M. le Conseiller DEBÛ : Monsieur le Président, Monsieur le Vice-président, chers collègues, c’est avec plaisir que je prends la parole sur cette délibération de soutien au développement de l’éducation artistique et culturelle, tant le domaine culturel me semble un espace primordial non seulement pour l’épanouissement individuel, mais aussi pour la vie en société.
Permettez-moi de commencer en citant quelques extraits de la Déclaration des droits de la Culture, si chère à Jack Ralite :
« Trop souvent l’encouragement nécessaire à la création contemporaine, signe extérieur et intérieur de richesse d’une Nation, passe après l’exigence de la rentabilité que les industries culturelles publiques et privées poursuivent à travers l’insatiable marchandisation de la culture. Dans le même temps, l’effort de l’État pour préserver et développer la culture originale s’étiole et s’abandonne aux mêmes règles. […]
Ce qui se passe au cinéma, au théâtre, à la télévision, à la radio, dans la danse, la musique, la chanson et le cirque, les arts plastiques, le graphisme, l’architecture, la photographie, la littérature ou la poésie nous confirme que ne sont pas en cause les talents -ils sont bien vivants- mais une volonté qui garde obstinément son cap : organiser le partage inégalitaire des êtres humains entre un petit nombre auquel la détention des avoirs et des pouvoirs conférerait la compétence artistique et une immense multitude de consommateurs voués aux produits standardisés venus pour l’essentiel d’un ailleurs sans visage et sans âme, otages culturels des audiences, tirages et sondages en dehors de quoi rien ne serait permis. […]
Nous proclamons qu’il n’y a pas dans une Nation de valeurs culturelles capables de vivifier son passé comme de dessiner son avenir sans les incessantes trouvailles de la création artistique, sans la liberté de leur confrontation, sans la volonté d’en faire le bien commun des artistes et leur peuple.
À l’uniforme gris des ambitions mercantiles nous opposons l’arc-en-ciel des sensibilités et des intelligences, l’ouverture plurielle à la culture des hommes et des peuples du monde entier.«
Cette déclaration, proclamée en 1987, conserve une brûlante actualité et je ne peux donc que me réjouir de ce que la Métropole, à travers cette délibération, fait montre de volontarisme dans l’accès et l’éducation aux arts et à la culture. Et je retrouve bien, dans les dispositifs qui nous sont proposés, cet état d’esprit qui vise à permettre l’accès, dès le jeune âge, à ce formidable outil d’émancipation qu’est la culture.
Permettre à nos collégiens, à nos jeunes, de s’initier à la pratique d’un art, d’en découvrir les créations, de partager avec les artistes et techniciens, c’est les aider à ouvrir les yeux sur un vaste continent à la richesse inextinguible.
Dans l’ère du numérique, alors que nous sommes assiégés d’écran, l’éducation à l’image, afin de les comprendre, d’en maîtriser le sens -surtout lorsqu’il est caché- me paraît indispensable à la formation de l’esprit critique qui doit habiter chaque citoyen.
Permettre de découvrir et de confronter les arts venus d’ailleurs -ailleurs dans le temps, ailleurs dans l’espace- offre une mise en perspective salutaire, des clefs de compréhension du vaste monde.
À ce titre, je citerais 2 exemples d’initiatives qui me paraissent, dans la période, fort opportunes :
– « Tu m’auras pas », qui offre des outils d’analyse des mécanismes à l’œuvre à travers les images et vidéos véhiculées par internet. Pour une génération aussi férue de réseaux sociaux et dont internet est devenue la principale source d’information, c’est essentiel qu’ils ne « se fassent pas avoir » par les contenus auxquels ils sont exposés. Et je serais partisan d’étendre ce type d’enseignement à l’ensemble des collégiens.
– La médiation mise en place dans le cadre de l’exposition « Arts de l’Islam, un passé pour un présent » me semble, là aussi, répondre à un besoin prioritaire, la culture étant le véhicule par excellence de la fraternité entre les peuples.
Il est indispensable, à mes yeux, que l’éducation à la culture, que l’accès à la culture et que l’initiation à la pratique artistique puissent s’affranchir du secteur marchand, qu’elles soient proposées dans le cadre du service public car, pour citer à nouveau la Déclaration des droits de la culture : « Un peuple qui abandonne son imaginaire culturel à l’affairisme se condamne à des libertés précaires. »
Je vous remercie.
La vidéo de l’intervention : /https://youtu.be/N5g22dGdmjI?t=18755