Contre la politique de santé mise en œuvre par l’ARS et les HCL !

2022-1126 - Lyon - Accord-cadre de partenariat entre les HCL et la Métropole de Lyon -

Mme le Conseillère BURRICAND : Monsieur le Président, chers collègues, cette délibération -et l’accord-cadre de partenariat entre la Métropole et les HCL- est d’importance alors que l’hôpital public a été fortement attaqué par les politiques gouvernementales successives, notamment le précédent quinquennat d’Emmanuel Macron. L’accès à la santé est devenu une inquiétude pour nos concitoyens car il est menacé par les inégalités sociales et territoriales, le manque de personnels, les fermetures de lits d’hôpitaux, la saturation des services d’urgence, … la Covid ayant révélé les fragilités existantes qui persistent et s’aggravent donc.

Nous voulons, tout d’abord, vous remercier d’avoir pris en compte notre demande -comme celle d’autres groupes- que cette délibération soit présentée en Conseil métropolitain, et non en Commission permanente, et ne fasse plus référence au projet « Pulsations », qui est un projet d’établissement contesté par les salariés et leurs organisations.

Nous approuvons que les collaborations partagées entre la Métropole et les HCL  fassent l’objet d’un accord-cadre voté et discuté en Conseil métropolitain, c’est un gage de transparence. Puisque cet accord court pour 6 ans avec une gouvernance -Comité de pilotage et Comité technique opérationnel, nous proposons que les conseillers métropolitains soient informés de l’avancée des projets, comme des difficultés, chaque année.

Les cinq thèmes identifiés sont en lien avec nos compétences métropolitaines, mais cette délibération laisse de côté, pour nous, l’essentiel : les HCL sont-ils en capacité de répondre aux besoins de la population, alors que les alertes ne manquent pas ces derniers mois ? Cet accord-cadre ne saurait donc se substituer à la demande que nous maintenons d’une Mission d’information et d’évaluation des politiques de santé sur la Métropole de Lyon, qui nous éclairerait utilement dans notre partenariat avec les HCL. C’est bien l’essentiel dans une société confrontée à une crise économique et sociale dont on sait qu’elle va s’aggraver, à de nouveaux risques épidémiques et climatiques, où la pauvreté continue de faire des ravages.

Les HCL sont, en quelque sorte, un patrimoine commun des habitants de la Métropole dont nous sommes fiers. Ils contribuent à son rayonnement. C’est pourquoi, d’ailleurs, nous avons toujours défendu leur présence au sein même de la ville centre dans des lieux remarquables, comme l’étaient ceux de l’Hôtel Dieu, de l’Antiquaille ou de Debrousse, qui ont cédé leur place à la spéculation immobilière et commerciale. La santé se porte-t-elle mieux de ces transferts de services et de lits, qui se sont le plus souvent traduits en suppressions ? La fermeture de l’hôpital gériatrique Antoine Charial, et de l’EHPAD qui lui était attaché, a-t-elle favorisé la bonne prise en charge de nos aînés ? Convenons que Non. La réalité n’est pas au rendez-vous des annonces. La casse de l’hôpital, c’est donc aussi dans la métropole lyonnaise, sous la férule du Gouvernement et de son représentant, l’ARS, et il ne nous semble pas que les HCL aient été une force de résistance résolue à cette politique, ce que nous devons être, nous, élus qui avons affirmé récemment tous ensemble l’ambition d’une autre politique nationale.

Il suffisait de se déplacer, le 17 juin, dans les différents sites des HCL pour constater que la mobilisation était au rendez-vous, toujours avec les mêmes mots : « santé en danger, salaires, emplois, blouses blanches/colère noire ». Les représentants des personnels alertent sur l’épuisement des professionnels lié aux conditions de travail, aux postes non pourvus, aux lits fermés ou gelés, aux services d’urgence fermés, aux salaires insuffisants. Ils alertent aussi sur cette grande tendance à renvoyer sur le médico-social des pans entiers de la santé -notamment ceux liés à l’âge, aux handicaps-, réduisant ainsi la mission de l’hôpital dans une vision déshumanisante, aggravant les charges des familles et des collectivités locales.

Nous sommes curieux de connaître la part de l’hôpital public (HCL et les deux hôpitaux psychiatriques), au regard des différentes cliniques et hôpitaux des grands groupes privés, qui ne sont pas des philanthropes dans l’agglomération lyonnaise. Quelle répartition, aujourd’hui, des consultations, des opérations, des naissances ? Quid, aussi, de toutes ces questions de santé publique essentielle : la prévention et le soin des addictions -des plus banales aux plus graves-, la contraception, la prévention et le dépistage des MST et du HIV, … ? Où en est-on de l’effectivité du droit à l’avortement dans notre métropole et quelle part, là aussi, du public et du privé ? Nous voudrions avancer sur toutes ces questions.

Monsieur le Président, avec les soignants et les usagers, nous nous opposons à la politique de santé mise en œuvre par l’ARS et les HCL. Nous ne sommes pas seuls, et nous pensons que notre majorité conteste cette politique de santé. Cela demande donc un dialogue, en vérité, entre la Métropole et les HCL pour orienter notre politique santé et nos partenariats vers nos objectifs du droit à la santé et du renforcement du service public. Nous voudrions que cette convention porte ce dialogue en étant un contre-poids aux politiques de santé actuelles. C’est pourquoi nous nous abstiendrons.

La vidéo de l’intervention : https://youtu.be/gf43bYZCL9s?t=3783