Nous sommes tous des « usagers » de l’hyper-centre !

2022-1054 - Lyon 2° - Lyon 1° -Apaisement Presqu'île - Ouverture de la concertation -

M. le Conseiller DEBÛ : Monsieur le Président, mes chers collègues, cette délibération est le premier acte d’un chantier attendu, de première importance, dont les effets redessineront et redéfiniront les quartiers de la Presqu’île, de Perrache au boulevard de la Croix-Rousse. Il s’agit d’un chantier « d’intérêt métropolitain » tant il est vrai que cela concerne l’hyper-centre, non seulement de la ville de Lyon mais de l’agglomération, en général. Je ne m’attarderai pas sur l’importance de ce secteur en termes de commerce, de tourisme, de loisirs, lieux de culture et d’enseignement, ainsi que de la charge symbolique de la Presqu’île ; la délibération les pointe bien.

Mais, cela amène plusieurs remarques et propositions.

Tout d’abord, noter que la physionomie générale de la Presqu’île d’aujourd’hui est largement héritée des derniers grands travaux du XIXème siècle, notamment sous l’égide du préfet Vaïsse -le Haussmann lyonnais. Or, pour visionnaire qu’il pouvait être -avec le percement des grands axes nord-sud, la création des places des Cordeliers et Impérial (aujourd’hui, de la République) ou l’implantation de la gare de Perrache-, force est de reconnaître que la Presqu’île n’avait pas été pensée pour la circulation et le stationnement automobiles ! Hippomobile, sans doute ; automobile, certainement pas.

Je ne peux donc que partager l’objectif d’un meilleur partage de l’espace public, et de limiter l’emprise de la voiture, dans ces quartiers aux trottoirs trop étroits pour le flux de piétons, voire aux rues trop étroites pour un usage raisonnable de la voiture. D’autant que les voitures ont tendance à grossir de décennie en décennie, ce qui n’est pas le cas des rues…

Nous ne partons pas, d’ailleurs, d’une feuille blanche en la matière. L’exemple du Vieux Lyon doit pouvoir apporter ses enseignements, même s’il y a des différences importantes entre les deux secteurs -que ce soit en termes de taille, de population, de fonctions ou de centralité.

Ainsi, devons-nous être attentifs à ce que les effets positifs attendus, à travers ce projet, ne se traduisent pas en effets négatifs pour les quartiers et communes voisines, notamment en terme de flux automobile. En effet, le projet pose la question des relations est-ouest dans la ville mais impacte aussi, avec la requalification de la rive droite du Rhône, la pénétrante nord-sud.

Si la Presqu’île est fort bien pourvue en transports collectifs, le projet pose la question de la logistique urbaine, qui est ici de première importance (la Presqu’île comptant plus de 2 700 commerces, sans parler des autres services et activités).

À ce titre, et puisque nous ambitionnons de « rattacher » la ville à ses « fleuves », il serait intéressant de solliciter la Compagnie nationale du Rhône, qui a conduit plusieurs études quant à la logistique du dernier kilomètre par voie d’eau. Il existe, d’ailleurs, des exemples de livraison de marchandises et d’alimentation par coche d’eau, à Paris notamment, où des vélos cargo viennent récupérer leurs chargements chaque matin sur une péniche.

Plus largement, le projet d’apaisement de la Presqu’île, du fait de sa centralité et de sa fréquentation, intéresse non seulement tous les Lyonnais mais, au-delà, tous les Grands Lyonnais. C’est pourquoi je voudrais suggérer d’élargir la concertation au-delà de son périmètre d’application. L’avis des habitants des quartiers concernés est évidement à intégrer au premier chef, mais l’avis des très nombreux salariés du secteur -dont seule une petite minorité habite dans le périmètre- ne saurait être minoré. Plus généralement, nous sommes tous des « usagers » de l’hyper-centre ; hyper-centre, qui participe de l’identité de notre agglomération, de son attractivité touristique et de notre cadre de vie.

Ce qui m’amène à une seconde remarque, sur le calendrier de la concertation. Nous en avons discuté en commission, et tout le monde convient que la période estivale n’est vraiment pas la plus indiquée pour mener une concertation. Même si elle déborde sur septembre-octobre, il me semble que, pour un projet aussi ambitieux, plutôt que de « bâcler » cette étape préliminaire, mieux vaut prendre un peu plus de temps en repoussant, par exemple, la période de concertation de septembre à décembre.

Enfin, et afin d’enrichir l’exercice, il serait sans doute opportun d’alimenter le cahier de concertation avec des exemples de projets possibles, d’expériences réalisées dans d’autres villes, afin de donner « du grain à moudre » et quelques grandes lignes directrices.

Ces remarques étant faites, nous voterons, bien évidemment, cette délibération.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/2irMoROrlQ4?t=18692