Mme la Conseillère BURRICAND : Monsieur le président, chers collègues, nous avons pris connaissance avec beaucoup d’intérêt de cette délibération. Tout d’abord, parce qu’elle traite d’une mission essentielle de la Métropole, importante du point de vue de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion, et qu’il faut se souvenir que l’État a confié le RSA aux départements, donc à la Métropole de Lyon, et qu’il ne compense pas entièrement, loin s’en faut, les dépenses afférentes. Ensuite, parce que les éléments de connaissance, les chiffres indiqués dans cette délibération et ses annexes disent beaucoup de notre territoire, et au-delà, de l’état de la société française. Je regrette que ces questions d’insertion et d’emploi ne fassent pas plus souvent l’objet de discussion et d’information dans notre Conseil métropolitain, et nous souhaitons que nous ayons des points d’étape sur le PMI’e plus réguliers, des chiffres plus précis concernant le RSA -notamment sur la réalité de l’accompagnement, en temps et en moyens humains et financiers, sur les entrées dans l’emploi et sur les schémas dans la formation et la qualification.
Nous apprécions que cette délibération, tout en détaillant les efforts faits et les objectifs fixés, ne se satisfasse pas d’une situation sociale et économique qui reste très préoccupante, dans la Métropole comme dans tout le pays.
Car les chiffres énoncés disent une société fracturée, une pauvreté ancrée durablement, dans une métropole qui peine à ruisseler, comme annoncé.
Nous entendons beaucoup parler le Gouvernement de reprise économique ; la baisse du nombre de demandeurs de RSA est, parfois, appelée à la rescousse de cette affirmation.
Les chiffres indiqués rétablissent la vérité. Sur la métropole, il y avait 42 000 allocataires du RSA fin septembre 2021, soit plus que les 40 000 de 2019 ; il n’y a baisse que par rapport à la situation conjoncturelle de 2020, où le nombre de demandeurs avaient bondi de 13 % suite à la crise COVID et au long confinement. 56 % d’allocataires le sont depuis plus de trois ans ; cela interroge évidemment l’efficacité des politiques d’insertion dans un contexte où le chômage est prégnant.
12 % de demandeurs d’emploi, dont un sur deux depuis plus d’un an. 15 % des jeunes de 18 à 24 ans sans emploi, sans études, sans stages, sans rien ! 22 % qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, c’est énorme ! 16 %, pour la population totale (un peu plus que les 14, 6 % de la population française) ! Et des inégalités territoriales qui perdurent dans notre métropole.
Concernant l’activité économique et l’emploi, un chiffre a particulièrement retenu mon attention… sur les 28 920 entreprises créées en 2020 dans la métropole, 69 % sont des micro-entreprise. Combien d’emplois, pour quel salaire dans ces entreprises ? En France, 74 % des entreprises créées en 2020 sont des entreprises individuelles. Les autoentrepreneurs représentent plus de 64 % des entreprises privées créées, leur activité ne constitue pas toujours un seul emploi à temps plein ni un smic. Drôle de reprise !
C’est dans ces conditions que nous affirmons, à la Métropole, l’objectif de permettre à des femmes et hommes d’aller vers l’emploi dont ils sont éloignés, le plus souvent, parce qu’ils en sont privés depuis longtemps, voire parce qu’ils n’y ont jamais eu accès. Et nous défendons la valeur travail contre celle du profit. C’est pour cela, monsieur le Président, que les Communistes portent une loi qui garantisse à tous le Droit universel au travail, à l’emploi ; la formation et le revenu permettant de sécuriser tous les moments de la vie, des études à la retraite.
Notre tâche est difficile, puisque les Gouvernements successifs n’ont pas pris le mal à la racine et, même, l’ont aggravé. Les choses seraient plus faciles si la Nation redonnait aux jeunes la possibilité, par exemple, de préparer un bac technologique en 4 ans (donnant une chance supplémentaire à nombre de jeunes qui ont besoin de plus de temps), abrogeait le dispositif Parcoursup, créait des emplois industriels, interdisait les fermetures d’entreprises liées aux délocalisations, contrôlait que les aides publiques aillent à la création d’emplois, proposait dans les services publics des formations rémunérées contre une durée d’engagement de travail. Et « un travail, un toit » mériterait un grand Plan national de construction de logement social, puisque la demande logement social est 9,5 fois plus importante que l’offre dans la métropole… Un chiffre explosif! Pour notre part, nous contestons toujours le refus de l’État de reconstruire du logement social dans les communes qui en affichent un taux élevé, ce qui conduit à l’explosion de la demande et à un logement social vieillissant, et nous souhaitons que la loi SRU, et ses obligations quant aux taux de logements sociaux, soit appliquée de manière plus rigoureuse.
Les limites de notre action étant posées, nous partageons l’essentiel des priorités stratégiques énoncées car, oui, le non-recours existe et nous devons le combattre, éviter les ruptures de parcours (qui précipitent les personnes dans l’exclusion), faire de l’insertion des jeunes une priorité (dans la continuité du Revenu de solidarité jeune), encourager les employeurs et les salariés qui jouent le jeu de l’insertion et gagner tout ce que nous pouvons avec les clauses d’insertion dans nos marchés et Délégations de services publics, soutenir le développement des entreprises à vocation d’insertion (à condition qu’elles ne se substituent pas à des emplois publics ou créent des emplois privés au rabais et que leurs salariés aient pleinement accès à leurs droits, salaires et formations, … questions auxquelles nous sommes très attentifs en ce qui concerne les Territoires zéro chômeur).
Nous voterons cette délibération.
Je vous remercie.
La vidéo de l’intervention : https://lb1.hubic.ovh.net/v1/AUTH_60bdc39bf5dbd8d649f68f037ea73e15/default/2022/m%C3%A9tropole/CM20220124/videos/mcb%20PMIE.mp4?temp_url_sig=1df9cd3e623843232dd81ed1f806c55e435370b6&temp_url_expires=1645713897