Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le Président, chers collègues, cette délibération aborde le financement des actions du second semestre 2023 dans le cadre de la stratégie nationale de prévention de la lutte contre la pauvreté et d’accès à l’emploi dans laquelle la Métropole s’est engagée en 2019. Il est utile de rappeler que nous consacrons plus de 950 millions d’euros à nos politiques de solidarité.
Au premier janvier 2024, le cadre changera avec le nouveau Pacte local de solidarité et la mise en place de France Travail, j’y reviendrai.
Les différentes actions, soutenues, seront utiles même si elles se heurtent à une situation politique et sociale, que le gouvernement aggrave dans sa volonté de drainer toujours plus d’argent vers le profit.
L’ensemble des axes de travail sont légitimes ; vous me permettrez d’en pointer quelques-uns. Nous souscrivons à l’objectif d’organiser le premier accueil de proximité et la notion « d’aller vers » pour combattre le non-recours, l’isolement… qui conduisent à ce que de nombreuses femmes, nombreux hommes, nombreux enfants passent au travers du filet social. Développer les actions de prévention auprès de la petite enfance est vraiment indispensable dans un moment où les signaux sont au rouge, en France, sur la protection de l’enfance, depuis la prévention et la protection contre les violences intrafamiliales jusqu’à la santé des plus jeunes.
Le décrochage scolaire conduit à la marginalisation d’adolescents et à leur mise en danger. Nous comptons beaucoup trop de « perdus de vue » par l’Éducation nationale.
Enfin, l’accompagnement des jeunes rencontrant des problématiques de santé mentale est absolument à renforcer. Trop de familles affrontent seules ces difficultés, trop de jeunes dans ces situations se retrouvent à la rue… Comment ne pas mettre cette situation, et l’objectif et les besoins, en rapport avec le nombre restreint de places d’accueil et de soins pour les adolescents dans les hôpitaux publics et les CMP, sans compter les fermetures et restrictions des services de pédopsychiatrie, si nécessaires pourtant ?
Mais ces actions ne peuvent inverser la tendance d’un pays où la pauvreté touche, depuis 1980, environ 8 % de la population et ne baisse pas. La France compte toujours 300 000 SDF, dont 2 000 enfants ; 150 000 personnes en logement précaire ; 6 millions de personnes privées totalement, ou partiellement, d’emploi ; deux millions de salariés sont pauvres, c’est-à-dire qui gagnent moins de 1 000 €. Il faut savoir aussi que 19 % des 18/29 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté.
L’augmentation des prix de l’énergie et de l’alimentation précipite des familles de salariés, jusque-là épargnés, dans la pauvreté.
Le projet gouvernemental de pacte de solidarité est contredit par la réforme régressive des retraites et de l’assurance chômage, l’annonce d’un plan d’austérité de 15 milliards d’euros, le projet de loi plein-emploi -qui veut obliger les travailleurs à accepter n’importe quel emploi à n’importe quel salaire.
Nous réclamons un plan d’urgence contre l’inflation avec des mesures fortes : blocage des prix de l’alimentation et électricité, sortie des logiques du marché européen de l’énergie, baisse de la TVA sur les carburants, indexation des salaires sur l’inflation et augmentation des salaires et pensions de retraites.
Nous organiserons prochainement, comme l’a d’ailleurs proposé Fabien Roussel, des initiatives en direction des préfectures et préfets pour mettre l’État face à ses responsabilités.
La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/suVK3mhDyww?t=25739