M. le Conseiller BRAVO : Monsieur le Président, mesdames et messieurs les Vice-Présidents, mes chers collègues, si nous partageons et voterons le rapport sur les orientations stratégiques de la politique sportive, il appelle néanmoins certaines questions et réflexions quant à sa mise en pratique car il nous semble avoir quelques vides ou manques qu’il conviendrait de compléter.
Le sport est un élément essentiel au bien-vivre, à la santé physique et psychique, à la cohésion sociale, à l’éducation. Il est reconnu par tous que le sport est un élément essentiel à la santé publique et un vecteur de valeurs humanistes essentielles au vivre ensemble et, au-delà, à l’ensemble de la société. Le sport est dépassement de soi, le sport est école de vie. « Donner, recevoir, partager, ces vertus fondamentales du sportif sont de toutes les modes, sont de toutes les époques ; elles sont le sport » déclarait ainsi, en substance, Aimé Jacquet.
Mais ce même sport peut aussi véhiculer des contre-valeurs, le plus souvent issues d’inspirations venant du monde de la compétition professionnelle à haute attractivité médiatique. Les cas d’actes violents de voyous dans les stades et hors des stades ou d’esprit antisportif de certains joueurs donnent non seulement une mauvaise image de l’esprit sportif mais, malheureusement, en inspire d’autres dans les milieux du sport amateur. Les cas de violences ou d’incivilités sont trop courants lors d’événements sportifs amateurs populaires ; je pense particulièrement au foot, c’est nettement moins le cas dans d’autres sports.
Là où cela devient inquiétant, c’est lorsque ces actes tendent à se reproduire trop régulièrement dans des enceintes de compétitions hors caméra. Les éducateurs sportifs et l’encadrement, qui sont généralement des bénévoles, se trouvent désarmés face à cette violence gratuite et appellent à l’aide.
Le sport doit rester intrinsèquement un élément de valeur de paix et de fair-play. Or, ce point n’est pas abordé dans le rapport. On ne sait rien des actions en ce sens afin d’aider les associations sportives à lutter contre les contre-valeurs sportives : argent, violence, insultes, etc.
Le dopage est aussi un élément à prendre en compte lorsque la compétition est exacerbée au point d’en oublier les fondements sportifs. S’il est bien plus courant dans le sport professionnel, il nous semble primordial de protéger la santé de tous les sportifs de haut niveau qui sont les plus exposés. Il conviendrait donc que la Métropole impulse les actions en partenariat avec les clubs, les fédérations locales et les comités sportifs dans ce sens pour prémunir et protéger l’activité sportive des risques du dopage et de la tricherie.
La précarité dans le sport est aussi une réalité que beaucoup de professionnels vivent difficilement, tels que les entraîneurs. Ils sont les véritables professionnels et doivent souvent cumuler deux ou trois métiers afin de parvenir à boucler les fins de mois, au bureau la journée et le soir dans les salles de sport ou les stades. Ne pourrait-on pas créer des formations rémunérées à destination des entraîneurs des clubs de sport amateur, en partenariat avec les fédérations nationales et les comités sportifs, pour compenser ce qui existe dans d’autres professions ? Mais aussi aider mieux les petits clubs qui se mettent souvent dans l’illégalité en versant des rémunérations non déclarées par faute de moyens.
Le sport dans les entreprises, dans le milieu du travail est aussi un sujet qui n’est pas abordé dans ce rapport. Plusieurs études démontrent que les salariés heureux se trouvent souvent dans les entreprises où le sport est promu, valorisé et aidé. Nous pouvons faire mieux que d’éluder la question et proposer des aides sous différentes formes : accès aux équipements ou installation de salles de sport dans les entreprises mêmes, promotion et information, etc.
Dernier point, la coexistence des ligues départementales ou régionales maintenant -et oui, dans le milieu sportif, la réforme territoriale joue aussi à plein !- qui sont rattachées aux fédérations nationales des différents comités sportifs a parfois tendance à décoordonner les actions sportives entreprises par les uns au niveau local. Il faut veiller à leur complémentarité et éviter une concurrence qui n’a pas lieu d’être dans le sport amateur.
Nous nous étonnerons toujours de la préférence en termes de subventions versées aux sports professionnels par rapport aux sports amateurs qui génèrent pourtant bien plus de médailles aux Jeux Olympiques, donnant une bien meilleure image du sport français. N’est-ce pas là la vraie vitrine ? Alors que la loi Lamour est venue financiariser le sport professionnel, il faudrait rééquilibrer les subventions en tenant compte de l’intérêt général.
Je vous remercie de votre attention.