Mme la Conseillère ARTHAUD : Monsieur le Président, madame la Vice-Présidente, cher-e-s collègues, depuis plusieurs années, on assiste à une augmentation constante de la pauvreté et de la précarité en France, dans la région et sur la métropole de Lyon. Ce phénomène a été accéléré et amplifié par la crise sanitaire que nous traversons depuis mars 2020. Cette crise sanitaire a entraîné une diminution de 8,3 % du PIB et l’augmentation de 7,5 % de demandeurs d’emploi en catégorie A. Dans la région, la pauvreté concerne une personne sur 8, et un jeune de moins de 18 ans sur 5. C’est énorme.
Face à cette situation sociale catastrophique, la Métropole de Lyon fait le choix de consacrer 950 millions d’euros par an aux politiques de solidarité.
Le Plan national de prévention et de lutte contre la pauvreté est mis en œuvre depuis 2019. En 2020, 5 axes avaient été identifiés comme prioritaires : les violences conjugales et intrafamiliales, l’accès au logement, l’accessibilité des services, l’insertion par l’emploi et la formation des travailleurs sociaux. La proposition, aujourd’hui, est de renouveler les actions existantes et de déployer des nouvelles actions : accès aux droits, accompagnement social, prévention et renforcement de l’accompagnement des femmes en situation de vulnérabilité, parcours des jeunes, insertion des publics éloignés de l’emploi.
Nous voterons favorablement cette délibération, mais il nous paraît indispensable de réinterroger le fond idéologique de ce Plan national de lutte contre la pauvreté.
Pour nous, un plan de lutte contre la pauvreté, c’est obligatoirement une bataille pour l’emploi, l’augmentation des salaires et des contrats à durée indéterminée, qui sécurisent les familles ; ce sont des places en crèches, le recrutement d’enseignants -et notamment d’enseignants en maternelle pour permettre y compris l’accueil des deux ans et d’autant plus dans les quartiers où les populations sont les plus pauvres- ; c’est la poursuite de la sécurité sociale et solidaire en mettant à contribution les entreprises et les actionnaires ; c’est la construction de 200 000 logements sociaux par an et l’accès aux soins en arrêtant toutes les fermetures de services et d’hôpitaux, toutes les suppressions de lits et de postes dans les hôpitaux.
Nos Sénateurs avaient résumé l’esprit de ce plan gouvernemental en disant: « Macron fait la poche des pauvres pour financer la lutte contre la pauvreté ! »
La lutte contre la pauvreté ne peut se limiter à un plan alors même que l’ensemble des mesures gouvernementales conduisent à ce que le nombre de personnes pauvres continue d’augmenter dans notre pays.
Faire reculer la pauvreté à la source est possible : en augmentant le SMIC de 20 %, les salaires et les minima sociaux en conséquence ; en portant les retraites au minimum à 1 400 € ; en remboursant les soins à 100 % ; en reconstruisant des services publics garantissant l’égalité de traitement ; en créant un secteur bancaire au service de l’investissement, créateur de richesses et d’emplois pour tous ; en augmentant la rénovation énergétique des logements populaires ; en portant la gratuité des transports en commun.
Il ne faut pas oublier que la pauvreté est structurelle au système capitaliste. J’en réfère ici à Herbert J. Gans, sociologue américain, qui cherche à montrer que l’existence des pauvres assure des avantages à d’autres groupes sociaux ou à l’ensemble du corps social : prendre en charge le « sale boulot » et constituer une « armée de réserve du capitalisme » avec l’existence de masses de privés d’emplois et de ressources, justifier l’accès des plus riches aux ressources en brandissant l’épouvantail de la déchéance…
Il est nécessaire de vouloir fondamentalement lutter contre la pauvreté, et s’en donner les moyens nécessaires ; ne pas aller critiquer les dépenses faites avec l’argent redistribué par l’État, comme se l’est permis le ministre de l’Éducation en cette rentrée au sujet des allocations de rentrée ; s’engager avec force dans la lutte contre le système capitaliste.
Je vous remercie.