Alors que la retraite est devenue une période de vie à laquelle toutes les catégories sociales peuvent aspirer, les pouvoirs publics continuent à ne voir dans les progrès de la longévité humaine qu’une menace pour l’équilibre des comptes sociaux. D’où cette obsession à vouloir reculer sans cesse l’âge de départ à la retraite. La démographie a bon dos, alors qu’en matière de croissance la France va faire moins bien que prévu : les experts de la Banque de France ont abaissé de 1,3 % à 1,1 % le chiffre prévu pour l’an prochain.
En cause, la politique économique du Gouvernement faisant de l’ »attractivité du territoire » le principal levier de développement. Certes, la France renforce l’accueil des capitaux étrangers, mais il n’y a pas lieu de se réjouir. Le pays s’épuise dans cette chasse aux multinationales, et l’économie nationale perd de sa substance. Les dépenses de recherche-développement stagnent à un niveau médiocre malgré le très coûteux « Crédit d’impôt recherche ». La dépendance technologique envers les grandes firmes anglo-saxonnes s’accroît. La place de l’industrie recule dangereusement, ce qui se retrouve dans le déficit du commerce extérieur. Alors que le coût de la main d’œuvre n’est pas un facteur déterminant de localisation d’activité, la France dépense des dizaines de milliards en exonérations de cotisations patronales.
Ce qui achève de déstructurer les atouts de notre système productif et affecte, également, du fait de ressources moindres, le financement de nos retraites. La priorité n’est-elle pas la bataille pour le recul du chômage, de la précarité et du sous-emploi, seule voie permettant la consolidation du système de retraite par répartition? L’urgence est d’ouvrir un vrai débat de politique économique englobant tant l’avenir de la production française que celui des retraites.