Le discours de la dette est le discours des rentiers, pas des travailleurs qui produisent !

2025-3236 - Budget primitif 2026 - Tous budgets -

M. le Conseiller P-A. Millet : Monsieur le Président, chers collègues, le budget primitif 2026 de la Métropole de Lyon -un peu plus de 4 milliards d’euros, près de 3 pour le budget principal- confirme une situation un peu plus favorable au niveau des recettes de DMTO, qui gagnent 72M€ sur 2025, et de la CFE, qui gagne 13M€, mais une nouvelle baisse des dotations de l’État et, au total, une perte de 13,70M€ pour une seconde fois.

Il reste dans une grande incertitude sur le budget national et l’obsession de Bercy pour faire les poches des collectivités, en laissant croire qu’elles seraient la cause d’une dette de l’État qui doit, tout au contraire, faire face aux pertes de recettes liées aux cadeaux fiscaux à toujours les mêmes. Je ne vois pas quoi dire de plus qu’en février dernier sur ce discours de la dette, une arme de destruction massive de tout débat démocratique.

Avec un effort limité de réduction de 3 % du déficit par an, avec une croissance pas extraordinaire de 3 % par an, une politique accommodante de la BCE de taux à 2 % et une inflation à 5 %, en 20 ans, la moitié de la dette sur PIB aurait disparu ; avec une inflation à 9 %, celle de ma jeunesse, il suffirait de 10 ans ! Par contre, sans inflation et sans croissance, la dette ne peut qu’augmenter !

Mais pourquoi nous faire peur avec l’inflation ? Parce que les salariés seraient gagnants, surtout s’ils ont emprunté, et les propriétaires croiraient être des perdants, parce qu’ils auraient l’impression que leurs biens auraient moins de valeur. Et plus ils sont gros, plus ils auraient l’impression de perdre le poids qu’ils ont sur la société. Avec la dette, c’est la valeur relative des actifs qui se déprécient. Les plus gros ne deviennent pas pauvres pour autant, mais ils ne sont plus les seigneurs.

Oui, il faut le répéter, les premiers profiteurs de la dette sont les prêteurs, qui s’enrichissent en dormant. Le discours de la dette est le discours des rentiers, pas des travailleurs qui produisent.

Ce budget 2026 permet, en maîtrisant l’augmentation des dépenses de fonctionnement, de redresser notre épargne brute -pas suffisamment pour accompagner la hausse des remboursements de capital. Notre capacité de désendettement se stabilise et nous avons tous conscience qu’il y a un enjeu à la réduire, donc à dégager des marges nouvelles dans un contexte national, malheureusement, très difficile et incertain.

Cela dit, j’évoquais en introduction le bilan du mandat, quelques éléments donc de comparaison entre les budgets primitifs 2020 et 2026…

Sur la période, l’inflation est de 16 % et la hausse des dépenses de fonctionnement de 23 %. Nos recettes sont en hausse de 9 %, en dessous donc de l’inflation. La part des dotations de l’État est quasi stable de 473 à 474M€, donc une perte de 15 %.

Après les crises sanitaire, énergétique et financière, on pourrait craindre une hausse de la dette, pas du tout. L’encours était de 1 781M€ fin 2020 et même plus élevée, 2 188M€, en 2018. Le budget 2026 nous annonce 1 867M€, 5 % au-dessus de 2020, mais en baisse de 15 % sur 2019. Et pourtant, monsieur Brumm, 2019-2020, c’était avant les crises… le bon temps avec un taux moyen d’emprunt nettement en dessous de 2 %…

Malgré cela, notre autofinancement se redresse à 276M€ pour 408M€ en 2020, pas loin des 312M€ de 2019. Les dépenses de personnels, tenant compte des évolutions réglementaires nationales et de notre agenda social significatif, restent maîtrisées, passant de 476 à 541M€ -soit une hausse au niveau de l’inflation. Les syndicats ont bien raison de dénoncer la perte de pouvoir d’achat des fonctionnaires et la nécessité de la revalorisation du point d’indice et de métiers pour lesquels il y a urgence, comme dans la petite enfance.

Pour une dernière année de mandat, l’investissement était prévu à 700M€ en 2020. Nous ne sommes pas loin, avec 668M€, en 2026 et nous étions à 740, l’an dernier.

Les dépenses progressent de manière différenciée, bien loin des polémiques médiatiques. L’aménagement du territoire est en hausse de + 37 %, suivi de l’environnement avec + 24 %… loin des transports et mobilités, qui n’augmentent que de 10 %…

Pour l’aménagement du territoire, c’est la politique de la ville qui double de 30 à 57M€ et l’aménagement des espaces publics, qui double aussi de 56 à 117M€, le développement urbain, en hausse de 46 %. Nous savons que c’est la cause de très nombreux chantiers avec leurs perturbations, mais qui auront un fort impact sur la qualité du cadre de vie urbain, certainement.

Les dépenses de solidarité augmentent mais celles pour l’habitat diminuent, en lien avec la crise immobilière. Au total, le domaine solidarité habitat est au niveau de l’inflation. C’est peut-être le défi de demain, dans un contexte de politique nationale du logement totalement réactionnaire.

Le domaine « Économie, insertion, éducation, culture, sport » est très contrasté avec une hausse globale limitée à 7 %, mais de fortes différences. Le volet « insertion et emploi » augmente de 18 %, mais les dépenses d’éducation baissent. Bien sûr, il faudrait regarder sur l’ensemble du mandat, mais cela nous confirme une question à mettre en débat. L’éducation est un enjeu prioritaire pour sortir des fractures qui divisent notre société. Tout se joue aux collèges, comme on dit, ou avant. Ce n’était pas le sujet dominant des années Covid, canicules ou énergétiques, mais c’est, pour nous, un défi pour demain.

En conclusion, cette petite comparaison nous dit deux choses. La Métropole s’est transformée. Le débat sur le bilan est légitime pour orienter ce qu’il faudra faire demain, mais le discours du catastrophisme d’une Métropole en perdition est un discours d’extrême droite, sans rapport avec le réel. Si les priorités politiques du mandat se retrouvent dans ce budget, le vice-président Artigny a assuré, après monsieur Brumm, une continuité de sérieux de gestion. Le cadre général est, de toute façon, dominé par les crises et les politiques nationales qui s’imposent à toutes les collectivités et sur lesquelles les grandes associations d’élus, tous bords confondus, se retrouvent pour interpeller l’État. Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/3u4UfqWT_aw?t=6286

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