Et le rail alors ?

N° 2018-2599 - Future Loi d’orientation des mobilités (LOM) - Contribution -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, nous ne pouvons que partager les six ambitions de cette contribution pour des mobilités plus propres, plus connectées, plus solidaires, plus intermodales, plus sûres, plus soutenables. Mais nous ne comprenons toujours pas le non-dit permanent du discours métropolitain de la mobilité sur la place du rail pour ces objectifs. Nous savons tous qu’il est plus propre, plus sûr, plus soutenable, plus solidaire dans le cadre d’un service public. Et l’enjeu central de la mobilité métropolitaine devrait justement être de le rendre plus connecté, plus intermodal, en affirmant l’ambition d’une intégration forte du rail à dimensions régionale et nationale et du réseau de transports en commun -ce qui ne se limite pas, loin de là, à la question du ticket évoquée par plusieurs intervenants mais pose, bien sûr, la question d’une articulation de type RER, point sur lequel nous rejoignons notre collègue de l’UDI-.

Malheureusement, cette ambition est absente et cela vous enferme dans des décisions engagées par votre prédécesseur -comme l’Anneau des sciences, qui avait fait l’objet d’un riche débat public, dont on comprend bien qu’il est désormais derrière nous, avec le COL dont l’ancien Président devenu ministre a enfin confirmé ce que nous savions tous, il n’en voulait pas !-. L’expression « Anneau des sciences », qui semblait promettre une vision d’intégration entre est et ouest s’inscrivant dans la réduction de la part modale de la voiture, est réduite à l’objectif de « boucler le périphérique lyonnais », tout un symbole quand on connaît à l’est la fracture urbaine que représente ce périphérique et l’injustice territoriale explosive de consacrer tous nos efforts à un périphérique ouest « au Top », si je peux me permettre.

Les mots « rail » et « train » sont absents de ce texte et le mot « gare » n’est cité que deux fois. La désaturation du Nœud ferroviaire lyonnais est présenté dans la logique d’un grand hub multimodal au cœur de la métropole basé sur les grandes gares de Saint-Exupéry -au passage, qui se trouverait donc au cœur de la métropole-, de Perrache et Part-Dieu, en totale incohérence avec le SCOT et son approche d’une métropole multipolaire dans laquelle les autres gares devraient jouer un rôle essentiel. C’est tout le projet absent du PDU à long terme qui manque dans cette contribution.

Le jeu institutionnel historique de la concurrence entre la Métropole, en projet, et la Région, ambitieuse, exacerbé par des oppositions politiques factices nous prive de l’ambition d’un report modal massif de la voiture vers le train pour les mobilités radiales quotidiennes, condition pour réduire la charge sur le périphérique, condition aussi pour une vraie intermodalité rail-transports en commun.

De plus, comme nous l’avions fait remarquer au moment du PDU, si nous avons des résultats significatifs dans le développement des transports en communs, le PDU limite son ambition aux capacités financières connues. Autrement dit, il n’est pas à la hauteur des besoins pour changer vraiment de modèle de mobilité métropolitaine.

Permettez-moi de penser qu’il y a un lien étroit avec les débats actuels sur la SNCF et, sur ce point, je ne sais pas si notre collègue de l’UDI nous suivra. Car, au fond, le courant politique dominant à Gauche et à Droite qu’a rassemblé le mouvement « En marche » ne croit qu’au marché, et plus au service public. En 1938, la création de la SNCF répondait à l’incapacité du privé et du marché à répondre aux besoins, et il fallait déjà gérer leur dette colossale et certains proposaient déjà de remettre en cause le statut, dans le contexte de la fin du Front Populaire.

50 ans plus tard, à l’orée des années 1990, le grand service public de la SNCF était cité en exemple pour sa régularité, et c’est le choix politique de lui faire financer le TGV qui a replongé sa dette. Depuis, -à coups de restructurations, de filialisations comme « OuiGo », d’externalisations, de désinvestissement sur la maintenance, d’abandon scandaleux du fret-, ce sont les choix des Gouvernements successifs qui, derrière l’alternance, sont tous allés dans le même sens de la mise en cause du service public. Vous avez rendu malade la SNCF et vous voulez, aujourd’hui, tenter de porter le dernier coup.

