Henri portait l’utopie d’un urbanisme fait par et pour les travailleurs !

Hommage à la mémoire de Henri Thivillier, ancien Adjoint au maire de Vénissieux et Conseiller de la Communauté urbaine de Lyon -

M. le Conseiller P-A. Millet : Monsieur le Président, chers collègues, c’est avec beaucoup d’émotion que je veux évoquer un ami, un militant, un élu, un architecte qui a profondément marqué la ville de Vénissieux et, beaucoup plus, dans l’agglomération comme en Haute-Loire, sa terre natale, où il continuait à animer une vie sociale et culturelle originale dans son village de Haute-Vialle.

Henri Thivillier a disparu ce 30 décembre d’une maladie brutale, alors qu’il était sur son chantier passion de la réhabilitation d’une maison de village familiale, celle d’où il organisait des expositions photos inédites… un projet fou d’une réhabilitation où il faisait tout ou presque, de la charpente au second-œuvre… jusqu’à cet immense petit train, courant dans toute la grande salle…

Henri était architecte -nous lui avons rendu hommage, samedi, à la Maison des fêtes et des familles, dont il avait fait les plans en 1982- avant de devenir élu avec André Gerin, puis Michèle Picard. Mais vous trouverez ses réalisations d’architecte aussi à Vaulx-en-Velin, Lyon et les traces de ses premiers bureaux, au pied de la Croix-Rousse.

Henri était un élu actif, engagé, porteur de relations avec de très nombreux professionnels du bâtiment, mais aussi d’entreprises industrielles et de services. Il a été élu communautaire de 1995 à 2014 et m’a transmis sa passion pour les mobilités, l’urbanisme, le développement économique. Certains se rappellent, peut-être, son projet d’un minibus public à la demande, qui viendrait compléter l’offre de mobilité lourde par une solution capable de répondre à tous les besoins, en porte-à-porte, avec circuit adaptatif coordonné avec le réseau, précurseur des offres actuelles de mobilité à la demande mais qu’il imaginait à grande échelle -un millier de minibus transportant, chaque jour, plus de passagers qu’un métro-, évidemment décarboné et non polluant… et pourquoi pas un jour autonome… D’autres ont pu suivre ses échanges et ses voyages à Nice sur la pertinence du moteur à air comprimé. Henri était un passionné de politique et de technique, d’organisation et de relations humaines.

Il a joué un rôle clé dans la métamorphose des Minguettes avec l’école de musique, le cinéma, l’arrivée du tram, la première rénovation urbaine, le grand bond en avant de Vénissieux au début 2000, l’extraordinaire médiathèque Perrault -jouant de transparence et de reflet- et son prix d’architecture européenne, l’accueil de l’institut Bioforce -devenu une référence européenne dans la formation d’humanitaires de la santé dans le monde- et, bien sûr, le CERTA (Centre régional des technologies avancées) créé en 1983 et qui, chaque année, permet à des dizaines de jeunes éloignés de l’emploi de trouver leur chemin de qualification vers les métiers industriels et du logement. Il était aussi un acteur clé des quinze ans de luttes pour conserver un hôpital à Vénissieux.

Henri était un militant communiste, c’est-à-dire un citoyen organisé, travailleur, intellectuel, ouvert aux autres, capable d’échanger avec un chef d’entreprise et un délégué syndical, un responsable religieux et un artiste, un économiste et un historien -avec, toujours, le souci de comprendre le monde pour le transformer, vieux précepte marxiste, le souci d’être utile à construire des solidarités, des capacités collectives.

Il menait sans relâche le combat politique pour faire reculer l’extrême droite, participant à la bataille pour que les gamins de Guantánamo soient jugés par la justice française, pour la place de l’islam dans la République contre tout communautarisme, pour la liberté et la laïcité, pour le droit à la culture. À partir de son expérience professionnelle et politique de l’urbanisme, il travaillait ses dernières années à faire grandir des démarches d’urbanisme participatif, d’ateliers citoyens pour donner toute leur ampleur aux Conseils des quartiers vénissians, à l’histoire si riche depuis 40 ans. Il connaissait bien la crise démocratique française et cherchait inlassablement à reconstruire.

Nous pensons, bien sûr, à ses proches… à ses deux filles Emmanuelle et Bénédicte, à ses petits-enfants, à celles qui l’ont aimé… Henri avait demandé qu’une collecte soit organisée en faveur du CERTA, en difficulté, dans le contexte difficile de la formation professionnelle. Vous trouverez le lien pour participer sur le site levenissian.fr.

Je vous remercie.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/5_Q1fg6mXzI?t=2141