Archives de catégorie : Éducation et Culture

« Territoire éducatif innovant »… Quesaco ? …

Courrier de Marie-Christine Burricand, Conseillère métropolitaine, au Principal du collège Joliot-Curie le 26 septembre 2018 -

Monsieur le Principal,

Étant intervenue au Conseil du 17 septembre dernier, je dois vous dire que la délibération concernant le « Territoire éducatif innovant » et la subvention au Centre de recherches interdisciplinaires (CRI) m’a demandé un gros travail de recherches. Et les remous, les contestations suscités par Edumix l’année dernière au Collège Elsa Triolet, les discussions sur ces thèmes avec des enseignants divers me conduisent à ne pas prendre ce sujet à la légère. La démarche proposée ne fait pas consensus dans le corps enseignant.

L’appui sur l’ONG Ashoka est explicite. Je suis donc allée voir ce qu’était Ashoka puisqu’en commission aucune réponse sérieuse ne m’avait été donnée sur cette ONG. Je n’ai pas vraiment été rassurée. Ashoka France annonce ses objectifs :

  • Détecter les entrepreneurs sociaux dont les innovations répondent aux enjeux de société dans tous les domaines et accompagnent leur développement. Mais qui détermine les enjeux ; à partir de quels critères, de quels objectifs ; qui décide qui est innovant, sur quelle base ?
  • Connecter des acteurs de différents horizons (ceux de la société civile comme des secteurs publics ou privés) « pour accélérer l’émergence de nouveaux modèles en faveur de l’intérêt général ».

Ashoka résume ainsi son projet : « Pour être acteur du changement et contribuer à transformer positivement la société, les nouvelles générations doivent acquérir des compétences et des qualités essentielles telles que la prise d’initiative, la collaboration ou l’empathie »… Je dois dire que le mot « empathie » utilisé dans un tel contexte m’a choquée. Auront-ils encore droit à la colère et à la révolte ?

Ashoka affirme aussi vouloir que « chaque individu, dès le plus jeune âge, soit en mesure de transformer positivement la société dans laquelle il grandit ». Quelle ambition ! Pour combien se concrétisera-t-elle sans action collective et transformation sociale ? Et Ashoka ne prétend rien de moins que de transformer l’expérience éducative avec ses « Changemakers Schools » et ses « Fellow Ashoka », se prétendant en quelque sorte maître à penser de l’éducation.

Enfin, Ashoka, c’est 42 millions de dollars dont 2 millions pour la France. Des partenaires comme American Express, Cartier, Bettencourt, BNP Paribas, la fondation Bettencourt Schueller finançant largement le CRI, dont je ne suis pas certaine qu’il ait besoin d’argent public. En tout cas, nous n’avons pas les éléments pour le décider à ce jour.

Le ministre de l’Éducation nationale a annoncé la suppression de 2 600 postes, pour l’essentiel, dans les collèges. Je manque peut-être un peu d’empathie mais pas de sens critique : quand on affaiblit un service public et qu’on y introduit, sous prétexte d’innovation, des officines privées financées par les grosses fortunes mondialisées, c’est qu’il y a un loup.

Souhaitant attirer votre attention sur cette question et des risques de dérive pour le service public,

Nous vous informons que nous n’avons pas voté la subvention au CRI.

Marie-Christine BURRICAND, Conseillère métropolitaine

Pour une autre démocratie dans la Métropole !

N° 2018-2993 - Subventions au titre du soutien au Patrimoine et du Devoir de Mémoire - 2018 - Convention -

Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le Président, je vais profiter de cette courte intervention pour laisser monsieur Millet s’exprimer sur ce que nous avions prévu concernant le rapport sur le voyage à Auschwitz-Birkenau, et je reprendrai la parole après.

