M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues nous sommes très heureux de la présentation de ce vœu et nous remercions tous les groupes de la majorité qui ont permis d’aboutir à ce texte commun ainsi que tous les groupes d’opposition qui ont accepté qu’il soit présenté, bien qu’un peu en retard sur la procédure de dépôt. Nous espérons qu’il pourra être soutenu largement pour apporter un message fort aux salariés des différents sites concernés par le plan social annoncé par le groupe General Electric mais, plus largement, aux nombreux sites industriels concernés par des restructurations : on parle de 569 plan sociaux en cours en France.
Les salariés ont bien conscience de l’ampleur de la difficulté : remettre en cause la décision stratégique d’un groupe immense dont un président emblématique était surnommé « bombe à neutron » car il détruisait massivement l’emploi sans détruire le capital. À l’évidence, et c’est un des messages forts de ce vœu, il faut une intervention déterminée de l’État. Le soutien de notre Métropole peut être une contribution importante pour aller dans ce sens. Ce serait un message important des oppositions de notre conseil de soutenir cette démarche.
Bien entendu, nous n’avons pas tous la même analyse des causes de cette situation et des solutions à y apporter. C’est pourquoi, tout en recherchant l’action commune la plus large possible, nous voulons aider, avec nos idées, à comprendre pourquoi, depuis des décennies, tous les Gouvernements successifs ont parlé de l’industrie -en tout cas, depuis la phrase malheureuse de l’État qui ne peut pas tout face à la fermeture de Vilvorde-, mais tous se sont révélés impuissants à inverser une tendance lourde à la désindustrialisation. Et il faut le retour au nationalisme à la Trump, et sa guerre économique dévastatrice pour les peuples, pour voir quelques relocalisations en occident, sans inverser la tendance longue en France.
Les Communistes considèrent que la raison fondamentale est liée au système capitaliste lui-même, devenu incapable d’assurer le développement économique et social. L’industrie est plombée par une exigence de rentabilité du capital, qui est un véritable cancer au seul service de ce qu’il faut bien nommer des oligarchies à la Soros, et repose sur une bourse folle capable de faire croire que Tesla vaut plus que Toyota ou que les GAFA peuvent valoir plus de 1 000 milliards chacun. Ce qui n’a, évidemment, aucun sens. Il s’agit simplement de la guerre entre capitalistes, car ces sommes folles permettent à un petit nombre de prédateurs de décider de ce qu’il faut bien appeler un véritable « monopoly » capitaliste et laissent la majorité des entreprises de taille moyenne à leur merci.
C’est pourquoi il n’y a pas de réponse dans ce « monopoly » capitaliste. Il faut en sortir. Il faut que les décisions d’investissements industriels ne soient plus dépendantes des intérêts privés de quelques uns mais répondent à une exigence publique de besoins en biens matériels et de services, en infrastructures de transport, énergétiques, numériques, etc. Il faut que les investissements industriels fassent l’objet d’un débat public, politique, impliquant toutes les parties prenantes dans une filière et que les investissements privés soient conditionnés par leur utilité publique ! Oui, il faut un plan qui ne soit pas seulement un outil de communication mais un véritable outil stratégique de pilotage des investissements.
C’est pourquoi la nationalisation est en débat chez les salariés. J’espère que Gérard Collomb ne me répondra pas, cette fois, que la seule solution est la « destruction créatrice », qui ferait grandir de jeunes pousses en détruisant le vieux monde. Ce charabia idéologique ne sert que les prédateurs et les opportunistes de toute sorte, ces chasseurs d’or cachant derrière le numérique de terribles reculs sociaux à la Uber.
Le monde change, à grande vitesse, et le temps de cette mondialisation capitaliste triomphante est derrière nous. Le développement du sud, poussé par la Chine ; les difficultés grandissantes des USA, ayant pris acte de leur recul dans la mondialisation : tout doit nous pousser à innover, à sortir des modèles économiques du passé. C’est essentiel dans ce secteur de l’énergie où, depuis des années, la transition énergétique a été utilisée contre le service public et les droits des salariés. Il faut remettre en cause cette transition énergétique capitaliste qui détruit la cohérence des filières technologiques de l’électricité en France, chez EDF, ENEDIS, Alstom devenu General Electric ou Schneider.
C’est indispensable pour les salariés de General Electric, comme pour toute la filière et pour les usagers de l’électricité. Je vous remercie.