« Pas de TOP sans COL »…

Communication de monsieur le Président - Enjeux de circulation et de transit vers le cœur de l'agglomération lyonnaise - Déclassement des autoroutes A6-A7 traversant Lyon -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président et chers collègues, premier commentaire, j’ai bien retenu que, pour qu’une question diverse soit introduite dans l’ordre du jour, il faut la faire poser par le groupe Les Républicains et apparentés.

M. LE PRÉSIDENT : C’est la déviation libérale.

M. le Conseiller MILLET : Deuxième petite remarque, je crois que nous avons un problème de durée des séances car, si vous avez fait cette proposition, c’est parce que vous réalisez bien que, si elle était abordée à 23 heures, nous aurions eu une difficulté à avoir un vrai débat. Mais je vous signale que nous aurons peut-être à 23 heures des délibérations qui méritent un vrai débat et, donc, c’est une vraie question. Mais, évidemment, il y a une solution, c’est de réduire les temps de parole à trente secondes voire de les limiter à un groupe toutes les dix interventions et cela ira très vite. Enfin, je ne crois pas que la démocratie y gagnerait grand-chose. Donc nous avons un problème de durée des séances. Notez bien que vous le saviez en créant la Métropole puisqu’il suffisait de cumuler les heures de délibérations en séance du Conseil général, de sa Commission permanente et du Conseil général et les heures de la Communauté urbaine pour comprendre qu’il y avait évidemment un problème résultant.

Cela dit, quelques commentaires rapides.

Premièrement, il faut tout de même se souvenir que ce déclassement, qui ne peut évidemment satisfaire tout le monde comme perspective, a d’abord été présenté comme une conséquence du Tronçon ouest du périphérique (TOP) devenu Anneau des sciences ; et je vous rappelle la formule célèbre dans mon groupe : « Pas de TOP sans COL ».

Alors, évidemment, vous nous dites aujourd’hui que le Contournement ouest de Lyon (COL), c’est irréaliste, c’est impossible, il ne se fera jamais. Par conséquent, vous prenez acte, je crois pour la première fois d’une manière institutionnelle -vous l’aviez déjà dit bien sûr mais vous en prenez acte-, que l’on abandonne le principe du COL. On cherchera dans les délibérations ou les documents qui ont pu exister jusqu’à présent à quel moment cette formulation est apparue.

En tout cas, concrètement, quand on voit votre présentation, bien évidemment, par exemple sur les transits est-ouest, on ne peut qu’avoir une réaction, on va dire, dans un court ou moyen terme en se disant : « Oui, il serait réaliste de réaliser ces barreaux parce que chacun comprend bien, pour le transit est-ouest, qu’il manque le barreau nord A89-A46, qu’il manque le barreau sud A45-A7 » et tout le monde ne peut que se dire que c’est une évidence.

Cela dit, quand on prend les trafics nord-sud qui sont l’essentiel des 44 000 que vous évoquez, je ne suis pas un spécialiste du dossier mais je pense que les 44 000 sont bien des transits nord-sud ; en tout cas, c’en est une grosse part, on ne peut que faire un constat.

L’abandon du COL est une vieille tradition lyonnaise finalement dans le rapport entre son ouest et son est et, de ce point de vue, j’entends avec sympathie notre collègue d’Écully souligner le bruit et la pollution ; mais, en quelque sorte, cela ne m’intéresse pas beaucoup de constater qu’on en aurait libéré Écully pour venir en surcharger le sud-est lyonnais. Je ne crois pas que ce soit une solution à l’échelle de la Métropole et donc nous avons une vraie question : l’abandon du COL est sur le fond révélateur de l’abandon de l’ambition nationale dans l’aménagement du territoire. Cet abandon d’une ambition nationale est, pour moi, tout à fait d’époque. En quelque sorte quand, dans l’entreprise, l’horizon c’est le trimestre, quand le « court-termisme » fait que les décisions sont prises à l’échelon du trimestre, au plan de la politique nationale, l’ambition se résume au mandat présidentiel, c’est-à-dire à l’horizon de cinq ans.

C’est cela le vrai sujet dont on souffre aujourd’hui : l’absence d’une vraie ambition nationale d’aménagement du territoire et la réponse métropolitaine, si elle peut en satisfaire certains en se disant « Peu importe ce qui se passe ailleurs, nous, nous avons une Métropole merveilleuse » je crains fort qu’ils ne soient très déçus dans le temps car, en effet, qui nous dit que l’A432 que vous nous présentez aujourd’hui comme le contournement futur de la Métropole soit la solution ?

Je vous rappelle que nous en avons eu des Présidents, des personnalités médiatiquement très connues qui nous présentaient l’avenir de l’agglomération, d’abord avec Fourvière puis avec la rocade qui devait faire sauter le bouchon ; et, donc, pourquoi l’A432 demain ne serait pas bouchée comme le sont l’ensemble des infrastructures aujourd’hui ?

Cela renvoie à une question fondamentale qui est effectivement les modes de transports, à la fois dans le fret de marchandises et dans le déplacement des personnes. De ce point de vue, nous avons aujourd’hui 150 000 véhicules par jour sur Bonnevay et si l’on considère que nous en aurons demain 200 000 ou 250 000, nous constaterons qu’effectivement, quelles que soient les infrastructures que nous faisons, elles se remplissent.

Par conséquent, de notre point de vue, l’essentiel c’est effectivement d’affirmer qu’il n’y a pas d’avenir aux transports métropolitains sans une vraie ambition nationale de l’aménagement du territoire et donc des transports, avec notamment le fret routier.

J’évoquais le rapport entre l’est et l’ouest ; je souhaite à l’ouest le maximum de bien possible mais, comme nous l’avons évoqué avec l’Anneau des sciences, comme nous avons trouvé plutôt une bonne chose de passer du TOP à l’Anneau des Sciences, sauf qu’en gros, pour l’instant, nous ne voyons pas comment il serait plus réaliste de transformer Bonnevay que de réaliser le COL et, par conséquent, s’il est irréaliste de transformer le COL, il sera irréaliste de transformer Bonnevay.

Tout cela renvoie bien sûr à notre PDU qui, là encore, réalisé un peu dans l’urgence, manque fortement d’ambition puisque, bien évidemment, tout dépend du niveau d’infrastructures de transports publics que nous réalisons sur l’ensemble de l’agglomération. Alors, on va me dire qu’à l’ouest, on ne peut pas faire de transport public parce qu’il n’y a pas assez de densité urbaine. Notez bien que si le SCOT ne consacrait pas les trois quarts du développement de l’agglomération à l’est mais considérait que l’ouest aussi pouvait être densifié -attention, je sens qu’il va y avoir des réactions !-, sans doute pourrions-nous développer du transport public aussi à l’ouest.

Voilà un ensemble de remarques très générales sur ce sujet que, bien sûr je l’espère, le groupe de travail que vous avez annoncé nous permettra de ré-évoquer dans le détail.