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, nous soutenons évidemment cette délibération qui organise ce voyage de mémoire qui marque fortement tous ceux, élus et agents, qui y participent et qui, donc, joue un rôle crucial dans la formation comme citoyen de nos collégiens, leur rapport à l’histoire, leur connaissance de la réalité qu’a été l’Holocauste.

C’est pourquoi nous pensons plus que jamais que cette action ne peut s’inscrire dans le cadre partisan de l’exécutif et qu’elle doit associer, comme le faisait toujours le Conseil général, les élus métropolitains des Communes des collèges concernés.

Merci.

Mme la Conseillère BURRICAND : Plus précisément sur cette délibération, nous en partageons les objectifs mais nous nous abstiendrons pour une simple raison, c’est que cette délibération propose, dans son 3° point, de « déléguer à la Commission permanente le soin d’attribuer les subventions à intervenir ». Or, nous considérons que le nombre de délégations à cette Commission permanente -qui plus est, elle fait office d’exécutif plutôt que de Commission permanente- est déjà trop important. C’est pourquoi nous nous abstiendrons sur cette délibération.

Territoire éducatif innovant : et le service public dans tout ça ?

N° 2018-2994 - Territoire éducatif innovant - Subvention au Centre de recherches interdisciplinaires - 2018 -

Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le Président, chers collègues, je dois vous dire que cette délibération m’a demandé un gros travail de recherches. J’aime bien comprendre ce que je vote, c’est le minimum de respect pour nos électeurs. Le moins qu’on puisse dire, c’est que, même en commission, les éléments justifiant cette subvention et le choix des intervenants étaient plus que flous.

Les remous, les contestations suscités par Edumix l’année dernière au Collège Elsa Triolet, les discussions sur ces thèmes avec des enseignants divers me conduisent à ne pas prendre ce sujet à la légère. La démarche proposée ici ne fait pas consensus dans le corps enseignant.

Je me suis donc interrogée : qui est François Taddei -dont le nom ne m’était jusque-là pas parvenu-, qu’est-ce que le CRI, qu’est-ce qu’Ashoka, que recouvre le concept de « société apprenante » ?

La délibération elle-même interroge : pourquoi ce florilège de formules aussi séduisantes que vides ?

Il en est de même pour la convention que j’ai pris soin de lire. J’en cite quelques extraits :

« Identifier et fédérer les acteurs du changement provenant de mondes différents (institutions publiques, société civile, secteur privé, recherche, etc.) »

Public/privé dans l’Éducation nationale ?

L’appui sur Ashoka est explicite. Je suis donc allée voir ce qu’était Ashoka puisqu’en commission aucune réponse sérieuse ne m’avait été donnée sur cette ONG. Je n’ai pas vraiment été rassurée.

Ashoka France annonce ses objectifs :

Détecter les entrepreneurs sociaux dont les innovations répondent aux enjeux de société dans tous les domaines et accompagnent leur développement. Mais qui détermine les enjeux ; à partir de quels critères, de quels objectifs ; qui décide qui est innovant, sur quelle base ?

Connecter des acteurs de différents horizons (ceux de la société civile comme des secteurs publics ou privés) « pour accélérer l’émergence de nouveaux modèles en faveur de l’intérêt général ». Tout dire pour ne rien dire…

Ashoka résume ainsi son projet : « Pour être acteur du changement et contribuer à transformer positivement la société, les nouvelles générations doivent acquérir des compétences et des qualités essentielles telles que la prise d’initiative, la collaboration ou l’empathie »… Je dois dire que le mot « empathie » utilisé dans un tel contexte m’a choquée. Auront-ils encore droit à la colère et à la révolte ?

Ashoka affirme aussi vouloir que « chaque individu, dès le plus jeune âge, soit en mesure de transformer positivement la société dans laquelle il grandit ». Quelle ambition ! Pour combien se concrétisera-t-elle sans action collective et transformation sociale ? Et Ashoka ne prétend rien de moins que de transformer l’expérience éducative avec ses « Changemakers Schools » et ses « Fellow Ashoka », se prétendant en quelque sorte maître à penser de l’éducation.

