Mme la Vice-Présidente M. Picard : Monsieur le Président, mesdames, messieurs, le 1er janvier 2025 a marqué une étape supplémentaire du projet d’amplification de la Zone à faibles émissions de la Métropole de Lyon, avec l’interdiction de circulation des véhicules Crit’Air 3.
Le groupe Communiste et républicain s’est toujours clairement exprimé sur la question de la ZFE. Nous tenons notre rôle au sein de cette majorité Métropolitaine et c’est en toute responsabilité que nous y apportons notre point de vue. C’est également en tant que maire de Vénissieux que je vous ai écrit, monsieur le Président, en décembre 2024, pour vous demander de desserrer le calendrier de la ZFE et de renforcer l’accompagnement des habitants. Ma commune est, malheureusement, représentative des difficultés engendrées par le développement de la ZFE ; de nombreux habitants de la Métropole se retrouveront, sans doute, dans mes exemples.
À Vénissieux, depuis le début de la mise en place des mesures ZFE, c’est aujourd’hui 40 % du parc automobile qui est concerné. En 2028, avec l’interdiction des Crit’Air 2, ce sont trois voitures vénissianes sur quatre qui seront empêchées de circuler en ZFE.
Début 2023, la Ville de Vénissieux a organisé une consultation afin de compléter l’information diffusée par la Métropole. De très nombreux habitants ignoraient aussi bien les contraintes de la ZFE que les mesures d’accompagnement. Depuis, les efforts de communication de la Métropole ont été soutenus, mais ils ne peuvent résoudre un problème économique et social aussi important, car la voiture est une illustration des inégalités profondes de notre société.
Aucun habitant ne se positionne contre un air de meilleure qualité. Tous les foyers seraient contents de troquer un vieux diesel contre une voiture électrique s’ils en avaient les moyens financiers. Mais l’impact social de la ZFE n’est pas supportable pour une très grande proportion des habitants des villes populaires, ceux-là même qui sont massivement touchés par les interdictions de circulation et ce, malgré les aides déployées par la Métropole et l’État. D’autant plus que nous constatons, encore une fois, le désengagement de l’État, qui décide de baisser ces fameuses aides au renouvellement de véhicules, laissant les grandes agglomérations et leurs habitants se débrouiller avec les ZFE qui sont, je le rappelle, une directive européenne et une loi nationale. Nous n’acceptons pas ce désengagement supplémentaire de l’État qui doit prendre ses responsabilités. Je prépare un courrier au ministre de l’Économie pour lui demander de suspendre cette loi ZFE pour permettre sa réécriture.
Il n’aura échappé à personne que, depuis quelques années, la crise sociale a frappé fort avec une inflation galopante. La crise économique s’aggrave avec les restructurations annoncées dans l’industrie, la distribution, la logistique. S’ajoute à cela une crise politique dangereuse. C’est l’ensemble de ce contexte qu’il faut mesurer pour comprendre l’exaspération populaire.
Devant l’impossibilité budgétaire à changer de véhicule, les foyers les plus en difficultés sont culpabilisés, et c’est insupportable. Ils se voient contraints par deux options : renoncer à circuler en ZFE, alors que de nombreux actifs y sont contraints, ou bien prendre le risque d’une contravention. Ne pas avoir un véhicule récent n’est ni un délit ni une infraction, c’est une injustice sociale. La mise en place de sanctions systématiques par l’installation de radars ZFE serait une erreur.
Nous savons que, d’ici trois ans, il faudrait transformer les conditions de mobilité de la moitié des familles vénissianes. C’est impossible.
Nous devons nous remettre au travail afin de desserrer le calendrier de la ZFE et construire une réponse adaptée à la situation sociale.
Je vous remercie.
La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/5_Q1fg6mXzI?t=27756