Mme la Conseillère PEYTAVIN : Monsieur le Président, c’est moi-même qui vais prendre la parole puisque madame le Maire, Michèle Picard, devait le faire mais comme il y a eu un changement dans l’organisation des débats -que nous avons reçu tardivement, à savoir hier soir- et étant retenue par d’autres obligations à Vénissieux comme d’autres élus ici qui ont quitté cette assemblée, c’est donc moi qui vais vous lire l’intervention préparée par madame Picard.
Dans le débat qui nous anime depuis plusieurs semaines autour du logement social, nous aimerions, pour une fois, que nous commencions par « parler humain » avant de « parler chiffres ».
Pour les Communistes, les politiques publiques n’ont pas d’autre sens que de répondre aux besoins des populations. Le droit au logement pour tous est inaliénable et nous n’envisageons pas le déplacement des habitants à coups de chiffres, de pourcentages et de seuils. Notre vision est en cohérence avec nos valeurs, les mêmes qui nous engagent à assumer nos responsabilités dans l’accueil des migrants venus de la « jungle » de Calais, dans un esprit de solidarité, de partage et de respect de la dignité humaine.
La politique publique du logement que nous défendons parle avant tout d’humain. Nous considérons que la Loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine et sociale est un progrès par rapport à l’ère Sarkozy où le logement était envisagé non pas comme un droit mais comme un capital retraite. Le NPNRU est un dispositif utile à une transformation positive de la ville et de ses quartiers pour les habitants. Nous assistons néanmoins à une lutte désespérée du Gouvernement actuel, tiraillé entre la pression populaire lui demandant de parcourir le chemin vers des avancées significatives et la pression de la finance l’amenant à des choix budgétaires impossibles dans l’élan social libéral du Pacte de responsabilité.
En 2014, les Parlementaires communistes ont adopté une attitude constructive -que ce soit à l’Assemblée nationale ou au Sénat- afin de faire évoluer positivement la Loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine et ses dispositifs, tout en dénonçant bien sûr les moyens alloués, largement en deçà des besoins -je vous rappelle qu’ils sont de 5 milliards au lieu de 12 milliards-.
Nos Sénateurs avaient proposé six amendements qui ont été adoptés. L’un d’eux actait l’indispensable co-construction entre les Communes et les intercommunalités en dépassant la simple question du transfert de compétences. Vous étiez alors convaincu de ce nécessaire dialogue, monsieur le Président, et nous espérons que c’est toujours le cas.
Nos Sénateurs communistes ont également fait acter dans le NPNRU que soit respecté le « un pour un », c’est-à-dire que pour tout logement démoli un autre logement soit reconstruit, et ce suite au bilan de l’ANRU qui faisait apparaître plus de démolitions que de constructions, bilan inacceptable dans le cadre de la crise du logement que nous subissons. Avait également été évoquée en son temps la question de la reconstruction préalable qui n’est visiblement plus d’actualité.
De plus, le principe qui inscrit cette loi dans une démarche de co-construction avec les habitants ne nous oblige-t-il pas à les écouter quand ils s’expriment sur leurs choix de lieux de vie ? Il y a un principe de réalité -là, je vous parle de Vénissieux- : deux tiers des ménages vénissians à reloger après les démolitions de la barre ICF et de la tour de Grand Lyon habitat souhaitent retrouver un logement social à Vénissieux, dont un tiers dans leur quartier. Tout comme les autres Vénissians, ils souhaitent vivre à Vénissieux parce qu’ils y sont nés, parce qu’ils y ont grandi, parce qu’ils sont investis dans une association par exemple, parce que cette ville de première couronne, bien dotée en transports en commun, leur apporte la proximité de l’emploi, des universités, des centres de soins, parce qu’ils sont tout simplement attachés à leur ville, à leurs racines, à leur histoire.
Mais maintenant, venons-en aux chiffres et à quelques questions.
Entre votre engagement, monsieur le Président, en 2016-2017, de la reconstruction d’un tiers des logements démolis et l’objectif de rééquilibrage du logement social dans l’agglomération fixant la part de reconstructions à 50 % à Vénissieux, combien des 197 démolitions de la barre ICF situées sur notre Commune y seront concrètement reconstituées ?
Pour répondre à la demande, bien légitime, des habitants souhaitant rester à Vénissieux, nous avons besoin immédiatement de la totalité des 66 reconstructions prévues. Mais notre demande ne s’arrête pas à ce chiffre : nous insistons sur le principe du « un pour un », avec 100 % de reconstructions sur notre Commune, ville de première couronne, territoire en forte dynamique et disposant de foncier.
De plus, nous nous opposons aux dispositions de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) visant à ne reconstituer aucun logement dans le parc social, sur les quartiers en Quartiers prioritaires en politique de la ville (QPV). Car, en réalité, si nous construisions de nouveaux logements sociaux au sein des quartiers, la mixité ne s’en porterait que mieux. Je rappelle que 70 % des ménages sont éligibles au logement social.
D’une part, nous invitons tous ceux qui continuent à stigmatiser le logement social, par méconnaissance ou par calcul politique, à la lecture d’un article du Progrès de mardi dernier qui explique très bien les avantages du Prêt locatif social (PLS) avec l’exemple de Vilogia, dossier sur lequel nous sommes d’accord, monsieur le Président.
D’autre part, concernant la fameuse recherche de mixité et d’équilibre, nous remarquons un petit défaut de cohérence : le logement social serait l’ennemi de la mixité ; par contre, c’est bien aux Minguettes que l’on nous demande d’accueillir quarante migrants… Monsieur le Président, nous nous demandons ce que pense monsieur Guilland, qui est en face, qui nous a bien surpris lors du dernier Conseil en vous apportant le soutien des Républicains dans -je le cite- « le bras de fer » qui nous oppose, qui oppose donc monsieur Gérard Collomb et madame le Maire, Michèle Picard.
Enfin, monsieur le Président, nous avons été agréablement surpris par votre récent passage sur France Info. À la question de Philippe Vandel dans l’émission « Tout et son contraire », qui vous demandait s’il fallait obliger les gens à déménager pour éviter les ghettos, vous avez alors répondu que vous vouliez éviter cela. Nous sommes donc d’accord, il faudra bien proposer des solutions de relogement pour ceux qui veulent rester dans leur quartier.
La deuxième partie de la délibération concerne la délégation des aides à la pierre. La mention des deux dispositifs au sein d’une même délibération suppose-t-elle que les objectifs chiffrés annuels de financement seraient désormais fusionnés ? La Ville de Vénissieux souhaite s’assurer, au contraire, que les 91 reconstructions 2016-2017, plus les 100 logements par an dans le cadre du PLU-H, seront bien financées sur la période correspondante.
Notre groupe souhaite rappeler que le candidat François Hollande avait promis le doublement des aides à la pierre. Or, aujourd’hui, elles ont été divisées par deux. Ce qui constitue une véritable irresponsabilité et rend les objectifs à atteindre quasiment impossible.
Dès lors, comment résoudre l’équation des 3 000 demandes en attente à Vénissieux, dont 2 000 Vénissians, avec une diminution de l’offre désormais passée en dessous de la barre des 50 %, avec en plus une vacance très faible voire, dans certains secteurs, inexistante ? Pour les demandeurs, l’inéquation devient donc insupportable. Alors qu’ils sont éligibles au logement social, où doivent aller vivre ces gens, alors que les Communes qui n’ont pas encore réussi à tenir les engagements de la Loi dite « solidarité et renouvellement urbain » de 25 % de logement social doivent déjà répondre à leur propre demande locale ?
Je vous remercie de votre attention, monsieur le Président.