Organisation des débats, ordre de passage des rapports en SP
M. le Conseiller MILLET
: Monsieur
le Président, cette délibération nous propose d’aider l’Institut pour le
climat et l’économie. Il s’agit d’une erreur de traduction puisqu’il ne s’agit
pas d’un institut qui s’occupe du climat ET de l’économie mais de l’économie
POUR le climat, c’est son nom en anglais « Institute for Climat and Economics ».
Permettez-moi de sourire devant cette erreur linguistique qui ne fait que me
confirmer dans le refus de ce « globish » que vous nous imposez
désormais quotidiennement, bien loin de cette merveilleuse langue anglaise de
Shakespeare. « Globish », qui produit un terrible appauvrissement
culturel organisé au plus niveau de l’État désormais, illégal avec la loi
Toubon et même inconstitutionnel avec l’article 2 de la Constitution. Mais,
dans ce monde, les lois ne sont jamais faites pour ceux qui sont au pouvoir.
Fondé
par la Caisse des Dépôts, cet institut est financé à 72 % par des institutions
financières, avec un budget de 3M€ constitué à 95 % de subventions, dégageant
un excédent de 165 000€ en 2017 (derniers comptes publiés), avec des réserves
confortables d’un petit million… Je ne suis pas sûr que cet institut ait
besoin de notre aide… Vous me direz que 10 000€ pour une action de communication
climatique, ce n’est pas grand-chose…
Il
s’agit, nous dit la délibération, de « cibler les dépenses
affectées à la transition énergétique, climatique, d’amélioration de la qualité
de l’air et de solidarité »… « Et de solidarité » ? … Faut-il
alors inclure toutes nos politiques de solidarité dans cette cible ? …
Cibler dans une logique « d’emprunts verts »… c’est le cœur
du sujet… mais aussi d’identifier les projets, relisez-le pour sourire avec
moi, « ayant un impact socio-environnemental positif »…
Nous sommes interrogatifs… Y-a-t-il des projets métropolitains avec un impact
socio-environnemental négatif, en-dehors du célèbre Anneau qui, permettez-moi
ce jeu de mot, semble bien totalement enterré ? … Qu’on nous dise lesquels
tout de suite ! … Quel aveu ! La Métropole agit donc, parfois, pour
autre chose que les besoins sociaux et environnementaux de ses habitants !
Mais,
venons-en au fond : les emprunts verts, autrement dit la finance verte,
autrement dit le capitalisme financier vert…
Il
s’agit de rechercher « des investisseurs locaux ou nationaux qui
exigent une responsabilité sociale ou environnementale et d’accompagner
ces partenaires dans leurs réflexions sur le désinvestissement des énergies
fossiles ».
Il
ne s’agit pas d’organiser une collecte de solidarité, ou de rechercher des dons
ou subventions pour aider à des actions qui ne trouveraient pas leur équilibre
dans l’économie telle qu’elle est, non, il s’agit de trouver des investisseurs
qui ont des critères de choix environnementaux pour placer leur argent. Ce sont
des investisseurs, ils cherchent donc un retour de leur investissement. C’est
d’autant plus important que plus ils ont de retour, plus ils peuvent ainsi
financer d’autres actions vertueuses. Mais dans un contexte économique où nous
n’avons aucune difficulté de financement, nous sommes même dans un monde de
taux négatifs, peut-on dire que ce financement sera vertueux pour nous,
autrement dit à des taux d’intérêt plus bas ? Ce n’est évidemment pas dit
dans la délibération, et l’expérience de beaucoup de financements participatifs
montre que ce sera souvent l’inverse ! Autrement dit, ces investisseurs se
fabriquent une rente sur l’économie verte. Soyons clairs, nous prélevons sur
nos dépenses vertes un petit pourcentage pour que d’autres se présentent comme
vertueux.
Je
suis désolé, chère Émeline, nous ne pouvons laisser croire que le capitalisme
financier va sauver la planète. Quant au cadre d’évaluation budgétaire, nous
avons déjà le référentiel Cit’ergie, le référentiel développement durable, et
nous ne croyons pas du tout en un nouveau système technique qui sera de toute
façon opaque, invérifiable, et qui permettra de tenir encore une fois des
discours loin de toute citoyenneté réelle.
D’ailleurs,
pour mieux comprendre la nature politique de cette délibération, j’ai pris le
temps d’identifier les Députés signataires de ce « Pacte finance
climat » que la délibération propose de signer :
238
députés -et non 270 comme écrit dans la délibération, mais peu importe-, soit
41 % du Parlement,
- dont 161 députés LREM sur 300, une majorité
- comme pour le MODEM (25 sur 40) et l’UDI (16 sur 27).
Autrement
dit, la majorité parlementaire gouvernementale est très clairement engagée dans
ce « Pacte finance climat »…
Je
précise qu’il y a aussi 19 députés PS sur 25… et même 4 Républicains, 2 FI et
2 PC perdus dans cette liste… Il ne faudrait pas oublier dans les soutiens
Alain Juppé et le prince Albert de Monaco, grand ami du climat dans sa Principauté,
qui doit pourtant battre des records carbone.
Ce « Pacte finance
climat » est une énième opération politicienne pour faire croire que les
puissants s’occupent réellement de l’intérêt du plus grand nombre. Nous n’en
serons pas, et nous appelons les écologistes sincères à participer aux Rencontres
internationaliste de Vénissieux, ces 4 et 5 octobre prochains, dont le thème
est clair : « Pour la planète, nous ne sommes pas tous dans le même
bateau ! Capitalisme ou socialisme ? »
Je
vous remercie.