Monsieur le Président,
Nous venons, par la présente, renouveler notre demande de création d’une mission d’information et d’évaluation, en application de l’article 96 de notre règlement intérieur, afin de connaître l’état du système de santé dans l’agglomération.
La santé est, en effet, une des premières préoccupations de la population et la pandémie du Covid a révélé l’état de grande fragilité de l’hôpital public. Nous sommes donc légitimes à nous interroger sur les raisons qui ont conduit à cette crise et pourquoi nous avons été, collectivement, mis en difficulté sur une mission publique de base : assurer la protection des populations contre une pandémie. Il faut, notamment, évaluer l’impact de très nombreuses fermetures d’établissements, de la perte de 100 000 lits en vingt ans, 17 600 depuis six ans et 5 700 en 2020. 20 % des lits d’hospitalisation seraient fermés dans les grands hôpitaux, faute de personnel médical et paramédical nécessaire pour prendre en charge les patients… Combien pour la Métropole de Lyon et les HCL ? Depuis plusieurs années, les soignants alertent : personnels épuisés, perte de sens, manque de moyens, dégradation des conditions de travail et, donc, de la qualité de soin ; tous les aspects du métier sont touchés.
Le devenir de l’hôpital Henry Gabrielle est sur la sellette et a nécessité la création d’un groupe de travail métropolitain confronté, au travers des auditions, à des questions essentielles, notamment celles de l’éthique du soin et de la place du patient.
Au Vinatier, une cinquantaine de postes ne seraient pas pourvus -34 médecins, soit 18 % des effectifs (dont 15 pédopsychiatres), 84 infirmières (8 % des effectifs), 20 aides-soignantes (6 %), 7 cadres de santé (8 %)- alors que la demande de soins psychiatriques est en nette augmentation. Les Hospices Civils de Lyon annoncent la fermeture de 88 lits et du tiers des salles opératoires à Lyon Sud. L’hôpital de Givors ferme les Urgences de nuit.
Des pans entiers d’activités, considérées jusqu’alors comme relevant du médical -maladies liées au vieillissement, maladies générant un handicap, maladies psychiatriques- et financées auparavant par la sécurité sociale, passent au médico-social. Elles sont, désormais, financées à 80 % par les collectivités locales, l’impôt et le « bénéficiaire », autrement dit le ou la patiente.
Ce contexte ne peut être ignoré de la Métropole dans ses relations avec les HCL, que ce soit pour l’objectif de « promouvoir le « bien vivre en bonne santé » et de favoriser l’accès à la santé
pour toutes et tous sur le territoire » comme sur « la stratégie métropolitaine d’innovation sanitaire et médico-sociale ». Dans ce contexte, il faut comprendre comment le projet « Pulsations 2023 », des Hospices Civils de Lyon, prend en compte la crise sanitaire que nous vivons et les difficultés constatées de tant de services des HCL.
La mission proposée devrait entendre l’ensemble des acteurs de santé publique : l’ARS, les HCL, les organisations professionnelles et syndicales de la santé. Dans le respect des compétences de chacun, nous devons jouer notre rôle d’alerte auprès des responsables nationaux et locaux de la santé publique, d’information auprès des citoyens pour comprendre, débattre et agir, et d’évaluer au mieux nos propres politiques publiques dans leur impact sur la santé.
Réitérant notre demande écrite du 28 mai dernier et toujours persuadés que vous en partagez l’importance,
Veuillez agréer, Monsieur le Président, nos salutations distinguées.