Mme la Conseillère PICARD : Monsieur le Président, mesdames, messieurs, je souhaitais tout d’abord souligner l’ironie d’une institution qui consulte les élus du Conseil de la Métropole sur le changement de nom de cette ville alors que peu lui importe l’avis des habitants !
Alors, voilà, nous allons donner notre avis. Mais de quoi parle-t-on exactement ?
Nous savons, bien entendu, les intérêts pour Grigny d’être rattachée géographiquement au fleuve Rhône et de couper court à tout amalgame avec les trois autres villes du même toponyme, notamment avec une certaine grande sœur d’Essonne. Si des motifs d’erreurs d’acheminement de courriers sont mis en avant, nous retenons surtout l’objectif avoué des élus de Grigny sur Rhône de s’éloigner le plus possible de l’image des villes populaires que véhicule Grigny en Essonne, ville qui accueille la population la plus pauvre de son département, ville souvent malmenée par les médias en recherche de sensations.
En tant que Maire d’une ville populaire, je suis tout simplement outrée. Cette répulsion stéréotypée, qui plus est de la part d’élus de la République, est une véritable insulte à tous les habitants des quartiers populaires. Et je voudrais redire ma fierté pour ma ville et ses habitants.
Que les élus Grignerots soient rassurés : ils ne sont pas confondus avec les élus Grignois, ils n’ont pas la même vision des politiques publiques.
Nous savons, bien entendu, que ni les services de La Poste ni les archives départementales ne s’opposaient à cette décision. Mais qu’en pensent les habitants de cette Commune ? Le Maire de la Ville de Grigny nous rassure en indiquant que les habitants auraient été consultés, alors que les élus Front de gauche affirment le contraire dans un courrier qui vous a été adressé, monsieur le Président. Peut-être n’ont-ils pas les mêmes exigences participatives. Comment peut-on accepter qu’une ville change de nom sans référendum local ou, a minima, sans véritable consultation ouverte au plus grand nombre ?
On voudrait faire passer ce changement de nom pour une simple formalité administrative mais nous savons que la sémantique a son importance. La bataille des mots ou des noms est la bataille des idées. Certains apprentis historiens, ou apprentis sorciers, s’amusent régulièrement à ce petit jeu dangereux, celui qui consiste à gommer l’histoire ou à la réécrire. Comment ne pas se souvenir ici que le Maire de Béziers, soutenu par le Front national, a rebaptisé la rue du 19 mars 1962, date des accords d’Évian, en rue du Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, un militaire ayant participé au Putsch des généraux ?
Mesdames et messieurs, il existe un autre petit jeu très à la mode depuis 2014 ; il consiste à démontrer que rien de bien n’a été fait dans les villes progressistes de Gauche depuis plusieurs mandats. À Grigny, Rillieux, Saint Priest, Décines, Mions ou Vénissieux, nous assistons à des attaques systématiques et parfois honteuses des bilans, des idéaux, voire des hommes qui ont écrit l’histoire, au service des populations.
À Vénissieux, c’est le Conseil municipal et toute la population mis en émoi par l’intervention honteuse du leader de Droite, n’hésitant pas à salir la mémoire de Guy Fischer lors de la délibération annonçant la création d’une nouvelle voie qui portera son nom. À ce sujet, nous avons été assourdis par votre silence, mesdames et messieurs les Conseillers métropolitains, vous qui avez côtoyés et apprécié Guy Fischer, vous qui auriez pu condamner cette attaque abominable contre l’homme et contre ses idéaux ! Même parmi les Républicains, beaucoup d’entre vous avaient pourtant tenu à lui rendre hommage, aux côtés de monsieur Gérard Larcher, Président du Sénat.
À Grigny, ce changement de nom poursuit l’objectif sous-jacent de tourner la page de 37 ans de Communisme municipal. Je cite monsieur Robert Falletti, doyen de séance du Conseil d’installation du 4 avril 2014 et membre de la majorité : « Enfin » -disait-il- « et pourquoi pas, pour marquer ce nouveau départ, cette nouvelle ère, ne pourrait-on pas proposer un complément au nom de notre Commune en l’appelant Grigny sur Rhône ? »
Ne laissons pas passer cette délibération pour une simple formalité administrative car c’est un acte politique conscient. Nous rejoignons la demande des élus du Front de gauche de Grigny pour réclamer la tenue d’un référendum et l’ouverture du débat démocratique.
Et, dans l’attente d’un retour en arrière sur ce véritable déni de démocratie participative, nous voterons contre cette délibération, monsieur le Président.
Je vous remercie.