toute conditionnalité du RSA à l’acceptation de travaux précaires et réduits qui fragilise l’emploi, transforme les bénéficiaires en un sous-prolétariat, favorise la concurrence entre salariés dans une sorte de dumping social qui ne profite qu’à ceux qui cherchent toujours à faire baisser le prix du travail au profit du coût du profit, petits ou gros profiteurs de la misère. Pour autant, nous défendons le travail, qui doit être respecté et valorisé, notamment par sa rémunération et ses conditions d’exercice jusqu’à le libérer de l’exploitation.

Nous partageons donc l’objectif affirmé, dans ces deux délibérations, d’accompagner les bénéficiaires du RSA vers un emploi pérenne dans le cadre d’un projet professionnel.

Notre collectivité consacre à cet objectif des efforts financiers et humains importants. Nous soutenons ces efforts. Nous souhaiterions, d’ailleurs, qu’ils soient mieux partagés encore par les entreprises, particulièrement par celles qui perçoivent des aides de l’État ou des collectivités et qui devrait se traduire par un effort pour l’emploi.

Nous sommes tous étonnés, alors que notre pays connaît un chômage récurrent, du phénomène, qui se développe ces dernières années, d’emplois qui ne sont pas pourvus dans le privé comme dans le public, faute de candidats. Cela témoigne d’une crise profonde du rapport au travail, que nous ne pouvons que relier à la question des rémunérations et conditions de travail, de la formation aussi et qui mériterait d’être plus étayée pour répondre encore mieux.

Ces deux délibérations disent aussi que l’accompagnement des bénéficiaires du RSA jusqu’à l’emploi s’est encore complexifié. Nous notons que les trois freins essentiellement ciblés sont les faibles niveaux de maîtrise du français, la santé mentale et le diagnostic et l’accompagnement du handicap ; ce qui aggrave les situations sociales et d’exclusion souvent terribles des bénéficiaires. C’est d’ailleurs ce qu’indiquent les professionnels des entreprises d’insertion. J’ai particulièrement en mémoire notre dernière rencontre avec l’équipe de Médialys, témoignant de la nécessité d’un accompagnement qui prenne en compte toutes les problématiques de plus en plus lourdes des personnes, santé et logement notamment.

Nous notons dans les métiers en tension -le numérique, la mobilité durable, l’industrie, le bâtiment et travaux publics. Chacun a en mémoire la récente loi sur l’Immigration qui refuse à des travailleuses et travailleurs clandestins, mais si connus, la possibilité de vivre décemment en régularisant leur situation ; les livrant ainsi à l’arbitraire et à la surexploitation qu’engendre toujours l’absence de droits. Sur cette question des métiers en tension, nous nous interrogeons sur le fait de ne pas retrouver, dans cette énumération, les métiers de la santé, du soin et du lien alors que nous savons les manques criants de personnels. La marche paraît-elle trop haute ?

Dans tous les cas, nous serons très attentifs aux enseignements et résultats de ces actions qui seront portés, nous en sommes certains, à notre connaissance.

Je ne saurai conclure cette intervention sans dire notre inquiétude devant le retard pris à la mise en place du CRIC (Carrefour de ressources en interculturel) en Rhône-Alpes du fait du non-investissement de la Région et du manque de réactivité de l’État. Nous n’allons, évidemment, pas nous substituer aux deux protagonistes de ce plan, mais six associations ont alerté plusieurs maires et madame la Préfète de l’impossibilité dans lesquelles elles étaient de mettre en place les parcours formations professionnels en langue française pour les publics allophones et les dispositifs d’accompagnement à la construction de projets professionnels et d’accès à l’emploi. En 2023, ces actions avaient concerné près de 2 800 demandeurs d’emploi, sans compter les impacts financiers et d’emploi sur les organismes concernés de cette situation. L’intérêt général devrait primer sur les affrontements politiciens et permettre que ces actions puissent avoir lieu.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/kD0xSZelKiU?t=19650