Mme le Conseillère ARTHAUD : Monsieur le Président, Madame la Vice-Présidente, cher.e.s collègues, l’égalité femmes-hommes a progressé dans le cadre de la loi mais, aujourd’hui, on est encore loin de l’égalité réelle.
Pour exemple, quelques chiffres, dont la plupart sont issus du rapport. Rapport qui, par ailleurs, est vraiment très bien fait et j’invite tout un chacun.e à le lire.
Premier chiffre en lien avec l’actualité : la retransmission du sport féminin représente seulement 16 à 20 % des compétitions sportives retransmises.
Sur la répartition des tâches domestiques : 80 % des femmes font la cuisine ou le ménage au moins une heure par jour, contre 36 % des hommes.
82 % des parents isolés sont des femmes.
Dans le monde politique, 62 % des députés et 84 % des maires sont des hommes.
Dans le monde du travail, 1 femme sur 2 a déjà été confrontée à une situation de sexisme ou de harcèlement sexuel au travail.
Le revenu salarial médian des femmes est inférieur de 16 % à celui des hommes.
1 femme sur 3 travaille à temps partiel contre 1 homme sur 10.
Il est important de préciser, ici, qu’une femme dépendante économiquement de son conjoint a plus de difficultés à partir en cas de violences.
Dans la sphère privée, 1 femme décède tous les 2,8 jours victime de son conjoint ou ex conjoint.
En 2021, ce sont 102 femmes qui ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, et 213 000 femmes majeures qui ont déclaré avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles.
Selon le collectif Nous toutes pour l’année 2022, en date du 8 décembre, 126 féminicides ont eu lieu. En ce qui concerne les féminicides, 29 % des plaintes ne sont pas transmises au procureur par la police, et 80 % des plaintes communiquées à la justice sont classées sans suite.
Les viols restent des atteintes faiblement rapportées aux services de police et de gendarmerie. Sur la période 2011-2018, 17 % des victimes d’un viol ou d’une tentative de viol déclarent avoir déposé plainte. Sur cette même période, 34 % des victimes de viol ou tentative de viol ont été vues par un médecin, 28 % ont consulté au moins une fois un psychiatre ou un psychologue, 21 % ont parlé de leur situation avec les services sociaux, 14 % ont appelé un service téléphonique gratuit (« numéro vert ») d’aide aux victimes et, enfin, 13 % ont rencontré les membres d’une association d’aide aux victimes. En moyenne, entre 2011 et 2018, 53 % des victimes de viol ou tentative de viol ont effectué au moins une de ces démarches.
Dans 91 % des cas de violences sexuelles, les femmes connaissent les agresseurs.
Preuve en est que l’égalité réelle reste encore difficile à atteindre, pour des raisons historiques, sociétales et liées à des stéréotypes tenaces.
Aujourd’hui en France, malgré plusieurs décennies de luttes féministes et une législation qui évolue progressivement, force est de constater qu’il n’y a pas une égalité de fait entre les femmes et les hommes.
L’égalité est pourtant un enjeu de société, de cohésion sociale et territoriale.
L’égalité est un impératif politique, c’est un enjeu de justice.
La capacité d’action de la métropole est forte en ce domaine : en tant qu’employeur et en tant que pilote des politiques publiques. Notre collectivité dispose de nombreux leviers pour favoriser l’égalité réelle dans les domaines de la parentalité, de l’éduction et des collèges, de l’urbanisme, de la mobilité, de la solidarité, de la petite enfance, de la culture, du sport, du développement écoresponsable.
Une délégation dédiée à l’égalité femmes-hommes depuis juin 2020, confiée à Michèle Picard, porte de façon transversale les orientations et objectifs à atteindre en matière de lutte contre les discriminations et égalité femmes-hommes. Nous pouvons nous féliciter de cette politique volontariste.
La politique de ressources humaines de la métropole participe à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Nous constatons qu’il existe une répartition genrée dans les différents métiers/différentes filières, des écarts de salaires en faveur des hommes et une prédominance de femmes dans les temps partiels, malgré une légère baisse. Face à ce constat, la métropole s’engage à construire une politique d’articulation entre les temps de vie privée et professionnelle, pour aider à renforcer le rôle des femmes dans l’emploi et celui des hommes dans la famille.
La métropole s’engage également dans l’égalité femmes-hommes par de nombreuses politiques publiques :
– En agissant pour un accès égalitaire à l’emploi et lutte contre l’emploi féminin précaire par l’intégration des enjeux de mixité et d’égalité dans le programme métropolitain d’insertion et d’emploi, la sensibilisation des entreprises aux enjeux de mixité… Il y a une réelle nécessité d’indépendance économique des femmes pour qu’il y ait une réelle émancipation.
– En agissant pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans la culture, le sport et la vie associative.
– En agissant dans le domaine de l’éducation par le soutien des actions éducatives portées par les collèges, la lutte contre la précarité menstruelle et le tabou des règles, la sensibilisation aux droits des femmes et les interventions des CPEF dans les collèges. Cela vient en soutien des prescriptions faites aux enseignants par les programmes en matière d’égalité filles-garçons et ce à partir du cycle 1.
– En accompagnant les femmes vulnérables, notamment celles victimes de violences et en agissant pour la santé des femmes : c’est un financement à hauteur de 200 000 € d’actions pour prévenir et renforcer l’accompagnement des femmes en situation d’isolement, de précarité, victimes de violences.
– En proposant une métropole accessible à tous.tes avec la prise en compte du genre dans les enquêtes sur la mobilité et les déplacements.
Face au constat des inégalités qui existent toujours entre les femmes et les hommes, la métropole a, depuis 2021, déjà engagé plus de 60 actions et entend poursuivre cette lutte pour tendre vers une plus grande égalité de fait. Nous voterons évidemment ce rapport.
Pour conclure, laissez-moi rapporter les propos de Clara Zetkin, initiatrice de la journée du 8 mars comme journée internationale de lutte pour les droits des femmes, qui déclare en 1889 :
« Le droit de vote sans liberté économique n’est ni plus ni moins qu’un chèque sans provision. Si l’émancipation sociale dépendait des droits politiques, la question sociale n’existerait pas dans les pays où le suffrage universel a été instauré. L’émancipation des femmes comme celle de tout le genre humain ne deviendra réalité que le jour où le travail s’émancipera du capital. Ce n’est que dans la société socialiste que les femmes comme les travailleurs accèderont à la pleine possession de leurs droits. »
La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/T_OXVU_LWxs?t=7833