Mme la Vice-Présidente PICARD : Monsieur le Président, mesdames, messieurs, nous savions, bien avant la crise sanitaire, le caractère utile et précieux du travail des personnes œuvrant dans les services d’aide à domicile. Il est de notre responsabilité collective et sociétale de permettre aux personnes âgées et aux personnes handicapées de demeurer chez elles, dans les conditions les plus dignes. Pour cela, les hommes et les femmes qui exercent le difficile métier d’aide à domicile doivent être considérés convenablement, avec un statut et un salaire à la hauteur de leurs missions, et non pas maintenus dans cette position au rabais que nous dénonçons. La terrible réalité est résumée dans cette délibération :
« Au niveau national, une demande d’aide à domicile sur 5 ne peut pas être satisfaite intégralement, faute de personnels en nombre suffisant. En cause, les conditions de travail extrêmement difficiles : amplitude horaire, travail 7j/7, trajets, accidentologie, relationnel usagers, isolement professionnel et la rémunération insuffisante en rapport avec la pénibilité des métiers. (…) 50 % des salariés de la branche sont, jusqu’à présent, rémunérés en dessous du salaire minimum de croissance (SMIC) et 17 % vivent sous le seuil de pauvreté. »
La crise Covid a amplifié une situation préexistante avec l’épuisement des professionnels. Dans tout le secteur du 3ème âge et de la prise en charge pour l’autonomie, nous manquons cruellement de moyens humains, matériels et financiers.
Suite à l’indignation provoquée par la situation dégradée de l’aide à la personne, suite à la mobilisation des personnels des EHPAD et des familles, le Ségur de la santé s’est engagé sur la revalorisation des salaires dans les EHPAD. Mais les réponses déployées par le Gouvernement restent parcellaires et insuffisantes.
Ainsi, l’avenant 43 à la convention collective nationale de la Branche de l’aide à domicile est, certes, une avancée, mais elle reste minime au regard des revendications des salariés pour un statut et une rémunération justes et dignes.
De plus, seuls les SAAD associatifs prestataires sont concernés aujourd’hui alors qu’il faudrait, évidemment, que l’ensemble des salariés de l’aide à la personne soient valorisés. La Loi de financement de la sécurité sociale 2022 prendra-t-elle les dispositions nécessaires pour que la branche entière soit soutenue ? On peut en douter.
Face à l’enjeu majeur que représente l’autonomie, nous rappelons la nécessité d’un effort supplémentaire en matière de solidarité nationale. Nous demandons l’intégration du risque lié à la perte d’autonomie et la dépendance dans la branche maladie de la Sécurité sociale, pour le soustraire au système assurantiel.
Avec le vieillissement de la population, il faut enclencher une autre dynamique du soutien à l’autonomie, c’est une urgence. Pour être à la hauteur de cet enjeu de société, l’État doit mettre en place un véritable service public de l’autonomie. Tant que la puissance publique n’assumera pas pleinement cette responsabilité, ce sont les familles, les aidants, qui seront dans l’obligation de faire face tant bien que mal.
Je vous remercie.
La vidéo de l’intervention : /https://youtu.be/N5g22dGdmjI?t=16675