Mme la Vice-Présidente PICARD : Monsieur le Président, mesdames, messieurs, la crise sanitaire montre, incontestablement, l’utilité des collectivités territoriales. Nous le vérifions encore une fois avec cette délibération, et le soutien financier de la Métropole de Lyon aux Communes ayant mis en place des centres de vaccination contre la Covid-19.
Durant toute la crise sanitaire et sociale, alors que nous assistons à une défaillance de l’État, nos Communes et la Métropole ont multiplié les initiatives : achat et distribution de masques, aides alimentaires, soutien à la continuité pédagogique, accueil des enfants des personnels soignants, secours quotidien aux personnes âgées isolées et personnes vulnérables, développement des dispositifs d’entraide, soutien aux entreprises, aux ménages et aux associations, aide à la culture et aux artistes, etc. La fonction publique territoriale, si souvent attaquée par les politiques libérales, montre un visage d’exemplarité et d’utilité.
Dès le lancement de la vaccination, les maires ont été présents et force de proposition pour un accès le plus large et le plus rapide possible. Nous aurions pu faire plus vite encore mais, comme chacun sait, nous avons manqué de vaccins. Cela pose la question de la production et du brevet des vaccins, qui aurait dû être un bien commun, contre la privatisation de la santé et les inégalités que nous déplorons à l’échelle de la planète.
Les Villes ont été réactives pour la mise en place de centres de vaccination, dans l’intérêt général. Elles ont pallié, dans l’urgence, la faiblesse de notre système de santé. Il aurait donc été logique que l’État rembourse l’intégralité des moyens mobilisés.
La Ville de Vénissieux a travaillé en étroite collaboration avec la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) pour la mise en place du centre de vaccination, qui a d’abord été installé dans les locaux du CDHS (Centre Départemental d’Hygiène Sociale). Il a ensuite été transféré dans la salle municipale Irène Joliot-Curie, avec la montée en puissance de la vaccination. Cette salle a dû être aménagée pour le bon déroulement de l’activité vaccinale. Du matériel informatique a été acheté par la Ville, nous assurons la sécurité du site et onze agents municipaux sont mis à disposition. Je souligne le volontariat de ces fonctionnaires, qui n’ont pas hésité à sortir de leur corps de métier. Aujourd’hui, avec une situation qui commence à s’apaiser, la salle Joliot-Curie doit naturellement retrouver son usage premier, en direction de l’activité associative et municipale. Par ailleurs, les derniers pics de température nous ont rappelé que ce lieu n’est pas tout à fait adapté à la pratique du soin.
Depuis janvier 2021, plus de 24 000 injections ont été administrées à Vénissieux, et nous savons que les personnes vaccinées ne sont pas uniquement des Vénissians mais bien des habitants de toute l’agglomération. En revanche, nous avons manqué d’éléments chiffrés de la part de l’ARS, notamment concernant les chiffres par tranche d’âge des personnes vaccinées. Ces informations nous auraient permis de mieux cerner les problématiques et les freins à la vaccination, d’adapter notre communication et d’envisager de nouveaux dispositifs pour faciliter l’accès à la vaccination.
Nous devons, désormais, penser à la suite des opérations. Si, pendant de long mois, les collectivités ont été des amortisseurs, nous attendons maintenant que l’État entre activement dans une phase de sortie de crise. Le processus de vaccination doit sortir du cadre d’urgence pour devenir une situation normalisée. Quelle organisation si, dès janvier 2022, les personnes vaccinées doivent recevoir un rappel annuel ? Comment l’État compte-t-il gérer sur le long terme ? Les patients devront-ils s’adresser à leur médecin ou à leur pharmacien ? L’État va-t-il construire des centres de vaccination pérennes ? Aucune réponse n’est donnée.
L’absence d’explication et de visibilité dans la stratégie vaccinale ne donne pas confiance. La non-planification d’un avenir très proche ajoute de la suspicion et de l’anxiété. Et, précisément, il y a une incohérence énorme puisque gérer la sortie de crise, ce serait également gérer toute la dimension stress, angoisse. L’État doit renforcer tous les lieux d’écoute et les dispositifs de soutien psychologique, mais aussi mettre en place les accompagnements indispensables dans les écoles, les collèges, les lycées, etc.
La crise que nous venons de traverser a laissé des marques profondes. Nos politiques publiques de santé n’ont pas été à la hauteur. Ce constat est source d’inquiétude, car d’autres crises peuvent survenir. Très concrètement, nous avons besoin de visibilité, d’anticipation et de concertation entre l’ARS et les collectivités sur toutes les problématiques de santé publique. Nous ne pouvons pas continuer dans cette gestion verticale et à courte vue, avec des décisions venues d’en haut, parfois la veille pour le lendemain. C’est, au fond, tout le débat entre centralisation et territorialisation qui est posé depuis le début de la crise sanitaire.
Je vous remercie.