Et pour le fret, nous avons l’expérience de la privatisation ! La SNCF service public transportait, il y a 30 ans, 50 millions de tonnes-kilomètres de fret. Les 5 opérateurs, dont 4 privés, de la dérèglementation transportent aujourd’hui 32 millions de tonnes-kilomètres. Voilà la vérité de l’efficacité de vos solutions économiques.

Nous ne vous laisserons pas faire ! Et nous appelons tous les élus qui s’intéressent à la mobilité métropolitaine à prendre connaissance des propositions alternatives des syndicats de cheminots, à refuser le faux débat du statut -cette manipulation médiatique d’un Président qui veut faire croire que la mise en cause du statut des cheminots donnerait des retraites aux paysans-, à poser les questions décisives de l’ambition du rail pour l’aménagement du territoire, du niveau de service attendu, des investissements nécessaires pour une infrastructure qui ne peut être rentable aux délais des exigences d’actionnaires et qui ne peut se justifier que dans le très long terme des politiques publiques.

Nous serons jeudi à la manifestation des cheminots, avec les fonctionnaires, les hôpitaux et Ehpad, … Le printemps se prépare, chers Collègues !

Vers des espaces de circulation partagés par tous et pour tous ?

N° 2018-2602 + N° 2018-2603 - Développement des modes actifs - Subventions - 2018 -

M. le Conseiller BRAVO : Monsieur le Président, mesdames et messieurs les Vice-Présidents, mes chers collègues, ces deux délibérations qui concernent le subventionnement de la Fédération française des usagers de la bicyclette pour son congrès national et l’association Pignon sur rue -que nous voterons- sont l’occasion de revenir sur la nécessité d’une véritable réflexion profonde à mener sur l’aménagement des pistes cyclables, qui ne peut se limiter à une simple occupation sur les voiries et doit aller au-delà et permettre de créer des espaces de circulation qui, à terme, soient partagés par tous et pour tous.

Certes, les voies propres de pistes cyclables sont plus coûteuses mais plus rassurantes et plus sûres, surtout pour ceux qui ne sont pas encore familiarisés avec ce mode de déplacement. Il suffit de se promener dans les rues pour s’apercevoir que les voies cyclables sont très souvent source de conflits multiples entre usagers, qu’ils soient automobilistes mais aussi piétons. Il est d’autant plus regrettable de s’apercevoir que les nouveaux aménagements de voirie ne prennent souvent pas en compte la création de réels espaces cyclables. Et si l’on peut comprendre que la création de voies cyclables passe dans les rues existantes -à moindre coût-, cela l’est bien moins pour les nouveaux aménagements qui ne prennent pas en compte les voies propres -en recul-. Les exemples ne manquent pas et on cède bien volontiers à une facilité plutôt qu’à la recherche réelle d’une solution d’aménagement durable.

Un autre point concerne les subventions aux associations -car il en existe d’autres- qui sont en périphérie lyonnaise et sont une véritable aide aux usagers du vélo tel que celles qui réparent les vélos et aident les usagers à trouver des solutions techniques pour les vélos. Il y a des associations de sensibilisation, de projets d’ateliers d’auto-réparations dans d’autres Communes, qui mériteraient le soutien de la Métropole. Il faut une évaluation territorialisée des actions subventionnées et, donc, associer l’ensemble des associations existantes à l’échelle de la métropole. D’autant que, si les infrastructures de bornes cyclables sont certes importantes, il y a beaucoup à faire pour augmenter la mobilité en vélo en première couronne avec des enjeux comme le stockage longue durée en habitat collectif, les stations de vélos -qui sont peu existantes- ou encore l’accès vélo dans les transports en commun tel que le tramway -ce qui est possible, en prévoyant des parties de rames aménagées à cet effet, et se pratique dans beaucoup d’autres villes européennes, mais pas ici-.

Je vous remercie de votre attention.

L’Opéra en souffrance !

N° 2018-2630 à N° 2018-2632 - Équipements culturels - Scènes de rayonnement national et international - Subventions - 2018 -

Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le Président, les syndicats nous font part de leurs inquiétudes sur la question de la précarité des personnels et sur la question récurrente des décors et costumes de l’Opéra, qui seraient trop souvent fabriqués ailleurs que sur notre territoire.

Je vous remercie.

Quelle vision globale dans les collèges ?

