Paix entre les Nations, Fraternité entre les Peuples et accueil inconditionnel de tous les réfugiés, quelles que soient leurs origines !

Intervention préalable

Monsieur le Conseiller DEBÛ : Monsieur le Président, mes chers collègues, au nom du groupe des élus Communistes et républicains et, plus largement, de tous les élus et militants Communistes du Rhône, je tiens, en tout premier lieu, à exprimer notre solidarité et notre soutien au peuple ukrainien, plongé dans les affres de la guerre, sous les bombes ou sur les chemins de l’exil.

C’est à ces femmes et ces hommes, ces enfants, que vont nos pensées en ces heures sombres, que nous espérions d’un autre temps.

Je veux, ensuite, condamner le plus fermement, le plus absolument, le plus implacablement l’agression inacceptable et criminelle du président Poutine. En faisant le choix de la force et du sang, le président russe se met au ban des Nations et sacrifie, avec lui, les peuples ukrainien et russe qui n’aspirent qu’à vivre en paix. Nous condamnons le nationalisme guerrier de Vladimir Poutine et de tous ses relais d’extrême Droite, en Europe et en France, qui empoisonne le débat et les esprits, par leurs discours belliqueux et haineux.

Que notre position soit connue, clairement et sans ambigüité : Paix entre les Nations, Fraternité entre les Peuples et accueil inconditionnel de tous les réfugiés, quelles que soient leurs origines.

Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat et à la résolution diplomatique et politique de ce conflit, dont les principales victimes sont encore, et toujours, les populations civiles.

Nous en appelons à la responsabilité de tous les décideurs politiques à réfréner les discours bellicistes et la surenchère va-t-en-guerre, à l’heure où le recours à l’arme atomique n’est plus un tabou et où l’Europe court le risque d’une dévastation sans précédent.

L’urgence et la sidération produites par l’agression des armées russes ne sauraient justifier des réponses simplistes, voire opportunistes, qui auront des effets terribles pour les peuples ukrainien et russe. Ainsi, sommes-nous résolument opposés à la livraison d’armes à l’Ukraine, car ce serait rajouter de la guerre à la guerre, au risque de nous entraîner dans un conflit généralisé, qui fait peser un risque de désolation sur l’Humanité entière.

La guerre ukrainienne est révélatrice des graves dérives de la logique de concurrence et d’affrontement qui sous-tendent les relations internationales, bien loin de la mondialisation heureuse tant vantée. D’ailleurs, la France a eu raison de refuser l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et à l’UE, car elle se souvient que c’était, déjà, sur cette question qu’a éclaté la guerre dans le Donbass, qui aura fait 14 000 morts depuis 2014.

Toutes les guerres sont déclarées sous des prétextes fallacieux, alors qu’elles trouvent leurs origines dans l’affrontement d’intérêts capitalistes financiers, pour servir les marchands de canons et les firmes qui exploitent les ressources naturelles -tels le pétrole, le gaz, les minerais, la production agricole. À ce titre, il faut mettre fin à la folle course aux armements toujours plus sophistiqués et meurtriers. Il nous faut sortir des structures et allégeances guerrières, telles que l’OTAN, qui affaiblissent l’ONU et qui, bien loin d’assurer la sécurité collective, sont des outils au service de l’impérialisme américain.

« La guerre », disait Paul Valéry, « c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et qui ne se massacrent pas ».

Alors, gardons en mémoire les millions de morts des derniers conflits et la jeunesse sacrifiée ; substituons aux logiques guerrières les logiques de la Paix, de la fraternité, de la solidarité et de la coopération entre les Peuples.

Et la France, forte de son Histoire, peut être une voix puissante lorsqu’elle s’engage pour la Paix. Lorsque notre Nation refuse la logique de blocs, le simplisme d’une lecture manichéenne des rapports internationaux, lorsqu’elle affirme sa pleine indépendance pour défendre les droits et la justice, alors elle est entendue et elle sera utile à la résolution pacifique du conflit.

Chacun en convient, la solution au drame ukrainien ne sera pas militaire. Elle ne peut être que politique, et doit s’inscrire sous l’égide des Nations Unies. A la résolution diplomatique du conflit, s’ajoute un devoir de solidarité avec les populations meurtries par la guerre.

La première des solidarités est l’accueil inconditionnel de tous les réfugiés. Il aura, malheureusement, fallu une guerre pour rappeler à l’Europe sa vocation humaniste, son devoir d’accueillir toutes celles et ceux qui fuient la guerre, la répression, les catastrophes climatiques et humaines.

Et si l’élan de solidarité, qui aura permis en quelques jours de trouver les fonds et les logements nécessaires à un accueil massif de réfugiés ukrainiens, est à saluer, cet élan met douloureusement en lumière l’hypocrisie et la petitesse de nos politiques d’accueil, le racisme structurel qui les sous-tend et l’inhumanité avec lesquels nous traitons -en tant que société- les réfugiés venus d’autres continents que le nôtre.

Il serait bon de se rappeler, à ce titre, l’article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui figure en préambule de notre Constitution : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »

Nous avons, en tant que collectivité, notre part à prendre dans l’accueil de tous les réfugiés et je sais que, fidèle à la tradition humaniste de notre agglomération, nous le ferons sans rechigner.

Notre collectivité devra aussi anticiper les effets longs du conflit ukrainien avec, notamment, une envolée des prix de l’énergie -particulièrement du pétrole et du gaz- mais aussi des produits alimentaires -tels que l’huile et les céréales-, qui aura des effets lourds sur les ménages et sur le tissu économique.

Nous devons également être très volontaires dans le développement d’une culture de Paix. Car qui veut la Paix, prépare la Paix (contrairement à ce que dit la maxime latine). Cela passe par le soutien aux associations, au milieu du sport et des arts, à la coopération culturelle, universitaire et scientifique, à tout ce qui participe et encourage l’échange humain, le vivre-ensemble, l’émancipation, l’égalité, le savoir et la fraternité.

Il nous appartient, particulièrement, de nous prémunir contre des réactions russophobes primaires, qui sont non seulement contre-productives mais heurtent nos valeurs fondamentales. Interdire, écarter, faire taire des artistes, universitaires, sportifs russes -ceux-là même qui sont, sans doute, les plus opposés au régime autoritaire de Poutine- est un non-sens. Pire, une faute.

Est-on vraiment conscient de la bêtise qu’il y aurait à annuler un cours sur Dostoïevski, un concert de Rachmaninov ou Chostakovitch, la projection d’un film d’Eisenstein ?

Je crois, au contraire, que le sport et la culture sont de puissants ressorts de fraternité, qu’ils créent des ponts entre les peuples, qu’ils permettent de mieux comprendre et d’appréhender le monde autour de soi.

Nombreux sont les défis devant nous, mais je sais que nous pouvons, tous ensemble, les relever.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/2irMoROrlQ4?t=1890