M. le Conseiller DEBÛ : Monsieur le Président, monsieur le Vice-Président, chers collègues, notre majorité s’est dotée d’un plan ambitieux de création de logements et, notamment, de logements accessibles pour le plus grand nombre. Plan, qui aura, dès le départ, été contrarié par la pandémie du Covid et, aujourd’hui, par la forte envolée des prix des matières premières, de l’énergie et des taux.
Nous nous trouvons pris en tenaille entre, d’un côté, le renchérissement des coûts de construction et, de l’autre, la contraction des capacités financières des ménages -que ce soit pour accéder à des emprunts bancaires ou, tout simplement, pour payer ses loyers. Il en résulte que le nombre de projets immobiliers qui « sortent de terre » s’en trouve fortement ralenti, alors même que les besoins en logement restent très importants.
Par effet ricochet, ce sont, comme d’habitude, les ménages les plus modestes qui sont les principaux pénalisés : la chute des ventes, de près de 50 %, obère les équilibres économiques des opérations, lesquelles sont ralenties, voire arrêtées (- 31 % de constructions), et donc, « bouche » tout le reste du circuit. Au bout de la chaîne, le logement social, le logement abordable, se retrouve en situation de saturation totale, impactant à son tour le logement d’urgence et la lutte contre la grande précarité.
Qu’on ne vienne pas nous expliquer ici que ce serait la suradministration ou l’encadrement des loyers qui serait à la racine de cette crise de la construction, car si, d’une part, le contre-coup de la pandémie est un facteur important, l’inflation qui a suivi est pour 50 % due à l’augmentation des taux de profit des grandes entreprises qui ont refusé de modérer leurs dividendes. Nous touchons ici à une des nombreuses contradictions du capitalisme financiarisé et de son incompatibilité manifeste à répondre aux besoins sociaux du plus grand nombre.
La spéculation immobilière -dont nous faisons les frais- finit, elle aussi, par se retourner contre les promoteurs eux-mêmes : à un moment donné, la décorrélation entre les prix proposés et la réalité du terrain finit par être insupportable, et la bulle éclate. Si cela ne devait toucher que les spéculateurs, on pourrait s’en réjouir ; malheureusement, ce ne sont pas eux qui payent les pots cassés…
D’ailleurs, on notera qu’une fois encore, lorsque le sacro-saint marché « libre et non faussé » se trouve en difficulté, c’est par le recours à la puissance publique que l’on limite les dégâts et, paradoxalement, que l’on sauve le système libéral…
Les élus Communistes sont bien conscients de ce paradoxe, mais la réponse aux besoins de la population est notre priorité. Nous soutenons donc pleinement le plan d’urgence de la Métropole, car nous ne pouvons pas rajouter de la crise à la crise, dans un secteur aussi essentiel que le logement.
Ce plan d’urgence met également en relief la pertinence du BRS, qui est un dispositif efficace pour l’accession des ménages modestes à la propriété (d’usage), tout en étant un outil anti-spéculatif. Le BRS, combiné à un effort continu de production de logement social -dans des proportions nettement plus importantes qu’aujourd’hui-, est le chemin qui nous permettra de sortir de la crise du logement.
À ce titre, l’absence totale de vision et de stratégie de l’État est un danger majeur. S’il est un secteur où l’État doit investir massivement, c’est bien celui-là. Entre la nécessité de produire des logements neufs, celle de l’isolation thermique des bâtiments et la lutte contre l’habitat indigne, il y a là d’immenses chantiers, urgents et indispensables, que l’on ne peut pas mésestimer. Mais ce n’est pas avec ce Gouvernement qu’on y arrivera, il est urgent de changer la direction politique de notre pays.
La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/5zx_d6lbYr4?t=15579