N° 2018-2636 - Collèges - Convention pour l’utilisation des équipements sportifs 2018-2020 -

Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le Président, chers collègues, suite à cette convention, pendant les Conseils d’administration des collèges, il n’est pas rare, et même fréquent, que les professeurs d’éducation physique nous fassent part des difficultés qu’ils rencontrent pour disposer des équipements nécessaires à leurs activités. Cela n’est pas dû à une mauvaise volonté des Communes mais bien à l’utilisation intensive des différents équipements sportifs et à l’insuffisance des équipements sportifs propres aux collèges.

Et donc, dans les mois qui viennent, est-ce que nous pourrions avoir une vision globale des équipements sportifs dont bénéficient les collèges en propre, de ceux dont ils bénéficient de par des conventions avec les Communes et, d’autre part, les manques recensés ? Et puis, pourrions-nous savoir, sur ces questions des équipements sportifs, s’il y a une volonté d’investissement dans le futur et, s’il y a, à quel niveau elle pourrait être ? Ce serait bien que nous ayons une vision globale, de ce point de vue, dans les collèges.

Je vous remercie.

M. le Conseiller délégué DESBOS : Simplement, pour vous rassurer, dans tous les collèges on fait du sport, que ce soit les équipements à l’intérieur des collèges ou à l’extérieur.

Simplement, effectivement dans les nouveaux collèges, on prévoit un peu plus large. La preuve, c’est que dans le 7° arrondissement le soutènement est à 10 000 m², dont 5 000 m² de construction propre au collège. Donc, on aura forcément des équipements sportifs.

Et ce qui se faisait jusqu’à présent au Conseil général, c’est que les équipements sportifs dépendaient des mairies et le collège, du Département. Donc, cela a été reconduit dans ce sens-là. Donc, on demande effectivement un effort aux collectivités, qui sont les mairies, pour adapter, pour construire des terrains de sport autour des collèges. Ce qui est fait.

On a un peu de difficultés sur Lyon, mais on vous fera un état des lieux et, soyez rassurée, les collégiens pratiquent du sport. On s’adapte, eux aussi. Tous les sports ne sont pas pratiqués au sein des collèges et, en fonction de chaque sport et de ce que les professeurs préconisent, on peut dire que les collégiens pratiquent le sport de manière satisfaisante.

Rénovation thermique : un des enjeux essentiels des politiques Climat !

N° 2018-2669 - Agence locale de l’énergie et du climat (ALEC) - Subventions - 2018 -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, chers collègues, à l’occasion de cette délibération, je veux attirer l’attention du Conseil sur les avancées de la démarche ÉCORénov, qui soulignent sa pertinence mais aussi l’ampleur des besoins.

J’ai participé, il y a quelques jours, à une des initiatives de popularisation de ÉCORénov par l’ALEC sur le site d’une des 30 copropriétés engagées dans la démarche, copropriété de Vénissieux, et la rencontre -très réussie avec une cinquantaine de personnes- a été très utile.

Mais une des représentantes de copropriété s’inquiétait du délai de réponse de l’ALEC et la réponse montre bien que la démarche répond à un besoin -140 copropriétés intéressées par l’aide de l’ALEC pour le montage de leur projet-. Sauf que, malgré une organisation très ciblée du travail de l’ALEC avec seulement 1 jour et demi de travail par phase de projet d’une copropriété, il sera impossible de tout faire.

On peut se dire que c’est la rançon de la réussite mais, malgré tout, cela nous confirme ce que nous savions bien : les besoins de rénovation thermique sont immenses, et ils sont bien un des enjeux essentiels des politiques climat. Associés à l’extension des réseaux de chaleur urbains majoritairement renouvelables ou récupérables, ils sont un des moyens de faire reculer les émissions carbone du secteur du logement.

Ce qui nous conduit à deux remarques :

  • D’abord, il faut une politique publique nationale beaucoup plus ambitieuse sur ce sujet et, donc, des financements publics fortement augmentés.
  • Et il faut aussi, sans doute, réfléchir à une priorisation intelligente du point de vue de l’objectif de réduction des émissions. Comme sur d’autres sujets, nous pensons que le coût de la tonne de carbone évitée est un bon critère de priorisation.

Je vous remercie.

Pourquoi pas la valorisation chaleur ?

N° 2018-2677 - Villeurbanne - Station d’épuration de la Feyssine - Valorisation du biogaz -

M. le Conseiller MILLET : Permettez-moi de rappeler mon intervention de mai 2017 sur le projet d’investissement pour rendre possible l’utilisation de biogaz à la Feyssine qui conduit à cette délibération concernant le contrat d’injection de gaz dans le réseau GRDF.

