Mme la Conseillère PICARD : Monsieur le Président, mesdames, messieurs, par délibération du Conseil municipal du 9 octobre 2017, la Ville de Vénissieux a validé le contrat territorial par lequel elle acte le travail collaboratif avec la Métropole.
Tout au long de l’élaboration du Pacte de cohérence métropolitain, nous avons suivi le même fil rouge : en quoi les propositions faites par la Métropole apportent-elles une plus-value aux Vénissians ? En quoi seront-elles utiles aux habitants ? Nous n’avons jamais dérogé à cette règle. Notre démarche, pragmatique, est cohérente avec notre positionnement politique : répondre aux besoins de l’ensemble des habitants tout en apportant plus d’attention là où se développent les inégalités.
La Métropole est le produit de la loi MAPTAM, que nous avons toujours dénoncée et combattue car elle constitue un véritable déni de démocratie, en éloignant toujours plus les centres de décision des citoyens.
Le combat que nous menons pour la défense des Communes, premier maillon démocratique, est un combat pour la qualité de vie du plus grand nombre. Notre opposition à la validation du Pacte de cohérence métropolitain, en décembre 2015, était la conséquence directe de l’intransigeance de monsieur Collomb, refusant de nous entendre sur la question fondamentale des Conseils municipaux comme organes délibératifs souverains. Nous voulions que cela soit affirmé dans le pacte car nous savons tous l’importance des mots et des écrits.
Animés par l’intérêt général, nous menons ce débat politique, ici comme à Vénissieux, en informant et en associant la population. Nous nous engageons pour que notre ville ait les moyens de tenir son rôle de troisième ville de la Métropole et que la réponse aux besoins de ses habitants progresse.
Nous travaillons avec tous nos partenaires, la Métropole mais aussi la Région ou l’État, pour que les politiques publiques soient à la hauteur du contexte. Enfin, nous refusons de considérer la Métropole comme le moyen de nous désengager de nos missions de service public de proximité, malmenées par l’austérité budgétaire.
Dans cet état d’esprit, le concept de compétences articulées me convient parfaitement. Je l’ai déjà répété, je ne m’oppose pas à la mutualisation des compétences à partir du moment où elle apporte un plus aux habitants ou une meilleure efficacité pour les agents.
Parmi les 21 propositions faites dans le pacte, la Ville de Vénissieux s’était positionnée sur dix, visant une meilleure collaboration entre les collectivités et un accès facilité des services de la Métropole au bénéfice des habitants. Nous avions également proposé deux expérimentations, l’ensemble ayant fait l’objet d’une délibération au Conseil municipal du 14 mars 2016.
Le travail s’est poursuivi depuis, dans un bon état d’esprit, faut-il le préciser. Je regrette cependant que les propositions du Pacte de cohérence aient manqué d’ambition et de souffle. J’avais suggéré une analyse des besoins sociaux partagée qui n’a pas retenu l’attention, et c’est bien dommageable. Soit ces propositions actaient ce qui était déjà en application sur le terrain, soit elles n’allaient pas assez loin, soit elles ne garantissaient pas plus d’efficience et d’amélioration de services pour les Vénissians ; d’autres, que nous avions retenues initialement, sont finalement retirées du contrat, les échanges bilatéraux ayant démontré le peu d’intérêt, pour la Ville, de s’inscrire dans les dispositifs proposés par la Métropole.
Nous avions également demandé des expérimentations auprès de la Métropole : c’était le cas du Service communal d’hygiène et de santé (SCHS) et de sa mise en réseau avec les autres SCHS du territoire métropolitain ; expérimentation intégrée néanmoins dans le contrat dans le cadre d’une mise en réseau des trois CHS de Lyon, Villeurbanne, Vénissieux. Enfin, celle relative au réseau de chaleur a été rejetée de facto puisque la Métropole en a repris la gestion au 1° janvier 2017. Nous aurions souhaité une Métropole plus audacieuse et nous regrettons presque de n’en rester qu’à six engagements réciproques.
Ce Pacte de cohérence métropolitain s’inscrit dans un contexte de mesures gouvernementales plus qu’alarmantes pour les collectivités territoriales. La colère gronde chez les Maires et élus locaux et les Présidents de Région ont claqué la porte de la Conférence des territoires fin septembre.
13 milliards d’économies demandées pour les cinq ans à venir, perte de la fiscalité locale -et donc du principe de libre administration-, 70 000 suppressions de postes dans la Territoriale, des contrats aidés rayés de la carte sans concertation, les mauvaises nouvelles et les mauvaises décisions du Gouvernement s’accumulent.
Personne n’est dupe, la tentation de mettre sous tutelle les Communes économiquement, avec des financements exsangues et, politiquement, sous la chape des hypermétropoles, cette tentation-là est bien réelle.
Mais toucher à l’intégrité et aux périmètres des territoires, conditionner le versement des dotations en mettant au pas l’ensemble des politiques de proximité est un jeu très dangereux : dangereux pour les habitants, premières victimes des inégalités territoriales qui vont se creuser, premiers acteurs que l’on a volontairement éloignés des centres de décision ; dangereux pour les missions de service public qui, faute de financement, seront abandonnées ou livrées au privé.
La Métropole doit être un lieu de convergence, de mutualisation, le cas échéant, mais pas l’antichambre de la pensée unique et de l’uniformisation des politiques. Nos territoires ne sauraient perdre leur singularité ni leur identité. Les logiques marchandes et la compétition économique dans lesquelles se sont lancées les métropoles en Europe ne feront qu’aggraver les fractures sociales et le désarroi d’habitants livrés à eux-mêmes et sans contrepouvoir.
Ne remplaçons pas la force de la proximité par la verticalité de la technocratie ! En un mot, oui à une Métropole de l’intérêt général et du débat démocratique, non à une métropolisation des esprits et de nos territoires.
Je vous remercie.