M. le Conseiller R. Debû : Monsieur le Vice-Président, mesdames et messieurs, chers collègues, avec cette délibération, il est donné à voir l’importance de l’action métropolitaine dans le logement social mais également du soutien aux propriétaires du parc de logement privé.
En effet, la Métropole de Lyon joue un rôle moteur dans la production de logements neufs, particulièrement dans le parc social -avec pas moins 4 338 logements locatifs sociaux programmés pour cette année. Mais notre collectivité intervient aussi fortement dans la rénovation énergétique du parc privé ainsi que dans le soutien spécifique aux copropriétés dégradées.
Dans les faits, et malgré de nombreuses affirmations contraires, les budgets consacrés aux parcs privé et social sont équivalents, respectivement 115 millions et 122 millions. C’est un effort notable, et dont l’effet levier est de première importance qui, aujourd’hui, porte ses fruits.
Dans le parc privé, cela se traduit par une amélioration du confort thermique des logements et, à terme, permettra des économies pour les propriétaires occupants. Plus largement, un des objectifs du soutien de notre Métropole aux divers dispositifs, notamment « MaPrimeRénov’ », est aussi de remettre sur le marché locatif un certain nombre de logements aux étiquettes F et G, pour faire face à la pénurie de logements privés autant que sociaux. À ce titre, et malgré les démarches volontaristes de la Métropole, trop peu de propriétaires -souvent multipropriétaires- ont joué le jeu. Il reste donc, là, un gisement important à exploiter et, sans doute, de nouveaux outils à inventer.
Nous nous sommes également beaucoup investis dans le soutien aux copropriétés dégradées et avons développé, comme aucune autre collectivité, le BRS. Le Bail réel solidaire est un outil d’avenir permettant de dissocier propriété foncière et propriété du logement, tout en s’opposant aux logiques spéculatives. À mi-chemin entre les logiques publiques et privées, le BRS est un acquis important à conserver et qui, de fait, met le doigt sur l’obstacle majeur sur lequel nous butons, à savoir la cherté du foncier.
Car c’est bien là que le bât blesse : la production de logements sociaux se heurte encore et toujours aux prix excessifs du foncier, mais aussi à un manque d’enthousiasme – pour dire le moins- de certaines municipalités.
La production de logements sociaux repose donc sur une volonté politique, dont nous avons fait la démonstration, ici, tout au long du mandat. Mais cela demande aussi et, particulièrement, de maîtriser le foncier -afin d’en maîtriser le prix. Et, dans cet esprit, il nous apparaît indispensable de maintenir et développer l’encadrement des loyers, que d’aucuns veulent abroger.
C’est même tout l’arsenal anti-spéculatif qu’il faut déployer : limitation des meublés de tourisme, du coliving et, bien sûr, des tours de bureaux -bien souvent sous-occupées. La construction continue de surfaces tertaires illustre, d’ailleurs, bien la fuite en avant d’un marché immobilier de moins en moins rationnel, entièrement tourné vers la spéculation.
Alors, bien évidemment, la propriété foncière a toujours été au fondement du capitalisme, mais nous atteignons aujourd’hui des niveaux de déconnexion délirante. On ne parle plus de patrimoine mais d’actifs, totalement déterritorialisés, sans aucun lien avec les quartiers et communes où ils sont situés, sans lien évidement avec les besoins sociaux, mais sans lien non plus avec le marché locatif privé. Et si ce n’avait que des effets sur les spéculateurs, ma foi, je ne m’en soucierais guère. Malheureusement, la rente situationnelle impacte l’ensemble des travailleurs et habitants de l’agglomération en faisant exploser les prix, pour le plus grand bonheur des spéculateurs.
Spéculateurs immobiliers, dont la réponse aux besoins sociaux est le cadet des soucis mais qui savent, néanmoins, trouver le chemin de la puissance publique lorsque leurs actifs immobiliser se déprécient, lorsque leurs opérations risquent de capoter. Et, dans ces cas de figure, ils attendent des pouvoirs publics qu’ils servent de parachutes aux aventures capitalistiques, suivant la logique immuable des libéraux : socialisation des pertes et privatisation des bénéfices.
C’est, d’ailleurs, bien le paradoxe dans laquelle notre collectivité se trouve parfois à devoir voler au secours d’intérêts privés. Certes, dans ces cas-là, soudainement, les promoteurs trouvent les moyens de convertir des immeubles de bureaux en immeubles de logement. Soudainement aussi, le logement social trouve sa place dans leur modèle. À court terme, il peut s’agir d’un plus pour la Métropole mais, ce faisant, nous participons, à notre corps défendant, à entretenir la dynamique spéculative et l’augmentation constante des prix.
Ainsi, nous restons prioritairement attachés à la production et l’amélioration du logement social afin de lutter contre la pénurie de logements abordables. Nous soutenons également les opérations en BRS et, évidemment, tous les outils de maîtrise foncière. Nous redisons, ici, notre attachement à l’encadrement des loyers et nous devons nous donner les moyens de le faire respecter par tous les propriétaires.
Le chemin reste encore long pour permettre la mise en œuvre effective du droit à habiter la ville, pour toutes et tous, et c’est un défi que nous relèverons collectivement. Je vous remercie.
La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/3u4UfqWT_aw?t=25426