Rappelons que l’investissement de 3M€ subventionné à 1M€ va produire 6GWh, soit 5 fois moins qu’une chaufferie biomasse de même coût, sans compter que la STEP consommera aussi du gaz naturel. Autrement dit, on ne sait pas bien quelle part des 6GWh produits peut être considérée comme biogaz…

Mais c’est le modèle économique qu’il faut bien avoir en tête. En mai dernier, j’avais souligné qu’il fallait vendre le gaz à 12€ le Kwh afin de devenir rentable, soit le double du prix de marché. Ce qui peut se justifier pour un projet expérimental mais interdit, évidemment, de passer à l’échelle.

Mais, dans cette délibération, il faut ajouter que nous devons payer 125K€ puis 85K€ par an pour les services d’injection, qui viendront réduire le calcul de rentabilité présenté en mai.

Nous restons favorables à cette expérience, mais ces données nous interrogent sur le choix fait par la Métropole de privilégier la gazéification sur la valorisation chaleur pour ses stations d’épuration.

Quelle politique industrielle ?

N° 2018-2616 - Programme d’investissements d’avenir Territoire d’innovation de grande ambition - Candidature à l’appel à projets -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, par cette délibération, nous voulons être un « territoire d’innovation de grande ambition » (ah, la créativité des ministères !) pour des projets en lien avec notre stratégie sur « l’industrie intégrée et reconnectée à son territoire et à ses habitants » (ah, la beauté des formules métropolitaines !).

L’industrie et l’emploi sont au cœur des préoccupations des Français. Depuis le raté de Lionel Jospin avouant qu’il n’y pouvait rien, tous les Gouvernements parlent de la relance de l’industrie. Sarkozy, Hollande, Montebourg, Macron, ont mis en place des plans pour l’industrie avec, toujours, comme principe la baisse « du coût du travail » pour des entreprises plus concurrentielles. Ils coûtent des milliards à l’État, donc aux Français, et quels sont leurs résultats ?

Selon le cabinet Trendeo,

  • Bilan Sarkozy : 329 sites industriels nets perdus et 350 000 emplois industriels.
  • Bilan Hollande : 278 sites industriels nets perdus et 100 000 emplois industriels.

Oui, mais il y a la reprise ! Permettez-moi de citer Michel Sapin qui s’en amusait dans les médias : « La croissance a été de 0,6 % au dernier trimestre, après 0,5 % au troisième -ce serait l’effet Macron-, mais elle était de 0,6 % au deuxième trimestre, après 0,5 % au premier ». Autrement dit, l’effet Macron est égal à l’effet Hollande. Ça promet !

D’ailleurs, le « speed dating » -médiatiquement réussi- du Président avec les grands patrons du monde a accouché d’une souris. 3,5 milliards à comparer aux 250 milliards d’investissements annuels des entreprises françaises, qui sont pourtant insuffisants, sachant que ces annonces sont presque toutes des projets qui étaient déjà lancés !

Et je ne peux résister au plaisir de vous citer cette déclaration du ministre Mounir Mahjoubi qui montre que, en terme de formules, la concurrence est vive : « La French Tech est un programme où l’on a fait des innovations très neuves mais qui pourraient être encore plus neuves en 2018 ».

Permettez-nous d’être méfiant de cette dimension marketing des discours de politiques économiques de vos amis de Droite et de Droite -je pense que c’est plus clair, finalement, que de dire de Gauche et de Droite- et, donc, de nous concentrer sur le concret.

Prenons le cas de l’annonce que vous avez faite d’un Campus industriel sur le site Bosch Vénissieux. Vous imaginez combien nous sommes partie prenante de cette ambition d’affirmer le rôle d’innovation industrielle de notre ville, fière d’être reconnue dans la stratégie économique de la Métropole. Mais, enfin, si nous voulons faire de l’industrie du futur sur ce site, il faudra des industriels et des investissements ! Boostheat est révélateur des besoins de financement pour passer de la R&D à la production sur un projet dont l’ambition est de moins de 100 emplois. Or, ce site a connu 1 000 emplois, il en faudrait donc 10 de cette taille !

Or, c’est le site du groupe leader européen de l’industrie 4.0. Comment imaginer que Bosch continue de se retirer du site ? Le groupe a annoncé qu’il vendait le foncier de la partie Bosch Diesel, et l’essentiel de la production Rexroth a été délocalisée. Tous ceux qui connaissent le site voient que, en tendance, Bosch se retire.