Parlons argent ! Ashoka, c’est 42 millions de dollars dont 2 millions pour la France. Des partenaires comme American Express, Cartier, Bettencourt, BNP Paribas, la fondation Bettencourt Schueller finançant largement le CRI, dont je ne suis pas certaine qu’il ait besoin d’argent public. En tout cas, nous n’avons pas les éléments pour le décider aujourd’hui. Le ministre de l’Éducation nationale a annoncé la suppression de 1 800 postes, pour l’essentiel, dans les collèges. Je manque peut-être un peu d’empathie mais pas de sens critique : quand on affaiblit un service public et qu’on y introduit, sous prétexte d’innovation, des officines privées financées par les grosses fortunes mondialisées, c’est qu’il y a un loup.

Nous nous opposerons donc à cette délibération.

Quid des équipements sportifs des collèges ?

Courrier de Bernard Genin, Président du groupe, au Président de la Métropole le 10 juillet 2018 -

Monsieur le Président,

Suite à notre intervention du 16 mars dernier, nous avons rencontré des représentants du SNEP FSU -messieurs Thierry Bertrand, responsable départemental 69, Pierre Delolme, co-responsable départemental 69 et Éric Stodezyk, responsable académique- pour évoquer les difficultés quant aux installations sportives des collèges.

En effet, comme nous l’avions alors dit, les professeurs d’éducation physique doivent faire face, et de plus en plus, à une utilisation intensive des différents équipements sportifs municipaux et à l’insuffisance des équipements sportifs propres aux collèges.

Donc, comme au mois de mars dernier, nous vous alertons de nouveau, Monsieur le Président, sur cette question importante pour le bien-être de nos jeunes ainsi que pour le bon travail des professeurs et nous vous demandons, encore une fois, des éléments précis pour avoir une vision globale, de ce point de vue, dans les collèges.

Nous voudrions disposer du montant exact des sommes consacrées à la location des équipements municipaux. Nous voudrions disposer, et pour chaque collège, de l’état des équipements propres à chaque collège.

Nous partageons l’inquiétude des enseignants quant à l’avenir de la discipline sportive, qui se trouve appauvrie par le manque d’équipements. Or, vous n’êtes pas sans savoir que la pratique du sport est essentielle -tant du point de vue du développement personnel que de la réussite scolaire-. Elle doit aussi être un facteur d’égalité dans l’accès aux différentes pratiques.

Nous vous remercions de votre réponse et vous prions d’agréer, Monsieur le Président, nos salutations distinguées.

Bernard GENIN, le Président

Le problème, ce n’est pas la place des Maires dans la Métropole, c’est la place des Communes !

N° 2018-2788 - Service public de restauration scolaire au sein des collèges métropolitains - Choix des attributaires

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, en conformité avec notre vote précédent lors du choix de la DSP pour huit collèges supplémentaires, nous voterons contre cette délibération.

Mais je vais saisir l’occasion pour revenir sur le bal des hypocrites auquel nous avons assisté tout à l’heure.

Comment, monsieur Cochet, pouvez-vous vous présenter comme le défenseur des Communes alors que votre mouvement politique a été à l’initiative de la première loi métropole en 2010 (loi Sarkozy), que vous avez été à l’initiative de la commission Balladur, que citait tout à l’heure Marc Grivel et dont chacun se rappelle que le thème essentiel du débat qui agitait Michel Mercier, Gérard Collomb et Gérard Larcher était : faut-il faire disparaître les Communes et comment ? C’était cela le débat. J’ai un enregistrement télévisé commenté à votre disposition.

Comment Marc Grivel peut-il se présenter comme un pragmatique apolitique défenseur des Communes ?

