Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le Président, chers collègues, à quelques jours du vote du budget 2022 au Sytral, cette présentation et ce débat sont bienvenus et nous vous en remercions.
Alors que les conséquences du Covid sur l’usage des transports en commun, les modes de vie et de travail semblent s’estomper, la guerre en Ukraine ouvre une nouvelle crise grave, de tous points de vue et notamment sur ses conséquences possibles sur notre économie, et nous ne pouvons faire comme si cela n’existait pas.
Notre projet de développement des transports urbains est-il à la hauteur des besoins des habitants de la métropole et de notre ambition de réduire, de manière importante, la place de la voiture dans les déplacements urbains ? Nous considérons que la réponse essentielle à cette question, dans une société où se déplacer est un droit ou, en tout cas, doit l’être, réside dans notre capacité à proposer des transports en commun rapides et sûrs ainsi qu’une tarification toujours plus accessible, la gratuité étant l’objectif à atteindre. Le début du mandat est marqué par un effort important sur la tarification sociale et le lancement de plusieurs lignes fortes et tramways. Comment poursuivons-nous ?
Nous sommes, en tout premier lieu, interrogés par les chiffres annoncés d’un retour à la fréquentation de 2019 en 2024, ce qui laisse encore deux années avec des baisses de recette concernant la billetterie. Cette situation est-elle inéluctable ? Si nous ne pouvons pas agir sur tous les facteurs -notamment le télétravail- n’y a-t-il pas, pour le Sytral et la Métropole, un enjeu à reconquérir des usagers que le Covid a repoussés vers leur voiture, pour de multiples raisons, et en faisons-nous un objectif ?
Ensuite, nous approuvons la hausse de la contribution de la Métropole au budget du Sytral comme la hausse du versement mobilité à 2 %. Mais cela suffit-il, et suffira-t-il, à répondre aux besoins dans les années qui viennent ? Il faudra évaluer ce niveau de contribution et de versement mobilité dans la durée, notamment avec l’extension de la ZFE jusqu’en 2026. Les trois scénarios d’investissement, y compris le plus élevé, méritent d’être, dans les mois qui viennent, précisés et enrichis quant à leur capacité à répondre aux besoins et à nos ambitions.
Enfin, l’État avait annoncé, fin 2021, une aide de presque 82 millions d’euros sur un certain nombre de projets (qui doivent se réaliser pour en bénéficier). Alors que l’État a créé les ZFE, alors que le transport s’impose comme une question essentielle et un droit, les collectivités ne sont-elles pas en droit de lui demander plus d’engagement quant au financement des transports collectifs et un soutien permanent, avec une baisse de la TVA à 5,5 % et une aide spécifique, compte tenu des augmentations de l’énergie présentes (et nous savons qu’elles sont encore, malheureusement, à venir). Je pense que, de ce point de vue-là, une véritable révolution du positionnement de l’État est nécessaire.
J’en viens, plus précisément, aux enseignements de la consultation métro et aux corridors. Je ne reviendrai pas dans le détail sur les propositions concernant chacun des corridors. Chaque ligne est toujours essentielle au regard de ceux qui pourraient en bénéficier et qui veulent, évidemment, le meilleur pour les concitoyens qui habitent ces zones. Nous savons que les ruptures de charge sont un frein à l’usage des transports en commun, surtout lorsqu’elles incluent un changement de mode de transport. C’est donc une question à prendre en compte dans le développement, et les coûts ne peuvent pas être le seul élément de décision. Il nous faut aussi être attentifs à l’égalité de traitement des habitants dans la Métropole et éviter tout ce qui peut nourrir des sentiments de relégation.
Tels que ces corridors sont évoqués, il nous semble que tout est étudié pour éviter d’avoir à prolonger ou à ouvrir de nouvelles lignes de métro. Le métro offre, pourtant, une très haute qualité de service. Plus particulièrement, sa vitesse constitue un avantage certain, lui permettant d’offrir des temps de parcours record pour desservir des pôles urbains. Le RER a, évidemment, un rôle très important à jouer, mais vous ne l’avez pas mis en discussion dans la présentation. Je sais bien qu’il n’est pas, d’abord, de la responsabilité de la Métropole et que c’est la responsabilité première de la Région mais, si nous voulions en débattre, il fallait l’inclure, d’une manière ou d’une autre, dans cette présentation.
Et, il nous semble qu’abandonner tout projet de métro, ça n’est pas à la hauteur des besoins et c’est aussi affaiblir le réseau métro déjà existant. C’est donc une question qui nous semble devoir être approfondie. Nous ne sommes pas au bout de la concertation sur ces questions et je rappelle notre proposition d’une grande concertation citoyenne faite par mon collègue Pierre-Alain Millet, tout à l’heure, « Destination 2040 ».
Enfin, nous accordons -et notamment au regard des consultations que nous avons eues sur la question de la ZFE comme sur la question du tram T10, ces dernières semaines- une grande importance à la qualité de service, au confort d’usage qui est un facteur complémentaire essentiel au transfert modal de la voiture vers les transports en commun et c’est, pour nous, tout l’enjeu d’un service public unifié dans lequel l’autorité organisatrice joue tout son rôle.
Je vous remercie.
La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/fH7H7Qn34VE?t=8677