Une pétition adressée au Président du groupe Bosch est lancée à Vénissieux pour lui demander un investissement majeur sur ce site, dans le cadre de l’ambition d’en faire un site de référence de l’usine du futur. Nous vous demandons de la soutenir.

Mais, pour conclure, permettez-moi, monsieur le Président, de vous dire ce qui vous manque pour réussir votre ambition industrielle.

Il y a, dans la métropole de Lyon, une grande créativité économique et technologique, des passionnés de l’industrie et de l’innovation. Mais vous leur imposez cette concurrence libre et non faussée qui pousse à la spécialisation compétitive, à la destruction créatrice -toutes formules destinées à faire accepter que ce qui décide, en fin de compte, c’est le profit de quelques uns-. Or, vous pouvez toujours chercher à maîtriser le gros chat capitaliste pour des objectifs d’intérêt général, mais le gros matou -son vrai visage, chers collègues, c’est celui de Trump, de Draghi ou de Prokhorov-… c’est lui qui nous dit la vérité du capitalisme, sa cupidité, son indifférence à la culture autre que ce qui s’achète et se vend, sa violence et sa vulgarité…

C’est pourquoi, monsieur le Président, les objectifs affichés dans la candidature de la Métropole pour une industrie intégrée et reconnectée à son territoire et à ses habitants ne sont qu’un vœu pieux face au marché. Comment croire à l’objectif de « l’individu au cœur du système industriel » quand on connaît la logique implacable du capital !

Ce ne sont pas les idées des chercheurs, ingénieurs, entrepreneurs, industriels qui sont mauvaises, c’est le cadre dans lequel les actions seront conduites, avec le profit comme seul moteur, pour que les 0,1 % des plus riches continuent d’accaparer la plus grosse part possible du gâteau.

C’est pourquoi, monsieur le Président, je vais vous dire ce qui vous manque. Ce qui vous manque, c’est de travailler sous la direction d’un grand parti Communiste -un parti qui mette l’État réellement au service de l’intérêt général, qui combatte tous les Trump du marché pour imposer le respect des biens publics ; un parti qui domestique le chat capitaliste-.

Certes, en France, ce n’est pas pour demain mais si le Front National s’est refondé sur ses racines fascistes, à la surprise des commentateurs médiatiques qui ne comprennent rien à l’histoire, vous pourriez être surpris du prochain Congrès du parti Communiste !

L’exemple de la production de l’Immucyst…

N° 2018-2620 - Pôles de compétitivité - Subventions - 2018 -

M. le Conseiller MILLET : Monsieur le Président, à plusieurs reprises dans ce Conseil, la question d’une évaluation de l’impact des pôles de compétitivité sur l’emploi et l’activité a été évoquée sans résultat, et la présente délibération ne nous dit rien de plus à ce sujet. Je ne doute pas que notre collègue Rolland Jacquet, qui était intervenu dans le mandat précédent à plusieurs reprises sur ce sujet et qui a rejoint l’exécutif, va nous apporter cette fois des réponses.

La délibération nous parle de pôles de compétitivité qui deviennent des « usines à produits d’avenir », et permettez-moi de prendre un exemple qui associe Lyonbiopôle et le Cancéropôle.

Il y a quelques temps, le groupe SANOFI -membre important de Lyonbiopôle- a abandonné la production de l’Immucyst, un médicament traitant le cancer de la vessie -maladie socialement importante avec 12 à 13 000 cas déclarés par an-. Théoriquement, la loi oblige l’industrie pharmaceutique à produire les médicaments essentiels, mais l’Agence nationale de la santé s’est retrouvé impuissante car la production avait été délocalisée au Canada dans le cadre de la stratégie de mondialisation de SANOFI sur le marché nord-américain.

Manque de bol, les ratés et aléas technologiques s’accumulent et, dès 2014, le traitement commence à manquer. Les malades fortunés vont se faire soigner en Suisse et l’Agence nationale de la santé met en place des restrictions aux cas les plus graves.

Le Professeur Colombel, des HCL, constate que cela a augmenté les récidives et une hausse des ablations de la vessie, très coûteuses pour la Sécurité sociale. Et, finalement, l’an dernier, SANOFI annonce l’arrêt de la production pour insuffisance de rentabilité.

