M. le Conseiller MILLET : Nous votons un budget dans un contexte national particulier… un gouvernement qui n’est qu’une agence de communication, qui oublie carrément le logement et la politique de la ville, et qui est incapable de faire autre chose que sortir le chéquier du quoi qu’il en coûte dès qu’une pression sociale apparaît -enfin, pas toutes, quand il estime qu’il y a un risque politique à droite.
L’avantage, c’est que ce gouvernement des riches décomplexés dit crûment les choses. Ainsi, le Projet de loi de finances nous annonce une hausse de la dette de l’État de 3,2 points de PIB d’ici 2027, mais il demande aux collectivités, dont la dette ne représente qu’un dixième de celle de l’État, de la réduire de 2 points de PIB. Rappelons que l’État finance sa dette par emprunt -270 milliards en 2023-, alors que vous le savez, en bon gestionnaire, les collectivités locales font tout pour préserver leur capacité d’autofinancement…
Il faut avoir cela en tête car -si nous savons que l’exercice budgétaire est toujours contraint, que nous ne pouvons pas financer toutes les missions ou tous les projets qui seraient utiles ou même nécessaires aux habitants- le budget a besoin de pédagogie populaire pour valoriser ce qui est fait, mais aussi dire pourquoi tout ne peut être fait. Ainsi, s’il faut expliquer les mesures d’urgence prises pour le logement, il faut redire que la crise vient de loin, pas seulement de l’inflation, mais aussi de ce plan logement macron qui affirmait vouloir « construire plus et moins cher » et, en fait, organisait le désengagement de l’État du logement. S’il faut valoriser la hausse des dépenses sociales, il faut aussi expliquer que la précarisation du travail, la smicardisation des métiers pourtant essentiels, sont au cœur de la pauvreté comme des inégalités qui progressent et que, malheureusement, nous ne pouvons pas répondre à toutes les urgences. S’il faut valoriser les efforts d’hébergement, notamment des mineurs, il faut redire qu’aucune solution réelle et durable n’est possible sans d’autres relations internationales sortant du néocolonialisme pour organiser de véritables coopérations au service du développement du sud.
Il faut dire le danger de recettes qui sont, désormais, fortement indépendantes de nos décisions fiscales. Avec presque 40 % de TVA, on peut avoir l’impression que c’est favorable en période d’inflation, mais la TVA est l’impôt le plus injuste socialement et, bien sûr, nous n’en définissons pas le taux. Nos recettes 2024 sont en dessous des recettes réalisées en 2022, quand nos dépenses de fonctionnement seront, elles, supérieures de près de 300 M€.
Nous répondons donc, dans un budget contraint, aux urgences sociales mais, si les frais de séjour sont en très fortes augmentations (10 %, sur 2023 ; 15 %, sur 2022), les allocations individuelles de solidarité -qui ne dépendent pas que de nous- n’augmentent pas à la hauteur du vécu de tous les travailleurs sociaux (seulement 3 %).
Alors, certains reprocheront que notre autofinancement baisse un peu, ne contribuant que pour 84 M€ au financement de l’investissement -en nette hausse d’ailleurs, notamment pour les projets- et que cela pèse sur notre capacité de désendettement. C’est faire peu de cas des habitants et des besoins de services publics, de missions publiques. C’est pourquoi nous voterons ce budget, qui fait le gros dos dans ces temps agités, en attirant l’attention sur deux points de dépenses que vous connaissez bien, monsieur le Président.
D’abord, la politique de la ville… dans un flou dangereux au niveau gouvernemental… sans ministre… et un budget 2024 constant, alors que la géographie prioritaire s’est étendue… La Métropole ne contribue toujours pas à la programmation sociale ni aux cités éducatives. Et la nouvelle géographie prioritaire suppose de renforcer nos dépenses là où nous agissons, sur la gestion sociale urbaine de proximité, sur l’opération quartiers d’été, … La réponse en commission évoquant l’attente des décisions préfectorales nous inquiète. Pour exemple, la ville de Vénissieux va doubler son effort budgétaire politique de la ville. Nous devons donner un signal fort de soutien aux actions de la politique de la ville.
Ensuite, sur les investissements dans les collèges. Nous avons appris que le collège Aragon à Vénissieux, annoncé par David Kimelfeld en 2019, ne serait finalement livré qu’en 2033… Autrement dit, même pas dans le mandat suivant ! Cela ne peut qu’inquiéter, d’autant que l’association de tous les acteurs dans la définition du programme nous semble insuffisante. Nous demandons que la vice-présidente Laurence Boffet soit mobilisée sur la participation citoyenne dans les projets de collèges et que la commission éducation puisse faire un état d’avancement du Schéma directeur des collèges.
Je vous remercie.
La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/vNSVSDnP1ds?t=5870