M. le Conseiller MILLET : Le vœu présenté ce soir reprend celui reporté du précédent Conseil, en remplaçant « arrêté d’interdiction » par « démarche volontariste de suppression de l’usage… » tout en interpellant l’État et en évoquant l’accompagnement des agriculteurs. C’est une bonne chose.
D’abord, parce qu’un arrêté d’interdiction des pesticides par une collectivité locale n’a pas une grande valeur juridique et, surtout, pas une valeur citoyenne de mobilisation sur les questions concrètes de la transition agricole comme du rapport à la nature dans les espaces urbains. Il favorise, au contraire, une médiatisation simplificatrice qui permet toutes les manipulations politiciennes.
C’est pourquoi le Conseil municipal de Vénissieux a voté un vœu qui évoquait non pas une interdiction mais les actions concrètes auprès des utilisateurs pour aller vers le zéro phyto partout, avec la proposition d’un groupe de travail intercommunal Feyzin, Corbas et Vénissieux pour un dialogue réel avec les agriculteurs des Grandes terres. Nous comprenons, en effet, la réaction de notre collègue Thierry Butin, agriculteur lui-même, qui dénonce avec force ce qu’il ressent comme de l’ « agribashing ».
Pour l’agriculture, l’enjeu est non pas d’affirmer par principe que toute l’agriculture doit devenir bio par décision administrative mais de financer la transition pour la sortie de l’agrochimie, en s’appuyant d’abord sur les agriculteurs eux-mêmes. Il faut, d’ailleurs, avoir le souci de tous les impacts environnementaux de l’agriculture, y compris de l’ambroisie et des plantes allergisantes que certains agriculteurs bio refusent de prendre en compte.
Pour les Communes urbaines, qui ont toutes supprimé les pesticides dans les espaces publics -parfois, depuis longtemps (les années 90 à Vénissieux)-, il y a un énorme travail à faire avec les bailleurs et syndics pour faire des espaces verts résidentiels une occasion de faire sa place à la biodiversité, au compostage, au jardinage. Avec les particuliers, il faut renforcer une politique de sensibilisation et d’accompagnement aux pratiques de jardinages sans pesticides. Il faut un vrai dialogue avec les sportifs pour trouver la bonne solution concrète de gestion des terrains, et je ne sais pas si le mieux est de contrôler drastiquement un très faible usage de pesticides ou de pousser à la généralisation des terrains synthétiques ! Enfin, il ne faut pas oublier le premier consommateur de pesticides en France, la SNCF, à qui nous reprochons souvent de ne pas entretenir correctement ses voies ferrées et nombreux délaissés !
Voilà les questions concrètes qui doivent guider une politique de sortie des pesticides !