L’urologue estime le surcoût, pour la Sécurité sociale, à 10 millions par an -sachant que le groupe SANOFI a bénéficié de 140 millions d’euros par an de Crédit impôt recherche et a racheté pour 3 millions de ses actions afin de soutenir le cours-.

Voilà une approche concrète de la réalité des comportements de ceux que nous soutenons par ces politiques publiques. Ce n’est, bien sûr, qu’un exemple et il n’annule pas les dizaines de projets, utiles et réussis, que tous les acteurs de ces pôles de compétitivité font vivre. Mais il nous interroge sur le cadre des politiques publiques d’aide au développement économique.

Nous considérons qu’il n’est pas sérieux de se faire plaisir en valorisant des activités de R&D si les décideurs principaux n’ont, comme seul critère de décision de leurs investissements, la rentabilité au service des oligarchies économiques.

Nous vous demandons, monsieur le Président, d’intervenir auprès de SANOFI pour obtenir un réinvestissement local pour la production de ce médicament en mobilisant, justement, le pôle de compétitivité et le Cancéropôle dans cet objectif.

Nous nous abstiendrons sur cette délibération.

Pour des services publics de proximité !

Question orale du Groupe de réflexion et d'actions métropolitaines (GRAM) et du groupe Communiste, Parti de gauche et républicain -

Mme la Conseillère PERRIN-GILBERT : Monsieur le Président, le groupe GRAM Métropoles et le groupe Communiste, Parti de gauche et républicain souhaitent poser une question d’actualité concernant les services publics de proximité dans notre métropole. Cette question concerne plus particulièrement les agences SNCF de Croix-Rousse et Bellecour, dont la Direction régionale de la SNCF a annoncé la fermeture en juin prochain.

Dans la logique du rapport Spinetta -dont nous avons déjà parlé lors de cette séance-, cette annonce est la poursuite d’une politique de destruction des services de proximité menée par la SNCF depuis plusieurs années et s’est traduite, dans notre métropole, notamment par la fermeture brutale de l’agence de Villeurbanne, par la suppression des humains et des guichets dans de nombreuses petites gares ou celle de contrôleurs dans les TER ou les Tram-Trains. Elle est la manifestation locale d’une volonté de réduire « les dépenses » au détriment du service rendu aux usagers, sommés d’aller sur internet ou de subir de longues attentes aux guichets des gares.

La fermeture a été préparée de longue date, notamment sur la Croix-Rousse, d’abord en réduisant les horaires d’ouverture quotidiens, ensuite en fermant le samedi. Malgré les « efforts » des responsables locaux successifs de la Direction régionale de la SNCF pour prouver que la boutique est inutile, loin de péricliter, celle-ci est sans cesse pleine lorsqu’elle est accessible aux usagers. Les usagers sont mobilisés depuis de nombreux mois, en contactant le syndicat CGT Cheminot pour un travail commun, en créant un Comité d’usagers des services publics, en faisant signer plus de 20 000 pétitions, en exigeant des rencontres avec la SNCF, en organisant des rassemblements, … Car les habitants tiennent à leurs services publics et au maintien de la proximité, de l’humanité qui lui est liée autant qu’à l’efficacité qu’elle assure.

Dans cette lutte pour un service public tourné vers la satisfaction des besoins des usagers, les habitants se sont naturellement tournés vers leurs élus -Maires comme Députés- pour obtenir soutien et relais.

Monsieur le Président, mardi 6 mars 2018, dans une allocution prononcée en votre nom par M. Bertolle lors de la manifestation organisée par le Comité des usagers des services publics et la CGT, vous vous êtes engagé à mener une action volontariste contre la fermeture des agences concernées. Nous espérons qu’il ne s’agissait pas de promesses sans fondement ni de paroles destinées à apaiser les esprits…

Notre question est donc simple : comment comptez-vous engager concrètement la Métropole aux côtés des habitants pour interpeller les Directions régionale et nationale de la SNCF afin d’empêcher les fermetures annoncées, voire pour obtenir la réouverture d’agences de proximité fermées ces dernières années malgré l’irremplaçable service qu’elles rendaient aux habitants ?

M. LE PRÉSIDENT : D’abord, pour vous dire que certains ont découvert ce sujet au moment de la dernière campagne des Législatives et si cette boutique est encore ouverte à la Croix-Rousse, je n’y suis pas -je crois- totalement étranger.