Pragmatique ? Mais alors pourquoi, cher Marc, ne pas avoir défendu les amendements que nous avons présentés pour les droits des Communes dans la Métropole lors du Pacte de cohérence métropolitain ? Comment pouvez-vous vous présenter comme cette Métropole victorieuse alors que cette Métropole n’est plus une intercommunalité, n’est plus une structure qui associe les Communes mais une collectivité pleine et entière qui se substitue -c’est le terme juridique- de plein droit à l’ensemble des Communes qui la composent. Et enfin, apolitique, il faut être un petit peu sérieux et un petit peu honnête ! Vous avez été le vecteur politique de la recomposition macroniste En Marche initiée à Lyon depuis des années. Et comment vous présenter comme apolitique quand vous êtes Maire de la Commune qui a battu tous les records du vote François Fillon au premier tour des présidentielles ? Le fond du sujet, monsieur Grivel, c’est bien la réalité et la nature de la construction métropolitaine. Le vrai sujet c’est de savoir si on organise dans l’institution métropolitaine la place des Communes. Le vrai sujet c’est de poser la question : oui ou non, sur les compétences métropolitaines, les Conseils municipaux sont-ils autorisés à délibérer pour donner leur avis ? Le problème, cher Marc, ce n’est pas la place des Maires dans la Métropole, c’est la place des Communes, monsieur le Premier Vice-Président !

Pour des représentants à l’écoute des personnels !

N° 2018-2710 - Conseil d'administration de l'Université Lumière Lyon 2 - Désignation -

M. le Conseiller MILLET : Cette délibération nous conduit à désigner un représentant titulaire et un suppléant pour le Conseil d’administration de l’Université Lyon 2.

Nous savons bien que les désignations dans les organismes extérieurs se font pour l’essentiel, comme pour la Commission permanente, au sein de l’exécutif et comme on voit à quel point les élections municipales et métropolitaines, pourtant encore lointaines, préoccupent nombreux d’entre vous, nous nous doutons que l’heure n’est pas aux ouvertures politiques.

Cependant, l’université est l’objet depuis des années de restructurations lourdes qui impactent fortement la vie des personnels comme des étudiants et ce n’est pas étranger aux mouvements sociaux qui agitent les universités en ce moment. Vous pouvez vous rassurer en affirmant qu’il ne s’agit que de minorités, certains diront même de « minorités dangereuses », mais la vérité est que la grande masse des acteurs de l’université est de plus en plus inquiète de vos réformes, de votre modèle d’une université de la concurrence, de la sélection des étudiants comme des chercheurs et des laboratoires. Mais la déclaration des présidents d’université avertissant que, sans crédits supplémentaires pour accompagner la loi, cette réforme -pourtant nécessaire- est vouée à l’échec devrait vous alerter.

C’est pourquoi nous considérons que nos représentants dans les Conseils d’administration doivent être à l’écoute de l’ensemble des acteurs de l’université. Pour l’instant, ils sont pratiquement les représentants du Gouvernement pour défendre et voter les réformes, prenant systématiquement la position contraire aux élus des personnels et des enseignants.

Nous demandons que nos représentants s’engagent à rencontrer les élus des personnels avant chaque Conseil d’administration et nous transmettent un rapport annuel sur leur rôle dans ces conseils, leurs contacts avec les autres élus et le bilan de leurs votes.

Nous ne voterons pour aucun candidat qui ne prendrait pas cet engagement.

L’Opéra en souffrance !

N° 2018-2630 à N° 2018-2632 - Équipements culturels - Scènes de rayonnement national et international - Subventions - 2018 -

Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le Président, les syndicats nous font part de leurs inquiétudes sur la question de la précarité des personnels et sur la question récurrente des décors et costumes de l’Opéra, qui seraient trop souvent fabriqués ailleurs que sur notre territoire.

Je vous remercie.

Quelle vision globale dans les collèges ?