Je n’ai pas attendu votre interpellation pour me mobiliser comme, d’ailleurs, beaucoup de Maires se mobilisent parfois sur la disparition de services publics dans leurs propres Communes comme, par exemple, pour la Poste, pour la santé ou pour d’autres secteurs des services publics. Ils se mobilisent simplement, et je voudrais les en remercier.

Donc, nous le faisons ici, et nous le faisons de plusieurs façons. D’abord, bien sûr, en accompagnant la mobilisation citoyenne, qui est légitime et que vous avez évoquée, des usagers du service public -même si je rappelle que la SNCF reste encore souveraine de ses implantations, de ses décisions-.

Nous le faisons aussi à travers des actions de la Métropole, parce que la Métropole est elle aussi productrice de service public et, dans chaque Maison de la Métropole, il y a, Madame Perrin, des services publics qui sont déployés.

Bien sûr, il nous faut aussi réfléchir à de nouveaux modèles -et je crois que c’est le travail que nous faisons- qui prennent en compte les nouveaux usages, qui prennent en compte les besoins des collectifs et qui prennent en compte le principe d’égalité d’accès aux services publics.

C’est le travail que nous menons. C’est notamment le travail expérimental que je mène sur le 4° arrondissement pour définir ce que l’on appelle « une Maison des services publics ». Il y aura peut-être à les dupliquer ailleurs, dans les contraintes économiques que nous connaissons.

Je rencontre et je rencontrerai encore, dans les semaines qui viennent, notamment des responsables de la SNCF. Donc, ce ne sont pas simplement des mots -comme vous sembliez le suggérer dans votre question- mais bien des actions que nous menons régulièrement.

Je vous remercie.

Quid de l’hébergement d’urgence ?

Question orale du groupe Communiste, Parti de gauche et républicain et du Groupe de réflexion et d'actions métropolitaines (GRAM) -

M. le Conseiller GENIN : Monsieur le Président, avec le GRAM, nous posons cette question orale -je ne vais pas reprendre les attendus que chacun connaît ici, je l’espère- de la situation catastrophique de l’hébergement d’urgence.

Lors du Conseil du 15 décembre dernier, nous avions demandé la réunion, la tenue d’une Conférence métropolitaine pouvant réunir l’ensemble des acteurs -inviter l’État, la Métropole, les bailleurs, les associations, les élus locaux- pour partager un bilan détaillé des capacités d’hébergement et, ensuite, pour construire des propositions et évaluer les besoins en places d’hébergement en logement social capables de sortir, enfin, de ce scandale des familles à la rue.

Monsieur le Président, nous nous permettons de vous demander où nous en sommes de cette idée de Conférence métropolitaine et, surtout, dans le contexte de la loi dite « Collomb », qui va réduire les délais et les possibilités de recours, qui ne se traduira donc pas par le flux des migrants mais les précarisera encore plus et favorisera encore plus les squats et les réseaux qui les exploitent.

Vous aviez répondu, monsieur le Président, à cette époque, je vous cite : « La proposition de trouver un lieu, de pouvoir échanger avec les associations, avec la Métropole, avec les acteurs présents sur le terrain me paraît une bonne solution ». Ne pensez-vous pas, monsieur le Président, qu’il est bien temps aujourd’hui de convoquer, d’organiser, de réunir cette Conférence métropolitaine ? Ce que nous espérons.

Je vous remercie.

M. LE PRÉSIDENT : En tout cas, monsieur Genin, vous avez parlé d’une « Conférence métropolitaine », vous avez repris mes propos.

Des rencontres ont déjà eu lieu. Elles ont eu lieu sous la responsabilité du Préfet. Nous avions demandé d’ailleurs à associer à cette demande, à l’époque, le Maire de Lyon et des rencontres portant sur le plan Froid -avec des acteurs, avec des associations- ont eu lieu. Nous n’allons pas faire la liste de l’ensemble de ces associations.

Ces rencontres ont eu lieu aussi avec les services de la Préfecture, sous l’autorité du Préfet, et avec un certain nombre de Communes -Villeurbanne, Lyon, Vaulx en Velin, Décines Charpieu entre autres- mais la liste n’est pas exhaustive.

Ces rencontres ont eu lieu à trois reprises, je crois. Deux autres rencontres sont prévues dans les huit prochains jours sous le même format pour avancer à la sortie du plan Froid. Je ferai un retour de ces prochaines réunions et je prévoirai un échange, mais je souhaite réfléchir à son format et sur sa date.

Je vous remercie.