N° 2018-2636 - Collèges - Convention pour l’utilisation des équipements sportifs 2018-2020 -

Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le Président, chers collègues, suite à cette convention, pendant les Conseils d’administration des collèges, il n’est pas rare, et même fréquent, que les professeurs d’éducation physique nous fassent part des difficultés qu’ils rencontrent pour disposer des équipements nécessaires à leurs activités. Cela n’est pas dû à une mauvaise volonté des Communes mais bien à l’utilisation intensive des différents équipements sportifs et à l’insuffisance des équipements sportifs propres aux collèges.

Et donc, dans les mois qui viennent, est-ce que nous pourrions avoir une vision globale des équipements sportifs dont bénéficient les collèges en propre, de ceux dont ils bénéficient de par des conventions avec les Communes et, d’autre part, les manques recensés ? Et puis, pourrions-nous savoir, sur ces questions des équipements sportifs, s’il y a une volonté d’investissement dans le futur et, s’il y a, à quel niveau elle pourrait être ? Ce serait bien que nous ayons une vision globale, de ce point de vue, dans les collèges.

Je vous remercie.

M. le Conseiller délégué DESBOS : Simplement, pour vous rassurer, dans tous les collèges on fait du sport, que ce soit les équipements à l’intérieur des collèges ou à l’extérieur.

Simplement, effectivement dans les nouveaux collèges, on prévoit un peu plus large. La preuve, c’est que dans le 7° arrondissement le soutènement est à 10 000 m², dont 5 000 m² de construction propre au collège. Donc, on aura forcément des équipements sportifs.

Et ce qui se faisait jusqu’à présent au Conseil général, c’est que les équipements sportifs dépendaient des mairies et le collège, du Département. Donc, cela a été reconduit dans ce sens-là. Donc, on demande effectivement un effort aux collectivités, qui sont les mairies, pour adapter, pour construire des terrains de sport autour des collèges. Ce qui est fait.

On a un peu de difficultés sur Lyon, mais on vous fera un état des lieux et, soyez rassurée, les collégiens pratiquent du sport. On s’adapte, eux aussi. Tous les sports ne sont pas pratiqués au sein des collèges et, en fonction de chaque sport et de ce que les professeurs préconisent, on peut dire que les collégiens pratiquent le sport de manière satisfaisante.

Une démocratie contre la démocratie universitaire !

Attribution d'une subvention à la Fondation pour l'Université de Lyon (FPUL) pour le projet BigBooster, dispositif international de sélection et d'accélération de start-ups à fort potentiel - Années 2017-2018 -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, voici donc revenu le « bootcamp non profit du BigBooster de start-up », monsieur le Président. J’espère que vous avez une traduction, peut-être faut-il prévoir des versions françaises des délibérations ? Je vous propose une traduction : « le camp d’entraînement à but non lucratif du grand amplificateur de jeunes pousses ». (Rires).

M. LE PRÉSIDENT : Vous pouvez nous le répéter ?

M. le Conseiller MILLET : Elle sera écrite, monsieur le Président. L’anglicisation de nos délibérations comme d’un grand nombre d’activités publiques pourtant soumises théoriquement à la loi Toubon, comme le « made for sharing » de Paris, révèle à quel point les décideurs ne respectent la loi que quand cela les arrange, ignorant la loi Toubon avec dédain. Bernard Cerquiglini, Recteur de l’Agence universitaire de la francophonie, dit à propos de cette loi qu’elle « renforce la francophonie en France et dans le monde ». Sauf que pour les textes de la Commission européenne, le pourcentage de documents produits en français est tombé de 38 % en 1996 à 4,4 % en 2013 –et je pense qu’on est encore en-dessous aujourd’hui–.

Comme enseignant-chercheur, je peux vous dire que cette anglicisation a des conséquences désastreuses sur l’édition scientifique de langue française. Il est devenu impossible de faire vivre une revue de bon niveau francophone alors que nos voisins allemands ou nos amis chinois maintiennent et développent leur propre édition scientifique. C’est un enjeu économique fondamental car derrière l’édition scientifique et sa maîtrise, c’est la capacité d’innovation, de créativité qui est en jeu. Le globish que le MEDEF impose de plus en plus dans les entreprises est un fantastique rouleau compresseur d’appauvrissement de créativité et de la place de la France dans le monde.

Cette anglicisation est, par contre, tout à fait compatible avec la transformation accélérée de l’université française que les réformes successives des Labex, Idex et autres outils d’ex –ex comme excellence parce que nous sommes tous excellents bien sûr, sinon nous ne serions pas là !– ont produit, comme cette Fondation qui a justement pour but de donner plus de places au MEDEF dans le monde universitaire.

Son premier Président, Alain Mérieux, disait que « La Fondation pour l’Université de Lyon est la preuve que tout est possible ». Enfin, tout, pas vraiment ! Ce qui l’intéresse lui, certes, l’entrepreneuriat, la recherche pilotée par l’aval profitable, la sélection sans doute mais la recherche fondamentale ou le droit d’accès à l’université pour toutes les catégories sociales, certainement pas !

Ce discours d’un grand patron justifie la restructuration de l’université parce que –dit-il– des élèves de Polytechnique sont partis en Californie fonder des entreprises à succès. Il paraît que personne ne les soutenait en France. Mais, bien entendu, c’est l’université qu’on accuse, pas les banques ni les grandes entreprises qui auraient dû être les soutiens naturels de ces jeunes investisseurs. Non, il faut au contraire donner tous les pouvoirs à ces entreprises sur l’université. C’est le cas avec les pôles de compétitivité qui dépensent l’argent public sur les seuls choix des entreprises. C’est le cas avec cette Fondation, dont le comité d’orientation est constitué d’un collège institutionnel de six membres –dont la Métropole d’ailleurs–, un collège socio-économique sans aucun représentant des salariés et un collège dit « académique » de six membres, dont seulement trois universitaires en activité.

L’université est un des lieux d’invention et de défense de la démocratie et je fais partie d’une génération qui a connu une université où les enseignants, les personnels et les étudiants étaient les décideurs réels, dans des conseils d’université où les personnalités extérieures étaient un complément à l’organisation de la vie démocratique, qui plus est à l’image d’un Conseil économique et social représentant aussi bien le patronat que les salariés.

Tout cela est du passé et la création de l’Université de Lyon et de sa Fondation a conduit à des structures de décisions « resserrées » –comme on dit– et, quand on passe d’un conseil d’administration de 80 membres, dont 10 personnalités extérieures, à des conseils de 30 membres, dont 15 personnalités extérieures, chacun comprend qu’on a changé d’ère et que la démocratie universitaire est une vieillerie.

C’est pourquoi, à la demande de nombreux élus enseignants-chercheurs concernés, nous voterons contre cette délibération et nous appelons tous les élus de ce Conseil à prendre connaissance des prises de position de l’immense majorité des élus des personnels, enseignants et chercheurs de l’université et des écoles. Personne ne fera l’université sans eux.

Je vous remercie.

Peu de collèges candidats ?

N° 2017-2442 - Organisation d'un voyage de mémoire à Auschwitz-Birkenau - 2017-2018 - Convention -

Mme la Conseillère BURRICAND : Simplement pour dire, monsieur le Président, que nous approuvons ces initiatives, que nous souhaiterions avoir plus d’éléments sur les collèges qui ont participé à ce type de voyage depuis la création de la Métropole. Il apparaît qu’il y a certaines difficultés sur la participation actuelle des collèges et plus de difficultés pour avoir des collèges candidats et ce serait bien que les élus qui siègent dans les collèges soient plus fréquemment sollicités pour pouvoir aborder ces questions avec les principaux, avec les parents d’élèves, ce qui aiderait peut-être à faire avancer le travail qui est nécessaire pour ce type de voyage, dont nous avons pu remarquer dans nos collèges qu’il était très utile.